Fiche Documentaire n° 5849

Titre S’immerger pour se transformer et se construire en tant que travailleur social : le développement social comme levier de formation et de dialogue

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Auteur(s) MARTINAK emilie
FONTAINE Diana
 
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

S’immerger pour se transformer et se construire en tant que travailleur social : le développement social comme levier de formation et de dialogue

AXE 1
Dans le cadre de cette communication, nous souhaitons illustrer notre propos en nous appuyant sur l’action de formation engagée en interdisciplinarité et transversalité auprès de 120 apprenants de première année de formation Grade licence : Educateur Spécialisé, Assistant de service social, Educateur de Jeunes Enfants Grade licence.
Cette action de formation contribue à « rendre visible l’invisible « et donne à voir comment elle contribue à mettre en lumière les « Paroles, expériences et actions des usagers et usagères ».
Notre présentation conjointe avec un apprenant nous permettra d’illustrer comment la formation au développement social favorise la rencontre et le dialogue entre, les citoyens d’un territoire, les usagers, acteurs et apprenants futurs travailleurs sociaux, et participe ainsi à la construction identitaire et professionnelle de ces derniers, grâce notamment à l’articulation entre l'identité biographique et l'identité relationnelle telles que définies par DUBAR.

Nous proposons aux apprenants une démarche intitulée « immersion territoire » qui leur permet dès leur entrée en formation de se confronter au métier de travailleur social par le prisme de la rencontre avec le citoyen-usager sur un territoire donné. Aller vers, rencontrer la population réunionnaise, se mêler à elle, se défaire de ses représentations, recueillir la parole des habitants, s’appuyer sur leurs expériences et expertise, les associer à la réflexion sur des pistes d’action à porter, font partie intégrante de la démarche fondée sur l’expérimentation.
L’espace proposé dans le cadre de la restitution d’un diagnostic social territorial avec les acteurs de terrain donne aux usagers et usagères-citoyens l’opportunité d’un autre espace d’expression directe auprès des acteurs de terrain avec la médiation des apprenants, et contribue à « rendre visible l’invisible ».

Anne personne à mobilité réduite et Julie, sont invitées chez leur amie qui habite au 2ème étage de l’Immeuble d’une commune de l’est de l’île. Arrivées dans le hall, faute d’ascenseur, les deux amies décident finalement d’aller au restaurant. Anne, apprenante fait part des difficultés rencontrées dans ses déplacements à St André lors de la restitution. Elle énonce les constats de son groupe par rapport aux habitants en situation de handicap afin que leurs logements soient aménagés et qu’ils aient un logement plus adapté à leur besoin spécifique. Mme PAYET, habitante du quartier est présente à la restitution. Elle fait part de ses difficultés à 82 ans avec sa maladie de monter les trois étages pour arriver chez elle. Ayant un fils en situation de handicap, elle parle de ses difficultés car sa salle de bains comporte une baignoire et non une douche.
Par sa situation, Anne a réussi à identifier une problématique et favoriser la parole et dialogue avec les citoyens. Elle est apprenante, usagère de l’IRTS, usagère occasionnelle de l’immeuble et de la ville de St André comme Mme PAYET, travailleuse sociale et éducatrice spécialisée en devenir.
La présentation de cette situation nous questionne sur l’expression et la prise en compte des usagers et leurs identités multiples.
On constate donc qu’il n’y a pas une identité mais des identités en jeu qui se croisent, s’entremêlent et qui viennent participer à la construction identitaire et professionnelle des apprenants.
Selon les espaces dans lesquels les apprenants se trouvent, ils sont : usagers et usagères de l’établissement de formation, usagers et usagères occasionnels des territoires concernés, citoyens, travailleurs sociaux en devenir. Puis à l’intérieur de chaque groupe inter filière ils sont, éducateur spécialisé, assistant de service social, éducateur de jeunes enfants en devenir.
Le module IPP (Identité et posture professionnelle) vient enrichir le travail sur soi fait par l’apprenant, en l’amenant à conscientiser son parcours d’entrée en formation, à se distancier de situations pour favoriser la prise en charge des problèmes sociaux qui les concernent, et ainsi à construire leur identité professionnelle autour d’une éthique forte.
Personne accompagnée, apprenant, citoyen, travailleur social, ces multiples états participent à la construction identitaire et professionnelle des apprenants en formation en travail social.
Cette communication a pour objet de proposer une réponse aux questions suivantes :
En quoi ce profil de travailleur social-citoyen peut amener un changement de posture et rend visible l’invisible. Il permet également de redonner une place centrale aux personnes accompagnées, et ainsi repenser la pratique du travail social ?
Doit-on se dissocier du citoyen que l’on est, avec ses vulnérabilités, ses problématiques sociales, dès lors qu’on entre en formation de travail social ? Ou en faire une force ?

