Fiche Documentaire n° 4451

Titre Situation de consentement et de non consentement chez des étudiantes universitaires : développement de formes de solidarité dans des modes de protection interpersonnelle

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Auteur(s) Savoie Lise
PELLAND Marie-Andrée
IANCU PENELOPIA
 
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Situation de consentement et de non consentement chez des étudiantes universitaires : développement de formes de solidarité dans des modes de protection interpersonnelle

Cette communication porte sur des résultats d’une recherche qui tente de comprendre les rapports consentants et non consentants à caractère sexuel des étudiantEs en milieu universitaire. L’Université de Moncton et ses trois campus servent d’étude de cas initiale. Cinq objectifs spécifiques sont proposés : 1) Cerner comment les étudiantEs définissent les rapports sexuels; 2) Explorer les expériences vécues par des étudiantEs en lien avec les rapports sexuels; 3) Analyser les représentations (internes/externes) des étudiantEs concernant la notion de consentement, le cas échéant explorer leur expérience de consentement et de non consentement dans des rapports sexuels; 4) Construire, à partir des discours des étudiantEs, des modèles de conduites sexuelles et 5) Analyser les similarités et les différences dans ces représentations et ces modèles, selon le genre, selon le campus et la culture. Cette communication présentera des résultats qui découlent des objectifs 2 et 3 de cette recherche. C’est à partir de l’expérience des étudiantes et en regard aux liens de solidarité, tels que mentionnés dans l’axe 1, que leur discours a été analysé. Les résultats permettent de comprendre les modes de solidarité déployés dans leur vie quotidienne dans des situations de consentement ou de non consentement.
Les écrits soulèvent que les femmes qui s’inscrivent à l’université sont celles qui courent un grand risque d’avoir une expérience de violence sexuelle (Jordans, Combs, & Smith, 2014). Rennison et Addigton (2014) précisent que les femmes sont victimes surtout au cours de la première année universitaire. Aussi, plus une étudiante passe de temps sur le campus, plus elle est à risque de vivre de la violence sexuelle (Stotzer & MacCartney, 2015). Il semble ainsi que les campus combinent certains éléments qui augmentent le risque de violence sexuelle, par exemple une culture de la masculinité, un espace social où sont réunies des victimes potentielles, une consommation d’alcool qui parfois peut être abusive et des mythes liés au consentement sexuel et à la culture du viol (Stotzer & MacCartney, 2015). Pour mieux saisir les différents enjeux que suppose la question du consentement et du non consentement, cette recherche s’inspire d’un cadre théorique qui croise les perspectives constructivistes (Berger & Luckmann, 1966) et féministes (Butler, 2005) appliquées au champ de l’éthique sociale. Ceci permet de regarder le phénomène non pas de manière statique (comme acte ponctuel d’acquiescer ou non), mais comme un phénomène dynamique, complexe, voire paradoxal.
La démarche de recherche par étude de cas (Anadon, 2006) vise à s’approcher au plus près de l’expérience de 40 participantEs et de comprendre la réalité sociale dans laquelle ces expériences s’inscrivent (Anadon, 2006 ; Orofiamma, 2008). Cette approche permet de centrer l’attention sur le discours des étudiantEs fréquentant une université. L’analyse situationnelle a permis de décrire les actions en situation de consentement et de non consentement, de reconnaitre les représentations, les valeurs et les relations qui ont conduit aux actions précises des acteurs et de ressortir des régularités typiques de comportements (Paillé & Mucchielli, 2012).
Les résultats révèlent des formes de solidarité que développent les étudiantEs dans le contexte ou la solidarité institutionnelle est presque inexistante, où l’offre de services ressemble à un labyrinthe tortueux dont la porte de sortie semble introuvable et où les formes d’aide proposées n’arrivent pas à régler le conflit (pratique de médiation qui confronte victime et agresseur). Les discours des étudiantEs illustrent que les formes de solidarité qui se déploient sont informelles et renvoient au développement de liens sociaux. Les étudiantEs se tournent vers elles – forme de solidarité qui conduit à des modes de protection interpersonnelle – et développent des stratégies parfois préventives et d’autres fois réactives.
ette communication porte sur des résultats d’une recherche qui tente de comprendre les rapports constants et non consentants à caractère sexuel des étudiantEs en milieu universitaire. Pour cette étude, l’Université de Moncton et ses trois campus servent d’étude de cas initiale. Cinq objectifs spécifiques sont proposés :
1) Cerner comment les étudiantEs définissent les rapports sexuels;
2) Explorer les expériences vécues par des étudiantEs en lien avec les rapports sexuels;
3) Analyser les représentations (internes/externes) des étudiantEs concernant la notion de consentement, le cas échéant explorer leur expérience de consentement et de non consentement dans des rapports sexuels;
4) Construire, à partir des discours des étudiantEs, des modèles de conduites sexuelles et
Vous vous5) Analyser les similarités et les différences dans ces représentations et ces modèles, selon le genre, selon le campus et la culture.

