Fiche Documentaire n° 5693

Titre (In)former un public dans une visée de changement individuel et sociétal : le cas d’un média numérique « d’information et d’éducation positive » en Roumanie

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Auteur(s) BOURDET Dany  
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

(In)former un public dans une visée de changement individuel et sociétal : le cas d’un média numérique « d’information et d’éducation positive » en Roumanie

Le site web RomâniaPozitivă (« La Roumanie positive ») est un média numérique qui, à l’opposé de ce qui se fait de façon prépondérante dans les médias roumains à savoir l’euphémisation ou la dramatisation de ce qui se passe dans le pays (Radut-Gaghi, 2010), met en avant et valorise des actions et des projets perçus comme apportant satisfaction et améliorant les choses dans tout un ensemble de domaines : économie, culture, éducation, développement durable, responsabilité sociétale des entreprises, etc. On y trouve principalement des informations sur ces actions et ces projets, lesquelles peuvent par exemple nous renseigner sur des phénomènes émergents et/ou peu documentés tels que les nouvelles formes de solidarité d’initiative privée (Bourdet, 2017) ou ce qui est mis en place pour les populations immigrées (Bourdet, 2019). Le site web RomâniaPozitivă propose et dispense aussi des formations à l’entreprenariat social, à la résolution de problèmes, etc. Information et formation sont intrinsèquement liées dans le projet qui le sous-tend. On peut en outre relever qu’il se fonde sur une orientation pédagogique et idéologique s’inscrivant dans le champ du développement personnel (et plus particulièrement dans la psychologie positive), lequel encourage le changement individuel et collectif, le premier étant considéré comme préalable ou consubstantiel à une participation permettant le second (Marquis, 2016). Mais à quel public en Roumanie ce site web peut-il bien s’adresser et que cherche-t-il précisément à lui proposer ? C’est pour répondre à ce questionnement que nous avons entrepris une étude qualitative minutieuse de ce média numérique qui a mobilisé la sémiotique situationnelle appliquée à l’analyse de sites web (Heïd et Méliani, 2009, 2010). Des formes globales signifiantes émanant de l’usage de ce média numérique dégagées par notre étude, nous avons pu faire ressortir que le site web RomâniaPozitivă est principalement orienté vers un public issu de la jeune classe moyenne urbaine et éduquée, tout à la fois soucieux de soi (de son évolution personnelle et/ou professionnelle) et de la société dans laquelle il vit (préoccupations sociales, environnementales, etc.), libéral tant sur le plan politique qu’économique. Il s’avère qu’il s’agit justement là du même public que celui qui a été au cœur des mobilisations sociales et politiques en Roumanie au cours de la dernière décennie (Abăseacă et Pleyers, 2018). Notre étude nous a de plus permis d’établir que ce média numérique propose fondamentalement d’(in)former ce public, de l’éduquer (au sens étymologique du terme : conduire hors, élever) en vue qu’il agisse, qu’il s’engage dans sa vie quotidienne (dans son activité professionnelle, au sein de son quartier, via sa consommation, en faisant du bénévolat pour une association, etc.) aussi bien pour un meilleur fonctionnement sociétal que pour son épanouissement personnel, ce qui fait dès lors ici totalement écho au « credo » du développement personnel (Marquis, 2016). Tout cela nous amène finalement à nous interroger sur la contribution de ce média numérique au clivage générationnel, culturel et social qui caractérise la société roumaine contemporaine (Pîrvulescu, 2017).

