Fiche Documentaire n° 5813

Titre Les dynamiques de participation, de l’injonction à la co-construction

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l'auteur principal

Auteur(s) ALBERT Irène
CANU Céline
GRIMAUD Nathalie
 
     
Thème Une étude sur les instances de participation au sein des secteurs sanitaire, médico-social et social sur le territoire ouest de l’île de La Réunion  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Les dynamiques de participation, de l’injonction à la co-construction

En France, des démarches de participation incluant la personne accompagnée se développent dans l’intervention sociale à travers divers dispositifs publics et instances institutionnelles. Nous notons ainsi une évolution de la culture de la participation concomitante aux évolutions rapides de la société. L'injonction participative s'est également manifestée dans les politiques sociales dans le cadre réglementaire des établissements et des services sociaux et médico-sociaux avec la loi 2002-2 rénovant l'action sociale et médico-sociale. Les états généraux du travail social de 2015 ont débouché sur un plan d'action en faveur du travail social et de l'intervention sociale : un des objectifs phares est de développer le pouvoir d’agir des personnes concernées et de mieux les accompagner. Par ailleurs, en 2016, le Haut Conseil du Travail Social élabore des propositions pour développer au mieux la participation des personnes accompagnées.
Néanmoins, si la participation des personnes concernées a évolué dans les discours et dans les faits (à travers des instances définies par les politiques publiques sous forme d’impératif), qu’en est-il réellement sur le terrain, en particulier à l’île de La Réunion ? Quelles sont les dynamiques qui se jouent dans les instances de participation ? Comment se positionnent les personnes concernées, les professionnels et les décideurs par rapport à celle-ci ?
Ainsi, étudier la question de la participation implique d’interroger les acteurs concernés, de comprendre les représentations de chacun et leurs attentes.
Dans le cadre du plan stratégique de la lutte contre la pauvreté (2018-2022), la Fédération des Acteurs de la Solidarité-Océan Indien a été missionnée sur le territoire de La Réunion par l’Etat pour animer avec le Conseil Régional des Personnes Accueillies et Accompagnées un groupe de travail sur la thématique de la participation. Le but fixé est d’offrir une place dans l’espace public à celles et ceux qui en sont souvent exclus, de (re)donner la parole à toutes les personnes et de les reconnaître comme actrices et expertes à part entière des politiques sociales et des projets qui leur sont destinés.
Pour ce faire, la FAS-OI a associé un groupe d’étudiants en formation d’Ingénieur social à l’IRTS de La Réunion pour la réalisation d’une étude. L’objectif était d’évaluer l’effectivité de la participation ainsi que sa mise en œuvre afin de préconiser des axes de travail pour accompagner l’évolution des pratiques dans le secteur.
A partir de notre question de recherche : En quoi les dynamiques de participation influent-t-elles sur la démocratie participative au sein des instances de participation des secteurs sanitaire, social et médico-social ?, nous nous sommes interrogées sur les enjeux de la participation, les conditions (freins et leviers) et les niveaux existants, relatés par les professionnels et les personnes concernées interviewés. Notre analyse met en exergue que le sens donné à la participation par chacun conditionne sa mise en œuvre et son effectivité.
Dans le cadre de cette communication, nous souhaitons présenter les résultats de cette étude relatifs aux dynamiques de participation dans les différentes instances ainsi que les perspectives proposées en termes de nouvelles initiatives participatives sur le territoire de La Réunion.

