Fiche Documentaire n° 4041

Titre La rencontre et le suivi des "grands précaires à Genève" - établir et maintenir le lien, participer ainsi d'un retour au vivant.

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Auteur(s) LASSERRE Murièle  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

La rencontre et le suivi des "grands précaires à Genève" - établir et maintenir le lien, participer ainsi d'un retour au vivant.

Ce thème a fait l’objet d’une communication (cf biblio).J’interviendrai à la fois comme experte et pédagogue, Mon ancrage professionnel s’est affirmé avec des adultes, dans la rue, en psychiatrie, en association. Et aussi, avec des femmes qui se prostituent, des personnes qui consomment, des sans domicile fixe.Travailleuse sociale d'abord, et aujourd'hui adjointe de direction, je souhaite présenter, comment les travailleurs sociaux deviennent experts et incontournables d'une intervention, tant bien même qu'ils n'en ont ni le mandat, ni les ressources. Mon parcours, s’inscrit dans une longue pratique de terrain, un engagement immédiat, une farouche besoin d'aider l'autre pour me guérir et exister dans un autre regard, et puis petit à petit le travail de distance nécessaire et de guérison plus profonds pour finalement être porte-parole, pédagogue. Ma militance porte sur des questions de responsabilités, de dignité, de posture bienveillante, pour toutes et tous, sans distinction. J'en arrive aujourd'hui à affirmer qu'il faut parfois aider l'autre au-delà de sa propre volonté, avec acharnement parfois. Le travail de conscience de l’impuissance et des limites quant à la possibilité de faire pour l'autre est essentiel pour une bonne pratique. Mais je suis également certaine que les travailleurs sociaux doivent parfois aller au-delà de leur mandat, contourner les obstacles, être force de proposition, par des actions, pour finalement devenir des ressources fiables et incontournables. Plus que cela, des références. Si le cadre légal communal n'oblige en rien, les années d'engagement, de jour, de nuit, du lundi au dimanche, en hiver comme en été, dans la rue, là où sont les personnes, deviennent actions phares de la lutte contre l’exclusion. Avoir su pousser les murs, avoir été parfois au bord de l'épuisement. Avoir su faire plus avec moins et l'avoir fait bien. Avoir su aussi dire « STOP, nous ne ferons plus sans ressources supplémentaires. ». Connaître ainsi les limites de l'engagement.Il aura fallu être touché, être aussi un observateur privilégié, de grande proximité, disponible et parfois rebelle, mais plus encore, avoir été bouleversé par l'état de cet autre, différent et identique. Dans un engagement constant, au-delà de l'attendu, avoir permis beaucoup avec et pour l'autre. Cette reconnaissance de l’expertise est un levier pour affirmer comment intervenir et agir mieux auprès des publics précarisés. Cette expertise est utile aux personnes elles-mêmes, aux professionnels de la relation, mais aussi aux institutions et aux administrations. J'ose espérer que les prises de paroles qui en découlent et les affirmations proposées soient également utiles aux femmes et hommes politiques qui donnent les orientations. L’expérience montre que rien n’est possible sans le développement de partenariats le déploiement de réseaux d'intervention qui exigent de préciser les buts et les objectifs communs. Cette communication sera aussi l'occasion de mettre en valeur le travail en équipe, dans une réelle expérience d'inter interdisciplinarité. J'évoquerai les dilemmes auxquels sont confronté-e-s les collaborateur-trice-s de terrain. Je leur rendrai hommage car je les trouve doté d’une extraordinaire puissance. Ils sont des « équilibristes de haut vol de la relation ». Je tenterai également de montrer la complexité des processus relationnels face à des personnes qui dérangent et provoquent, par leur état, des émotions insoutenables. Je termine la présentation de mon intervention par les mots de l'un de mes collaborateurs qui excelle dans le travail de rue auprès des plus précaires : « ... quand je pars à la rencontre de quelqu'un, que je vais chercher le monsieur qui est sur le banc, je ne suis pas limité dans le temps, ni dans l'espace ou dans mon pouvoir. Je fais en sorte que la personne me confie son pouvoir. Je suis son chevalier et mandaté par elle. Toi Murièle, tu m'envoies, mais l'autre, c'est mon patron. Je travaille pour lui. »

Bibliographie

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(14)61132-6/fulltext

http://www.artias.ch/wp-content/uploads/2014/12/Actes14complets.pdf

http://www.orspere.fr/IMG/pdf/Mental_idees_n11_sept_07_J_Furtos.pdf

http://graduateinstitute.ch/files/live/sites/iheid/files/sites/developpement/shared/developpement/cours/E756/Serge%20Paugam-Les%20formes%20contemporaines%20de%20la%20pauvret%c3%a9%20et%20de%20l%e2%80%99exclusion%20en%20Europe.pdf

