Fiche Documentaire n° 5375

Titre Quand la photographie comme dispositif pédagogique crée du vivre ensemble au cœur des stages en Intervention sociale : récit d’expérience de formation croisée Belgique – France – Québec
Axe 4 : Orientations des formations et développement des milieu

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Auteur(s) BRIBOSIA Frédérique
DUBE Marcelle
GRUSON christine
 
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Quand la photographie comme dispositif pédagogique crée du vivre ensemble au cœur des stages en Intervention sociale : récit d’expérience de formation croisée Belgique – France – Québec
Axe 4 : Orientations des formations et développement des milieu

Pourquoi l’usage de la photographie dans la formation en travail social ?
A côté de la force sociale de l’image, du fait qu’elle permet de garder des traces de ce que l’on a été et perçu de la réalité du monde, qu’elle peut, parfois, agir sur et influer le cours des choses, l’intérêt de faire appel à la pratique artistique qu’est la photographie, dans une démarche de type photovoice (Papinot 1992 ; Wang et Burris 1997) dans le cadre particulier de la formation en travail social, est de trois ordres :
1. Un mode d’expression car elle permet de :
- dépasser le clivage affects-intellects, d’être en mouvement entre émotions, ressentis et paroles, d’activer la sensibilité de chacun·e ;
- de soutenir la prise de parole individuelle et la production collective d’un discours sur le vécu de l’apprentissage professionnel en TS ;
- de soutenir la construction de l’identité professionnelle grâce à un double mouvement de rapprochement (prendre une photo de ce qui est important à un moment donné) et de prise de distance (regarder la photo, émettre des commentaires, échanger sur les autres, revenir à soi).
2. Un mode d’action car les images agissent par l’imagination qu’elles induisent chez les personnes qui les regardent, elles relaient les intentions des personnes qui les ont prises (A.Gell, cité par A.Pierre, 2018). La photographie ouvre donc des espaces de compréhension, de découvertes, de possibles.
3. Un mode de compréhension car la photographie objective le réel. La démarche photographique qui nous occupe ici parle du quotidien, qui peut parfois sembler être anecdotique, d’étudiant·e·s en stage mais chacune des photos, dans sa singularité, en lien avec d’autres photos dans leur propre singularité, dit beaucoup sur le contexte et les conditions d’apprentissage.

Nous appuyant sur une démarche pédagogique développée dans le cadre de l’animation de cours de méthodolgie regroupant des stagiaires en travail social (HELHa Département social Cardijn, Belgique et Université du Québec à Chicoutimi, Canada) et en éducation spécialisée (UIT de l’Université de Lille, France), cette communication vise à présenter, à rebours et sous la forme d’un « récit d’expérience de formation » (Bertaux; 2001, Delory-Momberger ; 2009, Dubet; 1994, Haicault; 2000, Goffman; 1973, 1991. Ricoeur ; 1983), les intentions de départ qui ont présidé à la mise en place d’un « projet photos » et à dévoiler la trame narrative qui s’est tissée individuellement et collectivement au fil des deux années où nous avons expérimenté conjointement et sur nos terrains respectifs cette approche. Tout en interrogeant l’expérience vécue autour des thématiques suivantes : l’accueil et la participation que les étudiant·e·s ont réservé à cette proposition, les photos soumises et le contenu des textes les accompagnant ainsi que la discussion et les échanges qu’elles ont générés, nous tenterons de voir également ce que donne à penser cette expérience en termes de développement de l’identité professionnelle et du vivre ensemble. Comment cet espace créatif et subjectif permet de voir l’émergence et la constitution des identités professionnelles en devenir ainsi que l’expression des différents savoirs (dire – faire – être) qui la composent et qui sont au fondement de l’exercice de leur profession future ? Au final le regard croisé que nous comptons poser à travers ces parcours photographiques des stagiaires, c’est également celui de notre pratique de professeure au sein de nos institutions respectives en interrogeant comment cette proposition pédagogique propose la mise en dialogue et la rencontre entre la création et les apprentissages et le faire autrement dans le cadre des formations dans le domaine social.

