Fiche Documentaire n° 5476

Titre Mobiliser une communauté territoriale en situation d'exclusion: Pistes pour le développement de nouvelles avenues communicationnelles

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Auteur(s) Ledoux Julie  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Mobiliser une communauté territoriale en situation d'exclusion: Pistes pour le développement de nouvelles avenues communicationnelles

Cette proposition de communication est le résumé d'un essai, résultat d’une démarche inductive de mobilisation territoriale en action communautaire. L'essai s’intéressait à de nouvelles avenues communicationnelles pour la mobilisation territoriale d’une communauté en situation d’exclusion, visant la transformation sociale. Le postulat de départ avançait que la prise en compte, dans l’intervention, des enjeux du territoire et des communications particulières à la communauté en situation d’exclusion, favorise sa mobilisation et en fait l’actrice principale de sa transformation sociale.

Suite à une expérience de stage d’intervention en organisation communautaire réalisée de septembre 2016 à mai 2017, au sein de l’organisme Parole d’excluEs, dans le Nord-Est de Montréal-Nord, et en utilisant certains outils de l’empowerment communautaire, des pratiques communicationnelles ont été analysées, pour mieux comprendre l’importance de cet aspect de l’intervention territoriale.

À partir de la situation d’une communauté territoriale jeune et vivant une situation d’exclusion, les conditions favorables et défavorables de la mobilisation ont été développées. Le besoin de se reconnaître et de se faire reconnaître, l’accompagnement, et la consolidation de la communauté sont des éléments centraux de la mobilisation de la jeune communauté, tandis que d’adapter les structures et le langage pourrait favoriser la rencontre entre les jeunes adultes d’un quartier et les organisations locales qui souhaitent travailler avec eux.

Enfin, parmi ces conditions, des pratiques communicationnelles relevant de la flexibilité, de l’instantanéité et de l’identité se révèlent être au coeur de la mobilisation d’une communauté territoriale jeune et en situation d’exclusion. Les technologies de l'information et de la communication (TIC), les lieux physiques et virtuels, les réseaux de la communauté, et les divers modes de communication, doivent ainsi être considérés par les intervenants dans leurs pratiques d’action communautaire territoriale.

Pour mobiliser une communauté territoriale, l’intervention doit dépasser les identités individuelles et collectives, pour développer une nouvelle appartenance identitaire envers le territoire (Caillouette et Morin 2007). Cette intervention permet de territorialiser la communauté et de motiver la création d’espaces symboliques d’appartenance et de reconnaissance entre les membres de la communauté affichant sa territorialité.

De plus, les interventions qui font émerger un leadership local et des acteurs sachant mobiliser des ressources internes et externes offrent la possibilité à une communauté de développer son sentiment d’appartenance et de se mobiliser (Klein et Champagne, 2011). La présence d’instances favorisant la concertation et la collaboration, tout comme la définition collective d’objectifs pour le développement de la communauté, et la création d’une conscience territoriale et d’identités positives, favorisent l’appartenance, la reconnaissance et l’engagement des acteurs d’une communauté et la territorialisation de cette dernière (Caillouette et Morin, 2007; Klein et Champagne, 2011).

Il fut postulé, en ouverture de cet essai, que pour parvenir à mobiliser une communauté territoriale, il convenait de prendre en compte les enjeux du territoire et les communications particulières de sa population. Dans le cas de l’intervention qui a mené à cet essai, dans le Nord-Est de Montréal-Nord, les communications à prendre en compte furent celles d’une communauté particulièrement jeune, composée d’une grande population immigrante. Ces communications ont modifié les structures d’intervention, pour ajouter des dynamiques d’instantanéité, de rapidité, d’extimité et de proximité (Balleys, 2015; Dagnaud, 2011; Tisseron, 2011).

Et bien que l’importance des nouvelles technologies fut remarquable, une présence terrain accrue et des rencontres face à face permettent de mieux comprendre les enjeux et les populations présents dans la communauté. Enfin, développer un langage commun et un espace symbolique où intervenants et acteurs de la communauté se rejoignent, favorise la territorialisation de la communauté et, par la suite, la mobilisation territoriale de celle-ci.

