Fiche Documentaire n° 3782

Titre Co - formation avec des collectifs autogérés

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Auteur(s) COLCY MARIE NOELLE  
     
Thème Co - formation avec des habitants de collectif autogérés pour un repérage de savoirs expérientiels et de fonctions d’auto - support en vue d’un développement du pouvoir d’agir.  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Co - formation avec des collectifs autogérés

Axe 3 : Réinventer l’intervention sociale communautaire pour recréer des liens sociaux et développer la citoyenneté.
Co - formation avec des habitants de collectif autogérés pour un repérage de savoirs expérientiels et de fonctions d’auto - support en vue d’un développement du pouvoir d’agir.

A partir d’un travail de recherche portant sur quatre expérimentations d’habitat collectif autogérés en région Midi-Pyrénées, un groupe constitué d’un chercheur de l’ORSMIP, un travailleur pair d’un groupement d’entraide mutuelle de Marseille, des habitants des collectifs d’habitat autogéré, un travailleur social de l’association Regar à Auch et une formatrice de l’IFRASS a monté un module de co - formation permettant l’intervention en tant que vacataire des habitants eux-mêmes. Ce module proposé aux étudiants éducateurs spécialisés, vise à ce que soit expérimenté en centre de formation un travail collectif basé sur des échanges égalitaires sans pour autant qu’il y ait injonction de production normée mais coproduction de savoir et de nouvelles pratiques. Cette co-formation vise à développer des pratiques d’accompagnement respectant les idéaux de vie des personnes, leurs besoins d’habiter et d’intimité. Ces rencontres pédagogiques visent à repérer des savoirs –faire en fonctionnement dont les acteurs n’ont pas forcément conscience. Ces savoirs –faire se racontent, se discutent se définissent en vue d’un repérage de nouvelles compétences.
Nous proposons une méthodologie permettant une analyse de la pratique, puis, un repérage des savoirs en constituant des savoirs et compétences socles. Il s’agira alors de construire des problèmes théoriques sans avoir de réponses théoriques puis de repérer des processus généralisables en prenant en compte un certain nombre de contingences appartenant à chacune des constructions locales.
Pour donner suite à ce module spécifique aux éducateurs spécialisés, comment développer ce type d’expérience de formation à d’autres instances de type transversalités entre filières éducateurs de jeunes enfants, assistantes sociales, et éducateurs spécialisés afin d’analyser de nouvelles formes d’intervention s’appuyant sur les fonctions d’auto-support, développées au sein des collectifs, et celles des travailleurs pairs ? Comment s’inscrire dans une perspective de plus grande implication du travail social auprès des acteurs politiques comme des personnes en situation de précarités ? Comment ces instances pédagogiques peuvent contribuer à des fédérations entre différents collectifs d’habitat auto - gérés afin qu’ils se soutiennent mutuellement ? Comment la co –formation peut favoriser un essaimage de nouvelles compétences favorisant la réhabilitation des personnes ?
Notre objectif est ainsi d’étendre ces espaces pédagogiques au sein de la formation initiale, en s’appuyant sur les interventions de plusieurs acteurs :
- Travailleur sociaux formés en tant que personnes ressources dans un but de développement du pouvoir d’agir
- Travailleurs pairs se situant au carrefour de l’exclusion et de la santé mentale,
- Les représentants des personnes accueillies et ou non accompagnées du comité consultatif des personnes accueillies,
- Les experts du vécu de Belgique.
Il s’agira de repérer les pratiques basées sur l’empowerment, transversales aux différents secteurs de l’intervention sociale, en s’appuyant sur l’analyse des interventions collectives permettant aux personnes de se mobiliser elles-mêmes lorsque des perspectives leur sont ouvertes.
Ces expériences pédagogiques amènent à un changement de posture du formateur facilitant le repérage des enseignements à retirer expériences d’auto-organisation des personnes, visant une prise de parole au niveau de la scène politique, un rétablissement personnel et un développement du pouvoir d’agir.

