Fiche Documentaire n° 5161

Titre L’intervention sociale à l’ère de la nouvelle gestion publique : un nouveau laboratoire du social

Contacter
l'auteur principal

Auteur(s) BRESSON Maryse  
     
Thème Conférence plénière Montréal  
Type Autre (poster, ...)  

Résumé | Bibliographie | Les auteurs... | Article complet | PDF (.fr) | Résumé en anglais | PDF .Autre langue | Tout afficher

Résumé

L’intervention sociale à l’ère de la nouvelle gestion publique : un nouveau laboratoire du social

Dans un contexte de montée des incertitudes (selon la formule de Castel, 2009), l’efficacité des solidarités publiques et simultanément, la recomposition des solidarités collectives pour pallier les difficultés des individus et des groupes s’imposent comme des questions majeures sur l’agenda des politiques mondiales. Définie comme un ensemble de principes et de recommandations d’inspiration néolibérale et néo-managériale qui transforment les Etats providences depuis les années 1970, la nouvelle gestion publique s’applique au travail social et aux services sociaux (Bellot, Bresson, Jetté, 2013).
Aussi, l’intervention sociale à l’ère de la NGP constitue-t-elle un révélateur de la recomposition des modèles de solidarités, en même temps qu’elle contribue à les produire. Nous inspirant de la formule fameuse de Robert Park dans The City (1925) nous proposons de considérer l’intervention sociale comme un laboratoire de recherche sur le « nouveau social » que la NGP fait émerger.

1. L’intervention sociale à l’heure de la NGP : Quelles transformations ?
La Nouvelle Gestion publique (en anglais New Public Management) trouve son origine dans les idées néo-libérales des années 1970 : « elle fait partie d’un ensemble de recommandations destinées à mettre fin à des formes d’Etat providence jugées illégitimes et productrices d’effets anti-économiques » (Merrien, 1999). Son principe fondamental repose sur la négation d’une différence de nature entre gestion publique et gestion privée. De plus, elle réclame un meilleur partage des rôles entre le pouvoir politique : qui prend les décisions stratégiques, fixe les objectifs et l'administration ou le gestionnaire : qui prend les décisions opérationnelles. Ces recommandations sont justifiées par l’objectif d'améliorer le rapport coût/efficacité du service. Les citoyens sont considérés comme des consommateurs de services publics.
Ces orientations toutefois ne sont-elles pas destructrices des valeurs même du social, à travers sa discrète chalandisation (Chauvière, 2005) ? Que signifie le management par les dispositifs ou le « management désincarné » (Dujarier, 2015) dans un secteur censé revitaliser les relations sociales ? L’intervention sociale comme secteur d’activité n’est-elle pas elle-même aux prises avec la déshumanisation ? (Linhart, 2015)
2. L’intervention sociale comme laboratoire de recherche d’un « nouveau social »

Les nouvelles solidarités publiques se réorganisent aujourd’hui à partir des mots d’ordre de l’individualisation et la territorialisation, au travers des réponses apportées à la crise des régulations sectorielles. Pourtant la protection sociale est à la fois une réponse aux crises et une forme de solidarité elle-même en crise.
Par ailleurs, la thématique des solidarités privées est nécessairement présente à travers l’idée même de NGP : le rapprochement avec le secteur marchand n’est pas seul en cause. Y-a-t-il substitution ou complémentarité des différents types de solidarités (familiales, intergénérationnelles) ? Les réformes engagées encouragent et contribuent aussi au brouillage des distinctions privé/public au sens : individuel/collectif, intime/institutionnel, comme l’illustre le développement des services à domicile aux personnes âgées et aux personnes handicapées dans le cadre de nouveaux arrangements institutionnels (Lenzi, 2015 ; Bresson, Dumais 2017)

Plus généralement à travers les réformes qui visent à mettre en cause une « société d’assistanat » en légitimant les objectifs de responsabilisation et d’autonomisation des individus ou encore, de désinstitutionnalisation, s’observe une recomposition des solidarités promouvant en réalité des figures plurielles de l’individu et des contenus pluriels du « lien social ». Mais cette décomposition/recomposition semble inachevée, parce qu’elle laisse en suspens l’enjeu d’un nouveau fondement de la cohésion sociale au singulier.

Bibliographie

Bellot Céline, Bresson Maryse, Jetté Christian (dir), Le travail social et la nouvelle gestion publique, Presses universitaires du Québec, 2013
Bresson Maryse, Sociologie de la précarité, Colin 2010 (reed 2015)
Bresson Maryse, Colomb Fabrice, Gaspar Jean-François (dir), Les territoires vécus de l’intervention sociale, Presses universitaires de septentrion, 2015
Bresson Maryse, Le travail social face aux vulnérabilités, Cahiers Français n°390, janvier-février 2016, 49-53.
Bresson Maryse, « La relation de service dans l’action sociale et la nouvelle gestion publique », Vie sociale n° 14, janvier 2016, 109-126.
Bresson Maryse et Dumais Lucie, « Les paradoxes du recours aux aidants familiaux dans les politiques sociales : l’exemple des politiques du handicap en France et au Québec », revue Politiques sociales et familiales, à paraître en 2017
Castel Robert, La montée des incertitudes, Fayard, 2009
Chauvière Michel, Trop de gestion tue le social, essai sur une discrète chalandisation, La Découverte, 2010
Dujarier Marie-Anne, Le management désincarné, enquête sur les nouveaux cadres du travail, La Découverte, 2015
Lenzi Catherine (dir), Avec Jetté C., Normandeau S., Les politiques et pratiques d’intervention à domicile et en milieu ouvert dans les champs de la protection de l’enfance, du handicap et du vieillissement. Comparaison France/Québec, rapport remis au Conseil Régional Rhône-Alpes, avril 2015.
Linhart Danielle, La comédie humaine du travail. De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale
Merrien François Xavier, La nouvelle gestion publique : un concept mythique, Lien social et politiques, (41) 1999, 95-103
Muller Béatrice, Jean-Claude Barbier, Maryse Bresson (dir), Les solidarités à l’épreuve des crises, L’Harmattan, 2012
Park Robert, Ernest W. Burgess, Roderick Duncan McKenzie, The City, 1925

Présentation des auteurs

Maryse Bresson est Professeure de sociologie et Vice-présidente déléguée aux relations sociales et professionnelles à l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines (France). Ses travaux de recherche portent sur la précarité, les politiques sociales et l’intervention sociale.

Communication complète


Non disponible

Résumé en Anglais


Non disponible