Puisque l’intervention se déroulait en contexte multiculturel et que les communications furent au coeur de la mobilisation des acteurs, il est probable que la communication interculturelle soit une perspective à considérer pour la mobilisation d’une communauté territoriale dans ce contexte. L’intersectionnalité des pratiques est ici à considérer puisque l’intervenant est appelé à travailler, dans ce cas-ci, en intervention collective avec une communauté jeune, racisée, dans un territoire en marge.

Les savoirs sur la mobilisation collective territoriale des jeunes en contexte d’exclusion sont donc à développer et consolider dans une pratique d’intervention territoriale, et le savoir des jeunes eux-mêmes - donc de la majorité de la communauté - est à valoriser. Ces savoirs gagnent à être transmis pour développer des mécanismes et des passerelles entre les divers acteurs d’une communauté, pour valoriser la territorialité et la création d’espaces communs.

Bibliographie

Balleys, C. (2015). Grandir entre adolescents : À l’école et sur internet. Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes. 140 pages.

Caillouette, J. et Morin, P. (2007). « Chapitre 8 - Organisation communautaire et territoire : L’expérience d’un quartier de Sherbrooke », dans Bourque, D. et al. (dir.), L’organisation communautaire: Fondements, approches et champs de pratique, p. 141-152. Québec: Les Presses de l’Université du Québec.

Dagnaud, M. (2011). « Introduction » dans Génération Y: Les jeunes et les réseaux sociaux, de la dérision à la subversion. Paris: Presses de la Fondation nationale des sciences politiques. 210 p.

Heck, I., René, J.-F. et C. Castonguay. (2015). Étude sur les besoins et aspirations des citoyens du Nord-Est de Montréal-Nord, Montréal, Cahiers du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), Collection « Études de cas », n° ES1503. 126 pages.

Klein, J.-L., Champagne, C. (dir.) (2011). Initiatives locales et lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Québec: Les Presses de l’Université du Québec. 325 pages.

Tisseron, S. (2011). « Intimité et extimité », Communications, n° 88, p. 83-91.

Présentation des auteurs

Intervenante sociale en communauté auprès des familles du quartier Côte-des-Neiges, à Montréal (Canada), Julie Ledoux est détentrice d'une maîtrise en littératures de langue française de l'Université de Montréal et d'une maîtrise en travail social de l'Université du Québec à Montréal. Elle a oeuvré dans le milieu journalistique culturel pendant plus de dix ans avant d'effectuer un changement de carrière et de se diriger vers l'intervention sociale.

Communication complète

Les pratiques de l’organisation communautaire se renouvellent et c’est vers la mobilisation territoriale qu’elles semblent se diriger. L’intérêt pour ce type de pratique en travail social n’est pas étranger à l’intervention menée à Montréal-Nord, en 2016-2017, dans le cadre d’un stage de maîtrise en travail social de l’UQÀM.



Il existait un besoin dans le secteur de Montréal-Nord (Montréal, Québec, Canada) de renouveler les pratiques de mobilisation territoriale auprès des jeunes et un manque de ressources et de connaissances dans ce contexte était notable, selon l’organisme Parole d’excluEs (PE), où l’intervention s’est ancrée. 



Il apparaissait pertinent, dans cette intervention, de mettre aussi l’accent sur un objectif de transformation des représentations sociales des jeunes du quartier et du territoire lui-même, pour tenter de défaire certains mécanismes d’exclusion. 



Mobilisation territoriale et coconstruction



La mobilisation citoyenne en action communautaire et à Montréal-Nord vit quelques difficultés, à l’heure actuelle. Des enjeux liés à la participation sont fréquemment remarqués, tout comme des enjeux d’appropriation des territoires de mobilisation (Montréal-Nord en santé, 2014; Heck, René et Castonguay, 2015; Caillouette et Morin, 2007).