Cette communication présentera des résultats qui découlent des objectifs 2 et 3 de cette recherche. C’est à partir de l’expérience des étudiantes et en regard aux liens de solidarité, tels que mentionnés dans l’axe 1, que leur discours a été analysé. Les résultats permettent de comprendre les modes de solidarité déployés dans leur vie quotidienne dans des situations de consentement ou de non consentement.
Les écrits soulèvent que les femmes qui s’inscrivent à l’université sont celles qui courent un grand risque d’avoir une expérience de violence sexuelle (Jordans, Combs, & Smith, 2014). Rennison et Addigton (2014) précisent que les femmes sont surtout victimes au cours de la première année universitaire. Aussi, plus une étudiante passe de temps sur le campus, plus elle est à risque de vivre de la violence sexuelle (Stotzer & MacCartney, 2015). Il semble ainsi que les campus réunissent certains éléments qui augmentent le risque de violence sexuelle, par exemple une culture de la masculinité, un espace social où sont réunies des victimes potentielles, une consommation d’alcool qui parfois peut être abusive et des mythes liés au consentement sexuel et à la culture du viol (Stotzer & MacCartney, 2015). Pour mieux saisir les différents enjeux que suppose la question du consentement et du non consentement, cette recherche repose sur un cadre théorique qui croise les perspectives constructivistes (Berger & Luckmann, 1966) et féministes (Butler, 2005) appliquées au champ de l’éthique sociale. Ceci permet de regarder le phénomène non pas de manière statique (comme acte ponctuel d’acquiescer ou non), mais comme un phénomène dynamique, complexe, voire paradoxal.
La démarche de recherche par étude de cas (Anadon, 2006) vise à s’approcher au plus près de l’expérience de 40 participantEs et de comprendre la réalité sociale dans laquelle ces expériences s’inscrivent (Anadon, 2006 ; Orofiamma, 2008). Cette approche permet de centrer l’attention sur le discours des étudiantes fréquentant une université. L’analyse situationnelle a permis de décrire les actions en situation de consentement et de non consentement, de reconnaitre les représentations, les valeurs et les influences qui ont conduit aux actions précises des acteurs et de ressortir les régularités typiques de comportements (Paillé & Mucchielli, 2012).
Les résultats révèlent des formes de solidarité que développent les étudiantes dans le contexte ou la solidarité institutionnelle est presque inexistante, où l’offre de services ressemble à un labyrinthe tortueux dont la porte de sortie semble introuvable et où les formes d’aide proposées n’arrivent pas à régler le conflit (pratique de médiation qui confronte victime et agresseur). Les discours des étudiantes illustrent que les formes de solidarité qui se déploient sont informelles et renvoient au développement de liens sociaux. Les étudiantes se tournent vers elles – forme de solidarité qui conduit à des modes de protection interpersonnelle – et développent des stratégies parfois préventives et d’autres fois réactives.

