Fiche Documentaire n° 5763

Titre Agricultrices et agriculteurs vieillissants : un public invisible du travail social ?

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Auteur(s) BRUTTIN lorry  
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Agricultrices et agriculteurs vieillissants : un public invisible du travail social ?

Cette contribution s’appuie sur une enquête réalisée en 2020 sur la question des difficultés liées à la retraite dans l’agriculture de montagne dans le canton du Valais, en Suisse. Elle a été réalisée dans le cadre d’un travail de master en travail social.

Les éléments qui seront présentés ici porteront premièrement sur une explication des différentes dimensions qui entourent la question de la « non-retraite » dans l’agriculture de montagne. Deuxièmement quelques résultats de l’enquête seront présentés. La troisième et dernière partie proposera un questionnement sur le caractère relativement invisible des agricultrices et agriculteurs dans le travail social (Bouquet, 2018) et sur les raisons de cette invisibilité.

Le contexte particulier de l’agriculture valaisanne de montagne avec ses exploitations de petite taille, les enjeux forts autour de l’identité « paysanne » ainsi que les spécificités liées aux paiements directs (subventions liées à la politique agricole fédérale) et spécialement à leur arrêt à l’âge de 65 ans, pose des défis majeurs en termes économiques, personnels et sociaux pour la vie des agricultrices et agriculteurs indépendants.
Pour explorer cette thématique, douze agricultrices et agriculteurs indépendants de montagne dans le canton du Valais ont été interviewé·e·s selon la perspective du parcours de vie (Sapin et al. 2014) sur leurs conditions d’existences, les pratiques et l’organisation familiale.
La perspective s’inscrivant dans un contexte spatio-temporel spécifique, a pu démontrer que les inégalités sociales qui les touchent durant leur vie entière, mais qui explosent une fois l’âge de la retraite les exposent à un fort risque de précarisation (Gabriel et al. 2015) du fait des conditions structurelles liées aux paiements directs.

En dépit de cela, les exploitant-es ont peu recours au système d’assurance et de protection sociales. Leur identité liée à l’agriculture conduit à une grande adaptabilité, mais aussi à un non-recours aux prestations sociales. Les caractères d’éligibilité à un droit aux prestations sociales sont complexes et les conditions requises correspondent rarement à leur réalité. Les transferts sociaux auxquels les exploitant·e·s ont déjà recours (paiements directs) ainsi que leur capital matériel (bâtiments, machines etc.) rendent difficile l’accès à ce droit (Contzen et Crettaz 2019).
Le système de prévoyance tel qu’il est conçu ne donne pas accès à un revenu suffisant pour envisager de quitter l’exploitation. Reconfigurer sa vie autrement est impensable, cette profession n’est pas qu’un métier, elle symbolise tout leur quotidien. De plus, le travail dans l’agriculture est fortement touché par le vieillissement démographique : les professionnel-le-s avancent en âge et la relève est absente (Droz 2017). Ces éléments ci-dessus rendent problématique un départ à la retraite « traditionnelle » pour les exploitant·e·s. Malgré une sortie « officielle » du monde du travail à l’arrêt des paiements directs, ils et elles continuent de travailler.

Ces dernières années, des cris d’alertes sont lancés face aux grands nombres de suicides dans l’agriculture. En France, le film d’Édouard Bergeon, au nom de la terre (2019) dénonce les dilemmes de l’agriculture (contraintes du métier, décalage face aux attentes de la société, manque de soutien, etc.). L’agriculture est traversée par des enjeux de précarité et de souffrances physiques et psychiques. Malgré une situation à fort risque de précarisation les agricultrices et agriculteurs sont peu connus et peu demandeurs du travail social.

Au vu de ces constats, la communication s’interrogera sur les mécanismes qui tendent à invisibiliser un public « potentiel » du travail social. Comment une partie de la population est-elle exclue du travail social, pourtant considéré comme un vecteur de citoyenneté à même de réduire les inégalités ? Comment le travail social peut-il alors se mobiliser pour les minoritaires sociaux (Palomares et Rabaud, 2006) que sont les agriculteurs et agricultrices ?

