Fiche Documentaire n° 5470

Titre Situation des personnes migrantes LGTBI* installées à Barcelone. Évaluation des besoins et conception de propositions d'intervention

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l'auteur principal

Auteur(s) BOIXADOS PORQUET ADELA
CHAGAS LEMOS eveline
QUIROGA RAIMUNDEZ VIOLETA
 
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Situation des personnes migrantes LGTBI* installées à Barcelone. Évaluation des besoins et conception de propositions d'intervention

L’objectif de cette communication est de présenter les résultats de la première phase d’un travail de recherche visant à connaître la situation sociale des personnes LGTBI* migrantes installées à Barcelone et à Toulouse, dans le but de lutter contre les discriminations et d’améliorer l’inclusion. Ce travail a été réalisé en collaboration avec l'association catalane Acathi et des entités toulousaines qui travaillent à la défense de ce collectif. Cette recherche a été rendue possible grâce au projet européen transfrontalier ProspecTsaso qui s’inscrit dans l’axe 5 du Programme Opérationnel de Coopération Territoriale Espagne-France-Andorre 2014-2020 (Interreg - POCTEFA) ayant pour but de renforcer les compétences et l’inclusion au sein des territoires.
La situation des personnes LGTBI* est très variable selon les pays : les uns sont caractérisés par le respect et des législations protectrices de la diversité sexuelle quand les autres au contraire, violent clairement les droits de l'Homme les plus fondamentaux (CEAR, 2015 ; Amnesty International, 2009). Le déplacement vers d'autres territoires à la recherche d'un plus grand respect a souvent été une caractéristique des personnes appartenant à des minorités sexuelles. Cela a souvent permis à ces personnes de reconstruire leur vie et de trouver, du fait de leur rejet social élevé, un environnement plus anonyme, loin de la pression dont elles pouvaient être les victimes dans leur territoire d'origine. Il est nécessaire de réfléchir au rôle du travail social car, comme le dit Aguilar (2004), « les flux migratoires internationaux et le fait que notre pays en soit récepteur ont considérablement modifié le contexte d'intervention du travailleur social, qui est incontestablement de nature multiculturelle et multiethnique ». De plus, il faut souligner l'invisibilité des mouvements migratoires LGTBI* dans un contexte où les stéréotypes et les rumeurs comblent l’absence d'information (Araneda, 2011). La Fédération internationale des travailleurs sociaux (IFSW, 2014) reconnaît le risque accru de vulnérabilité, d'oppression et de marginalisation des personnes ayant une identité sexuelle, une orientation sexuelle ou une expression de genre différentes de la norme sociale.
La méthodologie utilisée dans cette première phase de l’étude a été de nature qualitative et a consisté en 20 entretiens de personnes LGTBI réfugiées à Barcelone participant à l’association Acathi. Les personnes interrogées avaient entre 23 et 83 ans et étaient arrivées entre 2013 et 2016. 60% venaient d'Amérique latine, 20% d'Afrique et 20% de l’Europe extra-communautaire. 50% avaient un niveau d’études supérieures. Plus de la moitié avait un emploi au moment de l'entretien.
L'analyse des réponses révèle que ce collectif subit plusieurs niveaux de discrimination qui interagissent entre eux, ce qui génère de nouvelles inégalités qui agissent de manière indépendante des différents facteurs qui les génèrent. Face à la situation de discrimination et de violence subie dans leurs pays d'origine, 85% des personnes participant à l'étude ont déclaré avoir pris la décision d'entreprendre un projet de migration pour fuir l'homophobie et la transphobie. 50% ont déclaré avoir été victimes dans leur pays d'origine d'une situation de discrimination en raison de leur sexualité ou de leur identité de genre.
À leur arrivée à Barcelone, la plupart des réfugiés LGBTI* qui ont participé à l’étude ont pu vivre leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leurs préférences sexuelles de façon plus libre, ce qui a impliqué pour eux de se sentir plus en sécurité et de connaître une amélioration de leurs conditions sociales. Les personnes LGTBI* participantes ont déclaré bénéficier du soutien de différentes entités sociales comme Acathi.

