Fiche Documentaire n° 4078

Titre Réflexivité et épistémologie des pratiques : Enjeux pour la construction et la « résolution » des problèmes sociaux en travail social. Les apports de Schön et Dewey

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Auteur(s) DIERCKX Carine  
Site de l'auteur https://travailsocial.uqam.ca/fichier/document/curriculum_uqam_04_2016.pdf ( DIERCKX Carine )  
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Réflexivité et épistémologie des pratiques : Enjeux pour la construction et la « résolution » des problèmes sociaux en travail social. Les apports de Schön et Dewey

Face aux paradigmes dominants aujourd’hui dans les politiques publiques et dans le champ du travail social, axés sur des modèles de connaissances et d’action issus d’autres domaines de pratiques, comme la médecine, et qui s’allient avec des modèles de gestion dans un discours à la fois néo-positiviste et centré sur les critères d’efficacité et d’efficience (Dierckx, 2014), la question des rapports entre savoirs et pouvoirs et entre savoirs et action revient en force, tant d’un point de vue épistémologique, concernant la validité de différents types de connaissances, que d’un point de vue éthique et politique concernant la façon dont les savoirs mobilisés prennent en considération les sujets impliqués, dont les usagers en priorité, et le rapport qu’ils ont à leur environnement, dans la définition des problèmes sociaux et dans l’orientation de l’intervention sociale. Un enjeu clef à approfondir dans ce contexte est celui d’une épistémologie des pratiques, afin de pouvoir élaborer et valider des formes de savoirs qui puissent se positionner de façon plus ferme face à ces nouvelles « dominations épistémiques » créant comme le dit Robert Frega (2013), des injustices épistémiques. C’est à une telle épistémologie, et à ce qu’elle implique plus particulièrement pour les professions de l’« agir envers autrui » et au travail social en particulier et pour leur réflexivité que je m’attelle ici : différents savoirs y sont en effet en action, en « usage », plus ou moins reconnus et pris en compte dans la relation d’aide impliquant des agents épistémiques multiples, dont les professionnels et les usagers. Ces savoirs concernent notamment la façon d’identifier ce qu’est un « problème social » et de le tenter de le résoudre. A ce sujet, plusieurs disciplines scientifiques sont convoquées, variant selon les secteurs et les approches d’intervention choisies. Quelle place est reconnue aux connaissances pratiques, tacites, aux connaissances ordinaires, ou à des connaissances collectives élaborées sur base d’autres critères que ceux qui sont reconnus par la communauté scientifique ? Quels types de savoirs scientifiques sont pris en considération, et de quelle façon ? Que « produisent »-ils ? Quelles sont les conséquences de ces choix ? Lorsque d’autres formes de savoirs sont prises en considération, quel est leur statut épistémique ? Comment évaluer la validité des différents types de savoirs, lorsqu’ils sont mis en œuvre dans des situations concrètes ? Pour élaborer une telle épistémologie, il s’agit de pouvoir penser les enjeux spécifiques liés à l’usage des savoirs en contexte de pratique, à leur mise en œuvre dans une interaction, à ce qu’ils « font » aux situations et aux acteurs impliqués et à leurs conséquences. Ces enjeux sont au cœur de l’épistémologie pragmatiste, comme celle de Schön et Dewey. C’est donc à partir de la conceptualisation de ces deux auteurs, en m’appuyant aussi sur certains de leur commentateurs (Frega, Zask, Cefaï, Maesschalck, Redmond, etc.) que je propose ici une mise en perspective de la problématique des savoirs en usage dans la pratique du travail social, de leurs enjeux épistémologiques, et de ce qu’ils impliquent pour penser la réflexivité. Je chercherai à dégager leurs apports et limites pour une épistémologie des pratiques du travail social et pour une conceptualisation de la réflexivité qui prennent en compte les effets performatifs de l’interaction avec les usagers et de la prise en considération de leurs propres aspirations, significations, savoirs, dans l’élaboration et la résolution des problèmes sociaux qui les concernent. Une telle perspective remet à l’avant plan la force de l’intervention sociale communautaire, tout en réfléchissant sa pertinence et ses conditions de validité. En conclusion, j’identifierai les types de collaborations entre recherches et pratiques ouvertes par ces perspectives.

