Fiche Documentaire n° 4849

Titre L’activité solidaire, un tremplin pour l’emploi reconnu d’utilité publique ?

Contacter
l'auteur principal

Auteur(s) GLARNER Thierry  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

Résumé | Bibliographie | Les auteurs... | Article complet | PDF (.fr) | Résumé en anglais | PDF .Autre langue | Tout afficher

Résumé

L’activité solidaire, un tremplin pour l’emploi reconnu d’utilité publique ?

En Belgique, le niveau de protection sociale est l’un des meilleurs systèmes existants en Europe. Malgré tout, le pays continue de subir et de faire face aux effets de la crise financière de 2008. Le gouvernement actuel a décidé d’appliquer un important programme d’austérité pour faire face à une situation économique qui secoue non seulement la Belgique mais toute l’Europe. Les premiers à être touchés par toute une série de mesures antisociales ont été les chômeurs. En effet, la durée d’octroi des allocations de chômage a été ramenée à 3 ans, sans prise en compte quelconque des conditions de vie des personnes.
Par conséquent ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées sans revenu de remplacement depuis janvier 2015. Une partie importante d’entre eux s’est tournée vers les CPAS, c’est-à-dire les centres publics d’action sociale, venant ainsi, augmenter le nombre des personnes déjà exclues et bénéficiant de l’aide institutionnelle, dernier rempart avant de basculer définitivement dans la pauvreté. En situation précaire, les nouveaux venus ont demandé l’octroi du revenu d’intégration sociale (RIS), sans la garantie absolue de pouvoir y avoir accès, renforçant dans le même temps le sentiment de précarité.
Le statut de cette population émargeant au CPAS s’apparente aux « inemployables » (Ebersold, 2001), aux « surnuméraires »(Castel, 1995) ou encore aux vulnérables (Soulet, 2005) et sans véritable espoir de retrouver un jour le chemin du marché du travail. Or, il est de plus en plus difficile de considérer comme admissible que la société accepte de renoncer à envisager que ces personnes restent définitivement en marge sans même envisager que ces personnes pourraient jouer un rôle utile et important dans la Cité.
Dans ce contexte, l’association « La Rochelle » s’est donnée comme finalité d’être une réponse face à la désespérance des exclus, à partir d’une pédagogie visant à construire des formes de solidarités citoyennes axées sur des activités coopératives responsables. En construisant un véritable « espace de développement communautaire », les membres fondateurs de « La Rochelle » ont imaginé de mettre en place une mini cité dans laquelle les personnes apprennent à vivre ensemble, à travailler ensemble, à apprendre ensemble les codes d’intégration de la société, à devenir responsable de leur devenir, en jouant un vrai rôle de citoyen, accompagné par un encadrement qui respecte à tout prix le rythme de reconstruction des personnes au sein des multiples activités mises en œuvre dans l’espace de développement communautaire.
La présente communication aura pour objet de présenter l’association, sa philosophie et mettra en évidence les principes pédagogiques permettant d’apprendre à citoyenner en se reconstruisant dans un espace protégé et pourtant parfaitement en lien avec son environnement extérieur. La question se posera ensuite quant à la reconnaissance souhaitée de ceux qui font vivre cet espace de développement communautaire par le politique. En effet, plutôt que de chercher à prouver à n’importe quel prix son intégration dans la société (Soulet, 2005a), il semble indispensable et urgent de se préoccuper des « précaires » (Standing, 2014) pour redonner le sens du vivre ensemble ou de la reliance en société et éviter la montée des extrémismes.

Bibliographie

Castel R. (1995), Les métamorphoses de la question sociale, Fayard
Driessens K. et Van Regenmortel T. (2006), Force du lien contre la Pauvreté. Sphères de vie et relation d’aide, 2d. Lannoo Campus, Leuven
Ebersold S. (2001), La naissance de l’inemployable ou l’insertion au risque de l’exclusion, Presses universitaires de Rennes
Paugam S. (2006), L’épreuve du chômage: une rupture cumulative des liens sociaux? In la revue européenne des sciences sociales, Numéro XLIV-135
Perrotin C. (2004), Quelle place est faite à l’humain au sein des enjeux contradictoires ? in Les enjeux contradictoires dans le travail social-Perspectives systémiques (sld Amiguet O. et Julier C. R., érès, Ramonville-Saint-Agne, pp. 137-154
Soulet M.-H. (2005), Pensée Plurielle, La vulnérabilité comme catégorie de l'action publique, De Boeck, Louvain-La-Neuve, n° 10 - 2005/2
Soulet M.-H. (2005a), une solidarité de responsabilisation ?, in Le travail social en débat (sld Ion J.), La Découverte, Paris, pp. 86-103
Standing G. (2014), The Precariat, the new dangerous class, Bloomsbury, London

Présentation des auteurs

Thierry Glarner, Maître assistant à la Haute École en Hainaut

Communication complète

Titre: L’activité solidaire, un tremplin pour être reconnue comme emploi d’utilité publique ?