Bibliographie

Blondiaux, L. (2008). Le nouvel esprit de la démocratie, actualités de la démocratie participative, édition du Seuil
Bourgeois, S. (2019). La participation des personnes accompagnées à la gouvernance des associations : à quelles conditions peut-elle être effective ? Étude de cinq cas d’associations ou de fondations, IAE Paris -Sorbonne Business School
Le bossé, Y. (2016), Soutenir sans prescrire, Éditions ARDIS
Zack, J. (2011). Participer : Essai sur les formes démocratiques de la participation, Paris, le Bord de l’eau
Arnstein, SR. (1969). Ladder of Citizen participation, Journal of the American Planning Association, Vol.35, n°4, 216-224
Carrel, M. (2017). Injonction participative ou empowerment ? Les enjeux de la participation. Vie sociale, 19(3), 27-34. https://doi.org/10.3917/vsoc.173.0027
Cometti, E. (2017). Participation de tous : passer des intentions aux actes. Vie sociale, 19(3), 131-152. https://doi.org/10.3917/vsoc.173.0131
Deverchère, N. (2017). Innovations et engagement des travailleurs sociaux en faveur du développement du pouvoir d’agir. Vie sociale,19(3),91-105 https://doi.org/10.3917/vsoc.173.0091
Jaeger, M. (2017). Les nouvelles formes de participation des personnes accompagnées dans les instances de gouvernance et dans les formations. Vie sociale, 19(3), 13-25 https://doi.org/10.3917/vsoc.173.0013
Le Floch, C. (2019). De la rue aux instances de participation, de la paire-aidance à la formation des travailleurs sociaux. Forum, 158(3),9-12 https://doi.org/10.3917/forum.158.0009
Le sociographe, (2019). La participation : nouvel idéal ? Champ social éditions, n°68
Plante, F. Albert, I. (2017). Contribution des personnes accompagnées dans les formations en travail social à La Réunion, Pôle de recherche et d’étude pour la formation et l’action sociale, EMAP- IRTS de La Réunion

Présentation des auteurs

ALBERT Irène, sociologue, Responsable de formation, attachée de recherche IRTS Réunion
CANU Céline, éducatrice spécialisée secteur handicap, étudiante DEIS1922, formatrice IRTS Réunion
GRIMAUD Natacha, Assistante service social, coordinateur en gérontologie, étudiante DEIS1922, formatrice IRTS Réunion

Communication complète

« Les dynamiques de la participation, de l’injonction à la co-construction »,

Une étude sur les instances de participation au sein des secteurs sanitaire, médico-social et social sur le territoire ouest de l’île de La Réunion.

Irène Albert, Céline Canu et Natacha Grimaud





La notion de participation de la personne accompagnée n’est pas nouvelle mais connaît un nouvel élan depuis la promulgation de la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale.



I/ LE CONTEXTE DE L’ÉTUDE



 Le cadre législatif dans lequel s’inscrit la participation actuellement

La stratégie nationale de prévention de lutte contre la pauvreté 2018-2022 affirme que « la mise en œuvre de cette stratégie pauvreté sera l’occasion d’un choc de la participation afin d'acter l’obligation de porter les politiques sociales avec les personnes concernées » . Avec la loi d'orientation de 1998 relative à la lutte contre les exclusions, l'accès aux droits fondamentaux a été affirmé et cela permet d’associer pour la première fois les plus démunis à la définition des politiques qui les concernent.

L'injonction participative s'est manifestée dans les politiques sociales dans le cadre réglementaire des établissements et des services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) avec la loi 2002-2 rénovant l'action sociale et médico-sociale. Dernièrement, les Etats généraux du travail social de 2015 ont débouché sur un plan d'action en faveur du travail social et de l'intervention sociale. Un de ses objectifs phares est de faire participer les personnes concernées et de mieux les accompagner.



 L’Ile de La Réunion et la participation

L’île de La Réunion, département français depuis 1946, est soumise au même cadre législatif que la France, notamment concernant l’ensemble des politiques sociales. Seize chantiers thématiques portant sur l’enfance, l’insertion et le travail social ont été établi dans l’objectif de construire et de mettre en œuvre des mesures au plus proche des réalités territoriales. Parmi ces seize chantiers, existe un groupe consacré à la thématique « participation ». Le département de La Réunion a été choisi pour travailler sur la thématique de « la participation ». C’est la Fédération des Acteurs de la Solidarité Océan Indien (FAS-OI) qui a été choisi pour animer aux côtés du CRPA Réunion (Conseil régional des Personnes accueillies et accompagnées) le groupe de travail sur la participation.