Bibliographie

Cefaï, D. & Terzi, C. (dir), 2012. L’expérience des problèmes publics. Paris : Editions de l’EHESS. De Jonkheere, C., 2001. Agir envers autrui. Modèles d’action dans les professions de l’aide psychosociale. Nolay et Paris : Delachaux et Niestlé. Dewey, J. 2003. Le public et ses problèmes. Paris : Gallimard. Dewey, J. 1993. Logique. La théorie de l'enquête. Paris : PUF. Dewey, J. Reconstruction en philosophie. Paris : Gallimard, Folio essais, 585. Frega, R., 2006. John Dewey et l’épistémologie de la pratique. Paris : L’Harmattan . Frega R., L'épistémologie des dominés, Critique 12/ 2013 (n° 799), p. 978-991. Patenaude, J., 1997. Apprendre un code ou amorcer une démarche éthique ? , dans G. A. Legault (dir.), Enjeux de l’éthique professionnelle T.2, Sainte-Foy, PUQ, 119-138. Racine, G., 2000. La construction de savoirs d’expérience chez les intervenantes d’organismes communautaires pour femmes sans-abri : un processus participatif, collectif et non planifié, Nouvelles Pratiques Sociales, 13, 1 : 69-84. Schön, D. A., 1994. Le praticien réflexif. A la recherche du savoir caché dans l'agir professionnel. Montréal, Éditions Logiques. Schön, D. A. (dir), 1996a. Le Tournant réflexif. Pratiques éducatives et études de cas. Montréal : les éditions logiques. Schön, D. A., 1996b, A la recherche d’une nouvelle épistémologie de la pratique et de ce qu’elle implique pour la formation des adultes, dans Barbier J.M (dir), Savoirs théoriques et savoirs d’action. Paris : PUF. Steiner, P., 2008. Sciences cognitives, tournant pragmatique et horizons pragmatistes. Tracés. Revue de sciences humaines. 15 : 85-105.Tardif, M., C. Borges and A. Malo (dir), 2012. Le virage réflexif en éducation : où en sommes-nous 30 ans après Schön? Bruxelles, De Boeck. Zask, Joëlle, 2004. L’enquête sociale comme inter-objectivation, Raisons Pratiques, 15 : 141-165.Redmond, B. 2004. Reflection in action. Developing reflective practice in health and social services. Aldershot : Ashgate.

Présentation des auteurs

Carine Dierckx est actuellement chargée de cours à l’école de Travail social de l’UQAM (Montréal/Québec), où elle donne des cours d’éthique et déontologie du travail social, de sciences humaines et de méthodologie, et poursuit un doctorat en Philosophie Pratique à l’Université de Sherbrooke, Elle est également professeure de Philosophie et d’Anthropologie, d’éthique et de déontologie du travail social, et Maître de Formation pratique dans deux écoles sociales belges (en pause-carrière). Ella a été membre du conseil scientifique de l’AIFRIS depuis sa création jusqu’en 2012, et est actuellement représentante de l’UQAM à l’AQCFRIS (Association Québec/Canada pour la formation, la Recherche et l’Intervention Sociale). Elle s’intéresse, dans ses recherches, aux enjeux à la fois éthiques, épistémologiques et politiques du travail social, à la dimension expressive et réflexive des pratiques dans une perspective pragmatiste et herméneutique, à l’identité professionnelle des travailleurs sociaux et à ses transformations.
Elle a publié divers articles dans des revues de sciences humaines et de travail social, dont « La raison instrumentale dans les pratiques » et « Qu’est-ce qu’une pratique ? » dans la revue Contrepoint n°4 (en novembre 2014), et « Penser les conditions et enjeux de la réflexivité dans les pratiques professionnelles aujourd’hui : l’apport de Charles Taylor » dans Dynamiques du travail social en pays francophones, sous la direction de Marc Fourdrignier, Françoise Tschopp, et Yvette Molina aux Editions IES (septembre 2014)
Dierckx.carine@uqam.ca
http://www.travailsocial.uqam.ca/Page/dierckx_carine.aspx

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