Bibliographie

Bibliographie :
JOUFFRAY Claire, développement du pouvoir d’agir, une nouvelle approche de l’intervention sociale, Rennes, Presses EHESP, 2014.
ORSMIP, GAF, REGAR, IFRASS, SDF Créateurs d’habitat. Expérimentations sociales et accompagnement collectif d’habitats autogérés, Jean MANTOVANI, Françoise CAYLA, Pierre LALART, Marie-Noëlle COLCY, Jean-Marc LEGAGNEUX, Vincent BATSERE, Martine COULET. février 2013
RHIZOME, Précarité, actualités et sens de l’accompagnement au logement, « Des SDF co-créateurs d’habitat. En relation avec des élus locaux, des travailleurs sociaux et des médiateurs pairs », Jean- MANTOVANI, Jean –Marc LEGAGNEUX, Vincent BATSERE, Marie-Noëlle COLCY, numéro 51, janvier 2014 .
FNARS, « La grande précarité chez les jeunes, La BARRAKA, squat d’un nouveau type », N° 1 Automne 2012.
CILE, Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, janvier 2013
BREUGNOT Pascale, Les innovations socio-éducatives : Dispositifs et pratiques innovants dans le champ de la protection de l'enfance, Rennes, Presses de l’EHESP, 2011.
LIEN SOCIAL, Travailleur pair, Un nouveau maillon du travail social, numéro 1150, p24 -26, nov 2014 .

Présentation des auteurs

Marie-Noëlle Colcy, responsable pédagogique au pôle éducation spécialisée au sein de l’Institut de Formation, Recherche, Animation, Sanitaire et Social (IFRASS) à Toulouse, responsable du DF4 au niveau des éducateurs spécialisés et d’un module d’approfondissement de la formation « grande précarité ».

Communication complète

Cette communication présente un module de formation, proposé en formation initiale d’éducateur spécialisé en fin de cursus, sur le thème de la grande exclusion.
Ce module optionnel est construit collectivement par un chercheur, sociologue expert dans la question du sans –abrisme et travaillant à L’ Observatoire régional pour la santé de midi –Pyrénées, un travailleur pair, un intervenant social, psychologue au sein de l’association Regar à Auch, les habitants de collectifs co – gérées, et moi-même formatrice IFRASS Toulouse, l’institut de formation et de recherche en action sanitaire et sociale.
Ce collectif de travail a également participé à un temps d’observation et de recherche collaborative ciblée sur quatre expérimentations sociales d’habitat collectif autogéré qui a donné lieu à un rapport final « SDF créateurs d’habitat » financé par la DRJSCS.
Notre travail s’inscrit dans un contexte où à partir de 2009, les politiques du logement posent la question de la reconnaissance des capacités d’habiter des personnes en situation de précarité et de grande précarité. « Favoriser l’innovation et les formes d’habitat alternatives » est une des 10 mesures phares de la loi ALUR, loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (mars 2014).
Ainsi nos questionnements sont les suivants:
Comment développer des pratiques d’accompagnement respectant les idéaux de vie des personnes, leurs besoins d’habiter et d’intimité?
Comment, à travers l’acte de formation, expérimenter un travail collectif sans pour autant qu’il y ait injonction de production normée mais coproduction de savoir et de nouvelles pratiques ?
Comment l'étude de construction locale, avec un certain nombre de contingence locale (contexte, acteurs, historique, territoire) peut permettre de transférer des méthodologies et d’aller vers un savoir partagé ?
Comment à partir de cet essaimage favoriser l’innovation en matière d’habitat ?

