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Toute personne humaine est invitée à vivre l’unité, en reconnaissant fondamentalement l’existence des différences qui paraissent une richesse à mettre en valeur et non pas un handicap. Il faut à tout prix co-exister, c’est-à-dire vivre dans la différence (Plante M, 2013). Par ailleurs, l’apprentissage de vivre ensemble a été considéré par l’UNESCO en 2013, comme une mission éducative fondamentale. Elle pointe sur les moyens et stratégies à mettre en place afin de rencontrer les composantes associées à un tel apprentissage, dont l’ouverture d’esprit, la tolérance, l’attention, le respect des différences, l’écoute, l’autocritique et l’autocorrection.
Dans cet esprit, le SESOBEL, est une ONG, fondée en 1976, qui travaille auprès de plus de 1400 enfants et jeunes ayant un handicap, où l’action sociale contribue à la constitution et la dynamisation de vivre ensemble par des tentatives de rapprochement des différences. L’important c’est d’adopter une vision positive envers les jeunes, tout en reconnaissant leurs potentiels, leurs droits et leurs devoirs afin de renforcer la théorie de participation sociale, vers une société plus tolérante.
Le SESOBEL intervient auprès de l’enfant, la famille et la société selon une triade. Afin de pouvoir agir à ces trois niveaux, des programmes spécifiques ont été élaborés permettant de promouvoir l’art de vivre ensemble qui est au sein de cette triade.
En ce qui concerne l’action auprès des enfants et jeunes, en plus de la prise en charge médicale, éducative, sociale et rééducative, un programme spirituel et existentiel est au sein de notre action. Ce dernier programme est devenu un atout dans la prise en charge journalière de nos enfants et jeunes. Il vise à sensibiliser dans le but de « Mieux comprendre la différence pour mieux agir ». Cet accompagnement considère la personne et son environnement comme témoins du Christ. Le but est de développer une image positive de soi et une bonne relation avec Dieu et par la suite avec autrui: « L’homme est au-delà de ce qui apparait de lui, il est un mystère qu’on ne peut aborder que par un acte de confiance et de foi » (Crédo SESOBEL) ». Dans ce contexte, les enfants et jeunes assistent régulièrement à des rencontres où ils apprennent comment vivre la foi, la paix et la joie malgré les difficultés. Dans notre institution 203 enfants et jeunes âgés entre 5 et 40 ans, font partie de ce programme. Ce cheminement spirituel les a aidés à: « Rentrer en relation avec autrui sans toutefois le considérer comme ennemi ou compétiteur en se basant sur les valeurs chrétiennes » (Témoignage d’un jeune) ; « J’ai besoin des autres et également les autres ont besoin de moi » (Témoignage d’un jeune).
Concernant notre action auprès des familles, des tentatives de rapprochement, et une vision positive face aux enfants et jeunes, reconnaissant leurs potentiels, leurs droits et leurs devoirs sont adoptées. Un de nos buts, est de renforcer les liens au sein de la famille en premier lieu, afin de contribuer à l’assurance d’un cadre permettant aux enfants et jeunes en situation de handicap de vivre au sein de leur famille dans des conditions favorables. Dans ce sens, une intervention sociale est assurée auprès de la fratrie dans l’objectif de les informer sur le handicap, les aider à se positionner au sein de la famille et les mobiliser à défendre leur cause. Des réunions mensuelles se font avec un groupe de 40 enfants et jeunes adultes âgés entre 6 et 25 ans. Une équipe d’assistantes médico-sociales et éducateurs spécialisés prennent en charge ce travail. Ce programme traite les thématiques qui mettent en relief les problèmes rencontrés avec la fratrie dans leurs vécus au quotidien face au l’handicap. Ce programme a aidé les frères et sœurs à formuler et verbaliser les difficultés qu’ils rencontrent au sein de leur famille: « Parfois je suis incapable de comprendre les comportements agressifs de mon frère dans ce cas je reste loin de lui », « Sortir en publique avec mon frère est vraiment un acte difficile car tout le monde commence à le regarder d’une manière qui me dérange ». (Témoignage de la fratrie). Notre programme a permis de mettre en place des exercices psycho-social mettant en œuvre le vécu de la fratrie. Il s’agit d’exercices d’expression écrite suivis d’une discussion et d’un échange oral. Des techniques basées sur l’art thérapeutique qui est comme « un accompagnement du travail d’un sujet sur lui-même, d’une « auto-thérapie »…ces productions issues de la personne tracent un parcours symbolique vers un « être davantage » qui comprend forcément un « aller mieux » (Klein JP, 2007). Cette thérapie incite les enfants et jeunes à exprimer leurs malaises et leurs émotions en donnant des couleurs aux mots et en développant leurs créativités et leur confiance en soi. Ce programme a pu aider les participants à comprendre et devenir partenaire dans le projet de vie de leur frères ou sœurs en situation de handicap : « Je deviens une personne qui fait face aux rumeurs de la société », « Dans le futur j’aimerai être la personne qui aidera mon frère de près pour qu’il continue le reste de sa vie en dignité », « Je suis toujours à l’écoute de ma sœur qui a besoin de mon support, cela améliore la relation entre nous ». (Témoignage de la fratrie)
