Fiche Documentaire n° 3765

Titre NOUVELLES LIBELLULES : un quartier en transformation pour améliorer le mieux vivre ensemble

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Auteur(s) APOTHELOZ Thierry
PITTET Alexandra
 
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

NOUVELLES LIBELLULES : un quartier en transformation pour améliorer le mieux vivre ensemble

En 2008, la Fondation immobilière HBM Emile-Dupont approche la Ville de Vernier. Elle entend rénover le quartier des Libellules, identifié comme étant le plus précarisé du Canton de Genève.
Depuis 2012, l’ensemble des 504 appartements sont refaits, dans le cadre d’un chantier qui durera quatre ans. En plus de ces travaux conséquents, la Fondation décide de créer dix espaces de vie dans l’immeuble pour favoriser les rencontres entre voisins, et sept édicules le long de l’avenue des Libellules, destinés à recevoir différents services publics.
Outre ces transformations matérielles, la Ville de Vernier et la Fondation s’entendent sur la nécessité d’accompagner socialement les changements engendrés par la rénovation.
L’objectif du projet « Nouvelles Libellules » est de profiter de la création de ces aménagements pour développer un important processus participatif qui intègre tous les acteurs déjà présents dans le quartier, afin de redynamiser celui-ci et positiver son image, tout en apportant des améliorations concrètes sur les conditions d’existence des habitant-e-s. L’implication de nombreux acteurs différents aux Libellules couplée à l’ambition du projet de réhabilitation architecturale du quartier constituent une occasion unique de fédérer l’ensemble des forces présentes dans un projet visant à promouvoir quatre volets prioritaires :

1) Volet « associatif », qui consiste à développer un tissu social et associatif fort, permettant de dynamiser le quartier et les activités qui s’y déroulent

2) Volet « aménagement », qui implique de mobiliser des citoyen-ne-s autour de l’appropriation des différents réaménagements publics prévus

3) Volet « image », pour travailler sur l’image du quartier avec tous les acteurs (culturels, sociaux, etc.) afin de transformer durablement les perceptions (internes et externes) du quartier

4) Volet « cohésion sociale », ayant pour but de réduire les inégalités sociales, grâce à des actions concertées et transversales

Les politiques publiques qui cadrent cette intervention sociale collective s’inscrivent à un niveau communal - le Conseil Administrative Verniolan, ayant à cœur depuis plus de dix, de rendre acteurs et actrices les résidents de la commune - Cantonal, dans le cadre de la loi sur la Politique de Cohésion Sociale en Milieu Urbain votée par la Grand Conseil en 2011 - et Confédéral, par le biais du Programme Projets urbains, qui réunit cinq instances gouvernementales et qui, sur concours, finance une partie des programmes de réhabilitation du bâti et du social. En termes de réalisation sur le terrain, le projet est novateur. A l’aide de différents outils de l’intervention collective pour engendrer la mobilisation citoyenne, les résultats obtenus à ce jour sont significatifs. Fédération du réseau communal et cantonal autour d’un projet commun et renforcement de la culture de la transversalité entre les services de l’administration sont les principales avancées au niveau des institutions. Quant à la mobilisation citoyenne, nous observons une implication forte des habitant-e-s, des institutions partenaires (école, police, travail social et urbanisme, etc.) dans les projets d’aménagement et dans les associations (moribondes depuis plusieurs années).

Les nombreuses démarches participatives – dont les réalisations sont rapides et fondamentalement respectueuses des envies et des capacités des personnes à relever ces défis – ont permis à plusieurs dizaines d’habitant-e-s de retrouver une place et de renforcer leurs compétences en tant que citoyens/ennes (empowerment). Enfin, la confiance des personnes envers les élus et les institutions est reconstruite et vice-versa. Les élus font confiance aux habitant-e-s pour qu’ils les aident à changer leur quartier et cette confiance, ressentie et appréciée au cœur des trajectoires individuelles, modifie l’estime de soi, encourage les personnes à se risquer hors de l’espace proximal familier et à devenir acteur/trice de leur vie et de leur quartier.

Bibliographie

CASTEL R., (2003), L’insécurité sociale, Qu'est-ce qu'être protégé ?, Paris : Essai

CATI-GE, Centre d’analyse territoriale des inégalités territoriales, Université du Canton de Genève :
http://www.unige.ch/gsem/lea/publications/Autrespub/Cohesion_sociale_CATIGE_nov2011.pdf

CHAMBOREDON J.-C., LEMAIRE M., (1970), Proximité spatiale et distance sociale. Les grands ensembles et leur peuplement, In: Revue française de sociologie

CARREL M., (2013), Faire participer les habitants? Pauvreté, citoyenneté et pouvoir d'agir dans les quartiers populaires, Paris: Broché

DONZELOT J., (2008), Quand la ville se défait, Paris :Points

DUBET F. (DIR.), (2013), Pourquoi moi ? L’expérience des discriminations, Paris : Essai

GRANOVETTER M., (1973), The Strength Of Weak Ties, In: American Journal of Sociology

LASUR, Laboratoire de sociologie urbaine, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, http://lasur.epfl.ch/

PAUGAM, S., (2013), Le lien social, Paris : PUF

PAUGAM S. (dir.), (2014), L’intégration inégale, forces fragilités et ruptures des liens sociaux, Paris :PUF

Police Cantonale de Genève, Diagnostic Local de Sécurité :
http://www.geneve.ch/police/doc/statistiques/diagnostic-local-securite-2013.pdf

ROSE D., KATIA I. ET RAY B., (2005), Proximité spatiale, distance sociale: les rapports interethniques dans un secteur défavorisé à Montréal vus à travers les pratiques de voisinage, In : BOURDIN A., GERMAIN A. et LEFEUVRE M.-P. (dir.) La proximité. Construction politique et expérience sociale, Paris: L’Harmattan

Présentation des auteurs

De formation travailleur social et juriste, Thierry APOTHELOZ est Maire de la Ville de Vernier (35'000 habitants) à Genève, depuis 2003, en charge du dicastère de la cohésion sociale, petite enfance et sécurité.