Bibliographie

Clotagatide Sylvie, Dib Yassine (2008) L’approche du territoire : une étape fondamentale en formation in Gourvil Jean-Marie, Kaiser Michel, Se former au développement social local, Paris, Dunod, 161-167.
DUBAR Claude, « Identités collectives et individuelles dans le champ professionnel », Traité de sociologie de travail, Bruxelles, De Boeck, 1994

Yann LE BOSSE, Le développement du pouvoir d’agir dans l’intervention sociale

Présentation des auteurs

Diana FONTAINE, Formatrice IRTS Réunion et coordonnatrice des 1ere année d'éducateurs spécialisés. Elle a exercé de nombreuses années comme éducatrice de jeunes enfants
Courriel : diana.fontaine@irtsreunion.fr

Emilie MARTINAK, Formatrice IRTS Réunion et coordonnatrice des 1ere année d'assistant de service social. Après 12 années passés au Quebec comme intervenante sociale, elle rejoint la formation à l'IRTS Réunion en 2019
Courriel : emilie.martinak@irtsreunion.fr

Alexandre Boyer, apprenant de première année d'assistant de service social. Actuellement en reconversion professionnelle après avoir travaillé dans le commerce, il est aussi coach sportif auprès de jeunes.
boyer.alexandre@campus.irtsreunion.fr

Communication complète

Titre : S’immerger pour se transformer et se construire en tant que travailleur social : le développement social comme levier de formation et de dialogue



Dans le cadre de cette communication, nous nous appuierons sur l’action de formation engagée en interdisciplinarité et transversalité auprès de 120 apprenants de l’IRTS Réunion en première année de formation préparatoire aux Diplômes d’Etat d'Éducateur Spécialisé, d’ Assistant de service social,d'Éducateur de Jeunes Enfants adossés au Grade Licence.

“L’approche du territoire : une étape fondamentale en formation” écrivaient S. Clotagatide et Y. Dib s’appuyant sur une expérience initiée en 2004 par l’IRTS Réunion sur la filière ASS en collaboration avec feu Marc Vandewynckele, coordinateur de l’Association pour la démocratie et l’éducation sociale locale. “La démarche de développement social local a pour particularité de placer tous ceux qui s’y inscrivent dans une dynamique de changement et de mouvement.” Les compétences ainsi construites dans la cadre d’une alternance intégrative ont ainsi pu mobiliser les acteurs de terrain, les formateurs de l’IRTS Réunion et surtout les apprenants mais également les citoyens des différents territoires investigués. Force est de constater que pratiquement 20 ans après, malgré la réforme des Diplômes en Travail Social, l’évolution des différentes politiques dans un contexte de crise (financière, sanitaire…) renforce la nécessité de cette démarche en promouvant la participation des personnes dans une dimension citoyenne.

Cette démarche est plus que jamais d’actualité et nécessaire pour renouer et médiatiser la relation entre les travailleurs sociaux et la population d’un territoire mis à mal par la pandémie et ses conséquences indirectes, dans un département français où 42% de la population est en dessous du seuil de pauvreté.

Cette action de formation, intitulée Immersion territoire, contribue à « rendre visible l’invisible « et donne à voir comment elle participe à mettre en lumière les « Paroles, expériences et actions des usagers et usagères ».

Notre présentation conjointe avec un apprenant ASS nous permettra d’illustrer comment la formation au développement social favorise la rencontre et le dialogue entre les citoyens et usagers d’un territoire, acteurs et apprenants futurs travailleurs sociaux. D’un côté elle participe à la construction identitaire et professionnelle de ces derniers, grâce notamment à l’articulation entre l'identité biographique et l'identité relationnelle telles que définies par DUBAR, et d’un autre côté elle favorise l’expression des personnes accompagnées dans le renforcement de leur citoyenneté.

L’immersion territoire s’inscrit dans une démarche de développement social, qui a comme enjeu “ la place centrale accordée aux personnes, aux populations et aux territoires.” (HCTS 2019) .

Selon l’HCTS, « le développement social, c’est la conviction que les problèmes de pauvreté et d’exclusion sociale nécessitent une réponse globale qui implique tous les acteurs locaux et en premier lieu les personnes accompagnées », d’autant plus sur le territoire réunionnais.

