Agir collectivement pour prévenir les processus d’exclusion scolaire des jeunes qui vivent des problématiques multiples et complexes.

CONTEXTE. L’exposé s’intéresse au partenariat intersectoriel comme réponse sociale pour prévenir l’exclusion scolaire des jeunes vivant des problématiques multiples et complexes, désignés, en milieu scolaire, d’« élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage ». Pour les acteurs de l’équipe-école, plusieurs facteurs contribuent à rendre complexe la situation de ces jeunes: absence de diagnostic clair, échec des mesures scolaires, épuisement des parents, absence d’implication parentale ou refus de services, rapports famille-école conflictuels, gestion partenariale complexe et parfois inefficace, etc. Pour certains jeunes, l’enjeu de la scolarisation se pose avec acuité : l’école, milieu de vie confronté à l’urgence d’agir, se retrouve parfois isolée, impuissante à remplir seule sa mission, et contrainte d’envisager la scolarisation partielle ou la non scolarisation d’un jeune. Ces décisions sont lourdes de conséquences, pour les jeunes (exclusion scolaire et sociale), les parents (scolarisation à la maison, cessation d’emploi, épuisement parental) et la famille (réorganisation familiale, isolement social, etc.) (Lemay, 2012). En dépit des prescrits légaux axés sur l’importance « d’envisager la diversité des élèves dans leur ensemble et d’offrir une école inclusive pour tous » (Conseil supérieur de l’éducation, 2017), et de développer une responsabilité collective pour répondre aux besoins des jeunes (MSSS, 2015, 2017), les défis de l’inclusion et du partenariat demeurent. OBJECTIFS. Les résultats sont issus d’une recherche-action centrée sur l’analyse et la promotion des pratiques de médiation partenariale novatrices dans le champ de l'action intersectorielle auprès de ces jeunes. Un volet spécifique vise à documenter les pratiques partenariales entre le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) et celui de l’éducation. MÉTHODOLOGIE. Ce volet a mobilisé 60 personnes dans 9 régions du Québec. Deux méthodes de collecte de données ont été utilisées. D’une part, neuf entretiens de groupe ont été réalisés entre 2016 et 2018 auprès de 32 participants, médiateurs partenariaux ou gestionnaires responsables d’équipes d’intervention jeunesse (ÉIJ), lesquels sont des dispositifs formels de coordination intersectorielle implantés au Québec pour assurer une réponse optimale aux besoins de ces jeunes. D’autre part, un questionnaire en ligne (via Lime survey) a été administré à l’été 2017 à 28 personnes, soit : 15 membres du personnel de deux commissions scolaires (ex. enseignant, direction d’école, psychologue scolaire, psychoéducateur, professionnels et gestionnaires de l’adaptation scolaire et des services complémentaires, etc.), et 13 agents de liaison représentants divers milieux (santé, social, communautaire, associatif/parent). RÉSULTATS. L’exposé porte sur quelques résultats, notamment : les problématiques qui mettent le plus au défi les partenaires, la contribution spécifique de chacun dans les espaces de partenariats inter-réseaux ainsi que les principales tensions ou controverses entre eux. La centration porte sur la controverse entre les parents, l’équipe-école et les partenaires externes entourant l’exclusion scolaire des jeunes. Quels sont les obstacles et conditions favorables au maintien de ces jeunes à l’école ? Par quelles pratiques sociales ou dispositifs peut-on construire des solidarités professionnelles axées sur la prévention des phénomènes d’exclusion scolaire et sociale de ces jeunes ? CONCLUSION. Les recommandations et projets novateurs implantés mis de l’avant permettent de résoudre cette controverse entre les partenaires, formaliser les rapports sociaux et consolider les solidarités et les pratiques partenariales au profit de ces jeunes. Ces conditions prometteuses agissent en amont pour éviter la reproduction des processus d’exclusion qui compromettent le développement, la socialisation et la réussite scolaire des jeunes vivant des problématiques multiples et complexes.

• Conseil supérieur de l’éducation (2017). Pour une école riche de tous ses élèves. S’adapter à la diversité des élèves, de la maternelle à la 5e année du secondaire. Avis au ministre de l’éducation, du loisir et du sport, 155 p.
• Deslandes, R. (2010). Les conditions essentielles à la réussite des partenariats école- famille-communauté. Université du Québec à Trois-Rivière, QC : CTREQ, RIRE.
• Gouvernement du Québec (2006). Deux réseaux, un objectif : le développement des jeunes. Entente de complémentarité des services entre le réseau de la santé et des services sociaux et le réseau de l’éducation. Le plan de services individualisé et intersectoriel. Québec, MELS, 19 p.
• Larivée, S. J., Bédard, J, Couturier, Y., Kalubi, J.-C., et Larose, F. (2015). Les pratiques de collaboration école-famille-communauté efficaces ou prometteuses : synthèse des connaissances et pistes d'intervention. Rapport de recherche. FRSC, 122 p.
• Lemay, L., Lambert, H., Bouchard, A. et M. Lamontagne (2017). Ensemble pour le développement et le bien-être des jeunes en besoins multiples et complexes. Guide de soutien à l’implantation ou consolidation des mécanismes de coordination intersectorielle ou des Équipes d’Intervention Jeunesse (ÉIJ), et à la réalisation des démarches de plan de services individualisé (PSI) et de plan de services individualisé et intersectoriel (PSII). Sherbrooke (Québec) : Université de Sherbrooke, 59 pages.
• Lemay, L. (2012). Que nous disent les parents de leur expérience de partenariat vécue au sein de l’équipe ÉIJ ? Rencontre provinciale annuelle du RÉIJQ, Québec (QC) : Agence de la santé et de services sociaux de Québec, 24 octobre 2012.
• MSSS (2017). Vers une meilleure intégration des services aux jeunes en difficulté et leur famille : Orientations ministérielles relatives au programme-services destinés aux jeunes en difficulté 2017-2022, Québec (Qc), 74 pages.
• MSSS (2015). Faire ensemble et autrement. Plan d’action en santé mentale 2015-2020. Québec, 79 p.

Louise Lemay détient un Ph.D. interdisciplinaire en sciences humaines appliquées de l’Université de Montréal (Québec, Canada). Elle est professeure titulaire à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke et chercheure, membre régulier de l’Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux du Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) de l’Estrie-CHUS. Elle possède près de 30 ans d’expérience dans le champ de l'intervention sociale, principalement dans le domaine de la protection de la jeunesse (intervention, gestion, consultation, formation). Ses recherches se situent dans le champ de l’intervention auprès des jeunes et familles vivant des problématiques multiples et complexes. Elle s’intéresse à l’analyse des pratiques professionnelles et des rapports de pouvoir, à la collaboration parents-intervenants, aux pratiques intersectorielles et à la médiation partenariale dans le contexte des démarches de plans de services individualisés et intersectoriels. Elle a établi de solides alliances dans le secteur jeunesse auprès d’acteurs de divers secteurs d’activités. Elle privilégie une approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités (empowerment), la recherche participative de type recherche-action et une méthodologie qualitative. Elle dirige depuis 2007 des projets de recherche-action centrés sur l’analyse et la promotion des pratiques de médiation partenariale novatrices dans le champ de l'action intersectorielle auprès des jeunes vivant des problèmes multiples et complexes.

Non disponible

Non disponible