Bibliographie

Aguilar Idáñez, M.J. (2004). Trabajo social intercultural: una aproximación al perfil del trabajador social como educador y mediador en contextos multiculturales y multiétnicos. Portularia: Revista de Trabajo Social, Vol.4, págs., 153-160

Amnistia Internacional (2009). Estado actual de las violacions de los Derechos Humanos por causa de orientación sexuale identidad de genero a nivel mundial.

Araneda, R. (2011). Una visió completa de la diversitat: Situació dels immigrants LGTBI. Nous Horitzons, 203, 42-49

CEAR (2015). Discriminación y persecución por orientación sexual e identidad de genero. El camino hacia una vida digna.

Présentation des auteurs

Adela Boixadós, sociologue et professeure de Travail Social à l’Université de Barcelone. Groupe de recherche et d’innovation en travail social (GRITS). Ecole de travail social - Université de Barcelone


Josep Maria Mesquida, diplômée en Travail Social, Docteur par l?université de Barcelone et professeur de Travail Social à l'Université de Barcelona.Groupe de recherche et d’innovation en travail social (GRITS). Ecole de travail social - Université de Barcelone

Communication complète

Axe 2. La lutte contre les inégalité et défense des droits des minorités,



Titre de la proposition :

Situation des personnes migrantes LGBTI* installées à Barcelone. Évaluation des besoins et conception de propositions d'intervention.



Auteurs :

 Adela Boixadós-Porquet, et Josep Maria Mesquida González, Groupe de recherche et d’innovation en travail social (GRITS). Ecole de travail social - Université de Barcelone.



1. Introduction

L’objectif de cette communication est de présenter les résultats de la première phase d’un travail de recherche visant à connaître la situation sociale des personnes LGBTI* migrantes installées à Barcelone et à Toulouse, dans le but de lutter contre les discriminations et d’améliorer l’inclusion. Ce travail a été réalisé en collaboration avec l'association catalane Acathi et des entités toulousaines qui travaillent à la défense de ce collectif. Cette recherche a été rendue possible grâce au projet européen transfrontalier ProspecTsaso qui s’inscrit dans l’axe 5 du Programme Opérationnel de Coopération Territoriale Espagne-France-Andorre 2014-2020 (Interreg - POCTEFA) ayant pour but de renforcer les compétences et l’inclusion au sein des territoires.



La situation des personnes LGBTI* est très variable selon les pays : certains pays sont caractérisés par le respect et des législations protectrices de la diversité sexuelle quand d’autres, au contraire, violent clairement les droits de l'Homme les plus fondamentaux (CEAR, 2015 ; Amnesty International, 2009). Le déplacement vers d'autres territoires à la recherche d'un plus grand respect a souvent été une caractéristique des personnes appartenant à des minorités sexuelles.



Deux facteurs déclencheurs principaux expliquent le phénomène migratoire : le facteur économique et la vulnération des droits et des libertés. Qu’est-ce qui pousse le collectif LGBTI* à la migration ? Bien qu’il puisse exister des doutes sur les causes (émigrer pour améliorer la situation ou pour survivre), les auteurs mentionnent généralement la persécution dans le pays d’origine comme principal facteur du fait migratoire (Hopkinson, 2017 ; Karban, 2015 ; Yue 2013)



2. Le pays d’accueil et ses contradictions

Si pour la migration en général, au-delà du seul collectif LGBTI*, les auteurs mentionnent une perte de statut durant la transition migratoire (Achotegui, 2007), un phénomène inverse peut être détecté lorsqu’on s’intéresse spécifiquement au collectif LGBTI*. Dans le cas de l’Espagne, l’accès du collectif LGBTI* à travers le refuge (Braga do Nascimiento, 2017) permet une meilleure adaptation sociale.



En ce qui concerne l’expérience des personnes qui ont migré, Bennet (2013) relève l’effet de la liberté sexuelle comme expérience positive vécue dans le pays d’arrivée ; Stella (2017) mentionne l’idée de sécurité et de vie normale pour les personnes LGBTI*.