Bibliographie

Anadón, M. (2006). La recherche dite «qualitative»: de la dynamique de son évolution aux acquis indéniables et aux questionnements présents. Recherches qualitatives, 26(1), 5-31.
Berger, P., & Luckmann, T. (1966). The social construction of reality. New York: Anchor Books.
Butler, J. (2005). Humain, inhumain, le travail critique des normes. Paris : Éditions Amsterdam.
Jordan, E. C., Combs, L. J., & Smith, T. G. (2014). An exploration of sexual victimization and academic performance among college women. Trauma, Violence & Abuse, 14(3), 191-200.
Orofiamma, R. (2008). Les figures du sujet dans le récit de vie. Paris : Caisse nationale d’allocation familiale.
Paillé, P., & Mucchielli, A. (2012). L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales. Paris : Armand Colin.
Rennison, C. M. & Addington, A. L. (2014). Violence against college women: A review to identify limitations in defining the problem and inform future research. Trauma, Violence & Abuse, 15(3), 159-169.
Stotzer, L.S., & MacCartney, D. (2015). The role of institutional factors on on-campus reported rape prevalence. Journal of Interpersonal Violence, 1-21.

Présentation des auteurs

Lise Savoie est professeure agrégée à l’École de travail social de l’Université de Moncton, Canada. Ses recherches portent principalement sur les conditions de vie des femmes, la pauvreté, l’insertion professionnelle et sociale des femmes possédant un faible niveau d’éducation et l’engagement social des femmes dans le secteur communautaire. Elle travaille aussi dans le champ des politiques sociales en lien avec les conditions de vie précaires des populations. Elle cherche à comprendre les conséquences des politiques sociales sur le vécu des populations en situation de pauvreté.
Marie-Andrée Pelland est professeure agrégée de criminologie au Département de sociologie de l’Université de Moncton. La professeure Pelland s’intéresse à des questions liées aux trajectoires individuelles et groupales de relation d’emprise sectaire, de victimisation et de criminalité. Elle s’intéresse également aux processus de reconnaissance sociale et identitaire des individus marginaux et marginalisés. Ses recherches récentes portent sur les trajectoires de changements de contrevenants prolifiques et les trajectoires de victimisation sexuelle chez des étudiantes et des étudiants universitaires.
Penelopia Iancu est professeure adjointe à l’École de travail social de l’Université de Moncton. La professeure Iancu s’intéresse aux questions relatives aux familles en situations difficiles, y compris la question du consentement et du non consentement à caractère sexuel, à l’intervention familiale, aux problèmes de santé mentale des enfants et des jeunes et aux stratégies que les familles mettent en place pour composer avec ces situations. La professeure Iancu travaille également sur les enjeux éthiques de la documentation en travail social et sur la résolution créative de problèmes complexes et flous.

Communication complète

Cette communication présente des résultats d’une recherche qui tente de comprendre les rapports consentants et non consentants à caractère sexuel des étudiantes et des étudiants en milieu universitaire. L’Université de Moncton et ses trois campus servent d’étude de cas initiale. C’est à partir de l’expérience des étudiantes qui ont participé à cette recherche et en regard aux liens de solidarité que leurs discours ont été analysés. Les résultats permettent de comprendre les différents modes de solidarité déployés par les personnes qui entourent la victime, surtout dans des conditions de non consentement à caractère sexuel et lors d’évènements de violence sexuelle. Nous entendons par violence sexuelle une gamme de comportements allant du harcèlement à l’agression (Bergeron et al., 2016; Fuller et al., 2016). L’analyse situationnelle d’une trentaine d’entrevues permet de décrire des situations de solidarité qui se manifestent suite à des évènements de violence sexuelle qui conduisent à la mise en acte de gestes de solidarité (Paillé & Mucchielli, 2012).

