Fiche Documentaire n° 4697

Titre Transformation des solidarités chez les étudiants suisses en travail social et en ergothérapie

Contacter
l'auteur principal

Auteur(s) Tetreault Sylvie
KUHNE Nicollas
GULFI Alida
 
     
Thème Expériences significatives du rapport à l’Autre  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

Résumé | Bibliographie | Les auteurs... | Article complet | PDF (.fr) | Résumé en anglais | PDF .Autre langue | Tout afficher

Résumé

Transformation des solidarités chez les étudiants suisses en travail social et en ergothérapie

Au cours des 50 dernières années, le paysage socioculturel de nombreux pays s’est transformé de façon considérable sous l’effet des flux transnationaux liés à la mondialisation et à une migration importante (Althaus et coll., 2010). En plus des enjeux liés à l’adaptation au nouveau pays et à l’apprentissage d’une autre langue, ces personnes migrantes entrent en contact très tôt avec des professionnels du social et de la santé (Althaus et coll., 2010). Or, la rencontre entre deux personnes met en relation des cadres de références distincts dans un contexte de transformation des solidarités (Cohen-Emerique, 2011). Bien que l’interaction avec un individu ayant un bagage culturel différent soit une expérience humaine enrichissante, elle implique de nombreux défis pour ceux qui l’accueillent, particulièrement pour les intervenants sociaux et de la santé. En effet, le travail en contexte pluriculturel comporte plusieurs enjeux liés à une population de plus en plus hétérogène aux plans culturel, linguistique et social. Même si des recherches récentes se sont intéressées à la rencontre entre les professionnels et les personnes avec des ancrages culturels différents, très peu se sont attardées à mieux comprendre comment évolue le rapport à l’Autre durant la formation initiale. Dans le contexte actuel de transformation sociale, comment de jeunes adultes en formation dans le domaine social et de la santé perçoivent les enjeux liés à l’accompagnement de populations vulnérables, handicapées ou migrantes. Comment les programmes de formation abordent la solidarité et soutiennent l’engagement de l’étudiant ainsi que sa propre transformation? Cette recherche originale, financée par le Fonds National Suisse (2016-2019) s’intéresse à l’évolution du rapport à l’Autre chez les étudiants suisses en travail social et en ergothérapie, afin de comprendre les changements induits par cette rencontre. L’Autre désigne celui qui est perçu comme porteur d’une différence radicale, d’une altérité qui remet en doute les compétences professionnelles servant à interpréter les signes de l’environnement et à conduire des actions (Krewer, 1999). L’objectif vise à documenter la façon dont les étudiants agissent et se transforment lors de rencontres avec ce qu’ils perçoivent comme une différence culturelle. Il faut souligner que les étudiants en travail social et en santé représentent près de 30% des effectifs de la Haute École de Santé de Suisse Occidentale et qu’ils effectuent près du quart de leur formation en stage (HES-SO, 2015). L’expérience de la diversité culturelle lors des stages fait partie intégrante de leur formation professionnelle initiale. La recherche se base sur une approche méthodologique longitudinale et mixte, avec trois temps de mesure : en première année, avant le stage; en deuxième année, lors de leurs premières expériences pratiques; en troisième année, plusieurs mois après ce stage. Il s’agit de documenter les changements du rapport à l’Autre qui s’opèrent chez les étudiants en formation initiale suite à leurs contacts durant le stage avec des usagers au bagage culturel différent. Les résultats préliminaires portent sur 52 entretiens réalisés auprès d’étudiants en première année en travail social ou en ergothérapie. L’analyse thématique fait ressortir une variété d’expériences interculturelles avant de commencer le stage. Ces expériences marquantes sont, pour certains, liées à une rencontre fortuite d’une personne présentant des signes visibles de différences. Pour d’autres, il s’agit d’une immersion dans un pays étranger qui a donné lieu à une transformation de l’individu et une nouvelle représentation de la solidarité à l’Autre, qui stimule l’engagement social de l’étudiant. L’interprétation de ces évènements se différencie selon le degré d’ouverture, de sensibilité et de tolérance dont il fait preuve. Comme ils sont au début de leur formation, quelques-uns ne perçoivent pas encore dans quelle mesure cette altérité peut les transformer. Très peu sont capables d’interpréter les signes de l’environnement et d’estimer comment cela contribuera à leur transformation. La discussion explorera les enjeux liés à l’apprentissage de la solidarité et à l’accompagnement des étudiants lors de leur formation initiale.

