Les démarches participatives en centre social : visées de changement social ou développement individuel capacitaire ?
Proposition de communication AXE 1 Favoriser le dialogue dans les pratiques d’intervention sociale, de formation et de recherche
Sous la pression de commande sociale des financeurs, et accompagné par la fédération départementale des centres sociaux, la maison de quartier des Couronneries à Poitiers opère un changement de paradigme de ses modes d’intervention. Situés dans un nouvel espace « hors les murs » et développant des pratiques issues de l’éducation populaire, les professionnels répondent aux finalités de développement de la participation des habitants aux décisions qui les concernent. Pendant quatre ans (2017-2021), la structure a formé ses équipes et expérimenté la démarche « ALFA » (Aller vers et faire avec) qui constitue le cœur du nouveau projet social 2022-2025. Se pose aujourd’hui un certain nombre de questions autour de « l’après » : « Aller vers et faire avec » mais pour quoi faire ? » Tous ont conscience des possibilités qu’offrent ces formes d’expression alternatives mais en perçoivent également les difficultés et les limites dans un contexte où le mandat est peu explicite. Carrel, note que « le paradoxe de la « participation des habitants » (toujours réclamée, jamais explicitée) tient en grande partie à l’absence de procédures ad hoc pour organiser la confrontation démocratique entre la population et les pouvoirs publics. » (Carrel, 2013). Nous avons été sollicitée, au titre de chercheure en sciences de l’éducation, pour répondre à la question, « en quoi le recueil de la parole des habitants interpelle et transforme les pratiques d’animation ? » et soutenir la réflexion des acteurs (animateurs, direction et administrateurs) sur les enjeux éthiques et politiques soulevés par ces modes d’intervention dans l’espace public. Dans un premier temps nous décrirons les éléments de reconfiguration identitaire exprimés par les animateurs, lors de nos entretiens de recherche, notamment les changements de posture, « se départir des intentions pour autrui » , qui ouvrent des espaces d’étonnement (Thievenaz, 2017) et une prise de conscience de la dimension potentiellement conflictuelle des positions adoptées (de la société civile et de la société politique), (Hamidi, 2010). Puis nous ferons échos des doutes exprimés concernant le poids réel des habitants dans l’évolution des politiques publiques. Les équipes questionnent le sens de leur action. S’agit-il de développer des accompagnements collectifs aux visées de changement social, de transformations institutionnelles et de développement du pouvoir d’agir (Pesce et Breton, 2019), ou bien de circonscrire l’intervention à un traitement individuel dans des visées de développement capacitaire et qui renvoient à l’individu, sous forme d’injonction, la responsabilité d’être entrepreneur de sa propre vie. (Bacqué et Biewener, 2013).
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