Les écrits soulèvent que les femmes qui s’inscrivent à l’université sont celles qui courent un plus grand risque d’avoir une expérience de violence sexuelle (Jordan et al., 2014; Stotzer & MacCartney, 2015). Rennison et Addigton (2014) précisent que les femmes sont victimes surtout au cours de la première année universitaire. Or, plus une étudiante passe de temps sur le campus, plus elle est à risque de vivre de la violence sexuelle (Stotzer & MacCartney, 2015). Il semble ainsi que les campus combinent certains éléments qui augmentent le risque de violence sexuelle, par exemple une culture de la masculinité, un espace social où sont réunies des victimes potentielles, une consommation d’alcool qui parfois peut être abusive et des mythes liés au consentement sexuel et à la culture du viol (Stotzer & MacCartney, 2015). Concernant la culture de la masculinité, Schwartz et al. (2001) expliquent que celle-ci promeut une valorisation de la violence sexuelle envers les femmes; discours et attitudes largement appuyés par des groupes de pairs. En ce qui concerne la présence des filles sur les campus, surtout celles qui y passent beaucoup de temps ou qui vivent en résidence, Fisher et al. (2000) concluent que 60 % de la violence sexuelle vécue par les étudiantes se produit dans les résidences universitaires. La consommation d’alcool, autre dimension liée à la violence sexuelle sur les campus, crée un climat où les contacts sexuels non consentants sont tolérés (Deming et al. 2013, Guerettte & Caron, 2007; Jordan et al. 2014). Dans ce contexte, les étudiantes sont souvent responsabilisées sous prétexte qu’elles ont adopté des comportements non sécuritaires et les étudiants déresponsabilisés sous prétexte qu’ils étaient sous l’effet de l’alcool (Deming et al. 2013; Tyler et al., 2015).

Devant des situations de violence sexuelle sur les campus, il semble que les mesures d’intervention sont plutôt cosmétiques et ne répondent pas toujours aux besoins des victimes (Ridolfi-Starr, 2016). En fait, les universités, pour protéger leur image et leur réputation, tentent de camoufler les allégations de violence sexuelle. Prenons l’exemple de l’Université de Moncton qui a affirmé devant les médias locaux qu’il n’y avait aucun cas de violence sexuelle sur ses campus. Ce cas n’est pas singulier puisque, selon une enquête de la CBC menée en 2015, plusieurs universités canadiennes affichent des résultats semblables. De plus, quand les universités mettent en place des sanctions, ces dernières semblent peu restrictives aux agresseurs et les services de soutien apparaissent peu adaptés aux besoins des victimes. Cela crée un climat particulier de non-confiance qui n’encourage pas les victimes ou les témoins de dénoncer des situations de violence sexuelle. Pour corriger ces lacunes, les universités doivent développer des politiques en matière de violence sexuelle qui engagent une redevabilité et une responsabilité institutionnelle permettant un soutien aux actrices impliquées (Root & Godderis, 2016), alors que tout semble être fait dans un certain secret. Ces pratiques de camouflage peuvent avoir comme conséquence de brimer la solidarité sociale puisque celle-ci se fonde sur un sentiment de confiance et une certitude que les membres de la communauté universitaire seront soutenus et que les institutions seront en mesure « de veiller au sort de chacun en même temps qu’à l’efficacité de l’ensemble, de ne pas sacrifier l’un à l’autre » (Donzelot, 2011, p. 91). Or, les résultats révèlent des formes de solidarité que développent les étudiantes dans le contexte ou la solidarité institutionnelle est presque inexistante, où l’offre de services ressemble à un labyrinthe tortueux dont la porte d’entrée semble introuvable et où les formes d’aide proposées n’arrivent pas à régler le conflit, notamment des pratiques de médiation qui confrontent la victime et l’agresseur.

