Précarité des étudiants en intervention sociale en France
Le Plan pluriannuel Français contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, adopté lors du Comité interministériel de lutte contre les exclusions le 21 janvier 2013, rappelle les chiffres publiés par l’INSEE concernant l’année 2010 et dresse un constat sévère sur la pauvreté en France.
La France compte de 8,5 à 8,6 millions de pauvres, soit environ 14 % de la population de 2010 à 2012 et 20 % des enfants. Le niveau de vie des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté a diminué, près de la moitié d'entre elles vivant en 2012 avec moins de 784 euros par mois.
Depuis quelques années, la pauvreté touche de nouvelles catégories sociales telles que les « travailleurs pauvres ». Depuis la fin des années 1990, ceux sont les familles monoparentales et les jeunes qui sont principalement concernées .
Les étudiants ne sont pas en reste. En effets sur 2 275 000 étudiants en France , 107 000 étudiants seraient dans une situation de précarité et 45 000 dans une situation d’extrême pauvreté . Les enquêtes de l’Observatoire national de la vie étudiante ont montré les difficultés rencontrées par les étudiants des universités dans leur vie quotidienne (logement, santé, budget, sociabilité...), voir leur situation de précarité.
Mais qu’en est-il pour les étudiants en travail social ?
Il ressort de trois enquêtes effectuées en Ile de France, en Rhône Alpes et en Pays de la Loire, que les étudiants des établissements de formation en travail social connaissent d’une part les mêmes difficultés que n’importe quel étudiant (situation financière, alimentation, santé, logement, transport, accès à la culture…) auxquelles s’ajoutent des complications spécifiques du fait des contraintes imposées par le système de l’alternance et la semaine de 35h.
Les caractéristiques territoriales (géographiques, climatiques…) des lieux de formation peuvent également accentuer les obstacles de ces étudiants. (Frais de transport, d’hébergement …..)
En outre, ils perçoivent moins d’aides que les étudiants universitaires. Contrairement à ces derniers, les bourses des étudiants en EFTS sont allouées par les conseils régionaux et de ce fait elles sont différentes d’une région à l’autre. L’iniquité est alors plus criante.
L’Etat a voulu rétablir une certaine équité et améliorer le statut des stagiaires par le vote de la loi du 10 juillet 2014 prévoyant l’extension de la gratification des stages de plus de deux mois à tous les lieux des stages. Mais cette nouvelle loi n’a pas été sans poser de nouveaux problèmes notamment concernant la raréfaction des stages.
Comment permettre aux étudiants en formations sociales de bénéficier des mêmes droits que les autres étudiants tout en tenant compte de leur spécificité ?
Comment accompagner les étudiants en formations sociales quand ils sont eux-mêmes en difficultés sociales ? Est-ce aux établissements de formation en travail social de les accompagner ou doivent-ils être redirigés vers le droit commun ?
En tant que « futurs travailleurs sociaux », ne peuvent-ils pas être acteurs de leur propre prise en charge sociale ? Sont-ils finalement si différents de toutes personnes en situation de précarité ?
Quelles actions sont mises en places par les étudiants en faveur de leurs camarades en difficultés ? Comment s’organisent-ils ? Comment valoriser ces actions collectives? N’aurait-on pas intérêt à valoriser ces actions citoyennes et communautaires dans les cursus de formation? Le processus de professionnalisation ne commence-t-il pas à ce stade?
Ceux sont toutes ces questions, au cœur de l’actualité, que nous nous proposons, à l’UNAFORIS de mettre en débat dans le cadre d’un forum.
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