Le HCTS défini 7 fondamentaux au développement social:

• La participation citoyenne

• Le portage politique

• La transversalité

• Le pilotage de la démarche

• Le travail social collectif

• Le diagnostic participatif et transversal

• L’évaluation du processus et des impacts

Nous proposons aux apprenants d’expérimenter une des phases du développement social, soit celle du diagnostic territorial, où ils sont amenés à définir un territoire donné, d’identifier ses atouts et ses ressources ainsi que ces problématiques sociales rencontrées, à partir d’une démarche immersive et d’aller vers la population et les acteurs du territoire. Cette démarche s’opère en plusieurs phases, soit celles de: l’observation, l’aller vers permettant le recueil de données, la rencontre des acteurs du territoire (travailleurs sociaux, commerçants, élus..), l’analyse des données, la rédaction du diagnostic faisant état de préconisations, la restitution visant la rencontre et le dialogue entre les différents acteurs et la population ainsi que la recherche de solutions.

Aller vers, rencontrer la population réunionnaise, se mêler à elle, se défaire de ses représentations, recueillir la parole des habitants, s’appuyer sur leurs expériences et expertise, les associer à la réflexion sur des pistes d’action à porter, font partie intégrante de la démarche fondée sur l’expérimentation.

Un groupe de 7 apprenants étant positionnés sur le territoire de Saint-André a eu pour commande du service urbanisme de la mairie, de recueillir la parole des résidents sur le projet NPNRU et de l’Opération du bailleur social du Centreville afin de comprendre l’évolution et les problématiques des habitants dans leurs logements en incluant leurs besoins et leurs attentes.

« Dans le cadre du projet, le quartier du centre-ville a été identifié prioritaire parmi les 200 quartiers d’intérêt national de l’ANRU. Ainsi l’opération SHLMR s’inscrit dans cette dynamique. Ce projet consiste à la résidentialisation et la réhabilitation de la résidence « centre-ville ». Nous avons 60% de logements sociaux en centre-ville. L’opération SHLMR Centre-ville vise à améliorer ce parc locative sociale et également la qualité de vie des habitants, tout en leur offrant une nouvelle dynamique ».

“Suite à notre recueil de données nous avons pu relever plusieurs informations. La résidence « Centre-ville » de Saint André est composée majoritairement de personnes âgées (60% des personnes interrogées ont plus de 60 ans). On constate seulement 15 % de la tranche d’âge des 18 à 25 ans, et des 25 à 30 ans. La population des résidents est également composée de personnes en situation de handicap (25%). Il s’agit de handicap moteur ou psychique/mental. Le nombre d’enfants est minime. De plus, la majorité des résidents occupent la résidence « Centre-ville » depuis plus de 10 ans (75%). Globalement les habitants sont en majorité au courant du projet du NPNRU (85% des personnes interrogées). Concernant l’aménagement de leur logement, le recueil de données montre qu’il y a 75% de personnes qui rencontrent des difficultés dans leur résidence et sont en attente de ce projet depuis deux ans.”

Les observations directes et indirectes ont mis en évidence la problématique de l’accessibilité au sein du centre ville, avec très peu d’accès PMR aménagés et des trottoirs non praticables, mais également au sein des résidences. Lors de leur restitution devant les habitants, acteurs du territoire et élus, le groupe a mis en avant cette problématique à travers des saynètes illustrant le quotidien d’une personne en situation de handicap et de personnes vieillissantes Le fait qu’une étudiante du groupe soit PMR et a pu jouer le rôle d’un citoyen et résident freinée dans ses déplacements a eu un impact en permettant de libérer la parole autour de la prise en compte des besoins spécifiques

Anne personne à mobilité réduite et Julie, sont invitées chez leur amie qui habite au 2ème étage de l'immeuble d’une commune de l’est de l’île. Arrivées dans le hall, faute d’ascenseur, les deux amies décident finalement d’aller au restaurant. Anne, apprenante, fait part des difficultés rencontrées dans ses déplacements à St André lors de la restitution. Elle énonce les constats de son groupe par rapport aux habitants en situation de handicap afin que leurs logements soient aménagés et qu’ils aient un logement plus adapté à leur besoin spécifique. Mme PAYET , habitante du quartier, est présente à la restitution. Elle fait part de ses difficultés à 82 ans avec sa maladie de monter les trois étages pour arriver chez elle. Ayant un fils de ans 50 en situation de handicap, elle parle de ses difficultés car sa salle de bains comporte une baignoire et non une douche.