Bibliographie

Amyot, Y. (2003). Le marcheur-pédagogue : amorce d’une pédagogie rhizomatique, Paris, L’Harmattan.
Barthes, R. (1980). La chambre claire : note sur la photographie, Paris, Gallimard.
Bertaud, D. (2001). Les récits de vie, Paris, Nathan/VUEF.
Bribosia, F. (2015). Images et relation d’aide, expériences d’ateliers participatifs, Travailler le Social, n°47-48, pp.157-163.
Pierre, A. (2015). Transformer et co-construire l’image de la relation, Travailler le social, n°47-48, pp.164-179.
Bribosia, F., Pierre, A., Simon, D., (2015) Image et relation d’aide : outils d’ateliers participatifs [photolangage], Travailler le social, HS5.
Cartier-Bresson, H. (2014). « Henri-Cartier Bresson : L’œil décisif », Télérama, Hors-Série
Delory-Momberger, C. (2009). La condition biographique. Essais sur le récit de soi dans la modernité avancée, Paris, Téraèdre.
Dubet, Fr. (1994). Sociologie de l’expérience, Paris, Seuil.
Goffman, E. (1991). Les cadres de l’expérience, Paris, Éditions de Minuit.
Goffman, E. (1973). La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Éditions de Minuit.
Haicault, M. (2000). L’expérience sociale du quotidien Corps, espace, temps, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa.
Maresca, S. et MEYER, M. (2013). Précis de photographie à l’usage des sociologues, Rennes, Presses universitaires de Rennes.
Papinot, C. (1992). Vers une pratique de la photographie participante ?, Journal des anthropologues, n°49, pp.151-158
Wang, C. and Burris, M.A. (1997) Photovoice: Concept, Methodology and Use for Participatory Needs Assessment. Health Education & Behaviour, n°24, pp. 369-387.
Simon, D. (2015). Quand la photographie s’invite en résidence, Travailler le social, n°47-48, pp. 138-156.

Présentation des auteurs

Nom : Marcelle Dubé
Fonction : Professeure au département des sciences humaines et sociales
Institution : Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
Courriel : marcelle_dube@uqac.ca

Nom : Frédérique Bribosia
Fonction : Maitre-Assistant et Maître de Formation Pratique
Institution : HELHA – Département social LLN Cardijn
Courriel : bribosiaf@helha.be

Nom : Christine Gruson
Fonction : Formatrice en travail social
Institution : IUTB Tourcoing Carrières sociales – Lille3
Courriel : christine.gruson@univ-lille.fr

Communication complète

Quand la photographie comme dispositif pédagogique crée du vivre ensemble au coeur des stages en intervention sociale : un récit à trois voix d’une expérience de formation croisée entre la Belgique, la France et le Québec

Communication de Frédérique Bribosia, Marcelle Dubé et Christine Gruson

Préambule

La genèse du projet, un projet commun sur trois terrains de formation en travail social

Le projet « photovoice » qui va faire l’objet de cette communication trouve son origine dans un dispositif pensé et mis en place par Marcelle Dubé dès l’automne 2013, projet qui perdure depuis lors. Les raisons de la mise en place de ce projet et surtout son articulation, son déroulement et les productions qui en ressortent, au cours des deux dernières années (années où nous avons mené conjointement cette expérimentation sur nos territoires respectifs), seront les éléments principaux qui vont illustrer et alimenter cette communication.

Au printemps 2017, Marcelle Dubé, dans le cadre d’un voyage « sabbatique » en Europe, propose à Frédérique Bribosia et Christine Gruson de mettre également en place ce dispositif dans leur institut de formation respectif, en vue, notamment de mieux appréhender les modes d’apprentissage du métier au-delà des frontières et ce grâce à des échanges réguliers de nos expériences. Cette communication nous permet donc d’aller plus en profondeur sur l’analyse de ce procédé pédagogique appelé « photovoice » et voir ce que ce dispositif révèle sur les similitudes et les différences de sa mise en action, ainsi que sur ce qu’il nous dit concernant les trajectoires vécues lors des stages en travail social, les questions que cette mise en pratique de la photo pose chez les étudiant.e.s, ainsi que les façons dont il nous donne à voir le développement de leur identité professionnelle.

1. Pourquoi l’usage de la photographie dans la formation en travail social ?

A côté de la force sociale de l’image, du fait qu’elle permet de garder des traces de ce que l’on a été et perçu de la réalité du monde ; qu’elle peut, parfois, agir sur et influer le cours des choses, l’usage de la photographie dans une démarche de type photovoice (Papinot 1992 ; Wang et Burris 1997) dans le cadre particulier de la formation en travail social est de trois ordres :

❖ Un mode d’expression car elle permet de :

- dépasser le clivage affects-intellects, d’être en mouvement entre émotions, ressentis et paroles, d’activer la sensibilité de chacun.·e.

- de soutenir la prise de parole individuelle et la production collective d’un discours sur le vécu de l’apprentissage professionnel en TS.