Les discours des étudiantes illustrent que les formes de solidarité qui se déploient sont souvent informelles. Cette solidarité de proximité qui se passe en privé est basée sur des valeurs morales communes et n’engage pas un acte public de solidarité qui vise le changement social (Bommarito, 2016). Les étudiantes se tournent vers elles – solidarité qui conduit à des modes de protection interpersonnelle – et développent des stratégies parfois préventives et d’autres fois réactives. Les solidarités observées se produisent à deux moments soit avant l’agression – préventive, ou pendant ou après l’agression – réactive.

Les stratégies préventives de solidarité comprennent les mesures qu’utilisent les étudiantes pour réduire les risques d’être exposées à de la violence sexuelle. Chantal, par exemple, témoigne de ces stratégies de solidarité : « À un moment donné à la fin de la soirée, ce qu’on faisait c’est qu’on avait un point de rencontre. On se rencontrait toutes là et moi, je ne buvais presque jamais. C’était souvent moi qui conduisais et une autre fille. On était deux autos puis on était toujours à peu près 10 ou 12 filles. On s’assurait qu’elles étaient assises dans l’auto puis on les ramenait chez elles ». Natasha, quant à elle, raconte : Honnêtement, j’pense que le harcèlement se produit n’importe où sur le campus. J’imagine que c’est surtout pendant des « party » parce que souvent quand tu vois une fille « drunk », des gars vont s’approcher d’elle. J’ai souvent vu ça. Quand on sort pis qu’on voit une chum qui y’a un gars qui l’approche pis qu’on le trouve bizarre pis qu’on ne le connait pas, on va tout de suite la voir pis on est : « Vient! On va aux toilettes », ou des affaires comme ça. On a toujours des petites tactiques. Ces solidarités se manifestent dans le souci de l’autre pour se protéger entre amies devant des situations potentiellement à risque. Dans ce sens, elles restent en groupe, s’assurent de partir ensemble, désignent une personne responsable du groupe ou bloquent des actes à risque de violence en assurant la sécurité de chacune d’entre elles.

En ce qui concerne les solidarités réactives, celles-ci ont pour but de soutenir une amie qui a fait face ou qui vit un acte de violence sexuelle. Madeleine, par exemple, qui a vécu une agression sexuelle, explique comment ses amis, garçons et filles, ont réagi une fois qu’elle a brisé le silence de son agression : Mes amis disaient comme « ah ouais? Comment ce que tu as vécu ça? » Tu sais ils ne m’ont pas demandé qu’est-ce qui était arrivé tout de suite. Je dirais qu’ils étaient empathiques avec moi. Comme mes amis gars, il y en a deux à qui j’en ai parlé pis ils étaient comme « Man! J’petterais la gueule à ce gars-là! J’peux pas croire qu’il t’a fait ça! ». Tu sais comme la réaction des fois, surtout les gars, je trouve qu’ils sont beaucoup protecteurs. Autant qu’il en a des épais, autant qu’il en a qui care pour toi. Ils disent « j’aurais aimé être là pour toi, tu sais, j’aurais fait quelque chose ». Ariane, quant à elle, en parlant d’une situation avec son ex conjoint qui l’avait agressée sexuellement et qui continuait de la harceler, décrit la solidarité de son amie envers elle : Il est arrivé au club. J’étais ben « drunk », mais ce n’est pas une excuse, mais j’ai dansé avec! Mon amie était partie à la toilette et je dansais avec. Après ça, mon amie est revenue pis elle a dit « Girl, il faut qu’on décolle ». Je suis partie et il m’a pogné le bras. Pogner genre il ne me lâchait pas pis il était comme « Non toi tu restes avec moi. Tu me connaissais avant elle ». Pis je le regardais pis j’étais ben perdue. Ça a pris mon amie pour enlever son bras de sur moi et on est partie. C’est là que mon amie était « Ça ce n’est pas correcte, c’est un signe de possessivité et d’agressivité ». Ces solidarités réactives s’expriment par une attitude empathique et d’écoute et une sensibilité envers la situation de la victime. Elles se manifestent également par des actions concrètes de défense, par exemple par le retrait de la personne d’une situation de violence.