Bibliographie

Bouquet, Brigitte et Patrick Dubéchot. 2018. "Quelques enjeux autour des territoires ruraux." Vie sociale 22(2):13-31. doi: DOI 10.3917/vsoc.182.0013.

Bouquet, Brigitte. 2018. "Pauvreté, précarité, solidarité en milieu rural." Vie sociale 22(2). doi: 10.3917/vsoc.182.0145.

Bruttin, Lorry. 2020. "Pas de retraite dans l’agriculture de montagne. " mémoire de master sous la direction de Valérie Hugentobler (HETSL). Non publié.

Contzen, Sandra and Eric Crettaz. 2019. "Being a Poor Farmer in a Wealthy Country: A Swiss Case Study." Sociologia Ruralis 59(3):393-418. doi: https://doi.org/10.1111/soru.12230.

Droz, Yvan. 2017. "Amour, Famille Et Entreprise : La Transmission Du Patrimoine Au Sein De L’entreprise Familiale." Recherches familiales 14(1):9-22. doi: 10.3917/rf.014.0009.

Forney, Jérémie. 2013. "Social Sciences and Farmers in Switzerland: The Story of a Strange Absence." Geography Compass 7(12):843-52. doi: https://doi.org/10.1111/gec3.12084.

Gabriel, Rainer., Oris, Michel., Studer, Mathias and Baeriswyl, Marie. (2015). "The persistence of social stratification ? A life course Perspective on Poverty in Old-Age in Switzerland". Revue suisse de sociologie, 41(3), 337-518.

Knüssel, René., Bickel, Jean-François., Höpflinger, François and Vatron-Steiner, Béatrice. (2015). "Transformations of retirements policies". Revue suisse de sociologie, 41 (3), 341-358.

Palomares, Elise; Rabaud Aude. 2006. "Minoritaires et citoyens ? Faites vos preuves ! " L’homme et la société, n ° 160-161.

Sapin, Marlène., Spini, Dario., & Widmer, Eric. (2014). Les parcours de vie de l’adolescence au grand âge. (2e éd.). Lausanne. Presses polytechniques et universitaires romandes.

Présentation des auteurs

Éducatrice sociale durant plusieurs années, d'abord en psychiatrie puis dans le travail social hors murs, Lorry Bruttin est collaboratrice scientifique au sein de la HETS HES-SO Valais/Wallis en Suisse. Elle travaille majoritairement sur un projet de recherche portant sur le vieillissement en montagne et collabore dans le cadre du Master en Travail Social à la HES-SO Lausanne.

Communication complète

Agricultrices et agriculteurs vieillissants, un public invisible du travail social ?



Cette contribution s’appuie sur une enquête réalisée en 2020 dans le cadre d’un travail de master en Travail social sur la question de la non-retraite dans l’agriculture de montagne.



Fille d’agriculteur, dans un petit village de montagne, j’ai grandi dans une région rurale au sein d’une exploitation agricole. Travailleuse sociale pendant six années, je me suis orientée dans ma pratique professionnelle principalement en psychiatrie et gérontologie. Ce point de vue situé (Smith, 2018) soulève donc des questions qui relient l’agriculture, le vieillissement, les politiques publiques et sociales et ainsi de fait le travail social.



Les éléments présentés ici porteront premièrement sur une explication brève de différentes dimensions afin de contextualiser la condition de vie et de (non)retraite dans l’agriculture de montagne. Ces éléments permettront d’ouvrir une réflexion sur les raisons de l’absence de connaissance du travail social face aux difficultés exprimées et analysées comme telles. Enfin, sous forme de conclusion, la communication proposera une réflexion sur le rôle ou le défi que cela pose pour le travail social. Autrement dit, comment sans le savoir, une partie de la population que représentent les agriculteurs et agricultrices est absente du travail social ?



Méthodologie



Cette enquête ne se situe pas dans une démarche participative à proprement dite, mais elle vise pourtant de rapporter la parole des agricultrices et agriculteurs interviewés afin de les rendre plus visibles et de parler de ce groupe social, bien qu’hétérogènes, mais traversés par des logiques d’inégalités et de précarités. Le but est, qui sait, de viser une forme de transformation sociale par une meilleure connaissance par la société, surtout par les politiques, des conditions liées à l’agriculture et au vieillissement. Le travail social pourrait ainsi être un intermédiaire pour les agricultrices et agriculteurs, comme il l’est déjà pour d’autres groupes sociaux à « ces principes d’obligation sociale et d’implication de la personne vulnérable dans le corps social, dans la vie des institutions » (Hamzaoui & Bingen, 2010).



