Cette communication compile le résultat d'une recherche effectuée entre 2013 et 2014, qui a porté sur la relation entre la culture et l'art et l'intervention sociale avec des personnes dans une situation sans-abri. L'objet d'étude que nous privilégions consiste sur le projet Son de Rue, un projet culturel et artistique promu par les Services Éducatifs de la « Casa da Música », dont la particularité réside dans ses participants - personnes privées d'une maison et socialement exclus. Commencé en 2009, le « Som da Rua » a comme proposition de travail la construction d´ un orchestre qui vise, à travers l'intervention culturelle et artistique l´intégration social, culturel et symbolique de ses intervenants. Son origine est survenu de l'idée de travailler avec des musiciens de rue, ce qui rapidement s´est confronté avec un obstacle, puisque pendant qu'ils étaient dans le projet, ils ne serait pas en train de collecter des fonds, un facteur qui a conduit à repenser la population avec qui travailler, en donnant priorité aux gens dans une situation sans abri et aux gens fortement isolés et exclus. Il s´agit, donc, d´ un groupe dont la variation se base entre 15 à 30 personnes, dont la majorité est constituée par des hommes, peu instruits, détachés de réseaux sociaux horizontaux.
Notre motivation, concernant le travail entrepris, porte un intérêt personnel relatifs aux effets de l'utilisation des arts dans la société, ainsi qu´une brève exploration que nous portons sur les impacts des projets artistiques et culturels avec inclinaison social, particulièrement associés à une population qui se considère être dans le limite du seuils de pauvreté et d'exclusion sociale - les sans-abri. Nous sommes confrontés à une pénurie de documents universitaires sur chacune de ces dimensions, ainsi que leur agrégation. En vérité, même si on dénote une rareté d´étude concernant le thème que nous avons élu pour notre recherche, cette rareté n'a pas été vérifiée auprès des médias.
Nos lignes d'orientation théorique suivent une perspective où les sans-abri se présentent comme une catégorie sociale vulnérable à la pauvreté, située au centre d'une relation dynamique entre la pauvreté, la disqualification sociale, la désinsertion et l'exclusion sociale. Si nous prêtons attention aux habituels plans d’intervention auprès de ces populations nous n´aurons pas de mal à trouver un privilège vis à vis des mesures de penchant économique et prétendument professionnelle. Mais, nous n´aurons pas de mal non plus à nous retrouver avec leurs faiblesses, ce qui , par ailleurs, mène à ce que les politiques publiques émises par les Etats nationaux ou par des organisations internationales (OCDE, UE, UNESCO) gagne de plus en plus d'espace à l'égard de l´intervention sur la base de projets culturels et artistiques d´inclinaison sociale.
En préconisant que le travail social par biais de la culture, portant sur des intérêts qui ne sont souvent pas entendus par les acteurs de la société civile, ainsi que sur une dimension symbolique de l'existence humaine, génère des effets positifs sur l'individualité de chaque personne et de cette manière sur la société, nous avons cherché à nous adapter théoriquement sur les impacts sociaux des arts. D´après les lectures que nous avons fait, nous avons trouvé une régularité de conséquences telles que la participation, la responsabilisation, l'accès à la culture et dans une perspective plus large le renforcement de l'inclusion sociale.
À cet égard, et ayant toujours comme perspective la captation des significations que les individus attribuent à leur action, nous menons une étude de cas basée sur le paradigme qualitatif de la logique inductive. Inspirés par la méthodologie de Bernard Lahire, nous avons construit des portraits sociologiques, ce qui nous a permis non seulement profiter d´une meilleure utilisation des interviews, mais aussi la compréhension plus profonde de singularités dispositionnels qui composent l'habitus des personnes.
Selon les statistiques officielles de l'INE, en particulier le recensement de 2011, il y a était estimé exister, à l'époque de l'enquête, 696 personnes en situation de sans-abri au Portugal. La grande majorité est située dans le Nord et dans la région de Lisbonne. Plus en détail, nous avons trouvé dans la zone métropolitaine de Lisbonne et de Porto environ 55% des sans-abri identifié, et parmi eux, 75% localisés dans les capitales des régions métropolitaines. De ce fait, ceci est un phénomène bipolaire, et bien que ce soit en dimension ou en nombre d'habitants, la ville de Porto est nettement inférieure à la ville de Lisbonne, selon les données officielles, il y a plus de sans-abri à Porto que dans la capitale.