Par sa situation, Anne a mis l’accent sur la problématique de l’accessibilité. Cela a favorisé la parole et le dialogue avec les citoyens qui se sont sentis entendus.

Le fait qu'Anne ait plusieurs casquettes dans cette situation a été un élément déclencheur de la réflexion autour des identités. Anne est apprenante, usagère de l’IRTS, usagère occasionnelle de l’immeuble et de la ville de St André comme Mme PAYET, travailleuse sociale et éducatrice spécialisée en devenir.

L’espace proposé dans le cadre de la restitution d’un diagnostic social territorial avec les acteurs de terrain donne aux usagers et usagères-citoyens l’opportunité d’un autre espace d’expression directe auprès des acteurs de terrain avec la médiation des apprenants, et contribue à « rendre visible l’invisible ».

Selon les espaces dans lesquels les apprenants se trouvent, ils sont : usagers et usagères de l’établissement de formation, usagers et usagères occasionnels des territoires concernés, citoyens, travailleurs sociaux en devenir. Puis à l’intérieur de chaque groupe interfilière ils sont, éducateur spécialisé, assistant de service social, éducateur de jeunes enfants en devenir. C’est aussi de par leur statut d’étudiants en travail social de passage et pouvant rencontrer des problématiques similaires, que le lien de confiance s’établit tant avec la population qui se sent écoutée et à l’aise de nommer leurs problématiques, qu’avec les acteurs locaux qui se saisissent des données recueillis. Personne accompagnée, apprenant, citoyen, travailleur social, ces multiples états participent à la construction identitaire et professionnelle des apprenants en formation en travail social tout en facilitant l’expression de la parole et expérience des usagers.

En quoi ce profil de travailleur social-citoyen peut amener un changement de posture et rend visible l’invisible. Il permet également de redonner une place centrale aux personnes accompagnées, et ainsi repenser la pratique du travail social ?

Dans la continuité de leur immersion territoire et en lien avec leur certification DC3.1, les apprenants sont amenés à concevoir un outil de communication à partir d’une problématique territoriale identifiée. Force est de constater que plusieurs groupes ont su travailler conjointement avec les acteurs et collectivités pour proposer et concevoir des outils adaptés aux besoins recueillis mais aussi qui vient répondre à une problématique identifiée.

“Dans le cadre de notre formation à l'IRTS, nous avons élaboré un agenda à destination des acteurs sociaux œuvrant dans le quartier de Vauban sur St Denis. En effet, durant notre stage Immersion Territoire, nous nous sommes rendu compte que beaucoup d'actions étaient mises en place par des associations, des commerçants, des habitants, mais que toutes ces actions n'étaient pas coordonnées car les différents acteurs ne se connaissaient pas ou peu entre eux. Ainsi, malheureusement, les habitants de Vauban ne connaissaient pas forcément toutes les potentialités de leur quartier, par manque de communication et de coordination.

Dans l'agenda -outil essentiel à tout acteur social- que nous proposons, chaque semaine, des informations qu'il nous semblait utile de garder à l'esprit sur l’histoire, la vie dans ce quartier, des données quantitatives et qualitatives, sur les activités mises en place dans le quartier, les ressources sociales, sont répertoriées afin que les acteurs sociaux aient ou gardent à l'esprit ce qui existe déjà dans ce quartier, et ce afin de favoriser la mise en place d'un réseau partenarial adapté “ Groupe Vauban.

Cet outil a retenu l’attention de l’élu local qui a favorisé une rencontre entre les apprenants du groupe et Mme la Maire de Saint-Denis Ericka Bareigts afin de promouvoir l’outil et d’engager son financement. Ainsi, nous pouvons dire que la présence des apprenants avec leur regard neutre permet d’associer la population dans l’élaboration de préconisations à apporter au territoire, puis par leur statut de futurs travailleurs sociaux de les proposer aux collectivités qui peuvent s’en saisir.

En conclusion, nous pouvons constater que cette démarche d’immersion territoire s’appuie sur une pédagogie expérientielle qui place l'apprenant dans une position centrale d'acteur et l'amène à construire des aptitudes sociales et cognitives à partir d'expériences directes. Cela illustre aussi le rôle des 3 acteurs dans l’alternance intégrative. Dans le cadre de cette communication, l’apprenant, la référente du groupe et la coordonnatrice ASS ont contribué à rendre visible les apports de cette expérience en terme de développement.



Alexandre Boyer, apprenant ASS 21-24

Diana Fontaine, cadre de formation IRTS Réunion

Emilie Martinak, cadre de formation IRTS Réunion

Résumé en Anglais


Non disponible