Fiche Documentaire n° 5411

Titre Développer au sein de la formation des futurs assistants sociaux la démarche interculturelle et le pouvoir d’agir comme leviers au vivre ensemble dans une société plurielle et inclusive.

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Auteur(s) COMINELLI EMILIE  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Développer au sein de la formation des futurs assistants sociaux la démarche interculturelle et le pouvoir d’agir comme leviers au vivre ensemble dans une société plurielle et inclusive.

L’expérimentation pédagogique concerne des étudiants de 1ère et 2ème bachelier assistant social soit environ 200 étudiants dans les cours d’interculturalités et de politiques sociales et citoyenneté.
La communication s’articule autour de quatre axes :

1) Un nécessaire devoir de mémoire pour mieux comprendre les enjeux actuels du vivre ensemble

Le point de départ de l’expérimentation repose sur l’organisation le 02 avril 2019 d’une conférence de Jacques Roisin relative à la commémoration des 25 ans du génocide rwandais.
Auteur de l’ouvrage « dans la nuit la plus noire se cache l’humanité », Jacques Roisin s’est rendu au Rwanda plusieurs années de suite afin de recueillir les témoignages de vingt Hutus qui ont sauvé des Tutsis lors du génocide de 1994.
Quels sont les différents mécanismes et les contextes qui ont favorisé dans l’Histoire et qui favorisent aujourd’hui l’émergence de la fanatisation, de la haine de l’autre poussant des peuples au génocide ? Quelles leçons peut-on tirer de l’Histoire ? Comment dépasser la violence de l’assignation identitaire, les formes de stigmatisations, d’exclusions qui en découlent ?

2) La démarche interculturelle : de la déconstruction des stéréotypes à la promotion des valeurs du vivre ensemble

D’avril à juin 2019, l’assignation identitaire et différents concepts liés seront analysés d’un point de vue théorique comme autant d’obstacles au vivre ensemble.
La démarche interculturelle comme levier au vivre ensemble sera abordée via les recherches et travaux de deux auteurs,Gilles Verbunt et Margalit Cohen-Emerique.
Les étudiants de 1ère année seront amenés à s’approprier les concepts liés à l’assignation identitaire, à déconstruire les stéréotypes et à appliquer les acquis théoriques et méthodologiques de la démarche interculturelle via la réalisation en sous-groupes de capsules vidéo de sensibilisation ayant pour objectif la promotion du vivre ensemble et de ses valeurs.

3) L’approche centrée sur le pouvoir d’agir au service de la lutte contre les inégalités et pour la défense des droits des minorités

Dans cette optique, en avril et mai 2019, deux journées participatives axées sur la thématique « Racisme, sexisme et homophie : contre les discriminations, pour l’égalité » seront organisées à destination des étudiants assistants sociaux de 2ème année. Des partenaires associatifs et politiques locaux et des citoyens seront invités à participer à ces journées.
D’un point de vue théorique, les partenaires associatifs aborderont les manifestations d’hostilité et les types de discrimination, l’évolution du cadre légal en Belgique, la défense des droits des minorités et la nécessaire convergence des luttes contre les inégalités.
A l’issue de cette première journée, les étudiants seront amenés à réaliser un travail préparatoire au débat politique de clôture organisé en mai.
Dans cette optique, les étudiants seront amenés à faire des recherches sur les idées et les valeurs des différents partis politiques présents au débat et à analyser les programmes respectifs des partis en vue des prochaines échéances électorales et ce, afin d'identifier les propositions formulées pour lutter contre les inégalités et défendre les droits des minorités.
A l’issue du débat politique et forts des apports théoriques et des témoignages d’associations et de citoyens, les étudiants devront réaliser un travail réflexif et argumentatif visant à développer leur futur pouvoir d’agir professionnel.
Le travail sera articulé autour des leviers culturels, sociaux, législatifs et politiques pour lutter contre les différents types de discriminations, des pistes d'action à mettre en place avec les bénéficiaires pour une meilleure inclusion de la diversité dans la société (dans l’espace public, dans l’accès au logement, à l’école, sur le marché du travail).

