Fiche Documentaire n° 5505

Titre Etude de la vulnérabilité et de la résilience chez les enfants témoins des manifestations de Daesh.

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l'auteur principal

Auteur(s) MAALOUF Valérie  
     
Thème Accompagnement d’un groupe d’enfants témoins directs ou indirect des invasions de Daesh.  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Etude de la vulnérabilité et de la résilience chez les enfants témoins des manifestations de Daesh.

Depuis le début de la crise syrienne en 2011, le Liban a accueilli plus de 1.500.000 déplacés syriens, parmi lesquels 810.000 enfants. Il compte également quelque 350.000 déplacés palestiniens, 6000 déplacés Irakiens et 50.000 libanais retournant de la Syrie.

Notre recherche a pour objectif d’étudier les conséquences des situations de vie particulièrement éprouvantes sur le plan psychologique, éducatif et social pour un groupe de 50 enfants déplacés de guerre, âgés entre 12 et 17 ans à travers des entretiens semi-directifs. Témoins directs ou indirects des manifestations de Daesh, ces 50 enfants sont accueilli au sein des centres socio-éducatifs implantés à Beyrouth, qui les préparent à l’inclusion scolaire formelle d’après les plans d’actions "Reaching All Children with Education - RACE ” du Ministère de l'Éducation et de l'Enseignement Supérieur.

Les enfants accompagnés se trouvent parfois sans le vouloir dans une impasse éducative, affrontent des difficultés des apprentissages et souffrent des troubles des relations et/ou de la socialisation dans la communauté d’accueil. C’est une situation vulnérable qui a mobilisé des partenaires à multiplier leurs efforts afin de favoriser la résilience des enfants déracinés qui ont vécu beaucoup d’épreuves en fuyant la mort dans leurs pays.

Dans cette recherche, il s’agit d’analyser l’impact socio-éducatif de cette guerre sur des mineurs, d’explorer les processus de vulnérabilité et de résilience qui en découlent et de citer les dispositifs d’accompagnement qui sont susceptibles de favoriser les processus résilients. Nous voulons mettre en évidence la portée traumatique des événements vécus dans le pays d'origine ensanglanté, où les enfants ont été témoins aux conflits armés, aux terrorismes, à la violence des bombes, où ils ont connu la faim et la soif, la terreur et l’angoisse.

Donc, il s’agit d’exposer le contexte de l'étude, le cadre théorique travaillé, le déroulement des entretiens et les facteurs de résilience identifiés à travers l’étude de deux cas.

Bibliographie

UNICEF, https://www.unicef.be/fr/unicef-au-liban/ publié le 25-09 -2018
IRIN, http://www.irinnews.org/fr/report/99599/ publié le 3 FEVRIER 2014
Lebanon Crisis Response Plan 2015-16, year two; UNHCR registration data, July 2016
Ministère de l'Éducation et de l'Enseignement Supérieur, « Reaching All Children with Education: RACE II (2017-2021) » August 2016
Anaut, Marie. « L'école peut-elle être facteur de résilience ? », Empan, vol. no 63, no. 3, 2006, pp. 30-39
Anaut, Marie. "Psychologie de la resilience" - Armand Colin - 2015
Cyrulnik, Boris. "Les Vilains petits canards" - Odile Jacob

Présentation des auteurs

MAALOUF HASSOUN Valérie, Doctorante en Sciences de L’Education,
Université Lyon2, laboratoire CRPPC, France.
maaloufvalerie@gmail.com

ANAUT Marie, Professeure de psychologie et Sciences de l’Education,
Université Lyon2, laboratoire CRPPC, France.
marie.anaut@univ-lyon2.fr

Communication complète





Depuis le début de la crise syrienne en 2011, le Liban a accueilli plus de 1.500.000 déplacés syriens, parmi lesquels 810.000 enfants. Le pays compte également quelque 350.000 déplacés palestiniens, 6000 déplacés Irakiens et 50.000 libanais revenant de Syrie. Témoins directs ou indirects des exactions de Daesh, les enfants sont accueillis au Liban par des instances locales et internationales, dont l’objectif est de les préparer à l’inclusion scolaire formelle et informelle(Unicef 2018), selon le plan d’action du "Reaching All Children with Education - RACE ” du Ministère de l'Éducation et de l'Enseignement Supérieur du Liban. Beaucoup de ces enfants se trouvent dans une impasse éducative, présentant des difficultés d’apprentissage, mais aussi des troubles relationnels et/ou de la socialisation qui apparaissent dans la communauté d’accueil. Ces perturbations scolaires et psychologiques témoignent des traumatismes subis par ces enfants déracinés qui ont étés confrontés à la guerre et à la mort dans leurs pays d’origine.



