Fiche Documentaire n° 5357

Titre Quand la création collective redonne du sens aux pratiques du travail social et de sa formation : partage d'expériences et récit d'aventures.

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l'auteur principal

Auteur(s) JANUS frederic
TADJENANT Nadia
 
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Quand la création collective redonne du sens aux pratiques du travail social et de sa formation : partage d'expériences et récit d'aventures.

C'est dans un contexte où les logiques néo-libérales envahissent le champ du non-marchand (dont l'enseignement et le travail social) que, depuis plusieurs années, au sein de la formation dispensé à l'Henallux ( Namur-Belgique) à des futurs travailleurs sociaux, un module de création collective en théâtre-action a été mis sur pied par deux professeurs.
Soucieux de re-mettre la dimension artistique, culturelle et collective au cœur de la formation des assistants sociaux, cette démarche au fil de son parcours, méandres, tours et détours a permis de développer des compétences essentielles pour la pratique du travail social. Mais surtout elle a offert la possibilité pour les étudiants de travailler des dimensions telles que l' esprit critique, citoyen et engagé
en portant un regard tant sur leur futur métier et sur le travail social,
en s'interrogeant sur leur identité professionnelle,
en questionnant les réalités sociales et d'ainsi se positionner en tant qu'acteurs de changement.

Ce processus de création collective permet également aux professeurs-animateurs de travailler sur le sens et l'essence de leur métier de formateur en travail social, en se réappropriant le terrain d'un travail d'accompagnement pédagogique et en tâchant de développer chez l'étudiant sa faculté de positionnement et d'interpellation qu'elle soit sociale, sociétale ou politique.

La dernière "production" en date est le résultat d'une collaboration entre l'Henallux, la compagnie de Théâtre-action "la Compagnie buissonnière" et le CPAS ( Centre public d'aide sociale) de Floreffe. Ce projet a la particularité de réunir des étudiants futurs assistants sociaux et des personnes vivant des situations de vie compliquées. Ensemble, ils ont pu se rencontrer, tisser des liens et surtout s'exprimer, créer une parole collective commune, EXISTER. Témoignages et réflexions.

Bibliographie

Johanne Chagnon et Devora Neumark (dir.) en collaboration avec Louise Lachapelle, (2011), Célébrer la collaboration.
Art communautaire et art activiste humaniste au Québec et ailleurs, Montréal et Calgary, Engrenage Noir / LEVIER, LUX Éditeur et
Detselig Enterprises. Ltd. + DVD Documenter la collaboration.

Présentation des auteurs

Tadjenant Nadia: assistante sociale de formation, maître de formation pratique en baccalauréat Assistant social, animatrice en création collective/théâtre-action, comédienne

Verbiest Yolande

Janus Frédréric : assistant social de formation, maître de formation pratique en Haute Ecole de Communication ( en animation socioculturelle) et en travail social, musicien

Communication complète

QUAND LA CRÉATION COLLECTIVE REDONNE DU SENS AUX PRATIQUES DU TRAVAIL SOCIAL ET DE SA FORMATION : PARTAGE D’EXPÉRIENCES ET RÉCITS D’AVENTURE

La culture représente l'ensemble des actes, réalisations, représentations et expressions propres à l'être humain. Cette définition met en valeur une empreinte spécifiquement humaine de la culture, elle montre qu'elle contient une formidable potentialité d'humanisation. Lorsque l'être humain souffre dans sa relation au monde, à ses semblables ou à lui-même, qu'il perçoit une altération de sa propre nature, la culture trouve donc toute sa place et sa légitimité. « Le théâtre, c'est bien plus qu'une représentation devant un public. C'est un ensemble d'interactions diverses et changeantes qui s'établissent entre chaque spectateur et un spectacle » disait Deldime.

Cependant, on le sait aussi, même lorsque les troupes théâtrales tentent de travailler le texte et les symboles pour le rendre accessible, même à ce moment-là, les gens qui viennent au théâtre restent majoritairement des gens d'une certaine classe sociale. Les gens qui ne connaissent pas le théâtre, qui n'ont pas fait d'études secondaires ne viennent pas au théâtre. Les gens qui ont connu le dispositif de rouleau compresseur des savoirs ne viennent pas au théâtre et ne s’approprient pas cet outil d'expression, cet outil artistique. Alors s'inventent des ateliers théâtre.

Il n'y a pas d'éducation à l'art qui ne passe par la fréquentation de cet art, l'expérience vécue, avec d'autres, l’apprentissage des codes et techniques et la pratique critique de la représentation. Plaisir de sons, des couleurs, des mots, des actions, des images, des fictions. Explorer ensemble pour créer ensemble. L'acte théâtral est mouvement, mouvement de celui qui regarde et écoute, mouvement de celui qui conte ; en Belgique francophone on compte 500 troupes de théâtre amateur. Parmi ces troupes un certain nombre de troupes de théâtre action dont l'objectif disait Conreur est de créer un espace de liberté où "des savoirs et des institutions s'inventent et tendent à changer un peu le monde pour que chacun se sente librement vulnérable et disponible aux surgissements de la vie".