4) L’ancrage dans le tissu associatif et culturel local comme vecteur de sensibilisation citoyenne et d’éducation permanente

A moyen et long terme, l’idée est de mobiliser les étudiants à agir au niveau local, sur un territoire donné en se connectant au réseau associatif et culturel local actif dans le domaine de la lutte contre les inégalités, la défense des droits des minorités et la promotion du dialogue interculturel.
Cette mobilisation des étudiants, futurs professionnels de terrain, pourrait s’ancrer dans l’organisation d’une journée voire d’une semaine interdisciplinaire consacrée au vivre ensemble dans ses multiples facettes (culturelle, sociale, politique, éthique et religieuse).

La démarche interculturelle et le développement du pouvoir d’agir sont des puissants leviers pour travailler le vivre ensemble au sein de la formation d'assistant social. Faire l’expérience de son propre pouvoir d’agir en tant que citoyen et que futur travailleur social, est fondamental pour le promouvoir, par la suite auprès des personnes et des groupes concernés. En tant qu’enseignants et formateurs des travailleurs sociaux de demain, notre responsabilité est de stimuler dans le cursus de formation le pouvoir d’agir de futurs professionnels conscientisés et informés, outillés et engagés ayant le souci constant d’améliorer leurs pratiques.

Bibliographie

MAALOUF A., (1998) Les Identités meurtrières, Le Livre de poche, 2001, Grasset & Fasquelle

BePAX, (2017) Racisme,sexisme,homophobie, du préjugé au préjudice

BRUGERE, F. (2009). La sollicitude et ses usages. Cités, 40(4), 139-158. doi:10.3917/cite.040.0139.

COHEN-EMERIQUE M. et CAMILLERI C. (1989), Chocs culturels: concepts et enjeux pratiques de l'interculturel, Ed. L'Harmattan, Coll. Espaces interculturels, Paris 1989

COHEN-EMERIQUE, M. (2015) Pour une approche interculturelle en travail social, théories et pratiques, Politiques et interventions, 2ème édition Ed Presses de l’EHESP

VALLERIE, B. & LE BOSSE, Y. (2006). Le développement du pouvoir d'agir (empowerment) des personnes et des collectivités : de son expérimentation à son enseignement. Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle, vol. 39(3), 87-100. doi:10.3917/lsdle.393.0087.

ROISIN, J. (2017), Dans la nuit la plus noire se cache l’humanité, récit des justes du Rwanda, essai-témoignage, Les impressions nouvelles, septembre 2017

VERBUNT, G. (2009). La question interculturelle dans le travail social, Ed. La Découverte, Paris.

VERBUNT, G. (2011).Penser et Vivre l’interculturel, Editions de la Chronique sociale, Lyon
















Présentation des auteurs

Assistante sociale, détentrice d’un master en arts du spectacle et d’un master en sciences politiques en relations internationales, j’ai réussi à articuler au cours de mon parcours académique mes divers centres d’intérêts (le social, le culturel et le politique) et à les développer ensuite dans mon parcours professionnel :

-d’abord comme assistante sociale dans un service d’accompagnement social et juridique pour personnes étrangères et d’origine étrangère. Cette expérience professionnelle et les diverses formations suivies m’ont permis d’approfondir mes savoirs dans le domaine des migrations et de la diversité culturelle ainsi que mes savoirs-faire et mes savoirs-être dans l’accompagnement des personnes étrangères dans une perspective interculturelle.

-par la suite, comme animatrice socio-culturelle au sein d’un mouvement d’éducation permanente.
Cette expérience m’a permis d’aiguiser ma réflexion et mon analyse socio-politique et de développer des compétences en matière de sensibilisation et d’animation de groupes d’adultes issus d’origines et de milieux sociaux divers.
Attirée par de nouveaux défis, j’ai exercé une fonction de responsable d’une asbl du secteur socio-culturel, en l’occurrence une Maison de jeunes. Cette expérience m’a permis d’apprendre à gérer les multiples facettes d’une fonction de responsable et d’accompagner des jeunes dans une optique d’épanouissement socio-culturel et de citoyenneté critique, responsable et solidaire.
Animée depuis de nombreuses années par l’envie de transmettre mes passions et mon expérience de terrain aux jeunes adultes et aux adultes en reprise d’études, j’ai saisi l’opportunité d’intégrer l’enseignement supérieur en 2013 en participant à la création et au développement du département social de la Haute École de Namur Liège Luxembourg à Arlon .
La double fonction de Maître-assistante et de Maître de formation pratique me permet de créer au quotidien des liens entre les cours pratiques, méthodologiques et théoriques dont j’ai la charge : l’animation de groupe, les politiques sociales et la citoyenneté et les questions interculturelles et migratoires.
Forte de ma pratique professionnelle et de ma volonté d’effectuer des va-et -vient entre théorie et pratique, je souhaite continuer à réfléchir et enrichir ma pratique pédagogique au service des travailleurs sociaux de demain