Alexandra PITTET est travailleuse sociale chargée du projet Nouvelles Libellules et chargée de cours à la Haute Ecole de Travail Social de Genève.

Communication complète

Les « Nouvelles Libellules »
Cohésion sociale et qualité de vie d’un quartier précarisé de Genève

Présenté par Thierry APOTHELOZ, Maire de la ville de Vernier et
Alexandra PITTET, travailleuse sociale chargée de projet


1. Contenu et importance du projet, situation de départ et objectif poursuivi :

1.1 Vernier, une ville pas commune !
Vernier est la deuxième ville du canton de Genève et compte 35’150 habitants. Ville populaire, Vernier compte le taux de chômage et le taux d’aide sociale les plus élevés du canton. Le revenu médian par habitants y est le plus bas. Ensemble urbain relativement hétérogène, la commune est composée de cinq grands quartiers : Vernier-Village, les Avanchets, Aïre-Le Lignon, Châtelaine-Balexert et les Libellules.
C’est dans ce dernier quartier que s’inscrit notre projet urbain. En effet, selon les indicateurs fournis par le Centre d’analyse territorial des inégalités de Genève (CATI-GE) , les Libellules constituent le quartier le plus précarisé sur l’ensemble des 475 secteurs du canton. Il s’agit donc de l’un des secteurs déclarés prioritaires dans le cadre de la politique urbaine de cohésion sociale du canton de Genève. Isolé entre un grand axe routier (viaduc de l’Ecu) et une zone industrielle (Château-Bloch et la centrale SIG), le quartier souffre en outre d’un certain isolement urbain : manque de commerces, d’infrastructures et de transports publics.

Le quartier compte environ 2'000 âmes, dont la majorité vit dans la « barre des Libellules » (Avenue des Libellules 2 à 20), qui est constituée de petits logements sociaux (HBM), gérés par la Fondation immobilière Emile- Dupont (pour les allées 2 à 16).

L’école des Libellules est classée en « REP » (réseau d’éducation prioritaire) et le quartier fait l’objet depuis longtemps de mesures particulières en termes d’implication sociale des pouvoirs publics :
• Présence importante de travailleurs sociaux (hors-murs/éducateurs, animateurs, assistants sociaux)
• Collaboration étroite sur les différentes problématiques avec la Fondation Emile-Dupont
• Programmes spécifiques (forum des habitants, soutien à l’association de quartier)
• Encouragement d’activités socioculturelles

1.2 Genèse de la réalisation
Les Libellules sont un quartier qui connaît de grands besoins d’infrastructures et d’aménagements de qualité. L’absence de commerces de proximité, l’isolement géographique du reste de la commune et l’image négative véhiculée sur le quartier contribuent à un renfermement sur lui-même de la part de ses habitants, qui se sentent souvent délaissés par les pouvoirs publics.
Depuis 2012, l’immeuble central fait l’objet d’une très importante réfection (budget : 80'000'000 CHF).
Ce projet de réaménagement prévoit notamment :
• Une réfection totale des 504 appartements et la transformation de ceux-ci
• La mise à disposition de 10 espaces de vie pour les habitants
• La création d’infrastructures / bâtiments au rez-de-chaussée (édicules)
• La mise à disposition d’aménagements de proximité (agora urbaine, jeux pour enfants, etc.)

2. Groupe-cible et utilité pour la clientèle
L’objectif du projet urbain est de profiter de la création de ces aménagements pour développer à nouveau un important processus participatif qui intègre tous les acteurs déjà présents dans le quartier, afin de redynamiser celui-ci et positiver son image, tout en apportant des améliorations concrètes sur les conditions d’existence des locataires.
L’implication de nombreux acteurs différents aux Libellules, couplée à l’ambition du projet de réhabilitation architecturale du quartier, constituent une occasion unique de fédérer l’ensemble des forces présentes dans un projet visant à promouvoir quatre volets prioritaires, dans le cadre de la politique de cohésion sociale en milieu urbain :

1) Volet « ASSOCIATIF »
 Objectif : Développer un tissu social et associatif fort, permettant de dynamiser le quartier et les activités qui s’y déroulent ;
 Mesures concrètes envisagées : soutien infrastructurel aux associations existantes, aide à l’organisation du bénévolat, fédération des dynamiques associatives existantes et création de nouvelles structures de lien social.