1. Les enjeux
Ce module de formation s’inscrit dans une vision de pluralités de savoirs amenant à questionner les pratiques en permettant aux plus défavorisées, agissant au sein de collectifs, de participer à la construction de savoirs, à l’analyse des pratiques et la transmission aux étudiants. La formation permet la prise de conscience de ses propres savoirs et devient un outil d’émancipation.
Nos objectifs sont les suivants:
- Favoriser l’exercice de la citoyenneté en développant des rapports égalitaires entre acteurs sociaux et publics très précarisés dans la construction de projets collectifs d’habitat autogéré.
- Participer à la déconstruction/reconstructions des représentations par rapport aux SDF, modifier le regard dominant, promouvoir la parole et les cultures de personnes sans logis pour mieux considérer leurs ressources, potentiels et capacités.
- Poser les principes de faisabilité d’un travail de co - construction associant tous les acteurs impliqués, en insistant sur les conditions favorables à l’établissement de rapports de confiance réciproque, en encourageant la prise de responsabilité des acteurs et en participant à l’émergence et à la continuité de projets collectifs susceptibles de favoriser l’accès à l’autonomie individuelle.
- Amener l’intervention sociale au sens large à développer des opportunités de stabilisation de personnes SDF hors des canaux habituels de l’assistance et de l’éducation individuelle, considérant d’abord les aspirations des personnes à habiter collectivement, et considérant les possibilités ouvertes dans des formes d’habitat non individuel.
- Développer des pratiques permettant d’impliquer le travail social dans la mise en œuvre de dispositifs locaux adaptés, moins en quête de normalisation que de développement social.
- S’inscrire dans une perspective de plus grande implication du travail social auprès des acteurs politiques comme des publics SDF.

2. Les contenus du module :
Nous abordons :
- Les besoins et ressources des personnes
- L’analyse des politiques et dispositifs actuels, des pédagogies d’auto-support, de participation et des dispositifs « Housing First ».
- L’étude des expériences alternatives
- Le repérage de compétences éducatives à développer.
3. Les modalités pédagogiques : Expérimentations de rencontre sur une base de relation égalitaire :
Rencontre avec la maison relais d’ Auch :
Des habitants Maison relais de AUCH, nous accueillent, formateur, étudiants, chercheur, à leur rythme. Les habitants créent la rencontre en parlant de moments de leur vie quotidienne et de leurs démarches avec la CAF, de leurs difficultés administratives. Ils expliquent que quand ils sont accompagnés des travailleurs sociaux, on s’adresse à eux différemment et donc de l’importance de l’accompagnement à l’accès aux droits.
Un des habitants présente sa fonction de représentant des personnes accueillies et ou non accompagnées dans les instances régionales et à Paris. Il précise l’importance de ce travail qui lui demande une organisation et beaucoup de temps.
Certains habitants peuvent décider ensuite de faire visiter leur maison. Des appartés se font en même temps que des habitants décident d’ouvrir leur porte et de livrer un moment de leur histoire ...
D’autres préfèrent rester dans le jardin, certains insistent sur l’histoire de la piscine qu’ils ont pu acheter l’été dernier ou d’autres sur le potager Bio en livrant quelques explications de jardinage.
Les étudiants, sur des temps d’évaluation, exposent le fait qu’ils ont pu comprendre que dans certains lieux, les habitants prennent place et participent aux décisions. Les étudiants expérimentent la non maitrise de la rencontre, qui se décide en fonction des forces en présence ; ils éprouvent le fait de développer des échanges égalitaires tout en occupant des places différentes.
Le couple d’hôte de la maison est là, fait partie du groupe mais ne prend pas spécialement la parole pour expliquer un fonctionnement et est plus sur une relation égalitaire dans des échanges de la vie quotidienne.
Rencontre avec la Baraka à Auch :
A Auch, depuis 2010, il existe un lieu autogéré par d’anciens squatteurs, soutenus par la marie et l’association Regar que nous rencontrons. Le groupe de jeunes s’est constitué en association. La rencontre a lieu entre les jeunes et l’élu local, le médiateur pair, accompagnateur et notre groupe de formation. Il est intéressant d’éprouver la nature des échanges, notamment entre le jeune représentant le groupe et l’élu, dans une relation de confiance et dans une relation égalitaire.
Un des habitants de la Baraka, pendant la rencontre, fait circuler à chacun les statuts de l’association avec le règlement intérieur. Une discussion s’ensuit sur le choix des termes et les valeurs exprimées, sur le fonctionnement du groupe, la question des consommations et sur leurs revendications.
Lors des temps collectifs en fin de regroupements, les étudiants se positionnent sur l’analyse de ces expérimentations et sur les échanges qui ont eu lieu. Un travail collectif est réalisé sans pour autant qu’il y ait injonction de production normée mais bien coproduction de savoir et repérage de nouvelles pratiques.
Les étudiants intègrent l’approche communautaire ou le développement du pouvoir d’agir dans leurs travaux de mémoire avec une appropriation plus importante que ce qu’ils pourraient faire avec de simples lectures théoriques.
Analyse de la pratique du formateur :
Ce travail de co - formation implique de nouvelles pratiques de formateur avec un accompagnement des intervenants « «experts de la rue » leur permettant de prendre conscience de leurs savoirs et de décider repérer des contenus et méthodes pédagogiques. Le formateur s’adaptera à des contraintes de lieu et horaires des interventions. Sa posture sera celle d’un facilitateur et apportera une aide à l’organisation, en facilitant la rencontre et en étant témoin du cheminement de la personne. Il est nécessaire de réfléchir aux règles collectives des intervenants, ponctualité, la question de la consommation le jour de l’intervention.
La formation est alors un lieu d’analyse permettant l’avancée de tous en permettant que l’expression du vécu ne s’arrête pas à l’expression d’un simple témoignage mais une analyse personnelle générant une avancée. Ce travail remet en question la distance sociale et les notions de proximité. Dans la formation chacun à son tour pourra être aidant ou aidés.
4. Vers un module interprofessionnel en formation continue
L’idée serait de proposer un module de formation continue ouvert à des élus, professionnels, bénévoles intervenants dans le secteur social et sanitaire.
Le contenu du module serait construit en commençant par l’analyse de l’action pour, dans un deuxième temps, repérer des savoirs, et, les définir afin de constituer des savoirs et compétences socles : participer, habiter, rétablissement personnel, auto-support…
Il s’agira alors de dégager de nouvelles compétences s’appuyant sur le collectif et l’intervention sociale communautaire : le soutien à l’élaboration de projet, l’aide à la production susceptible de promouvoir le groupe, la négociation autour de l’habitat, l’information en termes d’accès aux droits, la participation à des manifestations publiques.
Pour autant, il ne s’agit pas de reproduire à l’échelle collective une tyrannie du projet, mais beaucoup plus de faire force de proposition, d’articulation entre le groupe et les intervenants, ainsi qu’avec environnement urbain au sens large.