Communication complète

L’expérimentation pédagogique concerne des étudiants de 1ère et 2ème bachelier assistant social soit environ 200 étudiants dans les cours d’interculturalités, politiques sociales et citoyenneté.































































































































Un nécessaire devoir de mémoire pour mieux comprendre les enjeux actuels du vivre ensemble.































































































































La nécessité d’aborder la question de l’assignation identitaire et de mener un travail de mémoire s’est imposée à moi en cette année des 25 ans de commémoration du génocide rwandais. La majorité des étudiants n’étaient pas nés en 1994. Il m’a semblé primordial de les amener à développer une vision globale et pluridisciplinaire susceptible de les amener à mieux appréhender les enjeux actuels du vivre ensemble. Le point de départ fut l’organisation d’une conférence de Jacques Roisin en avril 2019. Docteur en psychologie, psychanalyste et auteur de l’ouvrage « Dans la nuit la plus noire se cache l’humanité », Jacques Roisin s’est rendu au Rwanda plusieurs années de suite afin de recueillir les témoignages de vingt Hutus qui ont sauvé des Tutsis lors du génocide. Il a présenté aux étudiants les différentes formes d’oppositions au génocide rencontrées au Rwanda, le contexte historique de la fanatisation et de la haine anti-Tutsis.































































































































De cette conférence, diverses questions ont émergé chez les étudiants. Quels sont les différents mécanismes et les contextes qui ont favorisé dans l’Histoire et qui favorisent encore l’émergence de la fanatisation, de la haine de l’autre poussant des peuples au génocide ? Quelles leçons peut-on tirer de l’Histoire ? Comment dépasser la violence de l’assignation identitaire, les formes de stigmatisations, d’exclusions qui en découlent ?































































































































La démarche interculturelle : de la déconstruction des stéréotypes à la promotion des valeurs du vivre ensemble. D’avril à juin, nous avons analysé avec les étudiants de 1ère année le mécanisme de l’assignation identitaire.































































































































Dans un 1er temps, l’assignation identitaire et différents concepts liés (Antisémitisme, Islamophobie, Racisme (anti-noirs et antitziganisme), Homophobie, Sexisme, Stéréotypes et préjugés, Discriminations) ont été analysés d’un point de vue théorique comme autant d’obstacles au vivre ensemble.































































































































Dans un 2ème temps, la démarche interculturelle, ses valeurs, ses principes et ses étapes ont été abordés comme leviers au vivre ensemble.































































































































Dans un 3ème temps, les étudiants ont été amenés à s’approprier les concepts liés à l’assignation identitaire, à déconstruire les stéréotypes et à appliquer les acquis théoriques et méthodologiques de la démarche interculturelle. Concrètement, sur base d’un concept vu en cours, les étudiants ont réalisé en sous-groupes une capsule vidéo de sensibilisation ayant pour objectif la promotion du vivre ensemble et de ses valeurs. La compréhension et l’appropriation des concepts, la pertinence du contenu de la vidéo et la créativité relative aux moyens d’expressions utilisés ont été évalués. A l’issue de cet exercice et de la présentation des vidéos, les étudiants ont élu, par concept, les capsules les plus pertinentes et les plus originales de leur promotion.































































































































L’approche centrée sur le pouvoir d’agir au service de la lutte contre les inégalités et pour la défense des droits des minorités. Dans l’approche centrée sur le Développement du Pouvoir d’Agir (DPA) le travailleur social est amené à abandonner sa posture d’expert pour prendre en considération les forces et les potentialités de la personne ou de la collectivité concernée par l’intervention. A travers cet axe, nous avons travaillé sur le développement du pouvoir d’agir tant des futurs professionnels que des personnes et des groupes victimes de stigmatisation et d’exclusion.































































































































