Titre | Complexité des relations collaboratives lors de l’intervention : comment transformer la formation pour travailler ensemble dans une visée inclusive? | Contacter |
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Auteur(s) | LANTEIGNE ISABEL IANCU PENELOPIA |
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Thème | ||
Type | Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative... |
Résumé |
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Complexité des relations collaboratives lors de l’intervention : comment transformer la formation pour travailler ensemble dans une visée inclusive? Les intervenants dans la sphère du social œuvrent dans des milieux où les personnes ont à composer avec de multiples formes d’oppression qui brisent le tissu social et érodent la solidarité (Vandecasteele et Lefebvre, 2006). Les situations rencontrées dans l’exercice de leur pratique sont souvent des problèmes complexes (Green et McDermott, 2010; Sanger et Giddings, 2012) et difficiles à résoudre en silo, ce qui exige diverses formes de travail collaboratif avec des personnes, des familles, des communautés et des professionnels (Hudson, 2000; Stans, Stevens et Beurkens, 2013). Les contextes de collaboration constituent des espaces permettant de développer l’ouverture à l’autre et promouvoir le travail ensemble. Cette communication rejoint l’axe 1 qui s’intéresse aux enjeux et à la construction de vivre-ensemble et fera état des résultats partiels d’une recherche portant sur l’expérience de collaboration interprofessionnelle (IP) des travailleurs sociaux au Nouveau-Brunswick (N.-B.), Canada. Cette étude cherchait à saisir : a) les contextes d’intervention qui exigent une collaboration IP; b) la communication IP et la gestion de conflits; c) les stratégies pour résoudre des problèmes complexes; et d) les enjeux éthiques liés à la collaboration IP. L’originalité de notre étude provient de l’utilisation d’un cadre théorique basé sur les théories de la complexité et du chaos et d’un cadre multidimensionnel d’analyse de la collaboration IP. En raison de leur caractère complexe, non-linéaire et difficilement prévisible, les problèmes qui réclament l’attention des équipes IP exigent des habiletés spécifiques à la résolution de problèmes complexes, des connaissances spécialisées (Jonassen, 1997) et une bonne capacité de collaboration (Ge & Land, 2003; Iancu, 2014). Cette recherche se situait dans un paradigme interprétatif-compréhensif (Lessard-Hébert, Goyette & Boutin, 1996) et suivait une démarche de recherche qualitative (Mayer, Ouellet, Saint-Jacques, Turcotte, Tard, & Deslauriers, 2000). Les participants à cette étude étaient des travailleurs sociaux (n=21) de trois régions du N.-B. Les outils de collecte des données étaient les entrevues semi-dirigées et les notes de terrain. L’analyse thématique a été utilisée pour le traitement des données. Les résultats préliminaires soulèvent des bénéfices de cette collaboration dont une meilleure coordination, moins de dédoublements des services et une plus grande accessibilité aux ressources pour les personnes accompagnées (Lanteigne et Iancu, 2018). Il y a cependant des défis liés à la complexité du processus d’intervention, aux enjeux éthiques, aux barrières culturelles, linguistiques et aux différences identitaires (Hall, 2005; Iancu, Lanteigne et Albert, 2017; Paré, 2010). Ces enjeux soulèvent un besoin de réfléchir à comment mieux former les étudiants et les professionnels au travail collaboratif (Comer et Rao, 2016; Lumague et al., 2006). Pour ce faire, la formation en travail social devrait inclure des savoirs afin de faciliter la collaboration avec les personnes accompagnées comme partenaires, tout en tenant compte des aspects identitaires qui traversent l’intervention. Cette formation doit également permettre aux étudiants d’apprendre à travailler avec d’autres intervenants vers des buts communs en négociant les différences professionnelles et personnelles (Lanteigne et Iancu, 2018; Mellin, Anderson-Butcher et Bronstein, 2011). Il est nécessaire d’outiller les étudiants afin qu’ils puissent sensibiliser les communautés quant aux diverses problématiques liées à l’oppression. Cela implique de former les étudiants pas seulement comme de futurs professionnels en travail social, mais aussi comme des citoyens (Reef, 1999) qui sont en mesure de déconstruire les stéréotypes et les préjugées, de lutter contre l’oppression, de retisser les liens sociaux et de rebâtir la solidarité dans une visée inclusive pour vivre ensemble (Savoie, Albert et Lanteigne, 2018). |
Bibliographie |
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Comer, E. et Rao, S. (2016). Transforming social group work learning into competencies for interprofessional teams. Social Work with Groups, 39(1), 62-75. |