2) Volet « AMENAGEMENT »
 Objectif : Mobiliser des citoyens autour de l’appropriation des différents aménagements prévus dans le cadre de la transformation ;
 Mesures concrètes envisagées : « ateliers de l’avenir » pour l’affectation optimale des locaux, aménagements spécifiques, soutien aux dynamiques d’appropriation par les habitants, soutien aux projets d’utilisation communautaires et collectifs.

3) Volet « IMAGE »
 Objectif : Travailler sur l’image du quartier avec tous les acteurs (culturels, sociaux, etc.) afin de transformer durablement les perceptions (internes et externes) du quartier ;
 Mesures concrètes envisagées : organisation de manifestations de valorisation du quartier, réappropriation de l’image et travail sur l’estime de soi avec les habitants, soutien aux démarches locales pour visibiliser positivement le quartier, ouverture à la population extérieure (communale et cantonale).

4) Volet « COHESION SOCIALE »
 Réduire les inégalités sociales en proposant des aménagements combinés (préventifs, informatifs et d’intervention) avec les acteurs économiques et sociaux communaux et cantonaux ;
 Mesures concrètes envisagées : mise sur pied d’un bureau des habitants, intensification de l’information sociale dans le quartier, renforcement des solidarités transversales (interculturelles et intergénérationnelles), mise en place d’actions de prévention spécifiques (sociales, santé, intégration, emploi, etc.).

3. Aspect novateur du projet
Les projets d’aménagement du territoire ou de réhabilitation du bâti ne sont généralement pas réalisés en concertation avec les habitants et les acteurs sociaux. La distinction trop ancrée dans les représentations des sciences dures (l’architecture) et des sciences molles (les sciences sociales), ou le manque de temps et de moyens des investisseurs excluent dans la majorité des cas les consultations pluridisciplinaires et des usagers. Le projet « Nouvelles Libellules » est novateur sur ce point. En effet, l’investissement tant financier qu’humain de la Fondation HBM Emile Dupont (partenaire privé) et les trois niveaux de l’administration (Commune, Canton et Confédération) sont des pratiques uniques et d’une ampleur sans précédent sur notre territoire. C’est par ailleurs un projet qui force les différentes disciplines, du travail social à l’urbanisme, à repenser ses fonctions et ses pouvoirs d’agir, pour une amélioration incontestable des résultats en termes de services publics.

4. Possibilité de généraliser son application
L’essence du projet repose sur l’opportunité offerte par la Fondation Emile-Dupont de rénover l’ensemble du quartier et d’aménager de nouveaux espaces publics. Cette double dynamique, structurelle et sociale, est la condition d’octroi des financements de la Confédération, dans le cadre du programme du département de l’aménagement du territoire « Projets urbains ». S’inscrivant également dans le cadre de la mise en place de la loi sur la politique de cohésion sociale en milieu urbain du Canton, le quartier des Libellules bénéficie d’un ancrage institutionnel important, puisqu’il est reconnu comme étant une zone de grande précarité. De fait, des projets similaires existent déjà à Genève, dans le quartier de la Pelotière à Versoix, et dans le reste de la Suisse.
La participation citoyenne dans des projets de rénovation, de construction d’immeuble ou d’aménagement des espaces publics apparaît aujourd’hui comme une condition sine qua non du maintient de la cohésion sociale. Dès lors que les institutions politiques valorisent ce type de démarche et en comprennent les bienfaits, et que les propriétaires, architectes et urbanistes en acceptent les règles du jeu, le projet pourrait être reproduit dans n’importe quel quartier de Genève, de Suisse ou d’Europe.

5. État actuel de sa mise en œuvre au sein de l’organisation
Les réalisations effectuées dans le cadre des quatre grands axes stratégiques du projet ci-après, sont représentatives des avancements effectués grâce au projet « Nouvelles Libellules ». Les exemples présentés ne sont pas pour autant exhaustifs.

5.1.1 Axe associatif
Alors qu’en 2012, une seule association moribonde existait dans le quartier, Les Libellules comptent aujourd’hui plusieurs groupements et collectifs qui œuvrent pour la cohésion sociale dans le quartier. Grâce à la réhabilitation du quartier, les relations entre les voisins ont largement évoluées et ses effets se sont également fait ressentir au sein de l’association de quartier (AQHL). Depuis 2014, soutenue par le service de la cohésion sociale de Vernier, l’association est ressuscitée : nouveau comité, nouveaux membres, nouveaux projets. Les collaborations avec les acteurs socioculturels sont à nouveau possibles et les bénévoles affluent lorsqu’il s’agit de mettre la main à la pâte.

Nous constatons également une multiplication des groupements et collectifs reconnus par les autorités comme étant des représentants de la société civile. Certes la forme associative est particulièrement reconnue et valorisée en Suisse, mais ce monde nécessite de disposer de ressources personnelles importantes (capacité à s’exprimer, à rédiger, à comptabiliser, à prendre la parole, etc.) et exclue de fait les individus qui en seraient dépourvus. L’enjeu consistait donc à fédérer les habitants sous d’autres formes d’associations, qui seraient également reconnues pas les autorités communales. La constitution de « groupes de projets », notamment dans le cadre de l’animation des espaces de vie, a rendu cela possible. En proposant aux personnes de s’assembler dans un but précis, dans une temporalité courte. En octroyant les supports nécessaires aux plus démunis par le biais du travail social, nous avons rendue possible l’expression citoyenne. Le quartier dispose aujourd’hui d’une dizaine de groupements, rassemblant environ 60 personnes, qui sont considérées et reconnues par les autorités, les institutions et les autres habitants, et qui œuvrent bénévolement pour améliorer la vie de leur quartier.