Il est évident que bien qu’arrivant dans des pays offrant un plus grand développement des libertés individuelles, les personnes LGBTI* doivent affronter un double niveau de discrimination existant dans le pays d’accueil dans la mesure où la qualité de migrant et une orientation sexuelle hétéronormative peuvent encore être motifs de discrimination dans la plupart des pays occidentaux (Adur, 2018 ; Moore, 2016 ; Östlun, 2016)



3. L’activisme en faveur des personnes réfugiées LGBTI* : un facteur de protection

L’action sociale en faveur des personnes LGBTI inclut aussi bien les actions professionnelles réalisées dans le cadre des services sociaux que celles menées à bien par les organisations sociales non gouvernementales ou du tiers secteur. Dans le premier cas, la prestation de service à la population réfugiée o demandeuse de protection internationale est sujette au niveau limité de couverture, conséquence des politiques d’austérité appliquées ces dernières décennies. L’aide sociale apportée par les entités a donc une importance capitale, que ce soit pour sa fonction de subsidiarité aux systèmes de protection institutionnels que sa proximité et sa capacité de réponse.



Dans ce contexte, l’activisme LGBT inclut dans ses programmes l’action en faveur de ces personnes. Comme l’indique Monferrer (2010), la protection internationale est en train de préfigurer un nouveau cadre de mobilisation dans une dynamique semblable à celle à l’œuvre avec le travail en faveur de la diversité familiale, l’éducation, la décentralisation territoriale et l’aide aux personnes âgées LGBTI.



4. Le travail social avec les personnes LGBT* réfugiées ou demandeuses de protection internationale

Il n’y a pas en Espagne une grande tradition de travail social en faveur des personnes LGBTI*. C’est à partir des années 80 et 90 qu’a commencé à se développer le travail social dans le domaine de la diversité sexuelle à partir des actions réalisées auprès des personnes affectées par le VIH. L’embauche de travailleurs et travailleuses sociales dans des organisations et l’apport de financements publics et privés spécifiquement destinés à la population LGBTI* permet d’offrir orientation, soutien et aide individuelle aux personnes de ce collectif. A Barcelone, le travail spécifique en faveur du collectif de personnes réfugiées LGBTI* est seulement le fait de l’association ACATHI alors que les services sociaux de la ville n’ont pas développé de ligne spécifique de travail en ce sens.



5. Premiers résultats

La méthodologie utilisée dans la première phase de l’étude est qualitative et a consisté en la réalisation de 20 entretiens avec des personnes LGBTI* réfugiées impliquées dans l’association ACATHI. Les personnes interviewées ont entre 23 et 83 ans et sont arrivées à Barcelone entre 2013 et 2016. 60% d’entre elles proviennent d’Amérique latine, 20% d’Afrique et 20% de l’Europe extracommunautaire. 50% ont un niveau d’études supérieures. Plus de la moitié avaient un emploi au moment de l’entretien.



Les résultats montrent que ce collectif subit différents types de discrimination qui interagissent entre eux et génèrent ainsi de nouvelles inégalités à l’œuvre de manière indépendante. Face à la situation de discrimination et de violence dans leur pays d’origine, 85% des personnes participants à l’étude expliquent qu’elles prirent la décision d’entreprendre un projet migratoire pour fuir l’homophobie et la transphobie. 50 % ont expliqué avoir vécu des situations de discrimination à cause de leur sexualité ou d’identité de genre dans leur pays d’origine.



A leur arrivée à Barcelone, la plupart des personnes LGBTI* réfugiées qui ont participé à l’étude ont vécu de façon plus libre leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur préférence sexuelle, ce qui leur a permis de se sentir plus sûres et de voir s’améliorer leur condition sociale. Les personnes LGBTI* de l’étude ont expliqué qu’elles avaient le soutien de différents acteurs sociaux comme l’association ACATHI.