Bibliographie

- Abăseacă, R., Pleyers, G. (2018). Le cycle de mobilisation post-2011 en Roumanie aux échelles nationale, régionale et globale. Revue d’études comparatives Est-Ouest, 3(3), 33-64. https://doi.org/10.3917/receo1.493.0033
- Bourdet, D. (2017, juillet). Exploration des modalités contemporaines de la solidarité sociale d’initiative privée en Roumanie à travers le recours aux méthodes numériques en sciences sociales. Communication présentée au 7ème congrès de l’Association Internationale pour la Formation, la Recherche et l’Intervention Sociale (AIFRIS), « Solidarités en questions et en actes : quelles recompositions ? », Montréal, Québec. https://aifris.eu/09ressources/clt_fiche.php?id_article=4452
- Bourdet, D. (2019, juillet). Sociographie d'actions d’ONG à destination des populations immigrées en Roumanie via l’usage des méthodes numériques en sciences sociales. Communication présentée au 8ème congrès de l’Association Internationale pour la Formation, la Recherche et l’Intervention Sociale (AIFRIS), « Sociétés plurielles, Travail social et Vivre ensemble », Beyrouth, Liban. https://aifris.eu/09ressources/clt_fiche.php?id_article=5400
- Heïd, M.-C., Méliani, V. (2009, Juin). La sémiotique situationnelle appliquée à l’analyse de sites web. Actes du 2ème colloque international francophone sur les méthodes qualitatives, « Enjeux et stratégies », Lille.
- Heïd, M.-C., Méliani, V. (2010, 31 mars-1er avril). Modéliser des phénomènes complexes : le cas d’un site web de journalisme participatif. Actes du 2ème colloque international francophone sur la complexité, Lille.
- Marquis, N. (2016). Performance et authenticité, changement individuel et changement collectif : une perspective sociologique sur quelques paradoxes apparents du « développement personnel ». Communication & management, 1(1), 47-62. https://doi.org/10.3917/comma.131.0047
- Pîrvulescu, C. (2017). La Roumanie entre « illibéralisme » et protestation. Études, 7(7-8), 17-28. https://doi.org/10.3917/etu.4240.0017
- Radut-Gaghi, L. (2010). La (nouvelle) langue de bois dans la Roumanie actuelle. Hermès, La Revue, 3(3), 81-85. https://doi.org/10.3917/herm.058.0081

Présentation des auteurs

Dany Bourdet est sociologue, professeur contractuel au département des Sciences de l’éducation et de la formation de l’Université de Lille. Il s’intéresse à la société roumaine contemporaine, ainsi qu'à la formation des futur-e-s professionnel-le-s du travail social, de la formation d’adultes et de l’éducation.

Communication complète

Nous nous intéresserons au site web RomâniaPozitivă qui se présente comme « une plate-forme d’information et d’éducation positive » et promeut à la fois un regard et une participation à ce qui est jugé satisfaisant et améliorant les choses en Roumanie dans tout un ensemble de domaines (économie, société, écologie, éducation, etc.). Après en avoir fait une présentation détaillée, nous préciserons la méthodologie employée pour son analyse qualitative, et nous exposerons ensuite ce qui en ressort à propos de son public : les contours de celui-ci et ce qu’il lui propose.



RomâniaPozitivă : un site web imprégné par le développement personnel qui vise à informer et à former



RomâniaPozitivă (http://www.romaniapozitiva.ro/) a été lancé en 2006. Son fondateur est issu du secteur privé en Roumanie où il a travaillé dans les ressources humaines. Formateur dans ce domaine pour des entreprises et des organisations non-gouvernementales (ONG) mais également animateur d’événements et de conférences, ce site web s’avère être pour partie une vitrine et un vecteur de ses activités.



RomâniaPozitivă a pour dessein d’informer et d’éduquer le public sur la base de choses (des actions, des projets, etc. touchant à l’économie, à l’environnement, à la culture, à l’éducation, etc.) perçues comme fonctionnant bien ou ayant un impact considéré positif en Roumanie. Il se veut à rebours de ce qui est généralement proposé dans le paysage médiatique roumain, lequel multiplie clichés et euphémismes (utilisation d’expressions positives pour désigner des choses dont les effets sont en réalité à l’opposé) tout en relayant principalement et de façon dramatique ce qui va mal dans le pays (Radut-Gaghi, 2010). RomâniaPozitivă vise aussi à proposer des formations et des conférences sur la résolution de problèmes (psychologie positive), l’entreprenariat social ainsi que sur l’élaboration d’événements et d’ateliers thématiques pour les organisations, toutes ou presque dispensées par le fondateur du site web.