En assumant que les statistiques officielles ne sont pas révélatrices de la réalité sociale portugaise, étant d´ailleurs été cible de critiques profondes par l'opinion publique, au moment de la publication du recensement, la “Santa Casa da Misericórdia” de Lisbonne à avancer avec un programme Intersituations |Iintergénérations dont l'issue, daté de février 2014, a démontré l'existence de 852 personnes en situation de sans-abri seulement dans la ville de Lisbonne. Ce sont, d´ailleurs, des études promues par des institutions de la société civile, tels que la “Santa Casa da Misericórdia” de Lisbonne, ou Médecins du Monde à Porto, qu´ il est possible de parvenir à un profil approximatif de la personne sans-abri, dont l'hétérogénéité s´est amplifié. Nous parlons actuellement en termes typiques, d´ hommes adultes, avec une diversité académique, un soutien social réduit, sans sources de revenus, avec une minorité de problèmes neuropsychiatriques et / ou associés à des comportements addictifs, mais plus d´expressivités de problèmes cardio-vasculaires, de diabète, de problèmes pulmonaires et de maladies sexuellement transmissibles. Bien que les réponses sociales à ce phénomène ont été multipliées, en effet il n´y a pas de politique publique efficace et suffisante, au contraire, on privilégie les politiques publiques locales, ce qui difficulte la compilation des réponses sociales existantes au Portugal. On vérifie, en même temps, une croissance de réponses sociales via la culture et l'art réalisées par des institutions privées et même de l'État.
La Maison de la Musique représente un projet emblématique de Porto 2001, et a été inauguré en 2005. Sa mission de principes vise attirer de nouveaux publics, la décentralisation de l'offre culturelle et son internationalisation. Ses services éducatifs ont la particularité de préexistés à leur structure physique. C´est un service destiné à une communauté de plus en plus diversifié, contrairement à son origine axée sur le public scolaire. En recourant à des études récentes et au discours de coordonnateur des services éducatifs, ils ont une forte autonomie dans la délimitation des lignes d'action; il présente une offre d'activités régulières et sporadiques. Dans les activités régulières, nous avons des projets continus, tels que le Son de la Rue, et dans les sporadiques, nous trouvons divers “workshops”. L'accent est mis sur la démocratisation culturelle à travers le développement d'activités à l´intérieur et à l'extérieur des portes, souvent gratuit. De ce fait, les tentatives visent l'élargissement de l'accès à la culture en général des populations exclues. Concernant les portraits sociologiques, nous présentons ici le cas de l'Artiste, un (ex)sans-abri qui présentent des dispositions sociales pour la performance de chacun de ces rôles culturels.
« A » L'ARTISTE
La pauvreté est apparue à A. avant qu'il ait entrepris un processus d'exclusion sociale. Après la mort de sa mère, et face aux difficultés économiques de sa famille d'origine A. et ses deux frères ont été institutionnalisés à la “Casa do Gaiato”. Si d'une part, notre interlocuteur identifie ce fait comme une réalité douloureuse, d´une autre part, il reconnaît que son expérience de vie entant que “gaiato” fut la nature de sa curiosité et de son goût pour les pratiques culturelles et artistiques. Il afirme, en effet, que son apprentissage le fit échapper de sa réalité. Nous identifions son rôle de lider dans le domaine artistique, non seulement dans le « Som da Rua », mais aussi depuis son âge précoce, tout en participant à des activités culturelles et artistiques dans l'institution qui l'a reçu. Cette participation a été pour lui le développement de dispositions artistiques hétérogènes, ayant eu, évidemment des cours de chant ainsi que de représentation théâtrale. Il expose ces expériences comme des outils qui lui donnent la jouabilité aujourd'hui et la jouissance de l'art dans son côté esthétique, ainsi que l'utilité. A. a rencontré la dure réalité de l'esclavage et de l'itinérance. A cause de son histoire de vie, en particulier concernant la culture et l'art, les effets de sa participation dans le « Som de la Rue », se font moins sentir. Cependant, il identifie le « Som da Rua » comme un outil qui fournit un meilleur accès à la culture, y compris les activités menées par les Services Éducatifs de la « Casa da Música », tels que le “Verão na Casa” et les “Noites de São João” étant lui-même encore plus proche des pratiques culturelles légitimes, tels que la culture érudite, étant allé assister à un concert de gamelan à la Maison de la Musique. A. réfère l'utilité de l'art et de la culture du « Som da Rua » comme combat à l´isolement et à la solitude, qui lui a permis de surmonter la phobie qu'il ressentait quand il était en groupe. Sa participation lui a permis une intériorisation de normes et de règles ainsi que d'engagement et de responsabilité social.