Devant le vide qui est laissé par le manque de mesures institutionnelles menant au développement de solidarité sociale, des solidarités de proximité se constituent. Ces solidarités, qui pourraient être perçues positivement, constituent un échec de la solidarité sociale, ce qui conduit les étudiantes à devenir responsables de leur sécurité. Cette situation renvoie à l’une des dimensions de la culture du viol responsabilisant les victimes de l’acte d’agression. Pour qu’un changement de culture se produise, il n’est pas suffisant d’avoir des mesures de prévention et d’action individuelle, mais des mesures collectives sont nécessaires (Godderis & Root, 2017). Sans diminuer l’importance que procurent les solidarités de proximité, comment pouvons-nous inciter les différents acteurs à agir au développement d’une solidarité sociale?




Bergeron, M., Hébert, M., Ricci, S., Goyer, M-F., Duhamel, N. et Kurtzman, L. (2016). Violence sexuelles en milieu universitaire au Québec. Butler, J. (2005). Humain, inhumain, le travail critique des normes. Paris : Éditions Amsterdam.

Bommarito, N. (2016). Private Solidarity. Ethic Theory Moral Practice, 19, 445–455.

CBC News (2015). Interactive: Campus Sexual Assault Report.
Récupéré de : http://www.cbc.ca/news/multimedia/interactive-campus-sexual-assault-reports-1.2944538

Demming, E. M., Covan, K. E., Swan, C. S. & Billing, L. D. (2013). Exploring Rape Myths, Gendered Norms, Group Processing, and Social Context of Rape Among College Women: A Qualitative Analysis, Violence Against Women, 19(4), 465-485.

Donzelot, J. (2011). Un état qui rend capable, dans S. Paugram (2011). Repenser la solidarité. 87-109.

Fisher, S. B., Cullen, T. F. & Turner, G. M. (2000). The Sexual Victimization of College Women. États-Unis: Department of Justice.

Fuller, B. R., O’Sullivan, L. F., Belu, C.F. (2016). UNB Sexual Assault Survey. Fredericton, University of New Brunswick.

Godderis, R.. & Root, J. L. (2017). Addressing Sexual Violence on Post-Secondary Campuses is a Collective Responsibility, Transformative Dialogues: Teaching & Learning Journal, 9 (3), 1-9.

Guerette, M. S. & Caron, L. S. (2007). Assessing the Impact of Acquaintance Rape, Journal of College Student Psychotherapy, 22(2), 31-50

Jordan, E. C., Combs, L. J., & Smith, T. G. (2014). An exploration of sexual victimization and academic performance among college women. Trauma, Violence & Abuse, 14(3), 191-200.

Paillé, P., & Mucchielli, A. (2012). L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales. Paris : Armand Colin.
Rennison, C. M. & Addington, A. L. (2014). Violence against college women: A review to identify limitations in defining the problem and inform future research. Trauma, Violence & Abuse, 15(3), 159-169.

Ridolfi-Starr, Z. (2016). Transformation Requires Transparency : Critical Policy Reforms To Advance Campus sexual violence Response. The Yale Law Journal. 125, 258-2181.

Root, J., L. & Godderis, R. (2016). Instructor strategies for responding to disclosures of gender-based violence on campus, Canadian Journal of Action Research, 17 (3), 2016, 3-19.

Schwartz, D. M., DeKeseredy, S. W. Tait, D. et Alvi, S. (2001). Male peer and a feminist routing activities theory: Understanding sexual assault on the college campus, Justice Quarterly, 18 (3), 623-649.

Stotzer, L.S., & MacCartney, D. (2015). The role of institutional factors on on-campus reported rape prevalence. Journal of Interpersonal Violence, 1-21.

Tyler, K. A., Schmitz, R. M., & Adams, S. A. (2015). Alcohol expectancy, drinking behavior, and sexual victimization among female and male college students. Journal of interpersonal violence.

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