L’approche de la résilience dans l’intervention psycho-éducative des adolescents en difficultés placés en foyers

Le concept de résilience défini comme « la capacité d’une personne ou d’un groupe à bien se développer, à continuer à se projeter dans l'avenir- véritable métamorphose- en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères » (Cyrulnik.1999, p.10) occupe aujourd’hui une place privilégiée dans les écrits scientifiques portant sur la prise en charge des personnes en situation difficile (maltraitance, abus sexuels, traumatismes de guerre, délinquance, handicap, maladies chroniques, pauvreté, migration forcée, rupture familiale et sociale…). Nombreux spécialistes de la résilience (Emmy Werner, 1989 ; Rutter, 1990 ; Garmezy, 1985 ; Cyrulnik, 2001 ; Manciaux, 2001) aussi bien dans la littérature anglaise que francophone montrent l’intérêt pour ce concept qui reflète une vision axée sur les forces de la personne en souffrance.

La vulgarisation de ce concept plus particulièrement dans les milieux universitaires est faite à travers des centres de recherche sur la résilience comme par exemple le centre de recherche sur la résilience à l’Ecole de travail social de l’université de Dalhousie (Canada) et du centre de recherches « Traumatismes, résilience psychothérapies » qui a fonctionné à l’Université de Paris 8 de 2005 à 2009 sous la direction du Professeur Serban Ionescou. Le centre a publié un livre collectif intitulé «Traité de résilience assistée » dans lequel différents universitaires présentent des exemples de modalités d’intervention visant à construire la résilience (Ionescou, 2011).

Dans la pratique éducative, la résilience est actuellement utilisée par certaines institutions de l'enfance et des professionnels de l'assistance sociale. Le Bureau International Catholique de l'Enfance (BICE) a été le pionnier du développement d’une approche éducative de la résilience dans ses activités avec les enfants en situation difficile en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Par la casita (maisonnette), Stéphane Vanistandael, directeur de recherche et développement au BICE propose un schéma des divers aspects de la résilience qui suggère aux professionnels des domaines d'intervention susceptibles de les aider dans la construction de la résilience des personnes en situation difficile. Chaque pièce de la casita représente un domaine d’intervention potentielle pour ceux qui désirent contribuer à construire, à maintenir ou à rétablir la résilience. Les cinq domaines où il est possible d'intervenir par ceux qui souhaitent développer et stimuler la résilience sont: des réseaux sociaux et une acceptation inconditionnelle de l’enfant, la capacité à découvrir un sens, une cohérence à sa vie, les aptitudes, l’estime de soi et l’humour, l'ouverture vers d'autres expériences.
Notre communication se basera sur nos expériences professionnelles et des résultats de recherches pour discuter des questions suivantes :

Existe-t-il des différences ou des similitudes entre l’approche de la résilience et les autres modèles théoriques d’intervention orientées vers les ressources des personnes en difficulté ?
Comment les professionnels travaillent- ils pour mobiliser les ressources personnelles et sociales pouvant favoriser la résilience des adolescents en difficultés placés en foyers ?

Quelle est la place des références théoriques dans l’action psycho- éducative des professionnels par rapport à leurs connaissances acquises par l’expérience ?
Quelles difficultés ou facilités les professionnels rencontrent-ils pour identifier et favoriser les ressources des adolescents placés en foyer ?

Berg, I. K. & Kelly, S. (2001). Des solutions à inventer dans les services à l’enfance. Bruxelles : Satas.
Cyrulnik, B. (1999). Un merveilleux malheur. Paris : Odile Jacob.
Cyrulnik, B. (2001). Les vilains petits canards. Paris : Odile Jacob.
Garmezy, N. (1985). Stress resistant children, the search for protective factors. In J. Stevenson (Ed.), Recent advances in developmental psychopathology (pp.213-233). Oxford : Pergamon.
Ionescou, S (2011) (ed.) Traité de resilience assistée. Paris:PUF
Manciaux, M. (2001). Maltraitance, résilience, bientraitance. Medecine & Hygiène, 2361, 1852-1854.
Rutter, M. (1990). Psychological resilience and protective mechanisms. In J. Rolf, A.S. Masten, & D. Cicchetti (Eds.), Risk and protective factors in the development of psychopathology (pp.79-101). New York : Cambridge University Press
Vanistendael, S. (1998). La résilience ou le réalisme de l’espérance. Blessé mais pas vaincu. Genève : Bureau International Catholique de l’Enfance
Werner, E.E. & Smith, R. (1989). Vulnerable but invincible. A longitudinal study of resilient children and youth. New York: Adams Bannister Cox.

Gakuba Théogène-Octave, PhD en éducation et psychologie interculturelle, Adjoint scientifique à la HETS Genève. Ses intérêts de recherche et d’enseignement portent sur l’interculturalité dans les domaines du social, de la santé et de l’éducation, sur la résilience et sur les migrations internationales. Sa thèse de doctorat a porté sur la résilience des jeunes rwandais réfugiés en France et en Suisse (université de Genève, 2004).

Testini Antonio, chargé d’enseignement à la HETS Genève, expérimenté en travail social avec des adolescents et leur famille. Ses enseignements concernent le domaine des mineurs dans une perspective systémique et centrée sur la solution (ACS). Sa contribution inclut également l’Hypnose ericksonienne.

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