En tenant compte des effets de seuil du monde associatif, il apparait particulièrement difficile d’amener les plus jeunes habitants à se constituer en association. Paradoxalement, cette frange de la population revendique de nombreux changements, en termes d’infrastructures, d’offre d’animation, etc. Bien qu’ils aient pu trouver leur place dans les différentes démarches participatives (grâce au soutien de l’équipe des travailleurs sociaux hors murs (TSHM) notamment) et exprimer leurs opinions, les jeunes adultes du quartier n’étaient ni organisés, ni reconnus comme étant des représentants de la société civile. Après de nombreuses tentatives pour constituer ce groupe d’une vingtaine de personnes en collectif ou en association, malgré les efforts combinés des partenaires travaillant en lien avec la jeunesse, la situation était bloquée. Or, courant janvier 2015, le même groupe a finalement organisé son assemblée constitutive, grâce au soutien des TSHM. L’association des jeunes des Libellules est née.

5.1.2 Axe aménagement

a. Réhabilitation des 504 appartements de la barre d’immeuble
La Fondation HBM Emile-Dupont (FED) a mis en place un suivi personnalisé des habitants dans leur transition d’un logement à un autre. Les demandes d’obtention d’un appartement plus grand ou plus petit, voire dans un autre immeuble de la fondation, sont toutes prises en compte individuellement et traitées avec la plus grande flexibilité. Cette proximité entre la FED et les résidents permet aux personnes d’obtenir un logement qui correspond au mieux à leurs besoins.

b. Création de dix espaces de vie : des projets d’animation par et pour les habitants
C’est dans le cadre d’une grande journée de participation, le 15 mars 2014, que l’objectif d’appropriation des espaces de vie par les habitants est atteint. Soucieux de garantir une véritable participation citoyenne, trop conscients des limites éthiques et des résultats insatisfaisants d’une participation alibi, la volonté des pouvoirs publics était ici de véritablement prendre en compte les besoins et les envies des locataires et de les accompagner dans la réalisation de leurs projets d’utilité publique pour l’immeuble. Avec la mise à disposition de dix « espaces de vie », le challenge de la mobilisation citoyenne était immense, sans commune mesure avec les différentes expériences genevoises.

En effet, la participation citoyenne, telle qu’elle est pensée à Vernier, nécessite pour les habitants de maitriser un certain nombre de savoir-faire, qui s’acquièrent par l’éducation notamment. Il ne suffit pas de déclarer aux personnes « Participez ! » pour que naisse un mouvement collectif dans lequel tous s’expriment. Le travail d’immersion et d’accompagnement en amont est essentiel. Fédération du réseau, développement de la confiance et de l’estime de soi des personnes, préparation d’un outil d’intervention qui réduit au maximum les effets de seuils et permet à tout un chacun de s’insérer dans le processus : tels sont les principaux ingrédients qui ont permis le succès de l’intervention.

Un centaine de personnes ont pris part à l’événement. Les idées ont été recueillies, organisées, et des embryons de projets sont nés, avec l’aide de l’équipe d’intervenants. Des aînés aux ados, tous les âges, tous les modes de vie étaient représentés. Au terme de la journée, 12 projets étaient ficelés et 45 personnes identifiées comme porteuses de projets. Depuis, les habitants travaillent pour ouvrir et animer ces espaces, de manière bénévole et autonome. On trouve donc aujourd’hui, grâce à l’engagement des locataires, des lieux de rencontres qui offrent des services pensés et construits par les habitants, pour les habitants : espace associatif, lieu de rencontres intergénérationnelles, ateliers de musique, de chant et de bricolage, espace informatique, salle pour les anniversaires, salle d’exposition ou encore une bibliothèque. Le quartier des Libellules s’est doté par lui-même de nombreux services qui améliorent au quotidien la vie des locataires.

c. Création de sept édicules au pied de l’immeuble
Le défi pour l’occupation des édicules était de répondre aux besoins en termes d’infrastructure identifiés par la population.

Afin de connaitre les attentes et les besoins des habitants et du réseau en termes d’infrastructures sociales, un important travail de diagnostic qualitatif et quantitatif a été mené en 2012. En sus de la démarche qualitative menée lors de l’immersion de la travailleuse sociale chargée du projet, des questionnaires ont été envoyés à l’ensemble des personnes majeures du quartier. Les résultats (environ 20% de taux de réponses) donnent une lecture des problèmes ressentis et rencontrés par la population, validant la plupart des suppositions avancées dans ce projet. Les réponses concernant les besoins d’infrastructures ont permis d’effectuer une répartition idéale de différents projets dans les futurs édicules.

Par ailleurs, outre la participation des adultes du quartier, un important processus d’apprentissage de la démocratie participative a été engagé avec l’école primaire des Libellules. Les enfants s’essayent à la vie citoyenne en participant aux choix d’un projet commun qui verra le jour dans un des édicules : une ludothèque pensée par et pour eux. Soutenue par les autorités communales, la ludothèque ouvrira ses portes en septembre.