Quant à nos programmes qui visent la société, trois sont adoptés par le SESOBEL
Premièrement, nos enfants et jeunes en situation de handicap participent à des campagnes de sensibilisation, de témoignage et d’information sur le handicap à travers des rencontres d’élèves de différentes écoles. Des visites régulières sont programmées où nos jeunes en situation de handicap, qui ont suivi les formations spirituelles et existentielles, vont à l’encontre d’autres jeunes, dans leurs établissements scolaires ou universitaires. L’objectif de ces rencontres est d’informer sur le handicap et de partager avec eux leurs vécus; tout ceci dans le but de favoriser l’art de vivre ensemble. Treize écoles et 2 universités ont été visitées tout au long de l’année par nos jeunes en situation de handicap. Selon ces derniers, ce programme les a aidés à faire des relations sociales pour le « bien commun » et à sensibiliser des jeunes paires à s’ouvrir au monde du handicap.
Le deuxième programme est informatif et s’adresse à un public plus large. Il s’agit de publier dans un journal très reconnu au Liban (L’orient-le jour junior) des bandes dessinées qui traitent des sujets variés sur le handicap et qui sont préparés par nos jeunes et inspirés de leurs vécus quotidiens. Ce programme n’aurait pas été possible sans la contribution de nos 8 jeunes adultes employés au SESOBEL et qui tiennent le fonctionnement de l’atelier de presse. .Cet atelier vise à aider les jeunes à apprendre et à s’entrainer à un métier afin de les préparer à une insertion socio-professionnelle. Dix publications, ont été diffusées, mettant en relief leur vécu d’une manière méliorative. Par ailleurs, selon nos jeunes, ce type de communication leur permet de transmettre des messages, soulignant différents obstacles rencontrés au quotidien, suivi par des solutions que nos jeunes souhaitent diffuser. Ceci est au sein de l’art de vivre ensemble où le grand public arrive à mieux comprendre les besoins des jeunes en situation de handicap.
Le dernier programme, nommé « Children advocating Children’s Rights », a été lancé par le SESOBEL en 2007, en partenariat avec l’UNICEF, le Conseil Supérieur de l’enfance, Save the Children, USAID, le Ministère de l’Education du Liban et les écoles catholiques. Il vise à soutenir le droit à la vie sociale des enfants et jeunes en situation de handicap de la part d’autres jeunes à développement typique, appariés en âge. L’objectif est de promouvoir les droits de l'enfant avec la collaboration des écoliers en se basant sur la Convention Internationale relative aux Droits des personnes handicapées et protocole facultatif, dans son huitième article : « les Etats encouragent à tous les niveaux du système éducatif, notamment chez tous les enfants dès leur plus jeune âge, une attitude de respect pour les droits des personnes handicapées; (La Convention relative aux droits des personnes handicapées ,décembre 2006). Les réalisations de ce programme sont diverses : Un programme d’inclusion scolaire des enfants à besoins spécifiques dans les écoles primaires et publiques. En outre, 30 places gratuites ont été réservées pour les enfants et jeunes en situation de handicap pour assister à toutes les activités culturelles et artistiques qui auront lieu à l’UNESCO de Beirut. En plus, ce programme a permis la création d’un modèle d’une carte d’accès aux endroits touristiques. Nos jeunes, partie prenante de ce programme, ont signalé « nous rencontrons d’autres jeunes du même âge. Ensemble nous défendons nos droits ».
Vivre ensemble malgré la différence est un enjeu sociétal et un défi. C’est un combat à gagner. Le SESOBEL cherche toujours à créer de nouveaux programmes et à intervenir à plusieurs niveaux afin de promouvoir autant que possible l’art de vivre ensemble malgré la différence. Ceci est au sein de notre mission où nous croyons fortement que : « Ensemble c’est tout, Ensemble, l’impossible devient possible » (Yvonne Chami, fondatrice du SESOBEL). Il faut croire que les enfants et jeunes en situation de handicap peuvent apporter à la communauté des contributions significatives et le SESOBEL réclame inlassablement que nos jeunes même lourdement atteints sont là pour humaniser la société.
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