Fiche Documentaire n° 4666

Titre Entre invisibilité sociale et silence : Les solidarités à l’épreuve de la mort et du deuil chez les migrants relevant de l’asile.

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l'auteur principal

Auteur(s) Girardet Khedidja
KONAN NDRI PAUL
 
Site de l'auteur http://www.eesp.ch ( KONAN NDRI PAUL )  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Entre invisibilité sociale et silence : Les solidarités à l’épreuve de la mort et du deuil chez les migrants relevant de l’asile.

Parallèlement aux recherches qui tentent de répondre aux questions du « comment vivre ensemble ? » et du « comment vieillir ensemble? » qui se posent aux pays occidentaux confrontés à l’immigration, plusieurs recherches conduites depuis les années 2000 (Chaïb, 2000 ; Rachedi, & Halsouet, 2015 ; Rachedi, et al., 2016a ; Rachedi et al., 2016b) autour du « comment mourir ensemble ? » donnent à penser que l’épreuve de la mort et du deuil en contexte migratoire se présente non seulement comme un vecteur générateur de différentes solidarités qui s’exprime sous différentes formes (entraide locale et réseaux transnationaux) mais comme aussi une belle métaphore pour (re)penser les liens sociaux. Toutefois, malgré la richesse de ces recherches, elles ont la limite d’avoir porté sur des populations migrantes dont le statut juridique dans le pays de résidence ne souffre d’aucun écueil ; ce qui n’est pas le cas des personnes relevant de l’asile. Les données statistiques existantes comme la plupart des recherches antérieures effectuées dans le contexte suisse montrent que plus de 90 % des personnes requérantes d’asile finissent par tomber dans la clandestinité (Bolzam et al., 2001 ; Sanchez-Mazas, 2011), à l’issue de la procédure d’asile, parce que leurs demandes auront été refusées, pour devenir les personnes communément appelées les « clandestins », les « sans-papiers », les « illégaux ». Dans le même temps, ces recherches montrent que dans ce « no man’s land » juridique qui est le leur, ces personnes ne perdent pas toutes leurs capacités de « débrouillardise » et trouvent des ressources pour gérer les moments clés de leur existence même dans cette invisibilité sociale qui est la leur.
Dans le cadre de ce congrès, nous présenterons quelques résultats préliminaires d’entrevues menées auprès de 3 requérants d’asile dans le cadre d’un projet de recherche qualitative en cours qui vise à examiner comment ces personnes, qui ne peuvent pas ou difficilement quitter le pays d’accueil (la Suisse) en cas de décès de l’un de leurs proches dans leur pays d'origine ou ailleurs, vivent ce moment singulier de leur existence. Autrement dit, quelles formes de solidarités (en termes d’entraide locale et de réseaux transnationaux principalement) s’y déploient dans ces moments et pour cette catégorie de migrants.
Les premières données recueillies présagent de l'intérêt à porter sur la manière dont ce groupe spécifique vit le deuil en contexte de migration et les ressources qu'elles parviennent à mobiliser dans le contexte particulier d'invisibilité qui est le leur. Il faut dire que les enjeux sont nombreux mais face aux multiples questionnements que soulève la migration dans la plupart des pays européens, l’on serait tenté de rétorquer que les enjeux sont ailleurs. Mais pouvons-nous continuer à contribuer à l’invisibilité de tout un vécu d’une grande partie de cette population ? L’enjeu du travail social ne se situerait-il pas précisément autour d’une mise en lumière, ou d’une « visibilisation » des besoins sociaux d’une population en marge de la société actuelle (Chevallier, 2005) ? Il nous semble intéressant, voire nécessaire, comme le soulignent la plupart des travaux dans le domaine, de porter un regard scientifique sur cet aspect de l’exil justement peu connu et peu étudié.

Bibliographie

Bolzman, C. (2001). Politiques d’asile et trajectoires sociales des réfugiés : une exclusion programmée. Sociologie et Sociétés, 33, 133-158.
Chaïb, Y. (2000). L’émigré et la mort, Aix-en-Provence, CIDIM-Edisud.
Chevallier, F. (2005), Repère social, l’impossible deuil des familles exilées.
Rachédi, L., & Halsouet, B. (2015). Quand la mort frappe l’immigrant et ses proches : solidarités et transformations des pratiques rituelles funéraires. Vivre ensemble, 22, 1-4.
Rachédi L., Montgomery C., & Halsouet B. (2016). Mort et deuil en contexte migratoire : spécificités, réseaux et entraide. Enfances Familles Générations, 24 |[En ligne]. Consulté le 10 août 2016.
Rachédi L., Cheron-Leboeuf, L., Halsouet, B., & Vatz Laaroussi, M. (2016). Immigrer, mourir et vivre un deuil au Canada: contexte légal, stratégies et réseaux transnationaux. Revue IdeAs Idées d’Amériques, 6, 1-15.
Sanchez-Mazas, M. (2011). La construction de l'invisibilité. Suppression de l'aide sociale dans le domaine de l'asile, Genève: IES Editions.