Notre étude, menée dans le cadre de la formation DEIS à l’IRTS Réunion, consacrée aux dynamiques de participation sur notre île a été commanditée par cette association.



 Une étude sur la « participation » commandité par la FAS-OI

La Fédération des Acteurs de la Solidarité nationale, créée en 2016 est un réseau d'associations de solidarité et d’organismes qui accueillent et accompagnent les personnes les plus démunies. Cette étude permettra d’évaluer le niveau de participation des personnes concernées dans les instances de participation existantes sur le territoire de La Réunion en lien avec le plan de lutte contre la pauvreté. La participation est alors pensée comme un facteur de réussite de la stratégie promue par ce plan. Ainsi, les résultats permettront de valoriser l’existant et d’établir des préconisations afin d’élargir la mise en œuvre de la participation sur l’ensemble du territoire réunionnais et d’atteindre les pouvoirs publics.

La problématique traitée dans le cadre de cette étude était la suivante : : « En quoi les dynamiques de participation influent-t-elles sur la démocratie participative au sein des instances de participation des secteurs sanitaire, social et médico-social ? » Nous avons tenté de répondre à cette question en recherchant le statut de partenaire attribué ou pas à la personne concernée dans le cadre l’instance de participation, le degré d’implication et l’adaptation dont fait preuve celle-ci, ainsi que les responsabilités individuelles mis en jeu dans le cadre du « pouvoir d’agir ».



II/ LES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE



 L’instance type



À l'issue de l’étude quantitative réalisée auprès de 42 instances de participation, un profil type d’instance de participation ressort. Elle se nomme autrement qu’une dénomination instituée et encadrée par une loi. Elle ne relève pas d’un cadre légal précis et ni d’une loi. L’instance type se réunit suivant les besoins et de façon formelle. Elle se compose de personnes concernées, de professionnels, de familles et de cadres. Sur l’échelle de la participation de Sherry Einstein , elle se situe au niveau information.



 Les freins et leviers à la participation



Pour analyser les résultats qualitatifs issus de 25 entretiens semi-directifs menés auprès de personnes concernées, de professionnels de terrain et de cadres, nous avons procédé à une analyse thématique permettant de révéler des freins et leviers à la participation sur l’appui de trois thèmes : le fonctionnement des instances, les représentations des personnes et l’effectivité de la participation.

Dans les témoignages, le manque d'accessibilité sur les résultats de la participation a été souligné comme un frein. L'absence de retour sur la plus-value de la participation conduit les personnes vers un sentiment de lassitude et de découragement. Aussi, la manière de communiquer, l’identification d’un lieu repéré et l’adaptation des horaires sont des fondamentaux pour faciliter la participation des personnes. L'absence de support technique pour faciliter la compréhension des personnes, ainsi que l'absence de transport pour venir les instances sont révélées comme des freins à la participation. Aussi, les témoignages ont permis de révéler des problématiques liées à la défiance des personnes envers les institutions et au manque de délégation de pouvoir par les pouvoirs publics. La crise sanitaire a été identifiée comme un frein car elle a mis des projets en suspens et engranger une baisse ou une cessation d'activité. Dans les discours, le besoin de considération est décrit comme un levier de la participation. Placer la personne comme experte de sa situation permettrait de développer ses capacités à être force de proposition dans les instances. Sur les pistes de d'amélioration proposées par les personnes interviewées liées à des enjeux techniques notamment sur l’adaptation de la communication et des supports, l’animation des instances, l’anticipation et l’organisation des rencontres. (5850 ENC)







 Les enjeux de la participation



L'analyse des résultats a permis de dégager les enjeux de la participation sur les territoires ouest de l'île de La Réunion. Pour être effective, la participation doit être pensée avec et par l'ensemble des acteurs, en permettant à la personne concernée d'acquérir un statut de partenaire. La considération et la reconnaissance dans les instances des participations sont des besoins auxquels il est nécessaire d'apporter une réponse aux personnes. Pour permettre leur implication dans les instances, la mise en valeur et l'évaluation des effets de la participation doivent faire l'objet d'un partage. Aussi, l’un des enjeux de la participation est d’amener les pouvoirs publics et les personnes elles-mêmes à conscientiser les effets et l’importance de leur pouvoir d'agir. Enfin, la question du sens, « pourquoi participons-nous ? » relève d'un axe essentiel à travailler pour la rendre effective.