Présentation des auteurs

Diplômée de la haute école de travail social - option éducation spécialisée, en 1993 (anciennement IES), PT 90
Ecole de théâtre Serge Martin
24 ans de travail de terrain
10 ans au Service social de la Ville de Genève, dans le secteur : lutte contre l'exclusion
Depuis mars 2012, adjointe de direction du secteur lutte contre l'exclusion
Divers enseignements : Référente du processus de formation - volée PT11 / Module D2, précarité (hets) / EESP, CAS en santé mentale et psychiatrie (juin 2015) / Hes santé social : santé communautaire

Communication complète

Ce thème a fait l’objet d’une communication (cf biblio).J’interviendrai à la fois comme experte et pédagogue. Mon ancrage professionnel s’est affirmé avec des adultes, dans la rue, en psychiatrie, en association. Et aussi, avec des femmes qui se prostituent, des personnes qui consomment, des sans domicile fixe. Travailleuse sociale d'abord, et aujourd'hui adjointe de direction, je souhaite présenter, comment les travailleurs sociaux deviennent experts et incontournables d'une intervention, tant bien même qu'ils n'en ont ni le mandat, ni les ressources. Mon parcours s’inscrit dans une longue pratique de terrain, un engagement immédiat, une farouche besoin d'aider l'autre pour me guérir et exister dans un autre regard.Petit à petit le travail de distance nécessaire et de guérison plus profond se fait, pour finalement être porte-parole, pédagogue. Ma militance porte sur des questions de responsabilités, de dignité, de posture bienveillante, pour toutes et tous, sans distinction. J'en arrive aujourd'hui à affirmer qu'il faut parfois aider l'autre au-delà de sa propre volonté, avec acharnement parfois. Le travail de conscience de l’impuissance et des limites quant à la possibilité de faire pour l'autre est essentiel pour une bonne pratique. Mais je suis également certaine que les travailleurs sociaux doivent parfois aller au-delà de leur mandat. Ils doivent contourner les obstacles, être force de proposition, par des actions, pour finalement devenir des ressources fiables et incontournables ... des références. Si le cadre légal communal n'oblige en rien, les années d'engagement, de jour, de nuit, du lundi au dimanche, en hiver comme en été, dans la rue, là où sont les personnes, deviennent actions phares de la lutte contre l’exclusion. Avoir su pousser les murs, avoir été parfois au bord de l'épuisement. Avoir su faire plus avec moins et l'avoir fait bien. Avoir su aussi dire « STOP, nous ne ferons plus sans ressources supplémentaires. ». Connaître ainsi les limites de l'engagement. Il aura fallu être touché, être aussi un observateur privilégié, de grande proximité, disponible et parfois rebelle, mais plus encore, avoir été bouleversé par l'état de cet autre, différent et identique. Dans un engagement constant, au-delà de l'attendu, avoir permis beaucoup avec et pour l'autre. Cette reconnaissance de l’expertise est un levier pour affirmer comment intervenir et agir mieux auprès des publics précarisés. Cette expertise est utile aux personnes elles-mêmes, aux professionnels de la relation, mais aussi aux institutions et aux administrations. J'ose espérer que les prises de paroles qui en découlent et les affirmations proposées sont également utiles aux femmes et hommes politiques qui donnent les orientations. L’expérience montre que rien n’est possible sans le développement de partenariats le déploiement de réseaux d'intervention qui exigent de préciser les buts et les objectifs communs. Cette communication sera aussi l'occasion de mettre en valeur le travail en équipe, dans une réelle expérience d'inter interdisciplinarité. J'évoquerai les dilemmes auxquels sont confronté-e-s les collaborateur-trice-s de terrain. Je leur rendrai hommage car je les trouve doté d’une extraordinaire puissance. Ils sont des « équilibristes de haut vol de la relation ». Je tenterai également de montrer la complexité des processus relationnels face à des personnes qui dérangent et provoquent, par leur état, des émotions insoutenables. Je termine la présentation de mon intervention par les mots de l'un de mes collaborateurs qui excelle dans le travail de rue auprès des plus précaires : « ... quand je pars à la rencontre de quelqu'un, que je vais chercher le monsieur qui est sur le banc, je ne suis pas limité dans le temps, ni dans l'espace ou dans mon pouvoir. Je fais en sorte que la personne me confie son pouvoir. Je suis son chevalier et mandaté par elle. Toi Murièle, tu m'envoies, mais l'autre, c'est mon patron. Je travaille pour lui. »

Résumé en Anglais

This paper focuses on issues of responsibilty, dignity, benevolent posture for everyone without distinction.
To become aware of limits " to think and act instead of the other one " is essential for a good practice and quite particularly when it is about very deprived public
The social workers sometimes have to go beyond their mandate, by-pass the obstacles to become reliable resources and inescable
The experience shows tha tnothing is possible without the development of partnerships, the deployment of network of intervention which require to specify the purposes and the common objectives