Fiche Documentaire n° 5296

Titre Pour une expertise sociale située : Territorialiser les complémentarités

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Auteur(s) ROBIN REGIS  
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Pour une expertise sociale située : Territorialiser les complémentarités

Conscient, intrigué et soucieux des enjeux à l’œuvre dans une dimension spatiale des sociétés, ma démarche de recherche se situe dans une approche compréhensive de ce que ‘‘l’expertise sociale’’ révèle dans le(s) champ(s) sanitaire et social, particulièrement dans et pour la profession d’assistant(e) de service social. Assistant social en psychiatrie adultes de 1992 à 2002, et formateur en travail social depuis 2003, ma posture de recherche s’inscrit ainsi dans une géographie sociale critique. Cette thèse permet de définir et conceptualiser ‘’l’expertise sociale’’, et de constater les limites en termes de ‘’travail ensemble’’ sur trois territoires (Guérande, Trignac, Saumur), notamment dans le champ de la santé mentale. Sur chacun d'entre eux, les spécificités de ses acteurs (assistant-e-s de service social, élu-e-s, responsables de service, professionnels de santé, citoyens, etc.) et le contexte local ont leur importance. Les résultats de cette recherche permettent de constater et de considérer que des ‘’experts sociaux’’, reconnus comme tels au regard de leurs connaissances et leur(s) expérience(s), développent et favorisent la coordination entre les acteurs mentionnés ci-dessus, notamment dans le champ de la santé mentale, et ce pour rendre plus efficientes les pratiques au service des citoyens et de la société. Ceci participe à un réel décloisonnement, à optimiser les interrelations et les complémentarités. ‘’L’expertise sociale’’ est reconnue comme inévitablement collective, en mouvement, prenant sens au regard de l’histoire du territoire et des personnes qui le constitue : une expertise sociale située.

Bibliographie

Régis ROBIN :
Livres :
« L’expertise sociale : La définir pour l’Agir ? » - Lyon : Chronique Sociale – Collection « Comprendre la société » - 2016.
« Malaise en psychiatrie – Le triomphe de la confusion » - Paris : L’Harmattan – Collection « Santé, sociétés et cultures » - 2003.
Articles :
« L’expertise, notion controversée pour les assistants sociaux » - Revue "Actualités Sociales Hebdomadaires" - Numéro 2677 du 08/10/2010.
« L’Expertise et les Assistants de service social : Une réalité controversée. » - Revue "Forum", n°130, 12/2010.
«  Former à la santé publique par l'étude de milieu » - Revue "Soins", n°760, novembre 2011.
« Accompagner sans - trop - normaliser ? » - avec Clémence Houdayer - Revue "Actualités Sociales Hebdomadaires" - n°2884 du 21/11/2014.
« Mutations de la Société et Travail Social : Expertise Sociale et Développement du Pouvoir d’Agir en question » - Revue "Forum", n°144-145, 04/2015.
Thèse :
« La profession d’assistant(e) de service social : une expertise sociale dans les territoires ? » (Décembre 2018).

Présentation des auteurs

Assistant Social en Psychiatrie Adultes de 1992 à 2002.
Formateur en Travail Social (ARIFTS Angers) de 2003 à aujourd'hui.
Docteur en Géographie Sociale.

Communication complète

Pour une expertise sociale située : Territorialiser les complémentarités, comme enjeux du ‘’vivre ensemble’’ – Régis ROBIN