En proposant aux élèves de choisir, dans un exercice d’abord fictif, quels types de services devraient trouver leur place dans les édicules, l’objectif était d’instiller chez eux des prémisses de conscience citoyenne. En effet, les élèves, notamment ceux qui sont impliqués dans le conseil d’école et/ou d’établissement , sont des futurs citoyens volontaires d’être acteurs dans leur quartier et de comprendre ce qu’il se passe à l’extérieur de leur cercle familial. L’apprentissage de la démocratie, favorisée par la structure REP notamment, commence donc dès le plus jeune âge. Impliquer ces futurs citoyens dans la réhabilitation du quartier, c’est d’une part s’assurer que leur volonté d’être actifs n’est pas tuée dans l’œuf, et d’autre part, c’est anticiper les éventuelles futures revendications, qui se traduisent parfois par des déprédations des biens publics. C’est aussi s’assurer que l’avis de chacun compte et que chacun a le pouvoir d’agir sur son environnement et sa vie.

Par ailleurs, le processus a permis la création d’une dynamique nouvelle entre l’école primaire et la commune. L’école est une institution souvent éloignée de la vie du quartier, alors qu’elle est au centre de la vie des enfants et des parents. Ce paradoxe, l’école des Libellules l’a relevé et s’engage au contraire à construire une relation forte avec le reste du quartier. La participation des élèves dans le cadre du projet fut portée avec enthousiasme par l’équipe enseignante, gage du succès de la démarche.

d. La rénovation du parc des Libellules
Parmi les différents besoins identifiés par l’enquête menée en 2012, figure la rénovation du parc des Libellules. Parallèlement aux rénovations de l’immeuble, le Service des espaces verts de la Ville de Vernier s’est engagée à réhabiliter le parc attenant au quartier. Mal équipé, peu ombragé, ce parc à l’allure d’un terrain vague et suscite toutes les peurs y relatives. Soucieux une fois encore de prendre en compte les avis des futurs utilisateurs et de coordonner les interventions de la Ville et de la Fondation, différentes étapes ont permis la réalisation d’un projet d’aménagement durable et apprécié des habitants.

C’est lors d’un forum – outil de l’intervention collective, qui consiste en un moment d’échange entre les habitants et les responsables des services de l’administration – que les plans du nouveau parc ont été dévoilés. Les responsables du projet d’aménagement ont ainsi pu recueillir les suggestions d’amélioration proposées par les locataires. Ainsi, le nouveau parc sera agrémenté par exemple d’un espace de musculation en plein air et d’un four à pain.

Un autre moment de concertation entre les services a permis de mettre en lumière le doublon occasionné par la création de jeux dans le parc et sur les plates-bandes derrière la barre d’immeuble. La FED proposera donc des bacs pour des plantages urbains en lieu et place de son projet initial de création de places de jeux. Dernier succès pour le parc des Libellules : la résolution des problèmes de parkings sauvages et du manque de visibilité à la sortie des parkings – problèmes identifiés lors d’un forum en 2013 – grâce au travail collaboratif des urbanistes qui ont pensé l’ensemble de la zone « barre des Libellules, école et parc » comme une zone de mobilité douce, adaptant les aménagements que cela implique.

Toutes ces mises en réseau, consultations et coordinations antérieures à la réalisation du parc ont permis de développer un projet solide, global et durable, répondant aux besoins des personnes. La contagion des effets des Nouvelles Libellules permet aujourd’hui une meilleure compréhension des bienfaits d’un travail concerté en amont des réalisations et convainc l’ensemble des services de l’administration publique des avantages des consultations populaires. Un succès qui ancre un savoir-faire nouveau dans les pratiques et porte ses fruits dans toute la commune.

e. L’ouverture du Café Nénuphar
Egalement identifié comme étant un besoin des habitants, l’ouverture d’un café au cœur du quartier est l’une des grandes réalisations des « Nouvelles Libellules ». Oscillant entre la volonté d’offrir un service accessible aux habitants et celle de ne pas renforcer l’effet stigmatisant d’un lieu uniquement destiné aux personnes à bas revenus, le café Nénuphar se veut un lieu ouvert à tous.

La spécificité de ce restaurant réside dans l’emploi de jeunes de Vernier pour des stages d’insertion professionnelle. Ces personnes, suivies par le service emploi de la commune, assure le service et la cuisine sous la tutelle d’un maitre socioprofessionnel. L’objectif de ce projet est de permettre à des jeunes en rupture de formation de retrouver progressivement leurs marques dans un cadre sécurisant et un environnement formateur. L’expérience de l’insertion professionnelle verniolane confirme qu’une expérience de ce type permet aux jeunes d’acquérir de nouvelles formes d’estime d’eux-mêmes et de confiance en soi, éléments indispensables pour se lancer par la suite dans une formation certifiante ou de retrouver un emploi.

5.1.3 Travail sur l’image du quartier
Le travail sur l’image du quartier s’est réalisé sur deux plans interdépendants : d’une part, la revalorisation des Libellules par le biais des médias, et d’autre part, le travail sur l’estime de soi et la confiance des habitants, qui ont souvent intériorisé des stigmates dévalorisants.

