Espaces de parole démocratiques et de dialogue Parents-Intervenants pour le renouvèlement des pratiques sociales et des systèmes de soins et de services centrés sur le développement et le bien-être des enfants dans leur famille et leur communauté.

CONTEXTE. La problématique sociale de négligence envers les enfants se situe au cœur des préoccupations des acteurs à différents niveaux. L’intervention dans ce contexte soulève plusieurs défis (Turney et Tanner, 2001). Comment bien cibler les besoins de l’enfant et de sa famille et contribuer ensemble à assurer son développement, sa sécurité et son bien-être au sein de sa famille et de la communauté? Quelles sont les pratiques et conditions agissant favorablement ou non sur la réponse à leurs besoins ? Comment les réalités vécues par les parents et les leçons tirées de leur savoirs d'expérience peuvent-elles enrichir la formation des professionnels et contribuer au renouvèlement des pratiques sociales démocratiques ? L’affiche scientifique aborde ces enjeux en présentant les résultats d’une recherche participative réalisée en 2017-2019. Celle-ci consiste à créer des espaces de réflexion collective mettant en dialogue parents, intervenants et chercheurs, dans le but de croiser les savoirs sur les problématiques vécues et sur les réponses sociales mises en œuvre pour soutenir les enfants et leur famille. OBJECTIFS. Ce projet vise trois objectifs : comprendre les points de vue d’un ensemble d’acteurs concernés par le phénomène de la négligence, analyser les convergences et divergences de points de vue, et faire émerger des pistes de solutions locales pouvant être acheminées aux décideurs, dans une perspective d’amélioration des services. L’affiche présente les résultats reliés au 3e objectif. MÉTHODOLOGIE. La Méthode d’analyse en groupe retenue diffère des méthodologies qualitatives traditionnelles en misant sur la démocratie participative. Elle resitue les participants au centre d’une démarche de co-construction des savoirs en diminuant l’apport et l’influence des chercheurs (Van Campenhoudt et al, 2005). Les groupes d’analyse sont des lieux de débats organisés de façon procédurale (tours et temps de parole contrôlés), assurant l’équité entre les différents acteurs et la réduction de l’asymétrie des pouvoirs. Les données sont issues du point de vue de 39 participants (13 parents et 24 intervenants) répartis dans 6 groupes formés sur 3 territoires du Québec. Des groupes hétérogènes donnent accès à une diversité de points de vue. Dans les groupes de parents, certains, reçoivent des services, d’autres en ont déjà reçu ou pas du tout. Les groupes d’intervenants sont intersectoriels, incluant des représentants de différents milieux : santé, social, juridique, communautaire, scolaire, milieux de garde. Deux ateliers de groupes distincts (parents ou intervenants) permettent d'échanger autour de récits d’expérience choisis par les participants dans le but d'en faire émerger les enjeux, défis et pistes de solutions. Le 3e atelier réunit parents et intervenants pour élaborer ensemble des pistes locales d’action. RÉSULTATS. La démarche permet de soutenir la prise de parole des parents et des intervenants, d’aborder les tensions ou controverses qui traversent le vivre-ensemble de ces acteurs au sein des systèmes d'intervention, de favoriser l’agir communicationnel et l’émergence de solutions novatrices. Cette recherche a généré des résultats à plusieurs niveaux (clinique, organisationnel, méthodologique). L’affiche met en valeur les pistes d’action proposées par les parents et les convergences entre leurs solutions et celles des intervenants. CONCLUSION. Ces solutions, ancrées dans des réalités vécues par ces acteurs, interrogent les pratiques d’intervention sociale tout comme les systèmes de soins et de services. Elles sont légitimes et doivent inspirer les décideurs, orienter la formation des professionnels et le renouvèlement des pratiques sociales démocratiques. Le développement des milieux de pratique ne peut s’envisager sans une prise en compte systématique du point de vue des personnes accompagnées, et doit inclure une analyse réflexive des systèmes d’intervention et des rapports sociaux entre acteurs (Lemay, 2007; Parazelli, 2004).

• Franssen, Abraham, Van Campenhoudt, Luc et Véronique Degraef, « La méthode d’analyse en groupe : coproduction, restitution et répercussion des savoirs », SociologieS [En ligne], Dossiers, La restitution des savoirs, mis en ligne le 24 juin 2014, consulté le 27 janvier 2019. URL : http://journals.openedition.org/sociologies/4747
• Habermas, J. (1987), Théorie de l’agir communicationnel, Paris, Éditions Fayard.
• Lambert, A., Lemay, L., Legendre, C.-M., Thiebault, G.-E. et É. Lavoie-Trudeau (2018). Croiser les savoirs pour favoriser le développement et le bien-être des enfants et des jeunes : une piste pour l’amélioration des pratiques. Le colloque de l’Institut universitaire Jeunes en difficulté (IUJD) « Défi Jeunesse », Centre Mont-Royal, Montréal (Québec), 4 décembre 2018.
• Lemay, L. (2007). L’intervention en soutien à l’empowerment : du discours à la réalité. La question occultée du pouvoir entre acteurs au sein des pratiques d’aide. Nouvelles pratiques sociales, vol. 20, n°1, 165-180.
• Lemay, Louise (2017). « Que nous révèlent les parents sur les stratégies qu’ils déploient pour exercer leur pouvoir au sein de leur relation avec les intervenants sociaux dans le champ de la protection de la jeunesse? ». 7 ième Congrès de l’AIFRIS, Montréal (Canada) : Université du Québec à Montréal, 6 juillet 2017.
• Parazelli, M. (2004). Le renouvèlement démocratique des pratiques d’intervention sociale. Nouvelles pratiques sociales, vol. 17, n°1, p. 9-32.
• Van Campenhoudt L., Chaumont J-M. & Franssen A. (2005), La méthode d’analyse en groupe. Applications aux phénomènes sociaux, Paris, Dunod.

LOUISE LEMAY détient un Ph.D. interdisciplinaire. Elle est professeure titulaire à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke (Québec, Canada) et chercheuse à l’Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux à Sherbrooke. Elle possède près de 30 ans d’expérience dans le champ de l'intervention sociale auprès des jeunes et des familles en difficulté (intervention, gestion, consultation, formation). Ses recherches portent sur l’analyse des pratiques professionnelles et des rapports de pouvoir, la collaboration parents-intervenants, les pratiques intersectorielles et la médiation partenariale dans le champ de l'intervention auprès des jeunes vivant des problèmes multiples et complexes. CLAIRE-MARIE LEGENDRE, PhD, est coordonnatrice à l’Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux à Sherbrooke (Québec, Canada). Elle coordonne les activités de recherche et de transfert de connaissances de l’axe Développement de l’enfant dans sa famille et sa communauté qui vise à promouvoir le développement des capacités de l’enfant en prenant en compte le contexte familial et communautaire dans lequel il vit.

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