L’appropriation, par les étudiants, de l’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités est susceptible d’élargir leur vision de la profession.































































































































Dans cette optique, en avril et mai, deux journées participatives axées sur la thématique « Racisme, sexisme et homophobie : contre les discriminations, pour l’égalité » ont été organisées à destination des étudiants assistants sociaux de 2ème année. Des partenaires associatifs et politiques locaux et des citoyens ont participé à ces journées.































































































































D’un point de vue théorique, les partenaires associatifs ont abordé les mécanismes communs à la base du racisme, du sexisme et de l’homophobie ; les manifestations d’hostilité et les types de discrimination, l’évolution du cadre légal en Belgique, la défense des droits des minorités et la nécessaire convergence des luttes contre les inégalités.































































































































Des citoyens impliqués dans le tissu associatif local sont venus témoigner des réalités vécues au quotidien et ont mis en évidence l’importance du droit à l’expression des personnes opprimées et la nécessité pour les travailleurs sociaux de s’allier avec les personnes contre les injustices.































































































































































































































































A l’issue de cette première journée, les étudiants ont réalisé un travail préparatoire au débat politique de clôture organisé en mai. Des mandataires politiques issus de quatre partis démocratiques et représentant différents niveaux de pouvoir étaient présents. En amont du débat, les étudiants répartis en sous-groupes se sont vu attribuer un parti à présenter et ont répondu aux questions suivantes : quelles sont les idées et les valeurs défendues par le parti? Quelle est leur vision de la diversité et de l’inclusion des identités et appartenances multiples au sein de la société ? Dans le programme du parti et en vue des prochaines échéances électorales, quelles sont les propositions formulées pour lutter contre les inégalités et défendre les droits des minorités ?































































































































A l’issue du débat politique et forts des apports théoriques et des témoignages d’associations et de citoyens, les étudiants ont réalisé un travail individuel réflexif et argumentatif visant à développer leur futur pouvoir d’agir professionnel : quels sont les leviers culturels, sociaux, législatifs et politiques pour lutter contre les différents types de discriminations ? En tant que futurs travailleurs sociaux, quelles sont vos propositions, vos pistes d’action pour une meilleure inclusion de la diversité dans la société ?































































































































































































































































L’ancrage dans le tissu associatif et culturel local comme vecteur de sensibilisation citoyenne et d’éducation permanente.































































































































A moyen et long terme, des pistes d’action et d’évolution de l’expérience pédagogique sont à développer. L’idée est de mobiliser les étudiants à agir au niveau local, sur un territoire donné en se connectant au réseau associatif et culturel local, actif dans le domaine de la lutte contre les inégalités, la défense des droits des minorités et la promotion du dialogue interculturel.































































































































Cette mobilisation des étudiants, futurs professionnels de terrain, pourrait s’ancrer dans l’organisation d’une journée voire une semaine interdisciplinaire consacrée au vivre ensemble dans ses multiples facettes (culturelle, sociale, politique, éthique et religieuse).































































































































En partenariat avec le tissu associatif et culturel local, l’événement pourrait être organisé à la fois sur le campus et dans différents lieux identifiés au niveau local.































































































































La journée pourrait s’articuler autour de réalisations d’étudiants (capsules vidéo), de conférences d’experts, de tables rondes réunissant des professionnels de terrain et en guise de clôture une pièce de théâtre ou de théâtre-action abordant la thématique.































































































































Pour conclure, la démarche interculturelle et le développement du pouvoir d’agir sont des puissants leviers pour travailler le vivre ensemble au sein des contenus de la formation.































































































































Faire l’expérience de son propre pouvoir d’agir en tant que citoyen et futur travailleur social, est fondamental pour le promouvoir, par la suite auprès des personnes et des groupes concernés. En tant qu’enseignants et formateurs des travailleurs sociaux de demain, notre responsabilité est de stimuler, dans le cursus de formation, le pouvoir d’agir de futurs professionnels conscientisés et informés, outillés et engagés, ayant le souci constant d’améliorer leurs pratiques.

Résumé en Anglais


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