- de soutenir la construction de l’identité professionnelle grâce à un double mouvement de rapprochement (prendre une photo de ce qui est important à un moment donné) et de prise de distance (regarder la photo, émettre des commentaires, échanger sur les autres, revenir à soi).

- de porter un regard critique sur les pratiques sociales observées, identifiées.

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❖ Un mode d’action car les images agissent par l’imagination qu’elles induisent chez les personnes qui les regardent, elles relaient les intentions des personnes qui les ont prises (A. Gell, cité par A. Pierre, 2018). Elle ouvre donc des espaces de compréhension, de découvertes, de possibles.

❖ Un mode de compréhension car la photographie objective le réel et a l'avantage de situer un objet de recherche dans un contexte particulier. La démarche photographique qui nous occupe ici parle du quotidien, qui peut parfois sembler être anecdotique, d’étudiant·e·s en stage mais chacune des photos, dans sa singularité, en lien avec d’autres photos dans leur propres singularités, dit beaucoup sur le contexte du travail social et les conditions d’apprentissage.

La photographie est donc une façon de « dire » et de « se dire ». On dit souvent qu’« une image vaut mille mots ». C’est une façon d’illustrer un sentiment, un évènement, une réalité du travail social, un questionnement, le milieu où se dispense le travail social, une manière de réfléchir sa pratique, les écueils et les bons coups de cette pratique, les réalisations accomplies, etc. Elle permet à la fois l’énonciation d’une singularité celle de chaque étudiant·e et d’une commune appartenance à une profession dans le domaine social.

Au-delà de l’intérêt de l’usage du « médium » photographique dans la formation, nous avions également la volonté pédagogique de créer, grâce à ce dispositif, une commune appartenance à ce groupe d’étudiant·e·s, inscrit·e·s dans un même séminaire et qui vont cheminer ensemble, toute l’année durant. Également une volonté de réaliser une expérience collective dans ce groupe en vue de créer du lien, créer du collectif. En effet, nous constations, depuis quelques années déjà, des expressions plus individualistes chez certain·e·s étudiant·e·s qui se manifestaient par un désintérêt de l’autre avec le sentiment que la mise en commun des expériences était parfois une perte de temps, phénomène qui les amenait même à interroger la pertinence des séminaires. Comment recréer de l’intérêt, comment faire corps, comment développer une dynamique de groupe, une envie de partager, de mettre en commun son expérience, puiser aussi dans celle de l’autre ? Tous des questionnements qui nous ont mobilisées pour mettre en place ce dispositif.

2. Mise en oeuvre d’une démarche pédagogique à trois voix, dans trois lieux de formation, trois pays

Tout en interrogeant l’expérience vécue autour des thématiques suivantes : l’accueil et la participation que les étudiant·e·s ont réservé à cette proposition, les photos soumises et le contenu des textes les accompagnant ainsi que la discussion et les échanges qu’elles ont générés, nous tenterons de voir également ce que donne à penser cette expérience en termes de développement de l’identité professionnelle et du vivre ensemble.

2.1. Le dispositif et la proposition faite aux étudiant·e·s

Au département social HELHa, Louvain-La-Neuve / Cardijn

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Dans le cadre d’un cours de Méthodologie du Travail social en Bac3 qui rassemble une quinzaine d’étudiant·e·s, il leur est proposé de recourir à l’approche artistique qu’est la photographie tant pour construire un parcours photographique autour de leur pratique que pour soutenir la mise en pratique réflexive de leur apprentissage du métier et ce dans le cadre d’ateliers « Retour sur images »

Il s’agit pour ces étudiant·e·s de prendre en photo des éléments de leur environnement de stage et/ou de vie en général qui disent ou évoquent « quelque chose » de ce qu’ils et elles trouvent important pour leur apprentissage professionnel. Ces photographies pourront alimenter le carnet de bord que les étudiant·e·s constituent par ailleurs tout au long de leur pratique professionnelle.

Tous les 2 mois, les étudiant·e·s proposent une photo sélectionnée parmi celles qui ont été prises. Les photographies de chacun.·e sont, tout au long du dispositif, présentées et découvertes sous forme de photolangage. Des espaces de paroles, d’échanges et d’interpellation sont ouverts sous la forme d’ateliers « Retours sur images », entre étudiant·e·s mais aussi, à certains moments, avec la contribution des participant·e·s au projet « Travailler le social en images »1, photographes et professionnel.le.s du social travaillant dans le champ de la santé mentale, de la migration, du handicap, etc. .

