Fiche Documentaire n° 5594

Titre Pinocchio ou la question du départ

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Auteur(s) GARCIA Gilles  
     
Thème Coordonnées du passage à l’acte violent des jeunes dits radicalisés  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Pinocchio ou la question du départ

Le conte de Pinocchio nous permet d’interroger la question du père qui illustre sous forme d’initiation les épreuves de la réalité pour devenir un garçon conjointement à la reconnaissance paternelle. Le contexte flottant de cette reconnaissance qui s’accorde aujourd’hui avec l’autonomisation attendue des jeunes peut paraître général mais nous le mettons en perspective avec le dire des jeunes tant dans le travail thérapeutique avec les bénéficiaires de l’Aide Sociale à l’Enfance que dans celui de l’observation de mineurs de la Projection Judicaire de la Jeunesse placés en alternative à l’incarcération.
L’urgence du départ qui a pu caractériser en nombre conséquent des jeunes français s’inscrit dans un fait de structure de l’adolescence. En outre, cet acte précipité circonscrit un lieu de départ qu’il nous paraît important d’interroger car il concerne également ceux qui ne sont pas partis réellement. Les entretiens réalisés auprès de ces mineurs constituent notre terrain, ils ont été arrêtés notamment pour leur activité numérique qui, sur le plan juridique, relève soit du délictuel soit du criminel. A partir d’une situation, nous présenterons en quoi la méthodologie de l’observation tente d’expliciter les intentions issues d’un espace virtuel et d’interroger la potentialité d’un acte à venir. Notre démarche compréhensive, quant à elle, interroge l’usage de concepts philosophique et psychanalytique comme indicateurs existentiels et outils d’analyse de la pratique avec les enfants et leurs familles.

Œil de pin, bois de chauffe doué de la parole, Pinocchio (Collodi, 1883) conte la « course-pour-la-mort », la séduction des liens adulte/enfant et une forme de fraternité dans l’ânerie qui nous intéresse particulièrement chez ces jeunes en partance. Il s’agit de traiter du passage à l’acte violent chez l’adolescent à partir du phénomène de ladite radicalisation en interrogeant, de prime abord, les mécanismes contribuant au départ psychique et/ou réel de « nos jeunes » dans un contexte politique qui se condenserait dans « La France, tu l’aimes ou tu la quittes ! » . Partir pour où ? Pour le combat : en Syrie hijra… Pour ma vraie patrie : Israël alya… Douce mort pour la patrie, mais laquelle ?
Nous remarquons les effets ravageurs d’un appel ambigu à l’amour corrélé avec la question problématique de l’identité, soit la « conviction vécue d’être dans une impasse subjectale » (Guiton, 2016) dans le passage à l’acte de partir. En ce sens le repli identitaire s’articule avec la clinique de l’identification. D’une certaine manière, les recruteurs de ces candidats potentiels au départ réinterrogent la théorie de la séduction dans un espace – telegram – crypté que nous équivalons avec l’espace encadré propre à l’angoisse (Lacan, 2004). Or la psychanalyse inscrit le passage à l’acte dans le cadre de l’angoisse et c’est donc ce système de coordonnées qu’il s’agit de déplier. Soit au préalable, la constitution d’une enclave d’intimité, un lieu d’où l’on peut partir, et d’où rien ne peut se dire mais seulement s’agir. Ce déplacement du Heim vient découper un chez-soi antérieur. Si j’y suis là-bas c’est au moins la double conséquence d’une exclusion imaginaire et d’un désir puissant d’en découdre avec l’étranger. Un désir affranchi qui joue contre l’angoisse d’exclusion et qui se condense dans le ressentiment ou l’offense de ne pas avoir de place.
Enfin, le passage constitue également une forme de conversion – à la fois le « retour à l’origine » et l’idée de « renaissance » (Hadot, 2002) – des jeunes qui répondent à un appel. D’où vient cet appel sauvage ? de l’intérieur ou de l’extérieur ? Autrement dit n’est-ce pas un père qui appelle certains jeunes à quitter leur lieu quand il ne les dévore pas, si tant est que ce dernier ait été suffisamment bon et accueillant pour qu’il fonctionne comme un chez-soi. Cette déconnaissance à l’égard des siens n’est pas seulement l’épiphénomène d’un échec familial mais surtout la marque d’un acte réussi d’en être enfin… et ce pour un temps relativement court. Il faut donc s’attarder sur leur façon de vivre leur vie pour qu’elle en vaille la peine. Une vie avant la mort ! « Certains ont besoin d’un autre projet. Consommer, ça génère de l’ennui aussi, on dirait qu’on est déjà mort » (Thompson, 2016).