Bibliographie

Althaus, F., Paroz, S., Renteria, S.C., Rossi, I., Gehri, M., & Bodenmann, P. (2010). La santé des étrangers en Suisse. Les médecins ont-ils mieux à faire ou peuvent-ils mieux faire ? Forum Médical Suisse, 10, 59-65.
Cohen-Emerique, M. (2011). Pour une approche interculturelle en travail social : Théorie et pratiques. Rennes : Presses de l’École des Hautes Études en Santé Publique.
Haute École Spécialisée de Suisse Occidentale, HES-SO. (2015). Statistiques interactives - Formation pratique santé et travail social. Retrouvé http://www.hes-so.ch/fr/statistiques-interactives-402.html
Krewer, B. (1999). La construction de l'autre culturel du point de vue de la psychologie. Dans M.-A. Hily & M.-L. Lefebvre (Eds.), Identité collective et altérité (pp. 93-111). Paris: L'Harmattan

Présentation des auteurs

Sylvie Tétreault et Nicolas Kühne sont professeurs à l’École d’études sociales et pédagogiques (HES-SO, HETS&Sa-EESP), Lausanne, Suisse. Ils sont engagés dans la formation des ergothérapeutes.Sylvie Tétreault a obtenu un bachelor en ergothérapie, une maitrise en sciences cliniques et un doctorat en service social. Elle a enseigné pendant 29 ans comme professeure titulaire à la Faculté de médecine de l’Université Laval, Québec. Pendant 12 ans, elle a été responsable des stages internationaux pour les étudiants en ergothérapie. Elle a développé des cours universitaires sur les concepts et les enjeux interculturels en réadaptation. Elle possède une solide expérience en recherche, grâce à une implication comme responsable ou associé dans 42 projets de recherche. Elle a près de 130 publications dans des revues avec un comité de pairs, participé à l’écriture de 12 livres et de 41 chapitres. Elle a supervisé 39 étudiants au 2e et 3e cycle. Dernièrement, elle s’est impliquée à trois projets de recherche subventionnés portant sur les parents migrants ayant un enfant handicapé et la collaboration avec les intervenants de la santé et des services sociaux
Nicolas Kühne a obtenu son diplôme d’ergothérapie et un Doctorat en Sciences de l’éducation à l’Université d’Aix-en-Provence. Il a une importante expérience clinique en tant qu’ergothérapeute et praticien formateur. Il a été engagé dans de nombreux projets de développement impliquant des professionnels de santé et des institutions diverses, aussi bien hospitalières qu’ambulatoires, au niveau local et international. Il a contribué à la conception et à la mise en œuvre de diverses recherches, aussi bien quantitatives que qualitatives, concernant les pratiques des professionnels de la santé.
Alida Gulfi est professeure à la Haute école de travail social de Fribourg. Elle a des compétences en recherches empiriques. Après une formation en sciences de l’éducation et psychologie, elle a travaillé de nombreuses années auprès de jeunes en difficultés ayant des références culturelles diverses. Elle a réalisé une thèse de doctorat en sciences de l’éducation sur l’expérience professionnelle des éducateurs sociaux en contexte pluriculturel, en s’appuyant sur une approche méthodologique mixte de la perception et de la gestion de la différence culturelle. Elle vient de terminer une recherche sur la collaboration entre les familles migrantes ayant un enfant en situation de handicap et les professionnels de l’éducation sociale.
Carine Bétrisey est chargée de recherche

