Fiche Documentaire n° 4546

Titre Briser le carcan des problèmes individualisants. Solidarité et reconnaissance des vécues en psychiatre.

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l'auteur principal

Auteur(s) DUMAIS MICHAUD Audrey-Anne
MacDonald Sue-Ann
 
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Briser le carcan des problèmes individualisants. Solidarité et reconnaissance des vécues en psychiatre.

« Il faut manifester et se solidariser pour que les femmes ne soient plus vulnérables. » (Femme membre du comité femmes)

La recherche exploratoire présentée ici visait à mieux comprendre et à qualifier les dynamiques à l’œuvre dans les rapports entre les femmes et les pratiques en psychiatrie à Montréal. À cet égard, l’enquête fut inspirée par des méthodes de recherche-action (Gélineau, Dufour, Belisle, 2012). En effet, considérant le manque de connaissances sur ce sujet, l’absence de la parole des femmes et de prise de pouvoir citoyenne, la compréhension de cette problématique nécessitait de mettre en lumière les expériences d’oppression des femmes au centre de l’analyse. Nous avons ainsi privilégié une approche qualitative du discours de deux groupes : les femmes membres du Comité femmes (CF) d’Action Autonomie et des intervenantes des milieux de pratique membres de la Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM) - Volet santé. Un questionnaire développé par les femmes membres du CF a également été distribué afin d’obtenir un portrait général de la perception de l’expérience des femmes en psychiatrie. Le choix méthodologique de la recherche fut particulièrement important parce qu’elle a permis aux femmes d’avoir une voix afin d’exprimer leurs points de vue sur ce qu’elles trouvaient dérangeant, inacceptable, voire dangereux dans le système de soins psychiatriques. Les voix des femmes du CF étaient considérées à part entière afin de produire des connaissances scientifiques et des revendications politiques, mais aussi des outils de sensibilisation auprès des professionnel.les de la santé et de soins ainsi que la population.
Les rencontres étaient guidées par essentiellement une question : Que peut-on dire de l’expérience des femmes en psychiatrie ? Suite, à cette question, les femmes étaient libres de discuter des éléments importants pour elles. Les points de vue recueillis rendent compte de leurs expériences, préoccupations et enjeux auxquels elles sont confrontées. Les histoires dévoilées font état de plusieurs situations reconnues comme étant violentes, abusives, non respectueuses et non adaptées à la condition des femmes. De fait, au moment des rencontres, elles percevaient que par leur seule condition de femmes, elles sont déjà étiquetées et problématisées. Si elles postulent également que les femmes devraient être traitées avec plus de sensibilité, de respect et de prise en compte, elles croient que cela ne pourra se faire sans un travail collectif et solidaire afin d’obtenir et d’atteindre une équité entre les hommes et les femmes. Cette recherche, outre les données sur les expériences des femmes en psychiatrie, démontre également la nécessité de croiser les savoirs (CF et intervenantes) afin de mettre en lumière les tensions et les convergences dans les discours. D’ailleurs, cette enquête était réalisée au nom des femmes pour les femmes afin de rassembler et de mettre en commun des expériences au nom de la solidarité contre diverses formes d’oppressions.
Cette présentation illustrera la pertinence des méthodes de recherche-action afin de créer des solidarités et ultimement de sensibiliser des décideurs politiques et la population. Nous discuterons ainsi des conditions nécessaires à la collectivisation des expériences vécues comme étant problématiques : soit par l’entrecroisement des savoirs expérientiels et profanes, ainsi que par la participation des femmes du CF dans le processus d’analyse des données des récits. La collectivisation des expériences, tout en reconnaissant le caractère singulier des vécues, permet le passage de l’individuel au collectif, s’exprimant tantôt dans les revendications, tantôt dans les moyens d’action, tantôt par un sentiment de solidarité. Cette recherche, qui fut essentielle, voire émancipatrice pour certaines femmes cible l’importance de la solidarité comme notion permettant l’atteinte de cet idéal d’un respect, d’une reconnaissance et d’une équité (Honneth, 2000).

Bibliographie

Fraser, N. (2011), Qu'est-ce que la justice sociale? Reconnaissance et redistribution, Paris : La Découverte.

Fraser, N. (2000). « Rethinking recognition ». New left review, 3, 107-120.

Gélineau, L., Dufour, É. et Bélisle, M. (2012). « Quand recherche-action participative et pratiques AVEC se conjuguent : enjeux de définition et d’équilibre des savoirs1». Recherches qualitatives – hors série, 13, pp. 35-54.
Honneth, A. (2002), La lutte pour la reconnaissance, Paris : Éditions du Cerf.