Contexte

En Belgique, le niveau de protection sociale est l’un des meilleurs systèmes existants en Europe. Malgré tout, le pays continue de subir et de faire face aux effets de la crise financière de 2008. Le gouvernement actuel a décidé d’appliquer un important programme d’austérité pour faire face à une situation économique qui secoue non seulement la Belgique mais toute l’Europe. Les premiers à être touchés par toute une série de mesures antisociales ont été les chômeurs. En effet, les chômeurs n’ayant pas apporté suffisamment de preuves qu’ils ont été actifs pendant une période référence voient leurs allocations supprimées. Pour les autres, le montant des allocations étant dégressif avec le temps, les difficultés de survie deviennent extrêmement difficiles. Quant aux jeunes qui sortent des études la durée des allocations de chômage est limitée à 3 ans.

Par conséquent ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées sans revenu de remplacement depuis janvier 2015. Une partie importante d’entre elles s’est tournée vers les CPAS, c’est-à-dire les centres publics d’action sociale, venant ainsi, augmenter le nombre des personnes déjà exclues et bénéficiant de l’aide institutionnelle, dernier rempart avant de basculer définitivement dans la pauvreté. En situation précaire, les nouveaux venus ont demandé l’octroi du revenu d’intégration sociale (RIS), sans la garantie absolue de pouvoir l’obtenir ou d’en bénéficier suffisamment longtemps dans le temps, renforçant dans le même temps le sentiment de précarité.

Le statut de cette population émargeant au CPAS s’apparente aux « inemployables » (Ebersold, 2001), aux « surnuméraires » (Castel, 1995) ou encore aux vulnérables (Soulet, 2005) et sans véritable espoir de retrouver un jour le chemin du marché du travail. Or, il est de plus en plus difficile de considérer comme admissible que la société accepte que ces personnes restent définitivement en marge sans même envisager qu’elles pourraient jouer un rôle utile et important dans la Cité.

Dans ce contexte, l’association « La Rochelle » s’est donnée comme finalité d’être une réponse face à la désespérance des exclus, à partir d’une pédagogie visant à construire des formes de solidarités citoyennes axées sur des activités coopératives responsables. En construisant un véritable « espace de développement communautaire », les membres fondateurs de « La Rochelle » ont imaginé de mettre en place une mini cité dans laquelle les personnes apprennent à vivre ensemble, à travailler ensemble, à apprendre ensemble les codes d’intégration de la société, à devenir responsables de leur devenir, en jouant un vrai rôle de citoyen, grâce à un encadrement qui respecte à tout prix le rythme de reconstruction des personnes au sein des multiples activités mises en œuvre dans l’espace de développement communautaire.

La présente communication a pour objet de présenter l’association, sa philosophie et met en évidence les principes pédagogiques permettant d’apprendre à citoyenner en se reconstruisant dans un espace protégé et pourtant parfaitement en lien avec son environnement extérieur. La question se posera ensuite quant à la reconnaissance souhaitée de ceux qui font vivre cet espace de développement communautaire par le politique. En effet, plutôt que d’investir massivement dans le contrôle social et d’obliger les exclus à prouver à n’importe quel prix leur volonté de s’insérer dans le monde du travail (Soulet, 2005a), il semble indispensable et urgent d’élaborer un nouveau paradigme du vivre ensemble et de se préoccuper de la montée inexorable du « précariat » (Standing, 2014) qui pourrait menacer, à terme, la cohésion sociale.

Pour répondre à cette menace et au besoin de reconnaissance sociale des personnes qui ne sont pas ou plus dans les conditions de répondre au paradigme de l’insertion, les responsables de la Rochelle veulent défendre l’idée d’utilité sociale des personnes qui participent activement au maintien de la cohésion sociale (par le développement des solidarités de proximité) et promouvoir la conservation de leur dignité à travers la notion d’allocation de participation.
Mot clés : citoyenneté, émancipation, coopération, solidarité, exclusion

Bibliographie :
Castel R. (1995), Les métamorphoses de la question sociale, Fayard
Driessens K. et Van Regenmortel T. (2006), Force du lien contre la Pauvreté. Sphères de vie et relation d’aide, 2d. Lannoo Campus, Leuven
Ebersold S. (2001), La naissance de l’inemployable ou l’insertion au risque de l’exclusion, Presses universitaires de Rennes
Paugam S. (2006), L’épreuve du chômage: une rupture cumulative des liens sociaux? In la revue européenne des sciences sociales, Numéro XLIV-135
Perrotin C. (2004), Quelle place est faite à l’humain au sein des enjeux contradictoires ? in Les enjeux contradictoires dans le travail social-Perspectives systémiques (sld Amiguet O. et Julier C. R., érès, Ramonville-Saint-Agne, pp. 137-154
Soulet M.-H. (2005), Pensée Plurielle, La vulnérabilité comme catégorie de l'action publique, De Boeck, Louvain-La-Neuve, n° 10 - 2005/2
Soulet M.-H. (2005a), une solidarité de responsabilisation ?, in Le travail social en débat (sld Ion J.), La Découverte, Paris, pp. 86-103
Standing G. (2014), The Precariat, the new dangerous class, Bloomsbury, London

Résumé en Anglais


Non disponible