Présentation des auteurs |
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Isabel Lanteigne, Penelopia Iancu, Marie-Pier Rivest, Elda Savoie, Marie-Lyne Caron, et Hélène Albert – École de travail social, Université de Moncton, Canada. Cette équipe de recherche s’intéresse à la collaboration interprofessionnelle, la résolution de problèmes complexes et la formation en travail social. |
Communication complète |
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Les intervenants dans la sphère du social œuvrent dans des milieux où les personnes ont à composer avec de multiples formes d’oppression qui brisent le tissu social et érodent la solidarité (Vandecasteele et Lefebvre, 2006). Les situations rencontrées dans l’exercice de leur pratique comportent souvent des problèmes complexes (Green et McDermott, 2010; Sanger et Giddings, 2012). En raison de leur caractère complexe, non linéaire et difficilement prévisible, ces problèmes réclamant l’attention des professionnels exigent des habiletés spécifiques à la résolution de problèmes complexes, des connaissances spécialisées (Jonassen, 1997) et une bonne capacité de collaboration (Ge et Land, 2003; Iancu, 2014). Inspirée de l’École de Santa Fe quant à la question d’ordre et de désordre dans les systèmes complexes et des idées de Prigogine sur la non-linéarité, l’inconnu et l’équilibre, les théories de la complexité et du chaos constituent un ensemble d’idées et d’approches qui se servent des concepts utilisés en sciences pures pour expliquer la diversité et les changements soudains, rapides et imprévisibles qui caractérisent les sociétés modernes (Walby, 2003). Ces nouvelles orientations théoriques révolutionnent les perspectives basées sur la théorie générale des systèmes et sur la cybernétique en posant un nouveau regard sur « les relations complexes qui existent entre les systèmes et la dynamique des transformations inégales, disproportionnées et non linéaires » (traduction libre, Walby, 2003, p. 3). Les théories de la complexité et du chaos permettent de mieux comprendre les situations et les systèmes qui sont caractérisés par une structure complexe ayant de multiples éléments interconnectés et par une dynamique complexe non linéaire et non prévisible (Iancu, 2014). Ces théories offrent également la possibilité d’explorer les aspects relatifs à la prévisibilité des résultats, à la causalité complexe, à la sensibilité aux conditions initiales et aux changements disproportionnés (l'effet papillon), à la gestion de l’information abondante et difficile à percevoir (non-transparence) et à la prise de décision dynamique nécessitant une réévaluation continue de la situation (Fischer, Greiff et Funke, 2012; Iancu, 2014). Les problèmes complexes rencontrés dans la pratique sont souvent difficiles à résoudre en silo et exigent diverses formes de travail collaboratif avec des personnes accompagnées et des professionnels (Hudson, 2000; Stans, Stevens et Beurkens, 2013). Ces contextes de collaboration constituent des espaces permettant de développer l’ouverture à l’autre et promouvoir le travail ensemble. Nous présentons ici des résultats partiels d’une recherche portant sur l’expérience de collaboration interprofessionnelle (IP) des travailleurs sociaux au Nouveau-Brunswick (N.-B.), Canada. Cette étude cherche à saisir : a) les contextes d’intervention qui exigent une collaboration IP; b) la communication IP et la gestion de conflits; c) les stratégies pour résoudre des problèmes complexes; et d) les enjeux éthiques liés à la collaboration IP. L’originalité de notre étude provient de l’utilisation d’un cadre théorique basé sur les théories de la complexité et du chaos et d’un cadre multidimensionnel d’analyse de la collaboration IP. Cette recherche se situe dans un paradigme interprétatif-compréhensif (Lessard-Hébert, Goyette et Boutin, 1996) et dans une démarche de recherche qualitative (Mayer, Ouellet, Saint-Jacques, Turcotte, Tard et Deslauriers, 2000). Les participants à cette étude étaient des travailleurs sociaux (n=21) œuvrant dans plusieurs milieux de pratique (santé, services sociaux et services communautaires) de trois régions du N.-B. (Fredericton, Moncton et St-Jean), en raison de 7 informateurs-clés pour chaque milieu. Comme outils de collecte des données, nous avons utilisé des entrevues semi-dirigées et des notes de terrain. L’analyse thématique a été employée pour le traitement des données. Les dimensions analysées comprennent le contexte de collaboration, la communication et la gestion de conflits, les stratégies de résolution de problèmes complexes et les enjeux éthiques liés à la collaboration IP. |
Résumé en Anglais |
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