Bibliographie

Aristote, Éthique à Nicomaque, trad. R. A. Gauthier et J. Y. Jolif, Paris, 1958
– La Poétique, trad. et notes de R. Dupont-Roc et J. Lallot, Paris, Seuil, 1980
Collodi, C. (1883, 2006)., Les Aventures de Pinocchio : histoire d’une marionnette, paris, édition de la Seine
Conrad J., Lord Jim, Paris, trad. fr., Gallimard, 1980 (collection 1000 soleil)
Davidson D., Action et Événements, trad. P. Engel, Paris, PUF, 1993 (Épiméthée)
Dupré F., La « solution » du passage à l’acte : le double crime des sœurs Papin, Toulouse, éd. Éres, 1984 (Littoral, fabrique de cas)
Freud S., Malaise dans la civilisation, trad. Ch. et J. Odier, Paris, PUF, 1971 (Bibliothèque de psychanalyse)
– Névrose, psychose et perversion, trad. par D. Guérineau, Paris, PUF, 1978 : Sur la psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine (1920), pp. 245-270
Garcia G., La Nature aime à se cacher : l’objet de la rencontre, in Lacan et les philosophes, « Le Discours psychanalytique », n°26, Oct. 2001, Paris, Revue de l’A.F.I., pp. 169-188
Guiraud P., Les Meurtres immotivés in « L’Évolution psychiatrique », T. 2 – Fasc. 4, mars 1931, Toulouse, Privat,
Gutton P., « partir » en adolescence, p. 202 in adolescents en quête de sens : parents et professionnels face aux engagements radicaux, sous la direction de marcelli d., eres, coll. Epel , 2017.
Hadot P., Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, 2010.
Hintikka J., Time and Necessity : Studies in Aristotle’s theory of modality, Oxford University Press, 1973.
Kierkegaard S., Le Concept de l’angoisse ; Traité du désespoir,
Paris, Gallimard, 1990
Lacan J., Écrits , Paris, Seuil, 1966 (Le champ freudien)
– De La Psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité
suivi de Premiers écrits sur la paranoïa (1954-55), Paris, Seuil, 1980
– Le Séminaire, livre III, Les Psychoses (1955-56), Paris, Seuil, 1980
– Le Séminaire, livre VII, L'Éthique de la psychanalyse (1959-60), ibid., 1986
– Le Séminaire, livre X, L’Angoisse (1962-63), ibid. , 1984
Motifs du crime paranoïaque : le crime des sœurs Papin, in « Revue le Minotaure », n°3, décembre 1933
– Quelques réflexions sur le suicide (1934), in « Revue Française de Psychanalyse » 1935, 4, pp 686
Ogien R., La Faiblesse de la volonté, Paris, PUF, 1993 (Philosophie morale)
Thompson D., les Revenants, p. 97, Paris, Seuil, 2017

Présentation des auteurs

Formateur-chercheur en travail social
Ecole Supérieure de Travail Social (75014 Paris)
Post-doctorat (en cours de publication) : Le passage à l’acte violent chez l’adolescent
Université Paris – Sorbonne, Paris IV. - ER : Rationalités Contemporaines
Psychanalyste
Association Thélémythe (75015 Paris)

Communication complète

En préambule, quelques remarques qui font état de manière ramassée du travail en cours avec plusieurs points émergeants, une ligne de force qui peine à se construire puisque vingt fois remise sur le métier : le passage à l’acte adolescent. D’ailleurs ces vers de Boileau sont enseignants et représentatifs de la recherche collaborative non pas en berne mais en creux. Deux ans de hâte sans perdre courage et beaucoup d’effacements, notamment ceux des concepts et des places (des éducateurs comme des cliniciens).

« Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,

Polissez-le sans cesse, et le repolissez,

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez ». (Boileau, L’Art poétique).

Cela illustre également certains éléments modaux noués entre l’observé et l’observateur : se hâter, différer, céder, passer, partir…afin de recueillir à partir de cette place d’observation des éléments de compréhension. En effet, certains concepts proches des « idéaux-types » de Weber ont pu émerger comme points cardinaux : l’enfance harcelée, le « père humilié », l’enclave familiale, le totalitarisme (idéologie théologico-politique de la terreur) de Daesh. Autant dire que ces thématiques nous renvoient à nos études avec les effets d’isolement consubstantiels.

Sur un autre plan, à la fois clinique et transtextuel, nous nous sommes attardés sur plusieurs récits qui font écho aux verbatims et aux narrations des jeunes interviewés.

La première fiction relève du conte de Pinocchio car il nous permet d’interroger la question du père qui illustre sous forme d’initiation les épreuves de la réalité pour devenir un garçon conjointement à la reconnaissance paternelle. Le contexte flottant de cette reconnaissance qui s’accorde aujourd’hui avec l’autonomisation attendue des jeunes peut paraître général mais nous le mettons en perspective avec le dire des jeunes tant dans le travail thérapeutique avec les bénéficiaires de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) que dans celui de l’observation de mineurs de la Projection Judicaire de la Jeunesse (PJJ) placés en alternative à l’incarcération. Ainsi les compulsions récurrentes à visionner des scènes violentes et produites à dessein apparaissent majoritairement pendant une activité nocturne intense qui repousse avec force la nécessité de dormir et de rêver. En effet, « beaucoup disent qu’ils ne rêvent pas » pour reprendre l’heureuse formule de Vanessa Julien, psychologue de la PJJ, en s’interrogeant si la scène délictueuse ou criminelle n’aurait pas pris le devant du rêve.

Revenons à notre contexte contemporain précédant les attentats de 2015 où l’urgence du départ qui a pu caractériser en nombre conséquent des jeunes français s’inscrit dans un fait de structure de l’adolescence. En outre, cet acte précipité circonscrit un lieu de départ qu’il nous paraît important d’interroger car il concerne également ceux qui ne sont pas partis réellement. Les entretiens réalisés auprès de ces mineurs constituent notre terrain : ils ont été arrêtés notamment pour leur activité numérique qui, sur le plan juridique, relève soit du délictuel soit du criminel. A partir d’une situation, nous présenterons en quoi la méthodologie de l’observation tente d’expliciter les intentions issues d’un espace virtuel et d’interroger la potentialité d’un acte à venir. Notre démarche compréhensive, quant à elle, interroge l’usage de concepts philosophique et psychanalytique comme indicateurs existentiels et outils d’analyse de la pratique avec les enfants et leurs familles mise en perspective avec l’analyse de discours issus de fictions choisies.

