Fiche Documentaire n° 533

Titre La négociation entre demande des personnes, rôle idéal des intervenant-e-s sociaux et rôle prescrit : un espace éthique.

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Auteur(s) GONIN Audrey  
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

La négociation entre demande des personnes, rôle idéal des intervenant-e-s sociaux et rôle prescrit : un espace éthique.

Le travail social, et plus largement l’intervention sociale ont été l’objet de profondes modifications dans les deux dernières décennies : en France comme au Québec, les modes d’intervention sont de plus en plus orientés par les référentiels de compétences, par les procédures recommandées et par l’évaluation des pratiques. Ces orientations, définies par les politiques sociales, par les instances professionnelles (Ordre des travailleurs sociaux au Québec, Conseil supérieur du travail social en France) et par les institutions auxquelles sont confiées un mandat d’action sociale (comme les Conseils Généraux, en France, ou les Centres de Santé et de Services Sociaux, au Québec), constituent le rôle prescrit aux intervenant-e-s. Or, la définition de plus en plus précise de ce rôle prescrit, y compris au niveau des techniques et procédures qu’il s’agit de mettre en œuvre, comporte le risque de réduire la place qui est accordée aux demandes formulées par la population avec laquelle travaillent les intervenant-e-s, comme au rôle idéal de l’intervenant-e (Mias, 1998), qui prend appui sur une conception générale du rôle liée aux valeurs morales et aux repères théoriques qui ont pu être acquis au cours d’une formation.

À l’heure où la souffrance éthique, c’est-à-dire « la souffrance que fait naître le conflit entre les convictions morales et l’injonction à participer à des actes qu’on réprouve » (Dejours, 2006), est de plus en plus présente chez les praticien-ne-s du travail social en raison d’interrogations morales sur le rôle prescrit (Molinier, 2004 ; De Gaulejac, 2010), il y a lieu de s’interroger sur la place laissée au rôle idéal dans les pratiques professionnelles actuelles. Par ailleurs, un cadrage serré de la pratique des intervenant-e-s laisse-t-il aux populations accueillies la possibilité de dire ce qu’il en est de leurs besoins, et de trouver, dans les services offerts par les politiques sociales, un appui pour leurs projets de vie ?

Cette communication se centrera sur la question suivante : dans le champ de l’intervention sociale, comment se négocient les rapports entre rôle idéal, rôle prescrit et demande des personnes accompagnées ? Une investigation menée en France auprès d’assistant-e-s de service social et de conseillers et conseillères en insertion professionnelle, puis une investigation menée au Québec dans le champ de la santé et des services sociaux, nous ont indiqué l’intérêt d’une analyse s’appuyant sur ce modèle ternaire. Les entretiens de recherche centrés sur la pratique de ces divers intervenant-e-s tendent à montrer qu’il est pertinent que les écarts et les points de rencontre, les tensions et le “jeu” entre ces trois pôles soient identifiés, analysés et mis en balance par les praticiens et praticiennes. Ceci ouvre en effet un espace de réflexion éthique qui ne peut se déployer lorsque ces derniers se trouvent dans un état agentique (Milgram, 1963), c’est-à-dire lorsque les intervenant-e-s sont des agents de la volonté d’autrui, purement soumis au rôle qui leur est prescrit. Cette proposition sera illustrée à l’aide des observations recueillies au cours de la recherche menée.

Ainsi, la question du contexte organisationnel (Borzeix, 2000 ; Lonne, McDonald et Fox, 2004), et tout particulièrement de la place qu'il laisse pour un jeu entre les trois pôles que nous identifions ici est à prendre en compte pour soutenir le questionnement et positionnement éthiques des acteurs professionnels. La compréhension des tensions au sein desquelles se constitue la pratique professionnelle – entre les exigences morales, la demande des personnes, le fait de pouvoir tenir au travail et le mandat confié par l’institution – est à notre sens une perspective pertinente pour saisir au mieux comment les acteurs cheminent ou pourraient cheminer avec ces enjeux complexes, pour tracer des voies vers des lieux où les intérêts des différents acteurs peuvent coexister, voire se rejoindre dans un monde commun.

Bibliographie

Arendt, Hannah. (1996). Considérations morales. Paris : Payot. (1e publication : 1971)

Borzeix, A. (2000). Relation de service et sociologie du travail – l’usager : une figure qui nous dérange ? Cahiers du genre, 28, 19-48.

Bouquet, B. (2003). Éthique et travail social : Une recherche de sens. Paris : Dunod.

De Gaulejac, V. (2010). La nouvelle gestion paradoxante. Nouvelles pratiques sociales, 22 (2), 83-98.

Dejours, C. (2006). Aliénation et clinique du travail. Actuel Marx, 39 (1), 123-144.

Lonne, B., McDonald, C., & Fox, T. (2004). Ethical practice in the contemporary human services. Journal of Social Work, 4 (3), 345-367

Mias, C. (1998). L’implication professionnelle dans le travail social. Paris : L’Harmattan.

Milgram, S. (1994). La Soumission à l'autorité (2e éd.). Paris : Calmann-Lévy. (Première publication en 1963)

Molewijk, B., Verkerk, M., Milius, H., and Widdershoven, G. (2008). Implementing moral case deliberation in a psychiatric hospital: process and outcome. Medical Health Care and Philosophy, 11, 43–56.

Molinier, P. (2004). Psychodynamique du travail et rapports sociaux de sexe. Travail et Emploi, 97, 79-91.

Paperman, P. & Laugier, S. (Ed.). 2006. Le souci des autres. Ethique et politique du care. Paris : EHESS.

Truchot, D. (2004). Epuisement professionnel et burnout. Concepts, modèles, interventions. Paris : Dunod.

Présentation des auteurs


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Communication complète


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Résumé en Anglais


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