6. Références

Achotegui, J.(2007). El síndromoe del inmigrante con estrés crónico y multiple: El Sindrome de Ulises. A Talarn, A. (coord.), Globalización y Salud Mental (p.487-524). Barcelona: Herder



Adur, S. M. (2018). In pursuit of love: ‘Safe passages’, migration and queer South Asians in the US. Current Sociology, 66(2), 320–334. https://doi.org/10.1177/0011392117736305



Amnesty Internacional (2009). Estado actual de las violaciones de los Derechos Humanos por causa de orientación sexual e identidad de género a nivel mundial.



Bennett, C., & Thomas, F. (2013). Seeking asylum in the UK: lesbian perspectives. Forced Migration Review, (42), 25–28. Retrieved from https://ezp.sub.su.se/login?url=http://search.ebscohost.com/login.aspx?direct=true&db=aph&AN=87468936&site=eds-live&scope=site



Braga Nascimento, D., Haas, E. De, & Camineiro Baggio, R. (2017). Migration due to sexual orientation and gender identity. Revista Do Direito. UNISC, 1(51), 58. https://doi.org/10.17058/rdunisc.v1i51.9442



CEAR (2015). Discriminación y persecución por orientación sexual e identidad de genero. El camino hacia una vida digna.



Hopkinson, R. A., Keatley, E., Glaeser, E., Erickson-Schroth, L., Fattal, O., & Nicholson Sullivan, M. (2017). Persecution Experiences and Mental Health of LGBT Asylum Seekers. Journal of Homosexuality, 64(12), 1650–1666. https://doi.org/10.1080/00918369.2016.1253392



Karban, K., & Sirriyeh, A. (2015). LGBT asylum seekers and health inequalities in the UK. In J. Fish & K. (Eds. . Karban (Eds.), Lesbian, Gay, Bisexual and Trans Health Inequalities. Bristol: Policy Press. https://doi.org/10.1093/bjsw/bcs140



Monferrer, J. M. (2010). Identidad y cambio social: transformaciones promovidas por el movimiento gay/lesbiano en España. Egales Editorial.



Moore, A. R. (2016). Inclusion and Exclusion: A Case Study of an English Class for LGBT Learners. TESOL Quarterly, 50(1), 86–108. https://doi.org/10.1002/tesq.208



Östlund, R. (2016). “I had some problems back home with a big group of people and it was not safe for me there anymore so I had to run away” How LGBT asylum seekers move. Stockholm University.



Stella, F., Flynn, M., & Gawlewicz, A. (2017). Unpacking the Meanings of a ‘Normal Life’ Among Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Eastern European Migrants in Scotland. Central and Eastern European Migration Review, (July), 1–18. https://doi.org/10.17467/ceemr.2017.16



Yue, A. (2013). Lesbian, gay, bisexual, transgender (LGBT) migration. In I. (Ed. . Ness (Ed.), The Encyclopedia of Global Human Migration (pp. 1–6). Oxford, UK: Blackwell Publishing Ltd. https://doi.org/10.1002/9781444351071.wbeghm344

Résumé en Anglais

The purpose of this communication is to present the results of the first phase of an investigation that seeks to know the social situation of LGTBI * migrants in Barcelona and Toulouse with the aim of fighting against discrimination and facilitating inclusion. It has been carried out with the collaboration of the Catalan Association Acathi, in the Catalan case and with other entities dedicated to the defense of the collective in Toulouse. This research has been carried out thanks to the ProspecTsaso Project of the Operational Program of Territorial Cooperation Spain-France-Andorra 2014-2020.



The international situation of LGTBI people * is very diverse. There are realities characterized by the respect and protective legislation of sexual diversity with other situations that clearly violate the most basic human rights (CEAR, 2015, Amnesty International, 2009). The displacement to other territories seeking greater respect has often been a characteristic feature of people who are part of sexual minorities.



Two triggering factors explain the migration phenomenon: the economic factor and the violation of rights and freedoms. What pushes the LGBTI collective to migration? Although there may be doubts about the causes (emigrate to improve the situation or survive), the literature generally mentions the persecution in the countries of origin as the main trigger for the emigration of this group ((Hopkinson, 2017; Karban, 2015; 2013)