Ce dispositif est une aventure de création, il permet qu'un savoir se crée entre les hommes et non sur l'homme disaient les responsables de l'Autre Lieu. Si le théâtre est politique c'est parce qu'il ouvre sur la mesure sincère de la relation, comme principe d'intelligibilité et de réalisation de tout lien social. Il participe à ce que les individus se rendent compte que les autres existent, dans leur spécificité, individualité, ce qui évite de faner leur rêve à trop grand coups de lumières diagnostiques pour en préserver l'étincelle qui les rend à eux-mêmes, fait renaitre les émotions, relie sans brider" C'est donc bien un itinéraire politique qui est proposé, un chemin de changement des conditions historiques et des modes de vie. Le travail théâtral traduit une expression non de soi-même mais de quelque chose.

C'est dans un contexte où les logiques néo-libérales envahissent le champ du non-marchand (dont l'enseignement et le travail social) que, depuis plusieurs années, au sein de la formation dispensée à l'Henallux (Namur-Belgique) à des futurs travailleurs sociaux, un module de création collective en théâtre-action a été mis sur pied par deux professeurs.

Mais qu’est-ce que le théâtre-action ? Il s’agit d’une forme théâtrale répandue en Belgique, reconnue comme art de la scène et qui se trouve au carrefour de l’animation, de l’éducation permanente et du théâtre.



« Le théâtre-action met l’accent sur la participation citoyenne, critique et responsable de chacun dans la société. Ainsi la création théâtrale devient espace d’expression consciente et d’intervention collective. Elle se construit artistiquement à partir des réalités sociales et culturelles propres à un groupe, pour concerner et interpeller les individus qui le composent et, plus tard, le public qu’ils rencontreront . »



Il nous semble important de permettre aux futurs assistants sociaux de diversifier leurs pratiques, d’élargir leurs visions du travail social, de s’ouvrir à la dimension collective et d’éveiller leur esprit critique. Mais aussi de devenir des « passeurs de culture ». Ce terme fait référence au travail de réflexion mené par un groupe d’enseignants de plusieurs écoles sociales, des travailleurs sociaux et culturels en collaboration avec l’asbl « Culture et Démocratie » dont la mission est de promouvoir la culture comme valeur démocratique. Ce groupe de travail mène une réflexion sur les dimensions culturelle, collective et du lien social dans le travail social, et donc de son importance et de sa nécessité dans la formation des assistants sociaux.



Soucieux d’intégrer la dimension artistique, culturelle et collective au cœur de la formation des assistants sociaux, cette démarche au fil de son parcours, méandres, tours et détours a permis de développer des compétences essentielles pour la pratique du travail social. Mais surtout elle a offert la possibilité aux étudiants de porter un regard critique et constructif tant sur leur futur métier et sur le travail social, que de s’interroger sur leur identité professionnelle, de questionner les réalités sociales et d'ainsi se positionner en tant qu'acteurs de changement.

Ce processus de création collective permet également aux professeurs-animateurs de travailler sur le sens et l'essence de leur métier de formateur en travail social, en se réappropriant le terrain d'un travail d'accompagnement pédagogique tout en essayant de développer chez l'étudiant sa faculté de positionnement et d'interpellation sociale, sociétale ou politique.



Témoignages et réflexions.

Le cours à option « approche socioculturelle et artistique dans le champ social » est né, voici quelques années, avec la perspective de permettre aux étudiants de découvrir une autre facette du travail social. Son objet était d’aller à la rencontre d’acteurs, de projets socioculturels, d’en analyser les tenants et aboutissants et d’en mesurer la pertinence. De là, s’interroger sur son identité professionnelle et sur les finalités du travail social.

La perspective d’une phase de « mise en pratique » a vu le jour en 2014. Nadia Tadjenant, professeure au département social, a, dans la cadre d’une formation professionnelle de comédien-animateur spécialisé en Théâtre-Action, choisi de réaliser son stage pratique au sein de ce cours. L’aventure prit son envol pour « atterrir » à la réalisation d’une première expérience de création collective (« L’Emploi-sonnement ») avec neufs étudiants en troisième année en baccalauréat assistant social. Fort des retours positifs tant des étudiants que des publics mais aussi convaincus par la démarche, nous avons réitéré l’expérience. Cette deuxième expérience (« Au Secours ») a réellement conforté notre volonté, celle de proposer dans le cadre de la formation un lieu ouvrant des horizons dont les bénéfices sont multidimensionnels (voir supra). Une troisième expérience (« Tiens-Toi Droit(s) ») a interrogé et dénoncé les dérives du système néo-libéral qui impactent les politiques sociales, les organisations sociales et donc les pratiques sociales.

