"Il faut tout un village pour élever un enfant"

Titre : Réflexion sur la situation des intervenants engagés à faire ensemble pour la petite enfance au Québec

Le dicton « Il faut tout un village pour élever un enfant » est fort de sens pour témoigner du consensus qu’il y a autour de l’importance d’agir ensemble pour favoriser le développement des tout-petits. À cet effet, plusieurs politiques gouvernementales ont été déployées pour agir en cohérence avec cette priorité. La concertation est d’ailleurs l’un des moyens privilégiés par les décideurs publics et privés pour favoriser le faire ensemble.

Au Québec, cette façon d’inciter les acteurs à sortir de leurs milieux respectifs en vue de faire ensemble est de plus en plus courante. Or, cette forme de stratégie n’est pas exemptée d’enjeux. Depuis les dernières années, un nombre considérable d’auteurs a documenté différents facteurs susceptibles d’influencer l’atteinte des objectifs de ce type de mobilisation communautaire.

En petite enfance, un acteur majeur a fait son entrée en 2009. Issu d’un partenariat public-privé entre le ministère de la Famille et des Ainés du gouvernement provincial et la Fondation privée Lucie et André Chagnon, Avenir d’enfants (AE) a été mis sur pied afin de gérer la création d’un fonds conjoint de 400 millions. Ce fonds, déployé sur 10 ans, vise à soutenir des projets concertés destinés à optimiser le développement global des enfants âgés de 5 ans et moins afin que chacun ait les chances d'avoir un bon départ dans la vie. Ayant dans sa mire tous les niveaux du système de l’enfant (local, régional et national), AE implique donc depuis 2009, différents leaders en dehors des programmes établis ou approuvés par le gouvernement du Québec pour agir collectivement en faveur de la petite enfance.

Dans la foulée de ce type d’initiatives, les intervenants sociaux représentent des acteurs de première instance pour répondre aux besoins des enfants en bas âge. Jusqu’à maintenant, plusieurs études ont documenté jusqu’à quel point il est complexe pour les intervenants sociaux de répondre aux divers mandats qui leur sont confiés. Plusieurs auteurs ont également documenté les différents enjeux liés aux types de concertations qu’AE finance. Cependant, peu d’études se sont intéressées au point de vue des intervenants investis au sein d’espaces de concertation.

Comme ces acteurs sont les principaux moteurs des actions collectives dédiées en petite enfance, il devenait pertinent de comprendre leur façon de s’adapter afin d’agir en cohérence avec le sens qu’ils donnent au faire ensemble en faveur de la petite enfance.

Comment est-ce que ces acteurs perçoivent le faire ensemble en petite enfance au Québec? Quelle place prennent-ils pour agir collectivement en cette faveur? Sont-ils en mesure d’agir en cohérence avec le sens qu’ils donnent au faire ensemble? Comment composent-ils avec les divers enjeux auxquels ils sont confrontés au quotidien pour y parvenir? En raison de quels motifs agissent-ils en faveur du faire ensemble pour la petite enfance? C‘est en s’intéressant à ces questions de départ que s’est construite la présente recherche.

Un cadre conceptuel lié à l’étude des processus d’adaptation et plus particulièrement à la notion de résilience est envisagé pour répondre à ces questions. En demandant aux acteurs de raconter leurs expériences d’adaptation au faire ensemble dans le but de mettre en commun les processus positifs qui les unis, la notion de résilience est abordée sous un angle qui a été encore peu exploré.

Le récit de vie en groupe (n=30 (6x5)) et en individuel (n=20) d’acteurs issus de regroupements locaux financés par AE à Québec est ciblé. Cette méthode axée sur le sens et la valeur de l’expérience du sujet s’inscrit dans une perspective essentiellement qualitative et phénoménologique. Enfin, comme cette recherche s’intéresse à la perception de l’acteur en contexte et qu’elle lui permet d’intégrer à travers le discours la complexité que le faire ensemble peut comprendre, un cadre théorique axé sur les approches humaniste, systémique et socioconstructiviste devenait tout à propos pour guider le cadre analytique.

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Audrey Lemaire
Candidate au doctorat en psychoéducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Audrey Lemaire a toujours eu un grand intérêt pour l’action collective en petite enfance.
Ayant travaillé activement sur divers projets communautaires et institutionnels, elle s’intéresse plus particulièrement aux différents liens qu’entretiennent les intervenants entre les organisations plus formelles. À la maitrise et au doctorat, les espaces de concertation ont donc été les milieux privilégiés pour fonder ses questions de recherche.