Le contexte hétérogène de socialisation auquel il a accédé lui a permis de développer la motivation pour participer, parallèlement, à un nouveau projet culturel et artistique " A Vida como a Arte". Grâce à ce projet, il a utilisé l'art et la culture pour le développement d'une citoyenneté active, se rencontrant avec des personnes sans-abri, membres de la Sécurité Sociale de Porto, représentants politiques de la Municipalité de Porto et de la NPISA pour discuter de politiques sociales et logement pour des personnes en situation de sans-abri. Face à l'idée d'être un artiste, bien qu´il remplisse son rôle, il se considère un amateur, car il ne fait pas de l'art sa profession. Il continue donc à avoir une incapacité à se projeter dans l'avenir, considérant le présent omniprésent comme un mode de vie.
En conclusion
Avec « Som da Rua » il nous est possible comprendre que les arts d'une part, et la culture , de l'autre , sont deux vecteurs importants de la société, faisant l'interface de la relation entre l'homme et le monde, dans la promotion et l’enrichissement des compétences et de l'expérience de l'être humain, compte tenu de sa didactique, émancipatrice. Le lien étroit avec les institutions sociales, et avec la « Casa da Música », est important entant que relations de coopération et de liens entre les dimensions culturels, éducatifs et sociaux par l’intermédiaire des politiques publiques appropriées. L'un des principaux rôles des arts est sa capacité formatrice et capacitatrice, fondement pour la formation des personnes et qui leurs permets de surmonter les obstacles, qu'il soit social, culturel ou symbolique. Il est à souligner, aussi, que l'activité artistique et culturelle est fondamentale dans le processus d'apprentissage continu de personnes dans un contexte de vie informel. Ainsi, l'apprentissage informel de divers domaines artistiques apparaît comme un mécanisme d'adaptation créative et autonome à la contemporanéité. Sans le savoir, les personnes apprennent le rythme, les sons, et les tons, leur permettant de jouer des instruments ou d'améliorer leurs voix. La mémoire est elle aussi travailler au cours des essais dans l'apprentissage de nouvelles chansons et de nouveaux mots avec de nouvelles mélodies. La participation dans ce projet garantie aussi l'apprentissage de compétences générales (pas seulement technique) où la capacité de travail d’équipe, la coordination et l'autodiscipline ; capacité de dialogue et de tolérance interculturelle ainsi que l'internalisation des règles et des normes à respecter.
Nous comprenons que « Som da Rua » apparaît comme un exemple positif de coopération structurée entre les différents partenaires et qu'il est nécessaire d'investir dans les efforts de coordination entre les autorités régionales et locales et les responsables des politiques éducatives. Comme Fortuna et al. (2014) rapport, ce projet est continu ce qui permet la continuité et la durabilité de la participation de ses parties prenantes. Lorsque nous avons élaboré les portraits sociologiques aux participants du projet il fut possible comprendre le partage des régularités structurelles. En effet, le processus de désaffiliation et de disqualification sociale est similaire dans les trajectoires de vies, provenant de l'accumulation de ruptures et de perte de liens horizontaux, l'arrivée de situation d'exclusion et de pauvreté est presque immédiate. Il nous parait claire en ce moment, l'importance des matrices de socialisation scolaire et institutionnelle dans la constitution des dispositions sociales qui se sont développées après la mort de la figure maternelle.
Les dispositions qui sont formés dans les individus, tandis déterminants négatifs dans les relations qui nourrissent, sont observables dans la reconnaissance de la narration d'eux-mêmes en raison de la convivialité entre leurs pairs dans la rue pendant le processus d’exclusion. L'espace de l’illégalité, des mensonges et du crime qui leurs a donné la rue, en tant qu’un contexte socialisateur, apparaît comme la source de la grossesse de dispositions sociales comme l’agressivité, la méfiance, l'indépendance et la débauche. Le sentiment d’honte à aborder d'autres questions telles que la pauvreté extrême, la situation d'itinérance ou la consommation de drogues est le reflet d'un processus stigmatisé et d'étiquetage par lequel chacun, plus ou moins à sa manière, a expérimenté.