La méthodologie utilisée pour réaliser le travail de master sur lequel s’appuie cette présentation s’inscrit dans approche socio anthropologique par une démarche qualitative avec comme ancrage théorique la sociologie du vieillissement. Douze agricultrices et agriculteurs indépendant·e·s de montagne dans le canton du Valais ont été interviewé·e·s à travers des entretiens semi-directifs (Blanchet et Gotman, 2015).



Des dimensions qui façonnent l’agriculture et tendent vers un processus de précarisation



Le contexte particulier de l’agriculture valaisanne de montagne ne permet pas le développement d’exploitations agricoles de grandes tailles ni d’importantes cultures végétales. Les exploitations agricoles valaisannes représentent 6,8% des exploitations suisses et se situent majoritairement entre 3ha à 50ha . La production animale (lait, viande, etc.) y est donc favorisée. La dureté des conditions climatiques, les conditions de travail physique, les horaires intenses et continus ainsi que les exigences spécifiques liées à la production animale régissent et impactent énormément le travail et de fait, le revenu dans ces petites exploitations.



Le contexte rural marqué par ce que Gucher et al. (2008) nomme de « culture paysanne » et le contexte de montagne ainsi que la politique agricole avec les paiements directs mise en place en 1999 ont façonné une identité forte des agriculteurs et agricultrices. Elle est traversée par la valeur centrale du travail dans deux rôles contradictoires : l’agriculture se doit de conserver un folklore paysan traditionnel au travers du « mythe du bon paysan » en étant un père nourricier pour son peuple et se doit de gérer son exploitation comme un·e entrepreneur·e hors pair (Forney,2011). L’agriculture est construite à la fois sur des valeurs de liberté individuelle tout en ayant été orientée vers un système de transfert monétaire. En parallèle, les exploitant·e·s doivent faire face aux défis technocratiques, à la libéralisation du marché et l’importation des denrées qui font chuter drastiquement les prix des denrées alimentaires et augmentent les procédures administratives. Bien qu’ayant un statut d’indépendant-e-s, les exploitant·e·s vivent et s’adaptent aux logiques institutionnelles de l’État à travers desquelles ils et elles sont étroitement connectés par le biais de ces paiements directs et des conditions de ceux-ci.



Les paiements directs, sont d’autant plus importants pour les petites exploitations dans la production animale de montagne, comme l’ont souligné Contzen et al. (2009) « […] ces aides sont surtout vitales pour les familles paysannes de montagne. Si elles étaient supprimées, ce serait un coup fatal […] Pour celles des régions de montagne, elles peuvent représenter jusqu’à deux tiers du revenu agricole » (p.106). Le lien entre la solidarité économique étatique et la viabilité de l’agriculture est fort et instaure une dépendance claire.



Malgré un revenu peu élevé, les exploitant·e·s ont peu recours au système d’assurance et de protection sociale. Leur statut d’indépendant·e et leur identité liée à l’agriculture conduisent à une grande adaptabilité, mais aussi à un non-recours aux prestations sociales. Les caractères d’éligibilité à un droit aux prestations sociales sont complexes, et les conditions requises correspondent trop peu à leur réalité. Les transferts sociaux auxquels les exploitant·e·s ont déjà recours (paiements directs) ainsi que leur capital matériel (bâtiments, machines et outils agricoles) rendent difficile l’accès à ce droit (Contzen et Crettaz 2019).



Des dimensions liées au vieillissement et à la retraite qui façonnent l’agriculture



L’agriculture est également traversée par un fort vieillissement démographique. Les exploitations agricoles diminuent drastiquement chaque année sans que les nouvelles générations s’y intéressent (Droz, 2017). La majorité des exploitant·e·s se situent au-delà de l’âge de 50 ans (OFAG, 2018).



