Fiche Documentaire n° 4151

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Auteur(s) DHONDT Françoise  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Engagez vous !

Formons-nous des futurs professionnels résistants aux prescriptions institutionnelles ? A moins que la question ne soit : comment former des professionnels engagés ? Engagés dans la connaissance des réalités, dans la réflexion et surtout dans l’action toujours au service des publics de plus en plus fragilisés. Comment dans ce contexte difficile éviter qu’ils se mettent eux aussi à distance des plus fragilisés.
La formation peut être un levier d’action, elle a une part de responsabilité dans les professionnels qu’elle forme. C’est un espace-temps privilégié pour valoriser ceux qui sont entrés en formation avec des engagements ; elle peut aussi initier, conduire des travailleurs sociaux vers cet engagement pas ses choix opérés. Elle peut aussi garder des postures de transmissions de savoirs hiérarchisés considérant le formateur dans une logique d’expert et mettant l’apprenant en état d’objet. Dans ce cas il ne sera pas possible de considérer que nous formons des travailleurs sociaux résistants. Si l’on choisit la première hypothèse je propose deux axes.
Axe 1 : Le premier axe sera centré sur l’apprenant. Il s’agit pour le centre de formation de mieux le connaître dans ce qu’il est ; dans ce qu’il porte comme ressources, de le valoriser et de l’envisager comme co constructeur d’une dynamique de formation. Cet axe nous oblige à développer des outils spécifiques dès l’entrée en formation. Le centre de formation peut ensuite faciliter le partage, la multiplication des compétences en créant un réseau d’échanges afin de fédérer des stratégies collectives d’entraides et de valorisation. Il peut conduire des modes de valorisation de ces savoirs dans sa propre offre de formation. Cela sous-tend une réflexion : comment considérons-nous nos apprenants ? Jusqu’où acceptons nous vraiment de les rendre acteur, coconstructeur ? Acceptons nous de regarder nos rapports au pouvoir (savoir-pouvoir) ?.
Axe 2 : Le second axe de réflexion porte sur les équipes et les moyens pédagogiques. Proposons et formalisons des outils adaptés aux formes d’engagement que nous attendons des professionnels. Ouvrir la vision du monde de nos apprenants c’est favoriser les actions de mobilité - stages à l’international – séminaires de recherche en Europe; incitons-les à aller chercher des innovations, d’autres modes d’intervention. Développons les dynamiques d’actions et d’interventions collectives ; cherchons à favoriser et à conduire des travaux de groupe avec une implication de chacun (apprenants et cadres pédagogiques), sortons des modes d’évaluation individuels, abordons la notion de compétences collectives, travaillons à ne plus individualiser les recherches de stages. Dans une société très individualiste, l’enjeu de développer les actions collectives et les modes de coopération est de taille. Leur demander demain d’utiliser les ressources du territoire en tant que professionnel pour diminuer les coûts d’intervention, c’est déjà en formation appliquer cette logique et s’inscrire dans une action de territoire en ouvrant nos espaces de formation, en développant des modes pédagogiques axés sur les logiques de réseaux. Se questionner sur la place des publics accompagnés dans nos offres de formation est une étape aussi décisive. Quelle vision portons-nous des publics, à quels types de collaborations incitons nous les apprenants ?
La logique de transformation ne sera pourtant mise en œuvre dans nos établissements de formation que si nous entrons aussi chacun dans une logique de questionnement. Il ne s’agira plus de parler « ce nouveaux publics » accueilli, mais de nous mettre réellement en questionnement sur à quoi on veut les conduire et comment faire avec eux ce bout de chemin. Si chaque acteur ne se sent pas dans ce mouvement alors ne devient-il pas incongru de l’attendre de l’autre … ? La formalisation de nos choix devra s’écrire dans nos projets .