Communication complète

Au cours des 50 dernières années, le paysage socioculturel de nombreux pays s’est transformé de façon considérable sous l’effet des flux transnationaux liés à la mondialisation et à une migration importante (Althaus et coll., 2010). En plus des enjeux liés à l’adaptation au nouveau pays et à l’apprentissage d’une autre langue, ces personnes migrantes entrent en contact très tôt avec des professionnels du social et de la santé (Althaus et coll., 2010). Or, la rencontre entre deux personnes met en relation des cadres de références distincts dans un contexte de transformation des solidarités (Cohen-Emerique, 2011). Bien que l’interaction avec un individu ayant un bagage culturel différent soit une expérience humaine enrichissante, elle implique de nombreux défis pour ceux qui l’accueillent, particulièrement pour les intervenants sociaux et de la santé. En effet, le travail en contexte pluriculturel comporte plusieurs enjeux liés à une population de plus en plus hétérogène aux plans culturel, linguistique et social. Même si des recherches récentes se sont intéressées à la rencontre entre les professionnels et les personnes avec des ancrages culturels différents, très peu se sont attardées à mieux comprendre comment évolue le rapport à l’Autre durant la formation initiale. Dans le contexte actuel de transformation sociale, comment de jeunes adultes en formation dans le domaine social et de la santé perçoivent les enjeux liés à l’accompagnement de populations vulnérables, handicapées ou migrantes. Comment les programmes de formation abordent la solidarité et soutiennent l’engagement de l’étudiant ainsi que sa propre transformation? Cette recherche originale, financée par le Fonds National Suisse (2016-2019) s’intéresse à l’évolution du rapport à l’Autre chez les étudiants suisses en travail social et en ergothérapie, afin de comprendre les changements induits par cette rencontre. L’Autre désigne celui qui est perçu comme porteur d’une différence radicale, d’une altérité qui remet en doute les compétences professionnelles servant à interpréter les signes de l’environnement et à conduire des actions (Krewer, 1999). L’objectif vise à documenter la façon dont les étudiants agissent et se transforment lors de rencontres avec ce qu’ils perçoivent comme une différence culturelle. Il faut souligner que les étudiants en travail social et en santé représentent près de 30% des effectifs de la Haute École de Santé de Suisse Occidentale et qu’ils effectuent près du quart de leur formation en stage (HES-SO, 2015). L’expérience de la diversité culturelle lors des stages fait partie intégrante de leur formation professionnelle initiale. La recherche se base sur une approche méthodologique longitudinale et mixte, avec trois temps de mesure : en première année, avant le stage; en deuxième année, lors de leurs premières expériences pratiques; en troisième année, plusieurs mois après ce stage. Il s’agit de documenter les changements du rapport à l’Autre qui s’opèrent chez les étudiants en formation initiale suite à leurs contacts durant le stage avec des usagers au bagage culturel différent. Les résultats préliminaires portent sur 51 entretiens réalisés auprès d’étudiants en première année en travail social ou en ergothérapie. L’analyse thématique fait ressortir une variété d’expériences interculturelles avant de commencer le stage. Ces expériences marquantes sont, pour certains, liées à une rencontre fortuite d’une personne présentant des signes visibles de différences. Pour d’autres, il s’agit d’une immersion dans un pays étranger qui a donné lieu à une transformation de l’individu et une nouvelle représentation de la solidarité à l’Autre, qui stimule l’engagement social de l’étudiant. L’interprétation de ces évènements se différencie selon le degré d’ouverture, de sensibilité et de tolérance dont il fait preuve. Comme ils sont au début de leur formation, quelques-uns ne perçoivent pas encore dans quelle mesure cette altérité peut les transformer. Très peu sont capables d’interpréter les signes de l’environnement et d’estimer comment cela contribuera à leur transformation. La discussion explorera les enjeux liés à l’apprentissage de la solidarité et à l’accompagnement des étudiants lors de leur formation initiale.

Résumé en Anglais


Non disponible