Sylvie Hamel
Professeure en psychoéducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières et formée en psychologie communautaire (Ph.D.) à l’UQAM, Sylvie Hamel est la directrice principale de cette thèse. Ses intérêts de recherche sont notamment reliés au développement social communautaire, à l’action intersectorielle et au bien-être des familles et des adolescents.

Le dicton « Il faut tout un village pour élever un enfant » est fort de sens pour témoigner du consensus qu’il y a autour de l’importance d’agir ensemble pour favoriser le développement des tout-petits. À cet effet, plusieurs politiques gouvernementales ont été déployées pour agir en cohérence avec cette priorité. La concertation est d’ailleurs l’un des moyens privilégiés par les décideurs publics et privés pour favoriser le faire ensemble.

Au Québec, en petite enfance, un acteur majeur a fait son entrée en 2009. Issu d’un partenariat public-privé entre le ministère de la Famille et des Ainés du gouvernement provincial et la Fondation privée Lucie et André Chagnon, Avenir d’enfants (AE) a été mis sur pied afin de gérer la création d’un fonds conjoint de 400 millions. Ce fonds, déployé sur 10 ans, vise à soutenir des projets concertés destinés à optimiser le développement global des enfants âgés de 5 ans et moins afin que chacun ait les chances d'avoir un bon départ dans la vie. Ayant dans sa mire tous les niveaux du système de l’enfant (local, régional et national), AE implique donc depuis 2009, différents leaders en dehors des programmes établis ou approuvés par le gouvernement du Québec pour agir collectivement en faveur de la petite enfance.

Cette façon d’inciter les acteurs à sortir de leurs milieux respectifs en vue de faire ensemble est courante. Or, cette forme de stratégie n’est pas exemptée d’enjeux. Depuis les dernières années, un nombre considérable d’auteurs a documenté différents facteurs susceptibles d’influencer l’atteinte des objectifs de ce type de mobilisation communautaire. D’autre part, des études récentes se sont intéressées à la vulnérabilité des intervenants sociaux et à leurs effets au sein des pratiques professionnelles. Or, jusqu’à maintenant, rares sont les auteurs qui ont documenté en quoi cette vulnérabilité pouvait venir moduler le faire ensemble des acteurs engagés au sein d’espaces de concertation ou de partenariat, notamment en petite enfance.

Comme les acteurs engagés au sein des espaces de concertation financés par AE sont les principaux moteurs des actions collectives dédiées en petite enfance, il devenait pertinent de s’intéresser à leur situation. En plus d’occuper une place de premier plan auprès des familles d’aujourd’hui, ces acteurs représentent également ceux qui devront assurer la pérennité du mouvement d’AE lorsque le financement prendra fin en 2019.

Cette recherche vise donc à comprendre comment ces intervenants s’ajustent aux différents enjeux qui les guettent au quotidien pour parvenir à faire ensemble de la façon dont ils l’entendent. Confrontés à plusieurs limites personnelles et environnementales, il devenait intéressant d’explorer les questions suivantes : Comment est-ce que les acteurs perçoivent le faire ensemble en petite enfance au Québec ? Quelle place prennent-ils au sein des espaces qui gravitent autour d’eux pour agir collectivement en cette faveur ? Sont-ils en mesure d’agir en cohérence avec le sens qu’ils donnent au faire ensemble ? Comment composent-ils avec les divers enjeux auxquels ils sont confrontés au quotidien pour y parvenir ? Est-ce qu’il y a des conjonctures qui sont propices à l’adaptation au faire ensemble ?

Un cadre conceptuel lié à l’étude de l’expérience d’adaptation et plus particulièrement à la notion de résilience a été choisi pour répondre à ces questions. Étant de plus en plus utilisé en recherche pour aborder la complexité des réponses positives que les individus adoptent face aux situations d’adversité, ce cadre conceptuel s’est avéré comme étant des plus pertinents.

Le récit de vie d’acteurs (n=21) issus de regroupements locaux financés par AE à Québec est ciblé. Enfin, cette méthode axée sur le sens et la valeur de l’expérience du sujet s’inscrit dans une perspective essentiellement qualitative et phénoménologique.

Social interveners represent key workers to give response to the needs of our communities regarding toddlers. Several studies have shown how complex and difficult it is for these interveners to fulfill the multiple mandates they are given. The topic of this thesis is the understanding of how these actors perceive collective work and how they adapt to it while pursuing their community actions in early childhood. This question is explored with actors from Quebec City local groups financed by Avenir d’enfants, a major public-private funding. Individual biographical case studies will be used to reach those goals.