Par rapport à son objet, il y a quatre grands types de contenus sur RomâniaPozitivă qui y sont clairement distingués. On y trouve tout d’abord, majoritairement, des informations sur des actions individuelles, collectives et surtout privées (acteurs du monde économique et de la société civile) ayant un impact jugé positif en Roumanie en matière d’éducation, de respect de la nature, sur le plan économique, au niveau social et/ou du développement durable (responsabilité sociétale des entreprises), etc. Puis, il y a l’expression de points de vue, d’opinions qui émanent de personnes initiant ces actions, lesquelles proviennent de champs d’activités très variés (éducation, culture, entreprenariat social, sport, etc.). Viennent ensuite les présentations des services et actions de formation proposés dans les domaines précédemment mentionnés ; ils sont en général payants et semblent avoir une orientation commune marquée par la psychologie positive et plus généralement le développement personnel. Enfin, sont relayés sur RomâniaPozitivă des appels au volontariat, aux dons, etc. Ces quatre types contenus sont étiquetés respectivement de la manière suivante : « Découvre des exemples positifs », « Inspire-toi », « Apprends » et « Implique-toi ! » (on notera l’usage systématique de l’impératif à la première personne, ce qui exprime une injonction adressée individuellement) ; dans un schéma figurant sur le site web, ces quatre intitulés sont reliés entre eux sous la forme d’un chemin, signifiant ainsi une progression, une élévation et indiquant que l’objectif est ici de lier information et formation dans une perspective de changement individuel et collectif. Le développement personnel, auxquelles paraissent être rattachées les formations proposées par RomâniaPozitivă et qui sont principalement dispensées par son fondateur (qui, rappelons-le, a initialement travaillé dans les ressources humaines), lie en effet l’un à l’autre en considérant qu’il n’y a pas de situation par rapport à laquelle l’individu ne peut rien faire (Marquis, 2016). On comprend mieux dès lors la signification à la fois des intitulés sous lesquels sont désignés les principaux contenus du site web, de leur caractère injonctif directement adressé à la personne qui le consulte et du schéma-cheminement qui les lie.



RomâniaPozitivă mentionne « plus de 40.000 bons exemples en Roumanie » diffusés depuis sa création, ce qui tend à indiquer que ce sont les contenus informationnels qui prédominent quantitativement. Plus de la moitié de ces contenus, informationnels et autres, sont mis en ligne par l’équipe qui anime le site web : sont publiés gratuitement articles, communiqués de presse, opinions et images, en provenance essentiellement d’ONG, de fondations, d’associations et d’entreprises ou de leurs acteurs, qui se rapportent à ce qui est appréhendé comme fonctionnant bien ou améliorant les choses en Roumanie ; sont publiés de façon payante des séries d’articles présentant des projets ou des actions ayant un impact social estimé positif initiés par des acteurs de la société civile et du monde économique dans le cadre de campagnes de promotion de ces projets ou actions. L’autre moitié des contenus de RomâniaPozitivă provient pour une très large partie de son fondateur, et à moindre mesure d’acteurs individuels et de la société civile (les noms de ces derniers apparaissent d’ailleurs souvent sur le site web, au-delà des contenus qu’ils y font eux-mêmes figurer).



RomâniaPozitivă, qui a désormais plus de 15 ans d’existence, met en avant que son site web est fréquenté par « approximativement 20.000 visiteurs uniques par mois », tandis que plus de 10.000 personnes ont participé aux formations et conférences proposées au cours des 20 dernières années (soit avant sa création, ce qui indique que RomâniaPozitivă est non seulement une vitrine et un vecteur de l’activité professionnelle de son fondateur mais qu’il était également, à l’origine, un prolongement de celle-ci et de son orientation à la fois idéologique et pédagogique marquée par le développement personnel, notamment la psychologie positive). La question que nous allons nous poser ici est celle de savoir quel public ce site web cherche-t-il ainsi à (in)former et à quel dessein précisément ?