Les résultats des questionnaires sont sans équivoque : les habitants souffrent de l’image de leur quartier. Le rôle des médias dans la stigmatisation des Libellules n’est plus à démontrer. Or, l’importance des travaux entrepris par la FED et le caractère novateur du projet mis en place par la ville de Vernier ont attiré les médias qui rendent régulièrement compte des avancées sociales réalisées dans le quartier. En ce sens, la visite de la Conseillère Fédérale, Madame Simonetta SOMMARUGA, en juin 2014, a largement contribué à attirer les feux des médias sur les progrès des Nouvelles Libellules.

De plus, une chronique du projet, éditée régulièrement dans le journal municipal, « Actu’Vernier » (qui est distribué à tous les ménages) a été créée en 2013. La chronique offre un espace au sein duquel les avancements du projet sont communiqués aux résidents de la commune, des portraits d’habitants bénévoles sont brossés et des appels à contributions sont lancés. Les articles de presse désormais systématiquement élogieux contribuent à renforcer le sentiment d’appartenance des personnes et facilitent donc le développement de la cohésion sociale.

Par ailleurs, un partenariat avec la Haute Ecole d’Art de Design a été créé. Les étudiants du département de la communication visuelle réalisent depuis février 2015 différents projets ayant pour but d’améliorer l’image du quartier. Un journal verra le jour, ainsi qu’une campagne de mise en lumière des personnes qui habitent cet immeuble stigmatisé.

Cette démarche aura également des effets sur la confiance et l’estime de soi des habitants, deuxième face de ce volet du travail sur l’image. En effet, il apparait rapidement que les habitants des Libellules se sentent (et sûrement le sont-ils !) stigmatisés, en raison de leur lieu d’habitation, de leur (non-)emploi ou de leur niveau socio-économique. L’apport du travail social dans les « Nouvelles Libellules » permet de travailler cette estime de soi. Les personnes qui, il y a encore deux ou trois ans, avaient besoin des travailleurs sociaux pour organiser une fête et qui aujourd’hui le font sans accompagnement, le reconnaissent : ils ont développé des compétences et ont gagné en autonomie. L’impression d’être inutile, souvent ressentie par les personnes inactives professionnellement, se dissipe lorsqu’elles commencent à donner du temps aux autres, à leur plus proche collectivité : le quartier. En ce sens, la multiplication des événements festifs, de petite ou moyenne envergure, a permis aux personnes de développer un nouveau regard sur elles-mêmes et a participé à redorer l’image du quartier dans la commune, voire dans le canton.

5.1.4 Axe cohésion sociale
C’est dans cette optique que s’est opérationnalisé le volet « cohésion sociale ». De nombreuses fêtes ont été organisées en collaboration avec les membres du réseau et grâce au soutien de nombreux bénévoles. La fête la plus attendue par la population fut le vide-grenier des Libellules du printemps 2014. En effet, avec les doubles déménagements, les habitants trient, achètent ou se débarrassent de nombreux objets. Un événement tel que le vide-grenier leur permettait de récupérer, recycler, donner une deuxième vie à leurs vieilles affaires, de même que de remplacer certaines fournitures à bas prix, dans un esprit de troc plus que d’échange monétaire. Les collaborations avec le réseau et l’ensemble des services de l’administration étant devenues fluides – grâce à l’appropriation progressive des « Nouvelles Libellules » des différents partenaires. Alors qu’il y a encore un an, ces collaborations étaient partiellement fermées, elles sont désormais grandes ouvertes. La plupart des partenaires sont désormais de véritables acteurs ressources pour les Nouvelles Libellules, qui se sont approprié et portent le projet conjointement.

L’autre aspect de ce volet réside dans l’amélioration de la coordination des réponses institutionnelles octroyées aux problématiques individuelles rencontrées par les résidents du quartier. En ce sens, plusieurs partenariats ont été développés avec des institutions cantonales, notamment avec la Fondation Genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe) et l’Hospice général. Les travailleurs sociaux hors murs de la FASe ont, par exemple, ouvert une permanence aux Libellules, leur permettant d’être au plus proche des besoins des adolescents et des jeunes adultes. Aucun autre quartier de Vernier n’a été concerné par cette action, directement liée aux « Nouvelles Libellules », d’une part en raison de l’attention particulière qui est portée à ce quartier et d’autre part, en raison des excellentes collaborations rendues possibles par le projet de réhabilitation. Quant à l’Hospice général, les mêmes raisons animent la Ville de Vernier et le Conseil de Fondation de l’institution qui travaillent actuellement au projet unique à Genève d’ouverture d’une permanence d’aide sociale au cœur du quartier.
6. Évaluation de ses résultats et estimation de sa durabilité

Les effets du projet Nouvelles Libellules ont aujourd’hui atteint leur plein potentiel d’amélioration de la qualité de vie des habitants et continueront leurs effets dans les années à venir. Les effets constatés sont mesurables statistiquement. Une enquête d’évaluation qualitative et quantitative a été menée auprès de la population et des membres du réseau. Les résultats sont significatifs.