AIFRIS BEYROUTH 2019





Conscient, intrigué et soucieux des enjeux à l’œuvre dans une dimension spatiale des sociétés, ma démarche de recherche se situe dans une approche compréhensive de ce que ‘‘l’expertise sociale’’ révèle dans le(s) champ(s) sanitaire et social, particulièrement dans et pour la profession d’assistant(e) de service social. Assistant social en psychiatrie adultes de 1992 à 2002, et formateur en travail social depuis 2003, ma posture de recherche s’inscrit ainsi dans une géographie sociale critique. Mon travail de thèse a notamment permis de définir et conceptualiser ‘’l’expertise sociale’’ en lien avec notre typologie, et de constater les limites en termes de ‘’travail ensemble’’ sur trois territoires (Guérande, Trignac, Saumur), notamment dans le champ de la santé mentale. Sur chacun d'entre eux, les spécificités de ses acteurs (assistant-e-s de service social, élu-e-s, responsables de service, professionnels de santé, citoyens, etc.) et le contexte local ont leur importance dans la perspective ‘’d’encourager l’ouverture à l’autre et le mouvement vers lui (…) pour un élargissement des sphères d’interactions et d’échanges’’. Les résultats de cette recherche permettent de constater et de considérer que des ‘’experts sociaux’’, reconnus comme tels au regard de leurs connaissances et leur(s) expérience(s), développent et favorisent la coordination entre les acteurs mentionnés ci-dessus, et ce pour rendre plus efficientes les pratiques au service des citoyens et de la société. Ceci participe à un réel décloisonnement, à optimiser les interrelations et les complémentarités. ‘’L’expertise sociale’’ est à considérer comme inévitablement collective, en mouvement, prenant sens au regard de l’histoire du territoire et des personnes qui le constitue : une expertise sociale située, au service du ‘’vivre ensemble’’ à partir de l’amorce d’un dialogue ‘’pour générer des histoires, des expériences et des intérêts qui s’unissent en sauvegardant les spécificités respectives’’.



Pris dans un double mouvement d’implication et d’objectivation, nous avons été attentifs à nous situer dans une démarche compréhensive en considérant le point de vue des acteurs en termes d’analyse. Nous proposons ici un regard transversal à partir des données recueillis sur chacun des trois terrains étudiés pour passer de la coexistence à la complémentarité, considérer l’expertise sociale d’usage, l’expertise profane, et ainsi envisager des synergies territorialisées indispensables à l’expertise sociale.



Dans un essai de géographie sociale critique, le territoire ici pensé comme espace social (Bourdieu, 1984), lieu d’action et d’intervention, porteur d’usages, de vécu(s), d’histoire(s), d’interaction(s) a permis de recueillir des discours sur l’expertise sociale comme reflet de ces imbrications, ‘’reflet’’ étant retenu comme capacités à refléter les accords, désaccords et contradictions. Notre typologie aura permis de tester et d’analyser les différentes relations sur trois villes. Il en ressort que ces types sont cumulatifs et qu’une même personne peut exercer plusieurs types d’expertise, tout autant que plusieurs types peuvent s’observer en un même lieu. Dans cette dimension cumulative, collective et territoriale, elle nous amène à proposer l’expertise sociale située, ‘’située’’ étant retenu comme saisie depuis un contexte de circonstances particulières spatialisées.



Notre argument : Une expertise sociale située, qui prend sens dans l’interaction des différents axes de la typologie au regard de la complexité et de la singularité des territoires, est constituée d’initiatives inspirées par les configurations territoriales, où la communication a une place prépondérante.



Dans la perspective de décloisonner, l’expertise sociale située met en scène une mosaïque de compétences et de personnes où les organisations, désorganisations, reconfigurations, problématisent les espaces de rencontres. Il existe cependant des pistes pour y remédier.



Á l’interaction des différents axes de notre typologie, l’expertise sociale située reflète l’articulation des discours, d’autant plus que « La société des temps s’est incontestablement diversifiée, complexifiée, décloisonnée, déstabilisée. Des temporalités multiples s’accompagnent de territorialités de même nature. La logique de l’entre est tout autant celle du temps que celle de l’espace. La notion d’emploi du temps de l’espace les combine » (Vanier, 2008). Pour appréhender les sens et non-sens de l’espace, les lieux en tant qu’espaces d’identité et de reconnaissance, la dimension territoriale apparaît cohérente pour envisager une approche à visage humain. Le territoire s’offre également sous l’aspect de temps pétrifié et a besoin d’une dose minimale de temps accumulé, donc de prendre en compte les traces et perspectives socio-historiques. L’approche territorialisée de l’expertise sociale intègre dans sa réflexion l’acquisition de nouvelles compétences pour les politiques, les professionnels des champs du sanitaire et du social, l’éventuel décloisonnement de chaque champ avec un partage de connaissances et une articulation des politiques publiques, la proximité (ou l’absence de proximité), l’étude des processus, la prise en considération des temporalités, les adaptations individuelles, les arrangements et bricolages. Dans la perspective d’une expertise sociale, il faut savoir lier et savoir situer. Cela suppose de la part des professionnels le développement d’une capacité à coopérer avec des intervenants et des institutions issus d’autres secteurs (Lyet, 2016).



