Le rôle des solidarités dans la défense des droits des usager/ère.s des services en santé mentale. Ou comment Action Autonomie m’a aidée à me sauver la vie.
La présentation vise à illustrer l'importance et la force des solidarités dans la reconnaissance des conditions d'existence des personnes confrontées à une perte de leurs droits, suite à un diagnostic de trouble de santé mentale. Ayant vécu une hospitalisation forcée en 2011 alors qu’elle était en période post-partum, Marie-Hélène Panisset témoigne ici de sa situation personnelle pour rendre compte de l'importance d'être appuyée par un organisme communautaire de défense des droits dans un contexte de grande vulnérabilité.
La Loi P-38 est une loi d’exception qui vise à protéger les personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui mais dans les faits elle n’est pas toujours appliquée dans le respect de la notion même de loi d’exception. Ainsi, au Palais de justice, depuis l’entrée en vigueur de cette loi en 1998 qui visait à réduire le nombre de gardes en établissement (ou cures fermées) on constate chaque année une augmentation du nombre de requêtes.
À l’heure où les pressions sociales sont fortes pour accroître le champ d’application de cette loi, le cas de Marie-Hélène Panisset intéresse puisqu’il attire l’attention sur les dérives possibles d’une telle loi.
On comprendra que les personnes vivant un problème de santé mentale subissent un grave préjudice à l’intérieur des centres hospitaliers et peu de crédibilité est accordée à leur propre jugement. À tort ou à raison, les proches et les familles sont souvent tenus à l’écart des traitements. Il incombe alors aux groupes communautaires d’intervenir pour faire le pont entre la personne souffrante et le corps médical.
Dans le cas de Marie-Hélène Panisset, l’irruption du groupe de défense des droits en santé mentale Action Autonomie tient, sinon du hasard, d’un désir intense de comprendre ce qui lui était arrivé alors qu’elle a entamé des recherches sur le web au sujet de la Loi P-38 (puisque personne à l’hôpital n’avait pris la peine de lui expliquer de quoi il s’agissait). C’est donc 6 mois après son hospitalisation, alors qu’on lui avait diagnostiqué une maladie chronique avec pharmacopée à vie et interdiction de poursuivre une psychothérapie qu’elle est tombée sur une étude publiée par le groupe au sujet de la Loi P-38 qui en dénonçait les abus. Quelques semaines plus tard, elle faisait son entrée comme membre au sein d’Action Autonomie où elle a pu suivre une formation en droits et recours au sujet de la Loi P-38 mais aussi des autres aspects litigieux concernant la façon dont on traite les personnes en santé mentale. Dans les mois qui ont suivi, elle a eu l’occasion de collaborer au journal publié par l’organisme, de se joindre au comité femme, d’initier un projet de documentaire et surtout de côtoyer des personnes, tous azimuts, qui, comme elle, avaient un parcours en psychiatrie. Si le corps médical la condamnait à vie, lui promettant tout au plus un rétablissement pour autant qu’elle mène une vie sans stress, Marie-Hélène Panisset n’hésite pas aujourd’hui à dire qu’elle est véritablement guérie. Le seul diagnostic véritable avec lequel elle estime être sortie de l’hôpital est en fait un choc post-traumatique dû à l’hospitalisation en elle-même, dont les symptômes peuvent refaire surface à l’occasion mais rien qui l’empêche aujourd’hui de mener sa barque. C’est aussi en côtoyant les membres d’Action Autonomie qu’elle a eu le courage de tenir tête au corps médical et d’oser entamer une psychothérapie (d’influence psychanalytique) qu’elle est très fière d’avoir complété en 2016. Un psychiatre côtoyé récemment a parlé dans son cas d’une rémission spontanée mais Marie-Hélène Panisset sait qu’elle doit beaucoup de son bien-être retrouvé à la solidarité de ses pairs et à l’écoute, le courage et la détermination des gens qu’elle a rencontré au sein du groupe communautaire Action Autonomie.
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