Quel est l’impact de cette guerre sur des mineurs, quels sont les processus de vulnérabilité qui en découlent, et les ressources résilientes mobilisables ? Notre objectif est d’analyser les dispositifs d’aide qui leur sont proposés, en explorant les modalités d’accompagnement socio-éducatives spécifiques qui sont susceptibles de favoriser les processus résilients.



Dès septembre 2011, le Liban est le principal pays d’accueil du flux continuel des déplacés syriens et irakiens. Sur une superficie de 10452 km2 et une population 4,4 millions d'habitants, un habitant sur trois est une personne qui a fui son pays natal pour trouver refuge dans le pays des Cèdres(Casalone et Puig 2015). Ces chiffres, bien que souvent approximatifs, permettent au Haut-commissariat aux réfugiés HCR de qualifier le Liban de pays avec la plus haute concentration de réfugiés par habitants au monde(UNHCR 2015b). Notons que parmi ces déplacés 44% sont des enfants entre 3 et 18 ans, en âge scolaire, et 740 000 d’entre eux seraient âgés de moins de 11 ans(Boitiaux 2013) .



Après des années de cette guerre désastreuse, l’impact sur le Liban est très lourd. La question humaine a été à l’origine de mobilisations organisées par des organisations nationales en collaboration avec les principales Organisations Non Gouvernementales ONG internationales(Geisser 2013).



Une fois enregistrés auprès de l’HCR, les déplacés reçoivent une attestation leur permettant d’être résidents au Liban. De cette façon, les enfants ont accès à l’école, au système de santé et à toute aide délivrée en leur faveur. Nous devons préciser que le terme "déplacés" correspond à l’usage officiel, le Liban n’ayant jamais ratifié la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés(Naufal 2011).



Le gouvernement libanais, a pris le problème à bras-le-corps et des réseaux d’aide aux déplacés se sont constitués : le Haut Comité de Secours Libanais HCS , l’Unicef, plusieurs ONG libanaises caritatives et des associations syriennes emplantées dans le pays(Naufal 2011). Dans la même période, le Ministère libanais de l’Éducation nationale MEHE a mis en place un plan d’action afin de les préparer à l’inclusion scolaire formelle. Arrivé de son pays et inscrit auprès de l’HCR, l’enfant passe des tests scolaires. Si le retard scolaire est de deux ans ou plus, il sera orienté vers l’Accelerated Learning Program ALP . S’il a un niveau scolaire adapté à son âge, l’enfant passe les examens scolaires d’entrée afin de l’inscrire dans le système d’éducation publique.



D’autres programmes de support non formels(UNHCR 2015b)organisés par plusieurs ONG libanaises et internationales s’ajoutent à cela, notamment le Community-Based Education CBE et le Basic Literacy and Numeracy BLN proposant des cours de remise à niveau et des activités psychosociales(Chatty 2016).



Ainsi, des écoles publiques, divisées entre niveau primaire et secondaire, ouvrent leurs portes à deux shifts. Le premier du matin, accueille des enfants libanais, ainsi que des enfants d’autres nationalités installés au Liban avant le début de la guerre en Syrie, tandis que le deuxième shift de l’après-midi accueille les enfants déplacés recensés par l’HCR(UNHCR 2015a).



Dans cette perspective, on peut se demander comment l’adaptation socio-éducative peut contribuer à aider les enfants à dépasser la pression des situations adverses et favoriser leur résilience ? Quelles sont les modèles d’accompagnement convenables et mobilisables sur le plan social, familial, individuel et éducatif ? Quel est le rôle de l’institution scolaire dans l’émergence de la résilience chez l’enfant? Quel est le rôle de tuteur de résilience que les ONG peuvent fournir ?



Dans le cadre de notre recherche, la méthodologie de l’accompagnement utilisée consiste en des récits de vie et des entretiens semi-structurés auprès des enfants qui ont fui leurs pays à cause des conflits armés et ont été des témoins directs ou indirects de tortures, d’enlèvements ou de massacres. Leurs maisons et les quartiers dans lesquels ils vivaient ont été détruits. Ils ont été la cible de bombardements, et nombre d’entre eux souffrent de blessures physiques qui sont à l’origine d’invalidités chroniques(James, et al. 2014). Aux traumatismes liés à la guerre et au déracinement, s’ajoutent des situations de pauvreté, d’abandon, des maltraitances, des divorces, et bien d’autres situations traumatiques auxquelles sont confrontés ces enfants.