Au fil de la mise en oeuvre de ce dispositif pédagogique, les partis suivants ont été pris :

- Ne pas demander de légende ni de texte accompagnant la photo pour éviter le piège de l’illustration et laisser toute la force symbolique à l’image.

- Ne pas demander aux étudiant·e·s de se centrer sur le lieu de stage comme espace photographique et ce afin de soutenir la déambulation et l’élargissement de l’expérience, l’apprentissage du métier d’AS se faisant également au-delà des murs d’une institution de stage. De plus, il est apparu important de ne pas mettre en difficulté des étudiant·e·s qui se voient refuser l’autorisation de prendre des photos au sein de l’institution. Nous aurons l’occasion de revenir par la suite sur cette épineuse question du « droit à photographier ».

- Fournir aux étudiant·e·s leur photos imprimées sur du papier de qualité … pour ancrer ces images dans leur réalité de vie.

- Ce projet et la participation à celui-ci n’est soumis à aucune évaluation certificative.

Au Département des Sciences humaines et sociales, UQAC / Chicoutimi

Par le biais d’un court document qui décrit l’activité, les stagiaires inscrit·e·s au séminaire sont invités dès le 1er séminaire (fin août) à participer à ce projet créatif. Voici quelques-uns des éléments qui se retrouvent sur ce document :

Titre du projet : Quand la photo témoigne d’une page du stage…

Description du projet : Ce projet-créatif consiste à utiliser la photographie comme un véhicule qui permet de témoigner d’un moment ou d’un état importants vécus dans votre stage et que vous souhaitez partager avec vos collègues lors des séminaires de groupes. L’utilisation de la

1 Ce projet est à l’initiative conjointe de la revue « Travailler le social » et des Ateliers de la rue Voot, Centre d’Expression et de Créativité (CEC) situé à Bruxelles.

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photo (photo voice) est un procédé qui permet de prendre la parole autrement que par les canaux traditionnels de communication et qui vous offrira par ce moyen la possibilité de raconter et de partager l’expérience vécue au fil des semaines et des mois de stages. Elle a comme valeur symbolique de permettre l’énonciation singulière du vécu de chacun/chacun et de fabriquer du lien entre les membres du groupe, puisque plusieurs situations résonneront entre elles.

Les objectifs visés :

- Offrir une plate-forme créative pour raconter son stage et réfléchir à son déroulement

- Permettre de raconter son expérience telle que vécue

- Favoriser l’échange et la réception des singularités et de la diversité au sein du groupe

- Voir la construction de l’identité professionnelle et permettre la mise en pratique réflexive de ses interventions

Les consignes données au départ :

- Prendre une photo durant le mois qui témoigne d’un moment ou d’une situation ou encore d’un état que l’on souhaite raconter et partager

- Écrire un court commentaire accompagnant cette photo qui raconte ce qu’elle veut montrer et pourquoi on a choisi de parler de cette situation ou de cet état.

- Expédier par courriel cette photo à la professeure le vendredi précédent le séminaire.

- Au total 6 photos seront présentées par chacun·e des stagiaires (excluant les 2 séminaires du départ de chacun des trimestres (celui d’août et de janvier)

- Les photos et les commentaires seront présentés par chaque stagiaire aux séances d’octobre de novembre de décembre, de février, de mars et d’avril

- Les photos et les commentaires seront inclus dans les rapports de stages avec une réflexion synthèse les accompagnant

- L’idée de constituer une activité collective regroupant ces photos sera lancée lors du premier séminaire (exposition, constitution d’un album, présentation lors d’un colloque, etc.)

A l’option « Education Spécialisée » du département Carrières Sociales, de l’IUT B de l’Université de Lille

Titre du projet : Récit de soi en activité professionnelle

Lors de leur stage court (pour les deux premières années de formation) ou long (pour la dernière année de formation), il est proposé aux étudiant.e.s de parler de soi en activité professionnelle par le biais de la photo, mais aussi d’une légende qui accompagne chaque production d’image. Les étudiant.e.s désirant s’engager dans le projet collectif, envoient une photo et quelques lignes explicatives avant tout regroupement en centre de formation, toutes les cinq semaines environ. Possibilité est donnée d’utiliser l’image dans le journal de formation et/ou journal de terrain. Ces formes plurielles d’un récit sur soi en formation d’éducateur ou d’éducatrice spécialisé·e apparaissent comme une démarche respectueuse de la diversité des parcours et de l’expérience de professionnalisation. Ce pro

Résumé en Anglais


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