Bibliographie

L’empowerment, une réponse émancipatrice BACQUE Marie Hélène La découverte 2013
Agir dans un monde incertain – Essai sur la démocratie technique –BARTHE Yannick – LASCOUMES Pierre – CALLON Michel - Poche Avril 2014
Interventions sociales et empowerment – VALLERIE Bernard – LE BOSSE Yann – L’Harmattan – 2012
Le choix d’éduquer éthique et pédagogie – MEIRIEU - ESF 1991
De l’impuissance et du pouvoir de l’éducateur – La pédagogie entre le dire et le faire MEIRIEU – ESF,1995
L’intelligence sociale en danger - M Chauvière, Paris, la découverte, 2012
Représentation sociale : phénomènes, concept et théorie – Jodelet - in S Moscvici,éd ,Psychologie sociale ,PUF 1984
Vous avez dit « posture » ? - B Portal - in Développement du pouvoir d’agir sous la direction de Calire Jouffray Presses de l’EHESP – Politiques et interventions sociales , 2014
Les méthodes en pédagogie – M Bru, Puf, 2012
Enseigner avec Bienveillance - Marshall Rosenberg - Jouvence édition 2006
Pédagogie de l’autonomie - Paulo Freire édition érès - 2006

Présentation des auteurs

Françoise Dhondt juriste de formation est actuellement responsable pédagogique à l’IRTS Nord Pas de Calais sur le site du Grand Littoral. Elle a toujours été sensible à la question des modes pédagogiques. Cherchant à évoluer et à faire évoluer son cadre de formation elle stimule la créativité et l’innovation. Elle conduit l’équipe pédagogique sur un mode projets fondé dans les richesses du territoire Dunkerquois. Elle croise dans ses actions les besoins de formations, les richesses et besoins de territoires et ceux des apprenants. Dans le cadre des suivis de stage à l’international elle impulse une ouverture et incite à la réflexion sur les dimensions culturelles. Diplômée en communication et en supervision elle conduit et réalise des actions de formations continues qui alimentent ses réflexions. La recherche à laquelle elle participe dans le cadre d’Erasmus plus sur l’insertion des jeunes par la culture (dans trois pays Européens) participe à l’ouverture de son champ de réflexion.

Communication complète

Engagez-vous ! Engageons-nous !

Formons-nous des futurs professionnels résistants aux prescriptions institutionnelles ? A moins que la question ne soit : comment former des professionnels engagés ? Engagés dans la connaissance des réalités, dans la réflexion et surtout dans l’action toujours au service des publics de plus en plus fragilisés. Comment dans ce contexte difficile éviter qu’ils se mettent eux aussi à distance des plus fragilisés. Avons-nous les moyens de lutter dans le cadre des formations en travail social dans ce qui serait identifié comme un mouvement « réduisant la connaissance au niveau collectif » et « la pensée au nouveau individuel » (M Chauvière)? Je vous propose de partager mon expérience dans l’ingénierie pédagogique cherchant à questionner les pratiques à développer des alternatives. Ma démarche nous amènera aussi à questionner ce qui porte nos actions ;les courants dans lesquels puisent nos actions pédagogiques.
La formation peut être un levier d’action, elle a une part de responsabilité dans les professionnels qu’elle forme. C’est un espace-temps privilégié pour valoriser ceux qui sont entrés en formation avec des engagements ; elle peut aussi initier, conduire des travailleurs sociaux vers cet engagement pas ses choix opérés. Mais elle peut tout autant garder des postures de transmissions de savoirs hiérarchisés considérant le formateur dans une logique d’expert et mettant l’apprenant en état d’objet. Dans ce cas il ne sera pas possible de considérer que nous formons des travailleurs sociaux résistants. Si l’on choisit la première hypothèse je propose deux axes.

Axe 1 : Le premier axe sera centré sur l’apprenant. Il s’agit pour le centre de formation de mieux le connaître dans ce qu’il est ; dans ce qu’il porte comme ressources, de le valoriser et de l’envisager comme co constructeur d’une dynamique de formation .L’idée de la prise en compte et du « respect » des savoirs des apprenants » affirmée par Freire est une base indispensable dans la reconnaissance de l’autre. L’identification des expériences devient un levier réel dans la démarche de professionnalisation. Moyen de conscientisation de sa place de sujet l’apprenant peut ensuite envisager de partager ses compétences acquises aux autres. Permettre au travailleur social en devenir d’entrer dès le début de sa formation dans un processus de reconnaissance basé sur les compétences transférables est aussi un outil professionnel qui l’incitera peut être demain dans sa pratique à porter un autre regard sur les publics .Quittant la focale du manque, de la difficulté il pourra emprunter celle du potentiel. Cet axe nous oblige à développer des outils spécifiques dès l’entrée en formation comme le forum des compétences espace où chacun amène une compétence acquise transférable, partageable. Elle deviendra un moyen de créer du lien, de se faire connaître au sein de son groupe voir du centre de formation.