À 65 ans, les paiements directs s’arrêtent automatiquement. Cet arrêt de transferts monétaires fait disparaître administrativement cette catégorie de plus de 65 ans. Ce couperet est fatidique pour les petit·e·s exploitant·e·s de montagne. Les revenus, déjà peu élevé ont été investi, la vie durant, dans leur exploitation. En effet, les capitaux sont plutôt matériels, nourriciers et symboliques que financiers. Ces indépendant·e·s n’ont d’ailleurs pas ou peu cotisé au deuxième pilier suisse de la prévoyance professionnelle. Ils et elles ne bénéficient ainsi que de la rente minimale de l’AVS qui s’élève à 1’195CHF mensuel pour une personne.



Le système de prévoyance suisse tel qu’il est actuellement ne donne pas accès un revenu suffisant pour envisager de quitter l’exploitation. Reconfigurer sa vie autrement est impensable, cette profession n’est pas qu’un métier, elle fait partie intégrante de leur quotidien. Les processus de précarisation observés dans l’agriculture de montagne rendent problématique un départ à la retraite « traditionnelle ». Les agriculteurs et agricultrices se réapproprient ce passage dans une forme hybride (Knüsel et al. 2015). Malgré une sortie « officielle » du monde du travail à l’arrêt des paiements directs, ils et elles continuent bel et bien de travailler. En finalité, la politique agricole crée non pas de l’autonomie, mais plutôt une dépendance chez les exploitant·e·s qui perdurent après 65 ans, les rendant invisibles.



Ces conditions de vie liées à l’agriculture, à la politique agricole et au vieillissement régissent la vie des exploitant·e·s. Ces éléments contribuent à invisibiliser les situations de précarités et les difficultés vécues par ces personnes qui n’apparaissent nulle part, encore plus au moment de la retraite.



Entre un sentiment d’incompréhension et un besoin de soutien réel



Lorsque les agriculteurs et agricultrices sont questionnés sur leur rapport à la société, il ressort un décalage entre ce que les exploitant·e·s vivent et l’image perçue par la société. Un besoin de soutien réel est exprimé et de fait des agriculteurs et agricultrices soulèvent des propos illustrant de la solitude, voire de la souffrance. Ce sentiment perdure voire augmente après l’âge de la retraite.



Le risque de suicide est plus élevé en suisse de 37 % pour les agriculteurs et agricultrices que la moyenne de la population. Un « ras le bol » s’élève en dénonçant une économie du marché mondialisée et des recettes en baisse continue. Des cris d’alertes sont lancés un peu partout face aux grands nombres de suicides toujours plus présents dans l’agriculture. En France le film d’Édouard Bergeon, au nom de la terre (2019) dénonce le dilemme de l’agriculture face aux contraintes et exigences du métier lui-même, et du décalage face aux attentes de la société, avec les chaînes de consommation, les questions cruciales au niveau de l’écologie et le manque de soutien flagrant (Steck, Junker, Bopp, Egger & Zwahlen, 2020). Le manque de soutien et de reconnaissance est fort et cela augmente un sentiment de malaise et renforce le processus de précarisation des agriculteurs et agricultrices (Prévitali, 2015).



Ce dernier point est également exprimé par les exploitant-e-s. Ils et elles expliquent mal connaître et surtout être peu informé-e-s du système social. Les personnes interrogées relèvent ne pas savoir réellement vers qui se rendre lorsqu’il s’agit d’affaires sociales. Ils et elles se tournent principalement vers la famille puis des amis.



Le fait de ne pas pouvoir accéder correctement aux ressources de l’état, la configuration des petites exploitations, la rudesse des conditions dans l’agriculture ainsi que l’incapacité d’envisager son avenir sous la forme d’une retraite et enfin un manque de soutien contribuent à mettre de côté, à invisibiliser ces personnes à l’opposé des logiques d’inclusion, de participation sociale et de citoyenneté (Bernardet et Thalineau, 2018) habitée par le travail social.



Défi pour le travail social : élargir la portée du travail social



En guise d’ouverture à la suite des éléments présentés en amont, un réel besoin de trouver un intermédiaire entre la société et l’agriculture se fait sentir. Une meilleure prise de conscience des conditions de vie des exploitant·e·s par les politiques et de fait par l’ensemble de la société permettrait ainsi de réfléchir à des solutions face aux processus de précarisation et ainsi à lutter contre l’invisibilité de ce groupe social.