C’est évidemment dans le domaine social que se situent les plus fortes répercussions de ce projet. D’une manière générale, nous constatons une nette amélioration de la cohésion sociale dans le quartier. Le projet a permis notamment :
• De renforcer les liens sociaux entre les habitants
• De favoriser la citoyenneté, à travers un processus participatif basé sur l’appartenance territoriale et non sur la nationalité
• D’augmenter les capacités citoyennes (empowerment) d’une population précarisée, passant d’une situation subie à une situation co-construite
• D’amplifier le sentiment d’appartenance au quartier, favorisant ainsi la mobilisation citoyenne, le contrôle et le lien social. Ce processus a été rendu possible par l’amélioration de l’image du quartier projetée dans les médias ainsi que dans le discours populaire
• De développer les dynamiques associatives et les synergies entre les personnes partageant un intérêt commun à changer certains aspects de la vie de quartier
• De rapprocher les habitants et les institutions, par le biais de structures, telles que le Forum des habitants, et de permettre une écoute attentive des besoins des personnes
• De renforcer la culture de la transversalité entre les services de l’administration
• D’améliorer la qualité et l’efficience des réponses institutionnelles aux problématiques sociales observées
• De fédérer le réseau communal et cantonal autour d’un projet commun
• D’impliquer les trois niveaux de l’administration Suisse, soit la ville de Vernier, le canton de Genève et la Confédération Suisse, dans le financement multipartite du projet, favorisant ainsi la conscientisation de l’augmentation de la précarité sociale à l’échelle nationale
• De mobiliser les citoyens et d’impliquer véritablement les habitants, les associations et les institutions partenaires (école, police, travail social et urbanisme, etc.) dans les projets d’aménagement.
• De développer des nouveaux outils et des nouvelles pratiques utiles pour les politiques publiques d’action sociales et les travailleurs sociaux.

Par ailleurs des effets dans le secteur économique sont également à relever. L’ouverture d’une nouvelle structure d’insertion professionnelle pour les jeunes Verniolans est en un exemple. A travers des projets tels que le Café Nénuphar, des places de stages sont assurées, permettant à des jeunes en rupture professionnelle ou scolaire, de retrouver une place sur le marché du travail. En outre, les activités bénévoles favorisent l’insertion sociale des personnes, facilitant ainsi l’éventuelle (ré)insertion professionnelle. Enfin, l’ensemble des futures prestations octroyées dans les édicules touche de près ou de loin aux logiques de l’économie sociale et solidaire. Par exemple, l’édicule qui accueillera un commerce sera géré par la Fondation Trajets, entreprise sociale et solidaire reconnue dans le bassin genevois.

Plusieurs raisons ont contribué à effectuer un choix « alternatif » à la grande économie. D’abord, la capacité financière des habitant-e-s des Libellules étant limitée, il fallait réfléchir à des services de qualité qui restent atteignables pour des petits budgets. Ensuite dans la logique de rester au plus proche des besoins des personnes, les structures ont été choisie par leur capacité à employer du personnel local, en besoin d’insertion professionnelle. Enfin, les entreprises sociales et solidaires reconnues comme telles, éliminent, du moins partiellement, la stigmatisation véhiculée par des entreprises de charité, ce qui contribue à attirer un public plus mixte et valorise différemment l’image du quartier.

De plus, l’ensemble des « Nouvelles Libellules » a généré de nombreux échanges économiques, soit dans l’achat de services ou dans l’emploi de personnes en rupture professionnelle.

A chaque manifestation, rencontre ou séance de travail, pendant lesquelles un repas était nécessaire, ce sont les mamans de la maison de quartier, regroupées dans un collectif nommé « Cuisine du monde », qui ont assuré la préparation et le service des repas. Ces femmes se sont rencontrées dans le cadre des cours de français offerts par la maison de quartier. De cultures diverses et variées, mais ayant en commun d’être des femmes allophones et mères de familles nombreuses, elles ont appris le français en concoctant leurs spécialités nationales. La qualité de leurs plats et l’intérêt manifeste des partenaires pour l’originalité des provenances ont permis à ces femme de développer une forme de service traiteur, avec l’aide de la maison de quartier. Outre la valorisation de leur fonction dans la société, largement illustrée par les nombreux applaudissements qui suivent systématiquement les repas, leurs prestations leur octroient un pécule non négligeable pour améliorer leur qualité de vie et celle de leur famille. Ce système générateur de petits revenus s’inscrit dans une logique familiale, artisanale et locale et aide considérablement les familles les plus pauvres à améliorer leur quotidien et leur estime de soi.

Une cellule d’aide aux déménagements a été instituée entre la FED et la Commune. Les personnes présentant des difficultés motrices ou psychiques à assumer les déménagements sont aidées gratuitement par des jeunes engagés en petit job par la Ville. Cette cellule fait travailler des jeunes du quartier ou de la commune et s’avère être un puissant outil d’insertion socioprofessionnelle et de création de liens intergénérationnels.

L’ensemble de la démarche des Nouvelles Libellules comprend une dimension humaine prioritaire. Ainsi, de la genèse du projet, aux résultats obtenus, en passant par les méthodes d’intervention, les habitants du quartier sont au centre des préoccupations des autorités et de leur mise en œuvre. L’importance accordée à la dimension qualitative, plus que quantitative témoigne d’une pratique souvent oubliée par les administrations, certes coûteuses en temps et en argent, mais dont les objectifs sont incontestablement atteints. C’est également grâce à cette logique de proximité que la durabilité du projet est assurée. Les infrastructures publiques sont systématiquement moins exposées aux déprédations lorsque la collectivité locale à contribuer à les façonner.