Le centre de formation peut ensuite faciliter le partage, la multiplication des compétences en créant un réseau d’échanges afin de fédérer des stratégies collectives d’entraides et de valorisation. Il peut conduire des modes de valorisation de ces savoirs dans sa propre offre de formation. Quittant la hiérarchie des savoirs et des formations il peut favoriser les échanges inter formations permettant à chacun d’être valorisé et reconnu dans ce qu’il est.
Mais cela sous-tend une réflexion : comment considérons-nous nos apprenants ? Jusqu’où acceptons nous vraiment de les rendre acteur, coconstructeur ? Acceptons-nous de regarder nos rapports au savoir (et pouvoir) ? Un regard sur les personnes conduisant les groupes reste aussi important si l’on veut analyser les dynamiques de groupe et réfléchir sur les effets produits ou pas. La multiplicité des profils des intervenants, cadres pédagogiques dans les formations en travail social sont autant de diversité de postures, de convictions, de conceptions. L’articulation de ces mouvements de pensées et d’actions ne peut se faire qu’à travers l’existence d’un projet fédérateur permettant la légitimité de chacun mais posant le cap, le fondement de l’action pédagogique. C’est une sorte de « garde-fou » mais aussi de « phare » qui oriente.

Axe 2 : Le second axe de réflexion porte sur les équipes et les moyens pédagogiques. Proposons et formalisons des outils adaptés aux formes d’engagement que nous attendons des professionnels. Le premier champ d’action est celui de la connaissance : celle du monde actuel, celle des processus d’information, des enjeux économiques et politiques .Comme le souligne Lilian Mathieu « l’expertise est une arme essentielle ».Cette connaissance outil de conscientisation peut éclairer et aider dans la conduite de changements. Nous avons la responsabilité des contenus proposés et la façon dont nous avons de les conduire .Nous avons les moyens de mettre en œuvre des leviers de changement ou de rester dans l’endormissement .Quand G Balbastre intervient avec des professionnels sur les mécanismes en jeux dans la presse aujourd’hui, il ouvre les regards, suscite le questionnement. Le choix des intervenants est déterminant dans l’ouverture que l’on veut donner aux professionnels .Ouvrons nos fenêtres afin de faire circuler les savoirs, de les combiner et de favoriser l’innovation.

Ouvrir la vision du monde de nos apprenants c’est favoriser les actions de mobilité - stages à l’international – séminaires de recherche en Europe; incitons-les à aller chercher d’autres modes d’intervention .Elargir leur vision du monde est un acte de formation à part entière qui peut être un levier de changement déterminant .Emmener des éducateurs spécialisés sur un projet européen a été un levier d’engagement immédiat. Toutes les pédagogies actives mobilisées sont dynamisantes et offrent pleinement aux apprenants l’opportunité de prendre une place de sujet. Si au sens de Meirieu nous prenons un engagement éthique dans nos choix pédagogiques alors nous visons encore plus l’émancipation d’autrui, lui permettre d’accéder à son « sujet autonome ». C’est en rentrant du Québec qu’une monitrice éducatrice est venue impulser sur son stage en France l’approche positive.

Développons les dynamiques d’actions et d’interventions collectives ; cherchons à favoriser et à conduire des travaux de groupe avec une implication de chacun (apprenants et cadres pédagogiques), sortons des modes d’évaluation individuels, abordons la notion de compétences collectives, travaillons à ne plus individualiser les recherches de stages. Dans une société très individualiste, l’enjeu de développer les actions collectives et les modes de coopération est de taille. La recherche de stage s’apparente à une lutte des places et oblige à réfléchir à des modalités de recherches collectives sur une dynamique d’entraide. L’intervention collective est un mode qui fédère, développe le mouvement « si tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Le cloisonnement de nos promotions se fait parfois au détriment de l’émergence d’un collectif structurant un engagement plus global de tous les professionnels du travail social. Nous pensons gérer des groupes, des promotions qui auraient un objectif commun à atteindre mais est-ce le cas ? Le rôle du cadre pédagogique ne s’est-il pas renforcé dans sa fonction de création et de gestion de dynamique de groupe afin de le rendre plus « actif »? (au sens de D Jodelet). Est-il encore possible d’accepter dans nos formations en travail social des phénomènes de rejet, d’exclusion entre travailleurs sociaux ou même d’intervenants ? Qu’avons-nous « raté » dans nos conduites de groupes pour en arriver là ?