Le contexte particulier à Montréal-Nord, soit celui d’un manque du côté des alliances et des collaborations entre les organisations du secteur, et des préjugés dont sont victimes les résidents du quartier et le territoire lui-même (Heck, René et Castonguay, 2015; Montréal-Nord en santé, 2014; Chevalier et Lebel, 2009), présente un terrain fertile pour mieux comprendre les conditions de la mobilisation territoriale et renouveler les pratiques. 



La situation des jeunes est l’un des défis qui ressortent de l’Étude sur les besoins et aspirations des citoyens du Nord-Est de Montréal-Nord (Heck, René et Castonguay, 2015). Il s’agit d’un des quatre grands défis relevés dans l’étude et qui s’arriment à ceux des préjugés et discriminations, du vivre ensemble, ainsi que des conditions de vie et de la pauvreté. 



Selon l’étude, la situation des jeunes se retrouve au centre des préoccupations des citoyens du secteur, tant lorsqu’il est question des relations entre citoyens que de la sécurité, de l’éducation ou encore des ressources et des services du quartier (Ibid.). Il ne s’agit pas de concentrer les efforts sur des citoyens d’une catégorie d’âge uniquement, mais plutôt de voir comment la situation des jeunes affecte tous les citoyens du quartier, dans l’ensemble. 



La nécessité de consulter les jeunes adultes du territoire pour mettre sur pied des activités et des programmes s’impose comme une voie à emprunter, particulièrement s’il est considéré, que « de pari sur l’avenir, de réserve d’énergie, de force d’innovation et de proposition, la jeunesse est devenue une frange de la population sur laquelle planent des doutes quant à sa capacité à s’accrocher à la société, à trouver sa place et dont on limite les possibilités de peser concrètement sur les orientations de la vie collective » (Moriau, 2011: 28).



Il s’avère donc pertinent de coconstruire des projets en collaboration avec les jeunes eux-mêmes qui sont les premiers concernés par leur situation, d’autant plus qu’ils expriment une fierté et un attachement face à leur quartier, et leur voisinage (Montréal-Nord en santé, 2014). 



Ce travail peut s’effectuer par le croisement des savoirs, processus de coconstruction où on « s’expos[e] au savoir et à l’expérience de l’autre […]. L’enjeu n’est pas seulement une meilleure compréhension réciproque, mais également la mise en œuvre d’une démarche permanente de démocratie participative au sein de laquelle les personnes en situation de pauvreté seraient acteurs à part entière » (ATD Quart Monde, 2006: 4).



L’approche de mobilisation territoriale des jeunes citoyens permettrait donc d’effectuer une évaluation des besoins et de remettre entre les mains de cette communauté l’élaboration du projet qui les intéresse. Les résultats de l’étude de besoins et aspirations (Heck, René et Castonguay, 2015) confirment aussi que la prise en compte des intérêts, parcours et goûts des jeunes deviendrait un incitatif à la participation et la mobilisation. 



Deux groupes pour mieux comprendre et se comprendre



L’intervention que nous avons réalisée s’inscrit dans un contexte particulier où la difficulté à mobiliser les jeunes sur des projets communautaires est jumelée à une multiplicité d’organismes présents sur le territoire, mais qui collaborent peu entre eux. Il existe donc une limite aux alliances créées et mises en place. 



De plus, puisque la population du Nord-Est est jeune et fréquemment exclue par les préjugés entourant le quartier de résidence et de fréquentation (violence, pauvreté, corruption, racisme, etc.) (Heck, René et Castonguay, 2015), il convient de penser que, pour mobiliser la communauté sur le territoire, il importe de mobiliser les jeunes de 30 ans et moins, qui constituent presque la moitié de la population du Nord-Est de Montréal-Nord.



Par conséquent, l’un des objectifs du projet était d’amener les organisations locales à collaborer ensemble, dans le cadre d’un Groupe de travail sur la situation des jeunes (GT), mais aussi d’amener les jeunes à se mobiliser sur des projets communautaires territoriaux qui les concernent, par le biais de Staff Lapierre. Ainsi, dans le cadre du stage d’intervention, deux groupes ont donc été accompagnés au cours de la période allant de septembre 2016 à mai 2017.



