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Résilience de l’enfant : accompagner le patient ou accompagner l’écosystème ?
Il est fréquent d’entendre que le peuple libanais, qui tient toujours debout, fait preuve d’une résilience remarquable au beau milieu d’un paysage de violence politique interminable. Et pourtant…
Toujours en quête de l’image du Père, et en perpétuelle insécurité sur la Terre-Mère libanaise, la génération actuelle de jeunes enfants qui n’ont pas connu la guerre, porte en elle des pathologies du lien intersubjectif au travers de filiations traumatique. Le vivre ensemble est au cœur-même de la destruction et ne donne à voir qu’une pseudo-résilience essoufflée.
Alors quelle résilience au Liban ?
Nos travaux visent à approfondir les possibilités de promouvoir la résilience de l’enfant par une nouvelle forme d’accompagnement « ad hoc ». Trop peu d’études sur le déroulement de l’accompagnement à la résilience ne prennent en compte l’impact contextuel, relationnel et les difficultés rencontrées. D’où l’importance à l’heure actuelle, de nouvelles recherches exploratoires multimodales enclines à placer les apports de la littérature à l’épreuve des faits et d’aller plus avant dans la compréhension thérapeutique in vivo.
Sur le terrain, il s’agit d’étudier, d’un point de vue écosystémique, le déroulement d’un programme multimodal de prévention chez des enfants âgés de six à douze ans, scolarisés dans la banlieue-nord de Beyrouth. Cette population d’élèves présente des troubles du développement des compétences académiques et sociales, liés à une dysparentalité familiale. Le périmètre regroupe les cinq acteurs suivants : Les parents, l’institution, la classe, l’équipe thérapeutique et l’élève. Cet accompagnement se déroule dans un milieu à acteurs multiples et comprendre son déroulement suppose de comprendre l'écosystème. D'où notre question de recherche : Quels sont les freins et leviers dans l’écosystème de l’accompagnement à la résilience ?
Nous pensons que pour développer les facteurs de protection de jeunes élèves en difficultés, l’accompagnement à la résilience doit se munir d’un dispositif multimodal et que les actions dans lesquelles sont mobilisés les facteurs de résilience ont une contribution de valence variable sur le sujet. Par ailleurs, accompagner l’enfant vers la résilience, au cœur de son contexte de vie, nous a naturellement orienté vers la méthodologie de recherche-action, notamment pour éviter la logique monodisciplinaire artificielle de la recherche expérimentale quant à la réalité d’un tel terrain, mais aussi pour donner la possibilité aux acteurs impliqués d’être eux-mêmes partie prenante de la modification positive de chacun. Le questionnement de cette nouvelle forme de « vivre ensemble » concerne tous les agents impliqués dans cette démarche.
L’analyse actuelle des résultats de notre intervention montre que multiplier les dispositifs permet de renforcer les chances de rendre efficiente l’émergence d’un chemin de résilience chez l’élève. Si tous les acteurs ont un rôle à jouer dans l’accompagnement de l’individu ou de la famille, ils n’ont pas un rôle égal d’une situation à l’autre. Et enfin, il y a des phases dans lesquelles l’approche systémique se prête bien et des phases d’approfondissement dans lesquelles on a besoin de l’approche clinique.
L’enjeu de notre étude est que l’institution scolaire libanaise puisse devenir un point d’appui majeur à la résilience de l’enfant et de sa famille. A travers une imagination créative et un protocole d’évaluation éprouvé, notre ambition est d’habituer le personnel à un climat de promotion de la résilience. Et d’une manière plus large nous espérons apporter à la notion d’accompagnement à la résilience familiale davantage d’ancrage dans des données empiriques.
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