III/ LES PRÉCONISATIONS

Pour ce faire, il s’agit véritablement de mettre à contribution l’expérience, l’expertise d’usage des personnes concernées avec celles des professionnels au service de la collectivité. Pour donner suite concrètement aux éléments mis en avant ci-dessus, il est important de partir des besoins et attentes de l’ensemble des acteurs de la participation pour proposer des pistes d’amélioration réalistes et crédibles. Cette co-construction a abouti aux propositions d’actions suivantes, répertoriés selon deux axes :



 Légitimer l’expérience des personnes concernées

1. Création d’une certification du savoir expérientiel

Pour modifier les représentations de l’ensemble des acteurs et renforcer l’estime de soi des personnes concernées souhaitant valoriser leurs expériences et développer leurs compétences ; cette certification pourrait déboucher sur la délivrance d’un titre professionnel.

En 2021, ce partenariat construit ente l’IRTS de La réunion et La FAS-Océan Indien a permis de mettre en œuvre deux formations à destination de futurs professionnels.

2. Accompagner la reconnaissance du travail-pair et de la pair aidance

Le travailleur-pair auprès des professionnels permettra à la personne concernée de bénéficier du rôle de facilitateur, de médiateur pour construire un climat de confiance et sensibiliser les professionnels aux réalités de vies des personnes qu’elles accompagnent. La « pair aidance », statut associée au bénévolat, peut participer à l’enrichissement personnel et au bien-fondé d’une action pour la collectivité.

3. Créer un module de formation composé de cadres et de personnes concernées

Pour réduire l’écart entre les réalités de gestion auxquels les cadres sont soumis et les réalités de terrain qui font partie du quotidien des personnes concernées et de certains professionnel(le)s. ce module permettra de faire des personnes concernées, des partenaires et des co-décisionnaires



 Favoriser l’intégration de la démarche de participation dans la culture sanitaire, sociale et médico-sociale

4. Créer une maison de la participation

Une structure d’appui, experte du sujet de la participation où se retrouveraient toutes les personnes intéressées par cette thématique dans les 3 champs (social, médico-social et sanitaire). Elle se matérialiserait sous la forme d’un bus itinérant afin d’aller-vers la population et favoriser la participation. Ce bus répondrait à la problématique de la mobilité soulevée par les personnes concernées.

5. Mettre en œuvre un accompagnement de tous à la participation

En 2021, la « Charte de la Participation » a été créée par l’ensemble des acteurs pour favoriser l’intégration de tous dans tous types d’instances à partir de l’expérience de participation de chacun. Cette charte a pour objectif d'outiller aussi bien les personnes concernées que les professionnels et institutionnels en vue d’appliquer de bonnes pratiques pour favoriser et pérenniser la participation des personnes concernées.

Des ateliers de participation pour « mettre en action » la participation ont été mis en place sur tout le territoire par la FAS-OI dans des structures d’hébergement, d’insertion, des maisons de quartier, etc. pour initier le développement de l'Aller-Vers et favoriser ainsi la participation en identifiant les freins, les leviers et les préconisations. Ces échanges sont collectés et compilés afin de servir de bases de plaidoyer.



La participation a des finalités plurielles, avec des portées individuelles et collectives. Pour assurer son existence et sa survie, celle-ci est vouée à s’inscrire dans le cadre d’une véritable culture de la participation.

Résumé en Anglais


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