En matière de santé mentale, compte tenu de la fragmentation des domaines de soins, médicosociaux et sociaux, elle peut permettre de fédérer le capital spatial, les savoirs et les savoir-faire, d’unir le potentiel de toutes les personnes concernées, de favoriser la réflexion et les échanges sur leur compréhension de ce qui fait pour eux territoire et sur ce en quoi ils peuvent faire du territoire, et démontre l’impératif de métiers d’interface dans une logique de décloisonnement. Tout en en n’ayant pas l’exclusivité, les Assistant(e)s de Service Social, selon leurs profils, postures et conceptions de l’activité, sont parfois un de ces métiers d’interface.



Il faut ainsi savoir communiquer, négocier, se motiver, gérer son temps, avoir connaissance des modes de régulation entre les acteurs. La qualité du service rendu puise sa source dans des espaces où les différents constituants de la typologie ‘’expertise sociale’’ sont présents, pensés, mis en œuvre et analysés au regard du contexte local, tout en considérant les dimensions macrosociales. Différentes figures d’experts deviendront dès lors des garants et/ou des initiateurs de ce ‘’travail ensemble’’ à l’aune de son sens, pour instituer un fonctionnement et une régulation du sens, des identités et des moyens, alors repère et sécurité pour les différents acteurs au service de la société, donc des citoyens. L’expertise sociale située se traduit en des compétences à initier, mettre en œuvre, dynamiser, réguler ce processus, en considérant ce qu’il en est des différents axes de la typologie chez les acteurs en présence, pour faire du territoire.



Ce que l’on observe sur chacun des territoires, c’est que les initiatives s’essoufflent aussi, peut-être parce que ce qui a été initié par des acteurs s’évapore lorsque ceux-ci, ou l’un d’entre eux, quittent le lieu d’intervention. L’instabilité freine ainsi l’efficience et l’effectivité d’une expertise sociale située, faute de coordinateurs en charge de ces imbrications territoriales.



Au regard de la complexité et de la singularité des territoires, nous retrouvons des limites associées à des représentations, des perceptions, de la méconnaissance, des écarts en termes de besoin, de conception de l’intervention sociale et médico-sociale, une complémentarité qui reste en panne et fait abstraction de la complexité des situations vécues, exprimées, rencontrées.



Dans la mesure où l’expertise sociale met en scène une mosaïque de compétences et de personnes, dans une perspective interdisciplinaire, elle incarne un art du métissage.



L’expertise sociale située, l’expertise et les ASS, la définir pour l’agir, un Agir, au sens de «Se mettre à l’œuvre», de «Se conduire, de se comporter», de «S’exprimer par des actes», «D’exercer une influence» (www.cnrtl.fr), mais avant tout penser comme un «Agir communicationnel» par lequel on cherche à s'entendre avec l'autre, de façon à interpréter ensemble la situation et à s'accorder mutuellement sur la conduite à tenir, vers une «éthique de la discussion» garantissant une authentique compréhension mutuelle. C’est dans notre proposition de typologie que le débat sur l’expertise sociale peut s’inscrire en ce sens, tout en alimentant celui du travail social. L’expertise sociale se nourrit aussi de l’analyse réflexive en cours d’action et de l’analyse réflexive sur l’action, permettant de prendre une distance vis-à-vis de la pratique quotidienne et à s’interroger sur le contenu et les raisons de son accompagnement. L’analyse demeure le cœur du processus, et aide à prendre des décisions plus éclairées suscitant le souci de s’interroger sur son rôle dans les articulations collectives et pluri-professionnelles. Celui de l’ASS fait l’épreuve de la complexité dans notre société contemporaine, et participe de la synergie inhérente à une expertise sociale située, considérant son expertise de coordination, des publics, des dispositifs et politiques sociales, ainsi que son expertise du (des) territoire(s) sur le(s)quel(s) il est impliqué.

Résumé en Anglais


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