(In)former une jeune classe moyenne urbaine et éduquée soucieuse de soi et de la société roumaine



En vue d’identifier le public de RomâniaPozitivă, nous avons mis en œuvre une analyse sémiotique situationnelle de son site web. La sémiotique situationnelle appliquée à l’évaluation ou à l’analyse d’un site web est une méthode qui « […] permet d’analyser les propositions de communication du site web pour repérer celles qui apparaissent comme les plus signifiantes en situation d’usages » (Heïd et Méliani, 2009, p. 3). Le point de départ est de déterminer l’objectif de l’analyse, en l’occurrence ici établir à qui s’adresse ou semble s’adresser RomâniaPozitivă et ce qu’il lui propose, et de définir la place du chercheur, celui-ci étant dans le cas présent un utilisateur non régulier de ce média numérique pour y prélever des contenus informationnels sur certaines thématiques (Bourdet, 2017, 2019). Il nous a dès lors fallu davantage consulter le site web analysé, devenir un « membre » de ses utilisateurs (au sens ethnométhodologique du terme, ce qui nécessite la maîtrise du langage naturel des utilisateurs du site et va par là même impliquer une compétence induite par la familiarité avec le site et ses usages), car le chercheur doit être suffisamment acculturé à celui-ci pour pouvoir dégager au cours de l’analyse les usages normés portés par le dispositif communicationnel (Heïd et Méliani, 2010). Lors de l’analyse, une grille qualitative a été minutieusement complétée, celle-ci comportant 7 cadres qui sont constitutifs de toute situation (identitaire, qualité des relations, positionnement, normes, temporaire, spatial et physico-sensoriel) et 3 niveaux situationnels (micro, méso et macro, soit respectivement : les pages du site web, le site en lui-même, et enfin l’entité sociale qui communique à travers celui-ci) ; dans chaque cadre et pour chaque niveau, nous avons donc noté les éléments pertinents et nous en avons fait émerger les significations qui y sont rattachées. Nous avons ensuite fait le point sur les significations récurrentes et sur celles entrant en résonance afin de dégager des formes globales signifiantes et nous les avons commentées, ces formes globales signifiantes constituant les idées fortes dégagées par l’analyse comme le précisent Heïd et Méliani (2010). Enfin, nous avons mis à jour les relations entre ces principales formes globales signifiantes et les avons qualifiées en vue de saisir le sens général du phénomène. Ce sont ces formes globales signifiantes, leur relations et ce qui s’en dégage à propos du public que RomâniaPozitivă cherche à (in)former et ce qu’il lui propose que nous allons à présent exposer.



RomâniaPozitivă a une visée informative prédominante par rapport à celle de proposer des formations. En effet, si les services de formation sont certes mis en avant sur la page d’accueil du site web (ils y figurent au premier plan), ce sont néanmoins les contenus informationnels centrés sur les « bons exemples » qui sont principalement présents sur la suite de celle-ci. Les trois ou quatre dernières informations publiées dans 16 domaines d’intérêt (économie, culture, éducation, entrepreneuriat social, responsabilité sociale des entreprises, etc., chaque contenu informationnel étant systématiquement indexé à un ou plusieurs domaines) y apparaissent ainsi. Le public peut donc facilement se repérer sur RomâniaPozitivă et s’orienter vers ce qui l’intéresse dans l’actualité en ou sur la Roumanie.



L’accès aux différentes pages est rapide et leur lecture formellement attrayante. Les pages proposant un contenu informationnel sont quant à elles toujours structurées de la même manière : titre, auteur, domaine(s) concerné(s) et catégorie de contenu, chapeau, image d’illustration, texte court organisé en différentes parties, présentation de l’auteur ou/et de l’(des) acteur(s) impliqué(s) avec un lien vers le(s) site(s) web de ce(s) dernier(s). Ces éléments et le fait que tout ce qui est mis en ligne sur RomâniaPozitivă est étiqueté, classé par domaine(s) et/ou par type de contenu permettent d’affirmer que ce site web possède une ergonomie rendant aisée et rapide sa consultation et la lecture de ses pages.