Bien qu’il soit possible d’avoir des perceptions de changement soit en provenance des participants du « Som da Rua », soit en provenance des professionnels de la culture, il (le changement) se sentait comme un vide en ce qui concerne la continuité du projet par rapport aux organismes de bienfaisance a lesquelles ils sont attachés. En effet, les interviewer font souvent référence à la nécessité d'être capables d'accéder à un terrain d’égalité non seulement en ce qui concerne l'accès à la culture, ainsi qu’aux politiques sociales et du logement. À cet égard, ce sont ces institutions d’attachement social les pièces les plus importantes du puzzle. Aussi, les agents intermédiaires du « Som da Rua » défendent l’existence d'une relation plus étroite entre les différents acteurs sociaux et culturels afin qu'ils puissent opérer un travail en réseau plus cohérent, pour qu’ils ne superposent pas les activités ou ne laissent pas d’espaces vides dans certaines dimensions clés des individus .
Il est important, enfin, considérer l'incapacité de se projeter dans l'avenir. Conformément à un mode de vie retirée, basée sur une logique de désaffection social, ils vit le présent comme il est offert, compte tenu de l'avenir comme quelque chose inaccessible. La recherche menée ici a essayé de démontrer l'importance d'un projet culturel réalisé par une institution de pouvoir consacré dans le domaine musical, avec un groupe social très lointain soit de la consommation culturelle régulière, compris dans la logique du publique (soit même), soit de la pratique culturelle active, compris dans la logique de la participation culturelle. Dans notre point de vue « Som da Rua » encourage plus que la participation culturelle, la création de dispositions plus complètes de participation sociale. Cela pourrait être une graine dans l’inversion des processus d'exclusion et d'auto-exclusion à laquelle la population des sans-abri est généralement liée, ce qui nous amène à la conclusion que le travail présenté ici est rien de plus que l'exploitation pour que d'autres soit développés dans le futur.
Cette communication défend l’activité artistique et culturel comme fondamentale dans l’intervention social. Effectivement les transformations sociales exigent une nouvelle perspective de la société contemporaine, et des nouveaux savoir-faire du travail social, contrariant les traditionnelles interventions bureaucratiques (souvent ancrée dans les problèmes économiques). Le projet étudié nous montre le besoin de travailleurs sociaux dans un nouveau scenario, celui qui se rapproche du Structural Social Work (Mullally, 2007). En effet le nouveau Travail Social Structurel, doit selon l’auteur comprendre que les problèmes sociaux ce constituent dans les structures (institutions sociales, processus sociaux , pratiques sociales, et relations sociales ) de la société .
Il doit donc rejeter l’accent sur l'individu comme la cause du problème social, qui blâme la victime , et, au contraire se rendre compte qu’il est nécessaire que les structures sociales changent pour que les problèmes sociaux se résoudre. Les inégalités sociales sont principalement de nature structurelle et pas le résultat de différences innées. Les institutions de l'État, notamment les systèmes de justice et l'éducation, fonctionnent comme des instruments de l'oppression au profit de groupes privilégiés. Donc, la dichotomie traditionnelle entre les individus et la société a besoin d'être contestée ; les problèmes individuels ne peuvent être compris en dehors du contexte social.
Les structures sociales, l'idéologie et la prise de conscience personnelle sont intimement liés - chaque élément ou composante de la société ont un impact sur les autres. La connaissance n’est pas l’objectif, et la connaissance du groupe dominant forme les idées de régulation de la société et reflète les intérêts du groupe dominant, souvent au détriment des groupes subordonnés. La perspective de changement social devrait être adoptée comme une réponse aux problèmes sociaux et à l’oppression, pendant que ceci n’arrive pas, le travail social classique perpétuera les problèmes sociaux en se concentrant sur le changement personnel et / ou sur une réforme sociale libérale plutôt que sur un changement social fondamental. Travail Social, Culture et Art semblent avoir aujourd'hui une relation harmonieuse pour lutter contre l'exclusion sociale.
|