Le travail social, pour jouer un rôle d’intermédiaire, se doit d’être au courant de ces problématiques croisées. Il doit identifier les problèmes et les enjeux liés à l’agriculture, au milieu rural de montagne, aux vieillissements et aux politiques sociales. Ces questions sont le reflet d’enjeux de la société à plus grande échelle entre les enjeux du vieillissement démographique, les questions économiques liées à la retraite, le creusement des inégalités sociales, la lutte contre l’exclusion et la précarité et enfin les enjeux environnementaux et de durabilité qui font partie des objectifs visés derrière les actions du travail social.



Étant souvent éloigné·e·s, physiquement avec le milieu rural et montagnard ainsi que par les valeurs portées par la culture paysanne, peu d’exploitant·e· se résignent à chercher de l’aide, encore puissent-ils savoir où et à qui s’adresser et enfin puissent-ils et elles y avoir accès réellement, comment le travail social peut-il alors s’impliquer, jouer un rôle et contribuer ainsi à visibiliser ces problématiques, mais surtout à se mobiliser auprès d’elles et eux ?



La difficulté réside premièrement à faire face aux représentations qu’il peut y avoir entre le travail social et l’agriculture. Deux « mondes » doivent se rencontrer et se comprendre. Ouvrir les yeux sur des problématiques jusqu’ici invisibles c’est donner la parole, légitimer et redonner le pouvoir à des personnes (Bernardet et Thalineau, 2018). Le travail social peut et doit prendre ce rôle.



Le travail social se développe, très timidement dans les régions rurales (Bouquet et Dubechot, 2018), notamment en suisse. Il est également peu présent dans la vieillesse et absent du monde agricole concrètement.



Ouvrir le champ d’action du travail social dans les questions de vieillissement, de ruralité et dans le milieu agricole n’ouvre pas forcément le travail social vers des problématiques inconnues (Bouquet, 2007). Le travail social élargit sa prise de conscience de problématique déjà bien présente dans des sphères peu connues jusqu’ici et là se trouve une façon d’être un intermédiaire favorisant une participation des publics du travail social en contribuant à réduire les inégalités ou à militer à un accès aux droits et à la citoyenneté (Bernardet et Thalineau, 2018).



Le travail social pourrait s’impliquer au niveau des politiques et plus précisément des politiques publiques. Il pourrait intervenir auprès des agriculteurs et agricultrices directement pour des questions administratives des assurances sociales. Effectuer des visites préventives sur des questions diverses telles que la famille, le budget, la retraite ou encore la santé mentale. Enfin le travail social pourrait être un pont, un intermédiaire entre le rural et l’urbain, entre les citoyens et citoyennes et l’agriculture et permettre la naissance de collaboration, d’entraide ou d’interconnaissance.



« Confronté aux mutations de la société, fortement impacté par les transformations de l’action publique, le travail social ne peut se démobiliser, se refermer sur lui-même ou se contenter de faire au mieux son action. Ses valeurs faites de respect et de reconnaissance, de justice, d’égalité, de liberté, de solidarité, et son objectif de transformation sociale sont plus que jamais valables et exigent la mise en place de nouvelles dynamiques mobilisatrices, démocratiques, solidaires » (Bouquet, 2007, p.42).



Mobiliser le travail social en faveur d’une prise de conscience des conditions de vie dans l’agriculture et du processus de précarisation reflète également les questions d’accès aux ressources et à la production de denrées par rapport à la dépendance à l’étranger. La Suisse pour l’instant ne produit que 48% de ses besoins (OFS,2019). Les questions de protection du territoire, de protection de la nature, d’économie locale sont des objectifs de durabilité qui traversent la société et le travail social.



En finalité, donner la parole aux agriculteurs et aux agricultrices par le biais d’une recherche en travail social relie directement le rôle du travail social face à des populations marginalisées, et plus largement aux problématiques sociétales, pour qui celui-ci se doit de rendre visible les invisibles…

Résumé en Anglais


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