Fiche Documentaire n° 5510

Titre Le métier de facteur comme analyseur du vivre-ensemble dans les sociétés plurielles et néolibérales

Contacter
l'auteur principal

Auteur(s) VANDEWATTYNE Jean
HAUSMANN Thomas
 
     
Thème -  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

Résumé | Bibliographie | Les auteurs... | Article complet | PDF (.fr) | Résumé en anglais | PDF .Autre langue | Tout afficher

Résumé

Le métier de facteur comme analyseur du vivre-ensemble dans les sociétés plurielles et néolibérales

Cette communication part du principe que le métier de facteur, à l’instar d’autres métiers au contenu relationnel et social prononcé, peut être considéré comme un analyseur pertinent de l’évolution du vivre-ensemble dans les sociétés plurielles et néolibérales, et ce à l’échelle de l’union européenne.
Du point de vue méthodologique, cette proposition s’appuie sur des recherches menées depuis 2013 au sein de bpost, l’opérateur postal historique en Belgique. Elles ont eu pour fil conducteur l’évolution des conditions de travail et d’emploi des facteurs en lien avec la libéralisation et la privatisation de l’activité postale. Au total, plus d’une trentaine d’interviews ont été réalisées (facteurs, managers et syndicalistes). De nombreux documents primaires et secondaires ont été consultés. Ces recherches ont donné lieu à plusieurs publications.
Avant la libéralisation, le métier de facteur avait un contenu relationnel et social très développé et légitimé par une conception forte du service public. « Rentre service aux gens » (Cartier, 2003) était une dimension centrale de l’ancienne culture postale et elle était dans une large mesure intégrée dans les pratiques de travail. En règle générale, le facteur s’identifiait à sa tournée et finissait par en connaître les habitants. Il était « traditionnellement, le facteur d’un lieu, commune, quartier, localité, c’est-à-dire de la population qui y réside » (Demazière, 2005). De leur côté, les habitants connaissaient leur facteur.
La libéralisation du marché postal va modifier la donne. Pour y faire face, le management de la poste belge, comme dans la plupart des postes européennes (Bouffartigue et Vandewattyne, 2018), va instaurer une logique commerciale en lieu et place de la logique de service public (Teissier, 1997). Pour ce faire, il va massivement s’appuyer sur les normes et les pratiques à l’œuvre dans le monde de l’entreprise privée. Le métier de facteur se voit ainsi revisité en profondeur afin de le rentabiliser au mieux. A partir du début des années 2000, Georoute, un logiciel de prédétermination des temps, va être l’outil majeur de cette rationalisation. Parallèlement, des mesures sont prises afin d’augmenter la vitesse de distribution du courrier dont le placement des boîtes aux lettres le long des routes. L’ensemble de ces mesures va avoir pour conséquence d’éloigner le facteur de « ses » usagers et de vider le métier de facteur de sa composante sociale. Un processus qui risque encore de s’accentuer dans les années à venir du fait de la réduction drastique du volume de courrier et du souhait de la direction de l’entreprise d’en finir avec l’obligation de distribuer le courrier 5 jours sur 7.
Par rapport à la thématique du congrès, deux aspects seront plus particulièrement investigués dans cette communication : 1) les conséquences de la dilution de la composante sociale du métier de facteur sur les populations les plus précarisées et les plus défavorisées ; 2) le fonctionnement et les résultats du programme bclose dans le cadre duquel les facteurs sont amenés à récolter pour le compte de Centre Public d’Assistance Sociale (CPAS) des informations sur les personnes isolées. Ce programme fait suite au souhait de bpost de renouveler ses sources de revenus en valorisant ce qu’elle considère être des « atouts uniques (…) : un réseau dense de livraison et de points de vente, la connaissance du terrain et la confiance dont jouissent les facteurs ».
Pour importantes qu’elles soient, ces dernières dimensions ne doivent pas faire illusion. L’heure n’est plus au social mais à la rentabilisation du métier de facteur. Pour le dire autrement, la logique marchande a largement pris le dessus sur la logique de service public.

Bibliographie

Bouffartigue, P. et Vandewattyne, J (2018), "Transformations et négociations du travail et de l’emploi dans les activités postales européennes (NETPoste) : Belgique, Bulgarie, Espagne, France et Royaume-Un", Rapport de recherche, Metices-ULB.
Cartier, M. (2003), Les Facteurs et leurs tournées. Un service public au quotidien, Paris, La Découverte.
Demazière, D. & Mercier, D. (2013). La tournée des facteurs: Normes gestionnaires, régulation collective et stratégies d’activité. Sociologie du Travail, 45 (2): 237-258.
Demazière, D. (2005). Au cœur du métier de facteur : « sa » tournée. Ethnologie française, vol. 35,(1), 129-136. doi:10.3917/ethn.051.0129.
Hess, R. (1975), La socianalyse, Editions universitaires.
Jounin, N. (2018). Le caché de La Poste. La genèse de temps virtuels pour organiser le travail des facteurs. Revue de l’IRES.
Lapassade, G.(1971). L'analyseur et l'analyste, Gauthier-Villars Editeur.
Salaün, M. (2008), Le métier de facteur à l’épreuve des nouvelles organisations du travail à La Poste, Thèse de doctorat en sociologie, Université Paris-Est – École nationale des Ponts et Chaussées, https://pastel.archives-ouvertes.fr/ tel-00481835/document.
Teissier, C. (1997).La Poste : logique commerciale/logique de service public. La greffe culturelle, Paris, L’Harmattan.
Vandewattyne, J., Cultiaux, J. & Deruyver, R. (2017). De La Poste à bpost : histoire d’une mutation (1991-2015). Courrier hebdomadaire du CRISP, 2326-2327,(1), 5-104. doi:10.3917/cris.2326.0005.
Vandewattyne, J., Cultiaux, J. & Martinez, E. (2016). La négociation des conditions de travail et d’emploi à la poste belge. Chroniques du travail, n°6.

Présentation des auteurs

Jean Vandewattyne, docteur en sociologie, est chargé de cours à l’Université de Mons (UMONS) et à l'Université libre de Bruxelles (ULB). Ses enseignements sont principalement centrés sur les aspects humains des organisations. Il est membre du Service de psychologie du travail (UMONS), du Centres METICES (ULB) et du Groupe d’analyse des conflits sociaux (Gracos) qui publie annuellement un ouvrage sur les conflits sociaux les plus significatifs de l’année écoulée.

Communication complète


Non disponible

Résumé en Anglais


Non disponible