Au regard de la nature des informations publiées mais aussi de l’esthétique du site web, on peut affirmer qu’il y a là une volonté de promouvoir une image positive de ce qui se passe aujourd’hui en Roumanie. Au niveau du contenu, la prédominance de la diffusion d’informations et aussi de points de vues, d’opinions indique qu’il s’agit essentiellement de valoriser ce qui est perçu comme fonctionnant bien ou améliorant les choses dans le pays ainsi que celles et ceux qui en sont les protagonistes, donc de mettre en avant l’exemplarité. Le site web se veut central en la matière et tant par ces « bons exemples » au cœur des contenus informationnels que par les formations proposées, il cherche à contribuer à un changement individuel et collectif pour que les choses progressent dans la société roumaine. RomâniaPozitivă est par conséquent animé par une volonté conjointe de faire participer, d’inciter au changement en Roumanie. C’est ce à quoi correspond justement la rubrique « Implique-toi ! », tandis que l’implication apparaît au bout du cheminement dans le schéma figurant sur le site web que vous avons précédemment évoqué.



Pour faire participer, inciter au changement en Roumanie, RomâniaPozitivă cherche à attirer, y compris sur le plan visuel, un public en quête d’une autre image des réalités du pays, qui reflète et/ou qui valorise ce qui y fonctionne bien ou/et ce qui y améliore les choses – ou en tout cas, ce qui est apprécié comme tel –, en l’occurrence ce qui part d’initiatives d’acteurs du monde économique et de la société civile et qui amène à la résolution de problèmes dans la société roumaine ou/et à accroître le bien-être collectif en matière d’économie, d’éducation, de développement durable, de responsabilité sociétale des entreprises, etc. Compte-tenu de ce qu’il propose au niveau des contenus informationnels et en matière de formation, on peut dire qu’il s’agit d’un public potentiellement mu à la fois par le souci du collectif et par le souci de soi. En raison de sa centration sur l’actualité, et du fait de son ergonomie permettant d’accéder et de lire facilement ce qui est mis en ligne selon ses domaines d’intérêt, on peut de plus supposer qu’il s’adresse à un public qui vit au présent et qui souhaite pouvoir consulter rapidement ce qui l’intéresse ; un public qu’on peut qualifier de « jeune » puisque le tutoiement est de mise sur RomâniaPozitivă. Du fait de la nature même des formations proposées, on peut en outre supposer qu’il s’agit d’un public de personnes actives ou entrant dans la vie active et ayant fait des études supérieures. On peut enfin le caractériser comme vivant en ville, citadin, dans la mesure où le milieu rural et l’agriculture ne sont pas des domaines qui apparaissent et qu’on trouve par contre « Coin vert » ou « Piéton urbain ». RomâniaPozitivă semble par conséquent être un site web qui s’adresse à un public plutôt jeune, urbain, d’un niveau d’études supérieures, exerçant ou s’orientant vers une activité professionnelle et qui cherche une évolution personnelle/professionnelle mais aussi à ce que les choses évoluent en Roumanie, ou pour le dire autrement : à une nouvelle classe moyenne urbaine émergente soucieuse à la fois de soi et de la société dans laquelle elle vit, ayant une orientation plutôt libérale tant sur le plan politique qu’économique. On remarquera que c’est d’ailleurs ce même public qui s’est retrouvé au cœur des mobilisations sociales et politiques autour de préoccupations environnementales, contre la corruption, etc. durant la dernière décennie (Abăseacă et Pleyers, 2018).



En conclusion, on peut dire que le site web RomâniaPozitivă cherche à (in)former, à éduquer – au sens étymologique du terme : conduire hors, élever – par l’exemple, en vue qu’elle agisse dans sa vie quotidienne tant pour un meilleur fonctionnement collectif que pour son épanouissement personnel, cette frange de la société roumaine, jeune, urbaine, dynamique, pro-démocratique et pro-européenne, qui aspire au développement d’une société pleinement libérale tout en étant sensible aux préoccupations sociales, environnementales, etc. Alors que plusieurs clivages se superposent aujourd’hui en Roumanie (Pîrvulescu, 2017), on peut toutefois se demander dans quelle mesure cela ne participe pas ici à leur accentuation et à la polarisation entre cette frange de la société et une autre caractérisée elle par son anti-libéralisme et qui se tourne pour partie vers la télévision pour s’informer ?

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