Enfin, les Nouvelles Libellules prouvent que tant que les institutions publiques continueront d’offrir un service de qualité et proche des besoins des personnes, les zones touchées par la précarité et l’isolement social ne deviendront pas des ghettos et les liens entre l’Etat et les personnes les plus exclues ne seront pas brisés. En ce sens, nous éviterons encore longtemps les situations dramatiques des banlieues d’autres pays européens et dans le monde, et en contribuant à réduire les inégalités sociales notamment liées aux lieux de vie, nous maintiendrons la cohésion sociale dans notre société cosmopolite et plurielle.

Résumé en Anglais

“New Libellules”: building renovation, social renovation

In 2008, Vernier Town Hall was approached by the real estate foundation HBM Emile-Dupont. The Foundation wished to renovate the neighbourhood of Libellules, which had been identified by CATI-Ge as being the most disadvantaged zone in the Canton of Geneva.
Since 2012, all 504 apartments have been refurbished as part of a four-year construction project. In addition to these major works, the Foundation also decided to create 10 communal areas within the building to promote interaction amongst neighbours, as well as seven structures along the Libellules Avenue, which will be used by public service providers.
In addition to the physical aspects, Vernier and the Foundation agreed on the need to provide social assistance to accompany the changes brought about by the renovation.
The aim of the “New Libellules” project is to capitalise on the introduction of these changes by developing a large-scale participative process involving all of the stakeholders already present in the neighbourhood. The concept driving this is the injection of new life into the zone and the creation of a positive image. All of this is underpinned by the introduction of specific improvements in the living conditions of the inhabitants. As the New Libellules project meant involving many different actors in an ambitious project to renovate the architecture of the neighbourhood, it has been a one-off opportunity to galvanise all of those involved. The project is driven by four kinds of action:

1) “Associative” actions: aiming to develop strong associative and social ties, breathing life into the neighbourhood and its activities,

2) “Planning” actions: involving citizens in taking over the public spaces following the various renovations,

3) “Image” actions: working on the profile of the neighbourhood with all stakeholders (cultural, social, etc.) with a view to a long-term change in the (internal and external) perceptions of the neighbourhood, and

4) “Social cohesion” actions: aiming to reduce social inequality through cross-cutting and concerted efforts.

The framework for this collective social effort can be found in a range of public policies at all levels of government. At the community level, the Vernier Administrative Council has been committed for more than 10 years to creating proactive citizens out of the community’s residents. At the cantonal level, the Grand Council of Geneva enacted the ‘Law on the social cohesion policy for urban areas’ in 2011. Finally, at the level of the Swiss Confederation, there is the ‘Urban project programme’, which brings together five governmental bodies and which, through competitions, contributes in part to the financing of social and building renovation projects.
In terms of the work carried out on the ground, this project is the first of its kind. So far, the results have been substantial, thanks to the different collective tools for intervention that have helped involve citizens. The principal advances made at the institutional level are the alliance of cantonal and communal networks around a common project and the strengthening of the cross-cutting culture among public service providers. At the level of citizen participation, we have seen the steadfast involvement of inhabitants and partner institutions (schools, police, social and urban departments, etc.) in these renovation projects and within associations (which had been almost inactive for many years).

Dozens of citizens have been empowered by the many participatory processes, all of which resulted in changes that were quick and fundamentally respectful of the wishes and the abilities of people to stand up to these challenges. Finally, there was also a rebuilding of the trust citizens place in their elected officials and vice versa. Elected officials placed their trust in the inhabitants to help change their neighbourhood, and that trust, which was felt and appreciated by each individual, modifies self-esteem and encourages people to take risks outside of their usual comfort zone and to become proactive for themselves and for their neighbourhood.


Further Reading

CASTEL R., (2003), L’insécurité sociale, Qu'est-ce qu'être protégé?, Paris: Essai

CATI-GE, Centre d’analyse territoriale des inégalités territoriales, Université du Canton de Genève:
http://www.unige.ch/gsem/lea/publications/Autrespub/Cohesion_sociale_CATIGE_nov2011.pdf

CHAMBOREDON J.-C., LEMAIRE M., (1970), Proximité spatiale et distance sociale. Les grands ensembles et leur peuplement, In: Revue française de sociologie

CARREL M., (2013), Faire participer les habitants? Pauvreté, citoyenneté et pouvoir d'agir dans les quartiers populaires, Paris: Broché

DONZELOT J., (2008), Quand la ville se défait, Paris: Points

DUBET F. (DIR.), (2013), Pourquoi moi ? L’expérience des discriminations, Paris: Essai

GRANOVETTER M., (1973), The Strength of Weak Ties, In: American Journal of Sociology

LASUR, Laboratoire de sociologie urbaine, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, http://lasur.epfl.ch/

PAUGAM, S., (2013), Le lien social, Paris: PUF

PAUGAM S. (dir.), (2014), L’intégration inégale, forces fragilités et ruptures des liens sociaux, Paris: PUF

Police Cantonale de Genève, Diagnostic Local de Sécurité :
http://www.geneve.ch/police/doc/statistiques/diagnostic-local-securite-2013.pdf

ROSE D., KATIA I. AND RAY B., (2005), Proximité spatiale, distance sociale: les rapports interethniques dans un secteur défavorisé à Montréal vus à travers les pratiques de voisinage, In: BOURDIN A., GERMAIN A. and LEFEUVRE M.-P. (dir.) La proximité. Construction politique et expérience sociale, Paris: L’Harmattan