Nous remarquons les effets ravageurs d’un appel ambigu à l’amour corrélé avec la question problématique de l’identité, soit la « conviction vécue d’être dans une impasse subjectale » (Guiton, 2016) dans le passage à l’acte de partir. En ce sens le repli identitaire s’articule avec la clinique de l’identification. D’une certaine manière, les recruteurs de ces candidats potentiels au départ réinterrogent la théorie de la séduction dans un espace – telegram – crypté que nous équivalons avec l’espace encadré propre à l’angoisse (Lacan, 2004). Or la psychanalyse inscrit le passage à l’acte dans le cadre de l’angoisse et c’est donc ce système de coordonnées qu’il s’agit de déplier. Soit au préalable, la constitution d’une enclave d’intimité, un lieu d’où l’on peut partir, et d’où rien ne peut se dire mais seulement s’agir. Ce déplacement du Heim vient découper un chez-soi antérieur. Si j’y suis là-bas c’est au moins la double conséquence d’une exclusion imaginaire et d’un désir puissant d’en découdre avec l’étranger. Un désir affranchi qui joue contre l’angoisse d’exclusion et qui se condense dans le ressentiment ou l’offense de ne pas avoir de place.

Enfin, le passage constitue également une forme de conversion – à la fois le « retour à l’origine » et l’idée de « renaissance » (Hadot, 2002) – des jeunes qui répondent à un appel. D’où vient cet appel sauvage ? de l’intérieur ou de l’extérieur ? Autrement dit n’est-ce pas un père qui appelle certains jeunes à quitter leur lieu quand il ne les dévore pas, si tant est que ce dernier ait été suffisamment bon et accueillant pour qu’il fonctionne comme un chez-soi. Cette déconnaissance à l’égard des siens n’est pas seulement l’épiphénomène d’un échec familial mais surtout la marque d’un acte réussi d’en être enfin… et ce pour un temps relativement court. Il faut donc s’attarder sur leur façon de vivre leur vie pour qu’elle en vaille la peine. Une vie avant la mort !

Nous complétons ce verbatim de Thompson pour introduire la notion de valeur, avec la nouvelle « L’Enfance d’un chef » issu du recueil Le Mur (Sartre, 1939). Elle retrace la genèse et la construction identitaire d’un jeune homme, Lucien, qui rentre progressivement dans le passage à l’acte violent. C’est une « métamorphose » avec des changements d’états et l’abandon de peaux successives à la fois dans la continuité dense et la rupture discrète avec ce qui précède et qui n’annonce pas nécessairement ce qui adviendra.

« Je suis adorable dans mon petit costume d’ange (…) tout le monde lui dirait : ma jolie petite chérie : peut-être que ça y est déjà, que je suis une petite fille ; il se sentait si doux en dedans » (Sartre, 1939, p. 147). Comme lecteur du texte que nous écoutons, nous sommes assignés à cette place d’observateur-spectateur. Remarquons le paradoxe d’assister à l’évolution d’un ça doux qui est en dedans. Plus loin, l’écœurement, la nausée de l’ennui fait place au vertige du rien : « J’ai dormi six ans et puis un beau jour, je suis sorti de mon cocon… "je suis fait pour l’action !" » (Sartre, 1939, p. 207). L’action ici, est de manière tranchante comme la seule chose qui répond sans appel mais avec une adresse, un lieu qui aimante ces pensées : « "Qu’ils attendent un peu et ils verront ce que je vaux" Il avait parlé avec force mais les mots roulèrent hors de lui comme des coquille vides. "Qu’est-ce que j’ai ?" » (Sartre, 1939, p. 207). Nous ne pouvons que pointer la récurrence de cette formulation implicite et adressée : « qu’est-ce que je vaux ? ».

Peut-on entendre et restituer au jeune cette question larvée et informulée dans son choix d’agir : « qu’est-ce que j’ai ? ». A l’image de l’amnésie de la perte d’identité, l’angoisse est du côté de celui qui écoute. La narratologie nous apprend les recoupements de ces phrases contagieuses « cela fait froid dans le dos » (JF IV).

« Cette drôle d’inquiétude il ne voulait pas la reconnaître, elle lui avait fait trop de mal, autrefois. Il pensa : "C’est ce silence… ce pays… » Pas un être vivant, sauf des grillons qui traînaient péniblement dans la poussière leurs abdomens jaunes et noirs. Lucien détestait les grillons parce qu’ils avaient toujours l’air à moitié crevés » (Sartre, 1939, p. 207).