Rodriguez del Barrio, L. (1998). « Le corps et ses mirages : récits et parcours des femmes à travers la folie et sa psychiatrisation ». Discipliner le corps des femmes. Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa.

Présentation des auteurs

Audrey-Anne Dumais Michaud détient une maîtrise en service social de l’Université de Montréal. Elle est présentement doctorante en sociologie à l’Université du Québec à Montréal. Ses travaux interrogent les situations et les personnes dites vulnérables - aux frontières de la santé mentale, de la précarité sociale et de la judiciarisation - de même que les dispositifs et les pratiques de régulation y étant associées.

Sue-Ann MacDonald est professeure agrégée à l’École de travail social de l’Université de Montréal. Sue-Ann a travaillé pendant de nombreuses années comme travailleuse sociale dans une équipe en santé mentale auprès des personnes en situation d’itinérance à Ottawa.

Communication complète

Rappel Proposition « Il faut manifester et se solidariser pour que les femmes ne soient plus vulnérables. » (Femme membre du comité femmes)

La recherche exploratoire présentée ici visait à mieux comprendre et à qualifier les dynamiques à l’œuvre dans les rapports entre les femmes et les pratiques en psychiatrie à Montréal. À cet égard, l’enquête fut inspirée par des méthodes de recherche-action (Gélineau, Dufour, Belisle, 2012). En effet, considérant le manque de connaissances sur ce sujet, l’absence de la parole des femmes et de prise de pouvoir citoyenne, la compréhension de cette problématique nécessitait de mettre en lumière les expériences d’oppression des femmes au centre de l’analyse. Nous avons ainsi privilégié une approche qualitative du discours de deux groupes : les femmes membres du Comité femmes (CF) d’Action Autonomie et des intervenantes des milieux de pratique membres de la Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM) - Volet santé. Un questionnaire développé par les femmes membres du CF a également été distribué afin d’obtenir un portrait général de la perception de l’expérience des femmes en psychiatrie. Le choix méthodologique de la recherche fut particulièrement important parce qu’elle a permis aux femmes d’avoir une voix afin d’exprimer leurs points de vue sur ce qu’elles trouvaient dérangeant, inacceptable, voire dangereux dans le système de soins psychiatriques. Les voix des femmes du CF étaient considérées à part entière afin de produire des connaissances scientifiques et des revendications politiques, mais aussi des outils de sensibilisation auprès des professionnel.les de la santé et de soins ainsi que la population.
Les rencontres étaient guidées par essentiellement une question : Que peut-on dire de l’expérience des femmes en psychiatrie ? Suite, à cette question, les femmes étaient libres de discuter des éléments importants pour elles. Les points de vue recueillis rendent compte de leurs expériences, préoccupations et enjeux auxquels elles sont confrontées. Les histoires dévoilées font état de plusieurs situations reconnues comme étant violentes, abusives, non respectueuses et non adaptées à la condition des femmes. De fait, au moment des rencontres, elles percevaient que par leur seule condition de femmes, elles sont déjà étiquetées et problématisées. Si elles postulent également que les femmes devraient être traitées avec plus de sensibilité, de respect et de prise en compte, elles croient que cela ne pourra se faire sans un travail collectif et solidaire afin d’obtenir et d’atteindre une équité entre les hommes et les femmes. Cette recherche, outre les données sur les expériences des femmes en psychiatrie, démontre également la nécessité de croiser les savoirs (CF et intervenantes) afin de mettre en lumière les tensions et les convergences dans les discours. D’ailleurs, cette enquête était réalisée au nom des femmes pour les femmes afin de rassembler et de mettre en commun des expériences au nom de la solidarité contre diverses formes d’oppressions.
Cette présentation illustrera la pertinence des méthodes de recherche-action afin de créer des solidarités et ultimement de sensibiliser des décideurs politiques et la population. Nous discuterons ainsi des conditions nécessaires à la collectivisation des expériences vécues comme étant problématiques : soit par l’entrecroisement des savoirs expérientiels et profanes, ainsi que par la participation des femmes du CF dans le processus d’analyse des données des récits. La collectivisation des expériences, tout en reconnaissant le caractère singulier des vécues, permet le passage de l’individuel au collectif, s’exprimant tantôt dans les revendications, tantôt dans les moyens d’action, tantôt par un sentiment de solidarité. Cette recherche, qui fut essentielle, voire émancipatrice pour certaines femmes cible l’importance de la solidarité comme notion permettant l’atteinte de cet idéal d’un respect, d’une reconnaissance et d’une équité (Honneth, 2000).

Résumé en Anglais


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