Peut-on demander aux apprenants de mettre en place des actions sur le territoire dans le cadre des stages sans que le centre de formation ne soit lui-même dans cette dynamique ?. La mutualisation des lieux, des ressources est source de projets .L’inscription dans un contrat local éducatif artistique permet non seulement une appropriation par les travailleurs sociaux de ces programmes mais aussi de conduire des projets d’expression en lien avec des artistes. Tout ce qui contribue à une ouverture personnelle devient un outil professionnel. La découverte par des AMP de ces programmes leur ouvre de nouveaux horizons.

En dernier lieu cherchons-nous à développer le pouvoir d’agir ou acceptons nous la part grandissante des démissionnaires. Si l’expérience pédagogique a été identifiée comme l’expérience de la résistance de l’autre au projet sur lui comprenant une forme d’impuissance éducative (Meirieu ) on doit s’interroger quant aux abandons des jeunes en formation. La multiplication de la précarité des parcours de formation, des arrêts interpelle. Certains s’avouent déjà vaincus, en burn-out en deuxième année de formation ; d’autres verbalisent « tu comprends je me sens impuissant face à tant de misère, je préfère démissionner » ou « je vais avoir mon diplôme mais je ne travaillerai pas dans le social »..aurions-nous pu les aider à se mobiliser, à développer plus de pouvoir d’agir ? L’objectif de transformation sociale ici visé serait de leur faire acquérir un « pouvoir exercé ensemble » (pouvoir avec) leur permettant de puiser leur motivation en eux-mêmes (au sens de Rosenberg) plus que d’un pouvoir à exercer sur les autres (pouvoir sur). Marie Hélène Bacqués nous montre combien ce pouvoir d’agir est un projet de transformation sociale mais ne doit-il pas être un enjeux dans la formation professionnelle des travailleurs sociaux que ce soit en formation initiale ou continue… à condition bien sûr que l’on considère les travailleurs sociaux comme agent de transformation sociale.
La logique de transformation ne sera pourtant mise en œuvre dans nos établissements de formation que si nous entrons aussi chacun dans une logique de questionnement. Il ne s’agira plus de parler « nouveaux publics » mais de nous mettre réellement en questionnement sur à quoi on veut les conduire et comment faire avec eux ce bout de chemin. Si chaque acteur ne se sent pas dans ce mouvement alors ne devient-il pas incongru de l’attendre de l’autre … ? L’organisation de nos formations ne peut plus être centrée que sur un résultat à atteindre qui serait le diplôme. Elle nécessite un réel examen des processus mis en place interrogeant de façon régulière la transférabilité des acquis, la consistance de ce qui nous fédère. Car comme le souligne B Portal « nous avons l’impression de porter des valeurs communes, de partager une identité forte » encore faut-il « vérifier entre nous ce qu’il en est en réalité » et de la mise en œuvre dans nos pratiques. La parole n’est-elle pas qu’intention alors que la réalité même de ce que nous portons se vérifie dans nos actes.

La formalisation de nos choix devra s’écrire dans nos projets .

Bibliographie:
L’empowerment, une réponse émancipatrice BACQUE Marie Hélène La découverte 2013
Agir dans un monde incertain – Essai sur la démocratie technique –BARTHE Yannick – LASCOUMES Pierre – CALLON Michel - Poche Avril 2014
Interventions sociales et empowerment – VALLERIE Bernard – LE BOSSE Yann – L’Harmattan – 2012
Le choix d’éduquer éthique et pédagogie – MEIRIEU - ESF 1991
De l’impuissance et du pouvoir de l’éducateur – La pédagogie entre le dire et le faire MEIRIEU – ESF,1995
L’intelligence sociale en danger - M Chauvière, Paris, la découverte, 2012
Représentation sociale : phénomènes, concept et théorie – Jodelet - in S Moscvici,éd ,Psychologie sociale ,PUF 1984
Vous avez dit « posture » ? - B Portal - in Développement du pouvoir d’agir sous la direction de Calire Jouffray Presses de l’EHESP – Politiques et interventions sociales , 2014
Les méthodes en pédagogie – M Bru, Puf, 2012
Enseigner avec Bienveillance - Marshall Rosenberg - Jouvence édition 2006
Pédagogie de l’autonomie - Paulo Freire édition érès - 2006

Résumé en Anglais


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