Présentation de l’auteur :
Marie-Noëlle Colcy, cadre pédagogique Institut de Formation, Recherche, Animation, Sanitaire et Social (IFRASS) à Toulouse.
Bibliographie :
JOUFFRAY Claire, développement du pouvoir d’agir, une nouvelle approche de l’intervention sociale, Rennes, Presses EHESP, 2014.
ORSMIP, GAF, REGAR, IFRASS, SDF Créateurs d’habitat. Expérimentations sociales et accompagnement collectif d’habitats autogérés, Jean Mantovani, Françoise Cayla, Pierre Lalart, Marie-Noëlle Colcy, Jean-Marc Legagneux, Vincent Batsere, Martine Coulet. février 2013
RHIZOME, Précarité, actualités et sens de l’accompagnement au logement, « Des SDF co-créateurs d’habitat. En relation avec des élus locaux, des travailleurs sociaux et des médiateurs pairs », Jean- Mantovani, Jean –Marc Legagneux, Vincent Batsere, Marie-Noëlle Colcy, numéro 51, janvier 2014 .
FNARS, « La grande précarité chez les jeunes, La BARRAKA, squat d’un nouveau type », N° 1 Automne 2012.
CILE, Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, janvier 2013
Lien Social, Travailleur pair, Un nouveau maillon du travail social, numéro 1150, p24 -26, nov 2014 .
ASH, De squatteurs à colocataires, n°2904, p 20 à 23, 3 avril 2015.

Résumé en Anglais


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