Premièrement, nous souhaitions développer l’accompagnement d’un groupe de travail sur la situation des jeunes du Nord-Est de Montréal-Nord. Rassemblant des organisations partenaires du secteur, tant institutionnelles que communautaires, ce groupe visait à initier une collaboration entre organisations dans le but de développer une réflexion et des actions sur la situation des jeunes.



En second lieu, l’intervention visait l’accompagnement d’un groupe de jeunes adultes du Nord-Est de Montréal-Nord, nommé Staff Lapierre. Ce groupe s’est fondé à l’été 2016 avec la mise sur pied de l’événement Rue Festive, dont le but était de créer un événement rassembleur par et pour les jeunes du quartier, et d’effectuer une collecte de données sur leurs besoins et aspirations.



Perspectives communicationnelles



À partir de la situation d’une communauté territoriale jeune et vivant une situation d’exclusion, les conditions favorables et défavorables de la mobilisation ont été développées. Le besoin de se reconnaître et de se faire reconnaître, l’accompagnement, et la consolidation de la communauté sont des éléments centraux de la mobilisation de la jeune communauté, tandis que d’adapter les structures et le langage pourrait favoriser la rencontre entre les jeunes adultes d’un quartier et les organisations locales qui souhaitent travailler avec eux, et ainsi, améliorer le vivre ensemble dans la communauté. 



Parmi ces conditions, des pratiques communicationnelles relevant de la flexibilité, de l’instantanéité et de l’identité se révèlent être au coeur de la mobilisation d’une communauté territoriale jeune et en situation d’exclusion. Les technologies de l'information et de la communication (TIC), les lieux physiques et virtuels, les réseaux de la communauté, et les divers modes de communication, doivent ainsi être considérés par les intervenants dans leurs pratiques d’action communautaire territoriale.



Pour mobiliser une communauté territoriale, l’intervention doit dépasser les identités individuelles et collectives, pour développer une nouvelle appartenance identitaire envers le territoire (Caillouette et Morin 2007), un pas vers l’amélioration du vivre ensemble de la communauté. Cette intervention permet de territorialiser la communauté et de motiver la création d’espaces symboliques d’appartenance et de reconnaissance entre les membres de la communauté affichant sa territorialité. 



De plus, les interventions qui font émerger un leadership local et des acteurs sachant mobiliser des ressources internes et externes offrent la possibilité à une communauté de développer son sentiment d’appartenance et de se mobiliser (Klein et Champagne, 2011). La présence d’instances favorisant la concertation et la collaboration, tout comme la définition collective d’objectifs pour le développement de la communauté, et la création d’une conscience territoriale et d’identités positives, favorisent l’appartenance, la reconnaissance et l’engagement des acteurs d’une communauté et la territorialisation de cette dernière (Caillouette et Morin, 2007; Klein et Champagne, 2011). 



Il fut postulé, en ouverture de cette communication, que pour parvenir à mobiliser une communauté territoriale, il convenait de prendre en compte les enjeux du territoire et les communications particulières de sa population. Dans le cas de l’intervention qui a mené à cet essai, dans le Nord-Est de Montréal-Nord, les communications à prendre en compte furent celles d’une communauté particulièrement jeune, composée d’une grande population immigrante. Ces communications ont modifié les structures d’intervention, pour ajouter des dynamiques d’instantanéité, de rapidité, d’extimité et de proximité (Balleys, 2015; Dagnaud, 2011; Tisseron, 2011). 



Et bien que l’importance des nouvelles technologies fut remarquable, une présence terrain accrue et des rencontres face à face permettent de mieux comprendre les enjeux et les populations présents dans la communauté. Enfin, développer un langage commun et un espace symbolique où intervenants et acteurs de la communauté se rejoignent, favorise la territorialisation de la communauté et, par la suite, la mobilisation territoriale de celle-ci, et le vivre ensemble au sein de la population et de la communauté. 

Résumé en Anglais


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