Les deux dernières "productions » ont la particularité d’avoir proposé aux étudiants de sortir des « murs » en suscitant et en offrant l’opportunité de s’inscrire dans une dynamique novatrice. « Au vent en emporte le temps » est le résultat d'une collaboration entre l'Henallux, la compagnie de Théâtre-action "la Compagnie Buissonnière" et le CPAS (Centre public d'Action sociale) de Floreffe. Récemment, un nouveau spectacle a vu le jour (« Vous reprendrez bien une p’tite pression »), le fruit d’un travail de partenariat et de création, cette fois-ci avec l’association « Vis-à-Vis », un service d’accompagnement psychosocial de personnes fragilisées par un handicap. Ces projets ont la particularité de réunir des étudiants futurs assistants sociaux, des travailleurs sociaux et des personnes vivant des situations de vie compliquées. Ensemble, ils ont pu se rencontrer, tisser des liens et surtout s'exprimer, créer une parole collective commune, EXISTER.

Ces créations collectives ont été diffusées, confrontées à un large éventail de publics, allant d’étudiants en passant par des professionnels et des formateurs en travail social en Belgique et en France, à un tout public lors de d’événements socio-culturels et festivals de Théâtre-action.

Nous estimons donc que nous avons la responsabilité d’insuffler dans la formation initiale des travailleurs sociaux le sens critique, l’analyse, la réflexion, la recherche de sens mais aussi l’authenticité.



Comment amorcer cette dynamique dans la formation ?



Et donc concrètement…

La création collective, dans le cadre précis de la formation dispensée au département social de l’Henallux, s’inscrit dans un cours à option en fin de cursus : approche artistique et culturelle en travail social. Il s’agit d’une activité pédagogique qui permet à nos étudiants de réaliser avec d’autres un travail d’échange, de réflexion, de débats à partir de leurs préoccupations ; de « dire » son point de vue et de s’exprimer ; de construire une parole collective qui sera mise en débat auprès de publics divers. Ce travail se fait progressivement et méthodologiquement par l’entremise d’ateliers.



Ces ateliers peuvent prendre différentes formes telles que des séances au sein de l’école dans le cadre du programme. Mais aussi des séjours résidentiels auxquels nous attachons une attention particulière car ils permettent de s’installer et de s’immerger dans cette approche de manière intensive et approfondie, à la fois sur la mise en place du contenu et la mise en forme.

Dans un premier temps, les ateliers mettront l’accent sur la dynamique et la cohésion du groupe (utilisation d’exercices d’échauffement, jeux théâtraux où progressivement la personne va s’inscrire dans la dynamique). Le but étant que les participants se sentent en sécurité et prennent plaisir à la rencontre. Ensuite, des exercices d’improvisation (avec l’accompagnement de l’animateur) vont leur permettre de dégager le fil rouge à partir duquel la thématique pourra être développée, investiguée sur base de leurs histoires mais aussi à partir d’écrits, de témoignages, d’expertises…Un travail d’analyse, de décodage des réalités sociales ponctué d’échanges, de réflexions, de débats entre les participants est amorcé. S’en suivra le travail d’écriture, de mise en scène, de diffusion et de sensibilisation.



Les apports de ce projet



1. Passer de la peur au plaisir

Cette expérience a donc permis à nos étudiants de comprendre le processus de création collective en l'expérimentant tout en osant se dire et construire ensemble au départ de ce qui aurait pu constituer un frein (leurs peurs) et qui, par la dynamique de groupe s'est transformé en une prise de distance et de compréhension plus large du phénomène. Partir de qui je suis, de ce que j'ai à dire pour aller vers l'autre. Cet autre qui partage le groupe mais aussi cet autre que je ne connais pas et qui, par la rencontre a à m'apprendre de ses connaissances, expériences, expertises dans le champ du propos abordé.

Anais, investie dans le projet de 2015, nous explique «ça m’a apporté de la confiance en moi et à mettre des mots sur mes émotions, mais aussi parler à un public »

« Grâce au groupe, au fait que l'on soit devenus des alliés, des co-équipiers embarqués dans un même projet, je leur faisais confiance et ils me faisaient confiance. J'ai pu monter sur scène et jouer mon rôle » Jordan, spectacle « Au vent en importe le temps » en 2108.



2. S’interroger et interroger, connaître et prendre de la distance

Nos étudiants sont allés se nourrir d'expériences vécues par d'autres, de témoignages de professionnels, de réalités rencontrées dans le cadre de leurs stages, de supports écrits ou audiovisuels. Ces investigations ont permis d'aliment

Résumé en Anglais


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