Projet de recherche action autour de l’éthique des usages des TIC dans le champ de l’intervention sociale.
Une collaboration a été initiée par S. Jochems (UQAM) qui a proposé une mise en réseau de différents acteurs en Belgique, France, Suisse et Québec autour de la thématique de l’éthique des TIC.
Notre équipe s’en est saisi et a défini une orientation de recherche, partie d’un constat : dans nombre d’institutions, les personnes accueillies ont accès aux terminaux mobiles personnels (smartphones, tablettes et ordinateurs portables), et, entre autres aux réseaux internet et téléphone.
Nous postulons que cela a une place dans la vie des différents acteurs, que se développent des usages à différents niveaux : personnel ; collectif entre pairs ; collectifs au sein des équipes ; et, au croisements de ces deux groupes, dans les interventions.
A l’échelle du temps institutionnel, le phénomène est relativement neuf, et chaque équipe y fait face à sa façon, en fonction de ses ressources, de ses représentations, de son éthique. Les position construites il y a quelques années (lorsque les institutions avaient un ordinateurs et une connexion internet) ne tiennent plus nécessairement face à la généralisation à la fois du fait de posséder de tels appareils et d’avoir accès individuellement à l’internet mobile.
Cet accès, potentiellement permanent, interroge les dispositifs institutionnels et les pratiques éducatives, entre autres en ce qu’il implique d’incursion de l’extérieur à l’intérieur, de tension entre le collectif et l’individuel, etc. Là où le travail éducatif met en jeu les relations et la présence à l’autre dans des espaces définis, les outils TIC constituent une possibilité de se décaler de ces espaces et de ces relations et d’en investir d’autres, symboliques, hors du regard des équipes encadrantes.
Bien conscient-e-s qu’il s’agit là d’une lecture parmi d’autres, nous nous attendons à découvrir d’autres manières d’investir ces phénomènes. Quelle lecture les différents acteurs (équipes, bénéficiaires) en ont-ils? Quels sont leurs usages des technologies numériques? Quelles sont les valeurs qui s’expriment et orientent la lecture de ces phénomènes et les usages eux-même? Quels sont les enjeux éthiques? Le paradigme des usages (Jauréguiberry et Proulx, 2011) prône l'examen ce que font les individus et collectivités de ces technologies avant d’éventuellement conclure à la fragmentation sociale à l'ère numérique.
Une phase exploratoire, nécessaire pour affiner nos représentations des réalités vécues et des enjeux exprimés pour dégager des axes de recherche en phase avec ce qui se vit dans les institutions, se concentrera sur les institutions accueillant un public jeune (<30 ans), contacté dans trois secteurs belges de l’intervention socio-éducative : psychiatrie pour adolescent-e-s, écoles et Aide à la Jeunesse. L'hypothèse a priori est qu’il existe des rationalités et des investissements affectifs et symboliques propres aux acteurs, et qu’ils sont capables d’en rendre compte. Les hypothèses de travail se construiront en articulation avec ces discours.
Nous présenterons les résultats de cette phase exploratoire, en réseau avec nos partenaires précités.
Début 2017, nous mettrons sur pied un focus group – 2 groupes parallèles : d’une part des jeunes des institutions éducatives; d’autre part des éducs. 3 séances d’analyse de pratique sont programmées, animée à deux : animateur et preneur de note. Le 1er échange permettra la rencontre des participant-e-s et la récolte des différents usages des TIC identifiés par chaque groupe dans leur réalité institutionnelle. Lors des deux autres séances, il sera demandé aux participant-e-s de venir avec une vignette (récit d’une situation concrète, vécue, mettant en jeu les TIC), que le groupe dépliera pour en comprendre les enjeux, et qui fera émerger les significations subjectives. Cette méthode a déjà été éprouvée par nos chercheurs du centre C.E.R.I.S.E.S lors de recherches action précédentes (TARPI 2013-2016, financé par le programme Leonardo de l’union européenne).
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