De quoi ces jeunes sont-ils vieux ? fatigués d’un voyage pour lequel ils sont sur le départ. La question du départ reste cliniquement et méthodologiquement à proprement parler une question de départ. Pas de départ sans métamorphose ? Rencontre kafkaïenne d’un procès pour un acte qu’ils ont commis, d’un point d’acte qui fait solution-réponse d’un seul trait difficilement restituable à l’intime de soi, à la figure parentale, à l’Autre, au séducteur qui dit : vient chez nous, ici tu es chez toi. Partir pour habiter enfin un domicile subjectif. Les préparatifs du départ s’inscrivent du côté du trauma, le visionnage compulsif des vidéos d’enfants écrasés, et de têtes décapitées… Spectateur connaturellement déjà-mort avec les images de revenants qui hantent : venge-moi ?!

Le procès aussi « génère de l’attente et de l’ennui », rappelons que « s’ennuyer – inodiāre » est en lien avec la haine mais de qui et de quoi ? Une haine de soi-même comme son propre objet. Cela pour pointer son importance, encore faut-il l’extraire de l’habitude et du banal, pour en faire un trait voire un symptôme.

« On nous pousse à consommer, consommer, ça ne donne pas une raison de vivre. Certains ont besoin d’un autre projet [à entendre ici la question du désir]. Consommer, ça génère de l’ennui aussi, on dirait qu’on est déjà mort (…) Je ressentais un manque, j’avais un vide spirituel à combler et je l’ai comblé avec la religion » (Thompson, 2016, p.97).

La religion ou le politique ? If one wants to get to know the program of the [Islamic] State, its politics, and its legal opinions, one ought to consult its leaders, its statements, its public addresses, its own sources”( Abu Muhammad al-‘Adnani, porte-parole officiel de l’Etat Islamique, 21 mai, 2012). L’invention de l’ISI/EI dépasse la question théologico-politique car cela s’écrit dans son jeu de lettres même qui constitue, au-delà d’une juxtaposition (concaténation), une forme d’holophrase. Soit une idéologie totalitariste qui fait fi de la pulsion de mort.

Pour conclure, nous combinons plusieurs narrations de la littérature et de la clinique peuvent s’inscrire dans le schéma lacanien de l’angoisse qui fait tableau puisque nous y sommes tous (observés/observants) collés, les doigts pris dans l’engrenage de La Machine infernale :



L’axe de la difficulté serait celui du sujet et du désir tandis que celui du mouvement serait celui du moi. Les dévoilements/recouvrements relèvent des apparitions variables de l’objet a en générant à la fois de l’angoisse et la possibilité d’une éjection de la scène. La conversion est à la fois le moyen de gagner et de tenir sa place. Rappelons pour terminer ici que ce lieu extime n’est pas que vide de l’autre, il est aussi vide des sens voire anesthésié : « Il pensa : "j’ai de la santé morale." Mais il s’arrêta en faisant une grimace de dégoût, tant que ça lui paraissait absurde de parler de "sante morale" sur cette route blanche que traversaient des bêtes agonisantes » (Sartre, 1939, p. 208).

Anesthésie, atonie, atopie, dit-mensions locales pour avancer l’hypothèse que le passage à l’acte, et d’abord celui d’une logique des places. La parole des résidants de D* invite à apprendre d’où leur vient leur « santé morale » et leur incontinence. A savoir le choix du pire qui court-circuite la parole. Notons enfin que dans les différentes traductions de ce chapitre 34 du Manuel d’Epictète, les expressions du passage oscillent entre la prise de décision et l’exécution de l’action sans passer par la parole : « S’il t’apparaît opportun de passer à l’action, fais attention de ne pas te laisser vaincre par sa douceur, son agrément et son attrait ; oppose-lui, au contraire, comme infiniment préférable, la conscience que tu auras d’avoir remporté cette victoire » (Epictète, 2007, p. 1126, que l’on souligne).

Résumé en Anglais


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