Sur le plan psychologique, les enfants déplacés ont été marqués par ce qu'ils ont vu ou subi, par la perte ou la disparition d'une personne chère. Ces violences endurées se traduisent bien souvent par une absence totale de communication, mais aussi par des troubles psychiques et des problèmes de concentration. « L'enfant est emmuré dans le silence, et reste, prostré, à l'écart du groupe »(Unicef 2013) sans avoir la possibilité de faire le deuil des horreurs vécues ni de pouvoir mettre des « mots » sur les « maux ».



Quant aux médicaments et aux soins de santé, l’afflux des déplacés a provoqué une situation de saturation dans le secteur médical. Les ONG compensent une partie de la pénurie par leurs interventions : les vaccinations des enfants, les soins obstétriques et la prise en charge des maladies chroniques(Geisser 2013).



A tout ce stress vécu par les enfants vient s’ajouter la question du rapport à l’éducation scolaire, et particulièrement l’apprentissage des langues. À ce propos, rappelons que le système scolaire libanais dispense des enseignements en langue étrangère, français ou anglais, alors que les enfants syriens sont seulement arabophones. Dès lors, le taux de décrochage scolaire parmi les étudiants déplacés inscrits dans les écoles primaires et secondaires libanaises est très élevé, explicable notamment par les problèmes socio-économiques des familles, des difficultés de transport ainsi que par la méconnaissance des langues(The new Humanitarian 2014).



Quant aux irakiens, beaucoup ont cherché à s’installer près des instances religieuses qui ont fait de leur mieux pour assurer surtout aux enfants, un encadrement social, spirituel, éducatif et récréatif. Pourtant, de nombreuses familles espèrent être relocalisées, et choisissent de ne pas inscrire leurs enfants à l’école libanaise, avec l’intention de les inscrire une fois dans leur nouveau pays. La procédure prend habituellement entre un et deux ans, ce qui a créé un mouvement de va-et-vient causant une instabilité préjudiciable surtout pour les petits.



Sauver une génération perdue et la rendre solide et capable de se projeter dans l’avenir est le but de tous les partenaires (Helena 2016). Grâce aux efforts et aux formations des agents responsables, les éducateurs et les accompagnateurs se trouvent moins désemparés. Ils disposent de lieux de création, de parole et d’apprentissages sociaux aussi bien que d’outils pour mieux agir et réagir avec les enfants en dehors de la famille. C’est bien là au sein de l’institution scolaire, qui représente un des plus riches creusets de lien psychoaffectifs pour les enfants, qu’ils vont grandir et construire leur avenir. Quand ils sont laissés seuls, abandonnés à la souffrance, la résilience est difficile. Mais quand ils bénéficient d’une bientraitance et d’un entourage relationnel sécurisant(Pourtois et Cyrulnik 2007;Anaut 2006), ils peuvent élaborer la représentation du malheur et remanier le sentiment qu’ils éprouvent(Lani-Bayle et Slowik 2016).Ainsi, ces enfants accompagnés parviendront à métamorphoser leurs souffrances(Cyrulnik 2004), malgré les situations sociales et économiques délétères de leurs familles. Ils ont eu la chance de rêver d’un avenir socio-éducatif grâce aux accompagnateurs, tuteurs de résilience. Ainsi, ils ont réussi à se reconstruire malgré l’adversité et à trouver un cheminement vers la résilience. Dans le contexte scolaire, la résilience se conçoit comme un processus dynamique par lequel l’enfant va faire preuve d’habilités lui permettant de s’ajuster adéquatement, de se développer normalement et de se construire en dépit des risques et de l’adversité(Anaut 2015).



La résilience, cette capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit de l’adversité, à avoir confiance dans ses propres possibilités, semble combiner plusieurs éléments apparentés : premièrement un sens de l’estime de soi et de la confiance en soi, deuxièmement, une croyance en sa propre efficacité et aptitude à faire la part du changement et de l’adaptation et, troisièmement, un répertoire d’approches permettant la résolution des problèmes sociaux(Anaut 2016). Pour développer et exprimer ces ressources et ces potentiels, les enfants meurtris par la guerre ont besoin d’être aidés, encouragés et soutenus. Dans le cadre scolaire, des accompagnements éducatifs bienveillants et adaptés sont indispensables pour que ces populations d’enfants traumatisés par la guerre puissent reprendre espoir en la vie et trouver un chemin vers la résilience.




Résumé en Anglais


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