Présentation des auteurs

Khedidja Girardet, enseignante à la haute école de travail social et de la santé, EESP, Lausanne, Suisse
Paul Konan N'Dri, Professeur associé à la haute école de travail social et de la santé, EESP, Lausanne, Suisse

Communication complète

Entre invisibilité sociale et silence : Les solidarités à l’épreuve de la mort et du deuil chez les migrants relevant de l’asile.



Khedidja Girardet & N’Dri Paul Konan
Haute école de travail social et de la santé, EESP, Lausanne, Suisse.

Parallèlement aux recherches qui tentent de répondre aux questions du « comment vivre ensemble ? » et du « comment vieillir ensemble? » qui se posent aux pays occidentaux confrontés à l’immigration, plusieurs recherches conduites depuis les années 2000 (Chaïb, 2000 ; Rachedi, & Halsouet, 2015 ; Rachedi, et al., 2016a ; Rachedi et al., 2016b) autour du « comment mourir ensemble ? » donnent à penser que l’épreuve de la mort et du deuil en contexte migratoire se présente non seulement comme un vecteur générateur de différentes solidarités qui s’exprime sous différentes formes (entraide locale et réseaux transnationaux) mais comme aussi une belle métaphore pour (re)penser les liens sociaux. Toutefois, malgré la richesse de ces recherches, elles ont la limite d’avoir porté sur des populations migrantes dont le statut juridique dans le pays de résidence ne souffre d’aucun écueil ; ce qui n’est pas le cas des personnes relevant de l’asile. Les données statistiques existantes comme la plupart des recherches antérieures effectuées dans le contexte suisse montrent que plus de 90 % des personnes requérantes d’asile finissent par tomber dans la clandestinité (Bolzam et al., 2001 ; Sanchez-Mazas, 2011), à l’issue de la procédure d’asile, parce que leurs demandes auront été refusées, pour devenir les personnes communément appelées les « clandestins », les « sans-papiers », les « illégaux ». Dans le même temps, ces recherches montrent que dans ce « no man’s land » juridique qui est le leur, ces personnes ne perdent pas toutes leurs capacités de « débrouillardise » et trouvent des ressources pour gérer les moments clés de leur existence même dans cette invisibilité sociale qui est la leur.
Dans le cadre de ce congrès, nous présenterons quelques résultats préliminaires d’entrevues menées auprès de 3 requérants d’asile dans le cadre d’un projet de recherche qualitative en cours qui vise à examiner comment ces personnes, qui ne peuvent pas ou difficilement quitter le pays d’accueil (la Suisse) en cas de décès de l’un de leurs proches dans leur pays d'origine ou ailleurs, vivent ce moment singulier de leur existence. Autrement dit, quelles formes de solidarités (en termes d’entraide locale et de réseaux transnationaux principalement) s’y déploient dans ces moments et pour cette catégorie de migrants.
Les premières données recueillies présagent de l'intérêt à porter sur la manière dont ce groupe spécifique vit le deuil en contexte de migration et les ressources qu'elles parviennent à mobiliser dans le contexte particulier d'invisibilité qui est le leur. Il faut dire que les enjeux sont nombreux mais face aux multiples questionnements que soulève la migration dans la plupart des pays européens, l’on serait tenté de rétorquer que les enjeux sont ailleurs. Mais pouvons-nous continuer à contribuer à l’invisibilité de tout un vécu d’une grande partie de cette population ? L’enjeu du travail social ne se situerait-il pas précisément autour d’une mise en lumière, ou d’une « visibilisation » des besoins sociaux d’une population en marge de la société actuelle (Chevallier, 2005) ? Il nous semble intéressant, voire nécessaire, comme le soulignent la plupart des travaux dans le domaine, de porter un regard scientifique sur cet aspect de l’exil justement peu connu et peu étudié.


Références

Bolzman, C. (2001). Politiques d’asile et trajectoires sociales des réfugiés : une exclusion programmée. Sociologie et Sociétés, 33, 133-158.
Chaïb, Y. (2000). L’émigré et la mort, Aix-en-Provence, CIDIM-Edisud.
Chevallier, F. (2005), Repère social, l’impossible deuil des familles exilées.
Rachédi, L., & Halsouet, B. (2015). Quand la mort frappe l’immigrant et ses proches : solidarités et transformations des pratiques rituelles funéraires. Vivre ensemble, 22, 1-4.
Rachédi L., Montgomery C., & Halsouet B. (2016). Mort et deuil en contexte migratoire : spécificités, réseaux et entraide. Enfances Familles Générations, 24 |[En ligne]. Consulté le 10 août 2016.
Rachédi L., Cheron-Leboeuf, L., Halsouet, B., & Vatz Laaroussi, M. (2016). Immigrer, mourir et vivre un deuil au Canada: contexte légal, stratégies et réseaux transnationaux. Revue IdeAs Idées d’Amériques, 6, 1-15.
Sanchez-Mazas, M. (2011). La construction de l'invisibilité. Suppression de l'aide sociale dans le domaine de l'asile, Genève: IES Editions.

Résumé en Anglais


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