De l'épreuve pandémique au développement d'une communauté de pratique interuniversitaire: entraide inédite entre actrices de la formation pratique en travail social au Québec

En mars 2020, l’OMS déclare que l’éclosion de la COVID-19 est devenue pandémique (OMS, 2022). Du même coup, le Gouvernement du Québec décrète l’état d’urgence sanitaire pour l’ensemble de ses régions imposant à la population des mesures extraordinaires (INSPQ, 2022). Rapidement les différentes actrices de la formation pratique en travail social (FPTS) ont été confrontées à plusieurs enjeux et défis concernant le déroulement des stages avec l'établissement de différentes mesures sanitaires telles que la distanciation dite sociale qui complexifie l'intervention sociale lorsque vient le temps de travailler les liens sociaux, etc. De plus, la distanciation physique recommandée par la Santé publique au Québec occasionna des enjeux considérables pour la tenue des stages et l'accompagnement des stagiaires en travail social (télépratique, fermeture temporaire de milieux de pratique, supervision virtuelle, etc.). Ainsi, l'ensemble des actrices de la FPTS se sont retrouvées à gérer des situations inédites et hors du commun, tout en s'assurant que les activités d'apprentissage répondent aux normes d’agrément canadien. Parmi les différentes stratégies favorisant une meilleure gestion des situations rencontrées, la naissance d'une communauté de pratique (CdeP) interuniversitaire en travail social regroupant huit universités québécoises soit les Universités du Québec en Outaouais (UQO), à Montréal (UQAM), en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), à Rimouski (UQAR), à Chicoutimi (UQAC), à Trois-Rivières (UQTR), l’Université de Montréal (UdeM), les universités de Sherbrooke et de Laval. Deux à trois rencontres par an depuis juin 2020 ont lieu, et ce, virtuellement. Elles mettent en dialogue leurs préoccupations, leurs pratiques, leurs innovations au sujet de la réalisation des stages en contexte pandémique, contexte jusqu'alors inédit. La CdeP leur a permis de briser l’isolement, d’apprendre les unes des autres, de trouver des moyens afin d’optimiser leurs pratiques dans l’accompagnement des stagiaires en TS.

L’expression « communauté de pratique » fait référence au processus d’apprentissage social qui prend place lorsque des personnes ayant des intérêts communs, un domaine d'expertise ou une pratique professionnelle partagée collaborent (Lave et Wenger cités dans Leclerc et Labelle, 2013). Les impacts positifs pour les membres sont nombreux, dus en grande partie aux échanges, à la réflexion, à la mise en commun des préoccupations et à la dynamique collective. De fait, lesdites communautés ne se limitent pas seulement au partage des connaissances, dont les savoirs expérientiels, mais elles en produisent aussi de nouvelles (Boland et Tenkasi, 1995; Pattinson et Preece, 2014; Rohrer et Pashler, 2010). Il s’avère que cette instance créée spécifiquement pour soutenir les actrices de la FPTS en contexte de crise a le potentiel d’avoir une portée plus large. Plusieurs avantages sont rapportés par ces dernières. Même si certaines auraient souhaité aller plus loin dans la recherche et la perspective de collaboration, avoir plus de temps et d’espace pour les échanges ou encore plus de communications entre les rencontres formelles, devant les bénéfices rencontrés, les membres manifestent toujours la volonté de continuer à s’investir dans cette instance de concertation, de soutien, de partage des pratiques et de co-construction des savoirs.

Cette communication présente la réalité des stages québécois en travail social en temps de crise pandémique où les pratiques d’enseignement et d’accompagnement des stagiaires ont dû être repensées, décrivant en même temps l’expérience de la CdeP interuniversitaire qui a été créée de façon à mettre en relation la manière dont certaines actrices de la FPTS l'ont vécue, les connaissances et ce qu'elles ont permis de coconstruire. Le processus collectif de la CdeP sera mis en exergue afin que les pratiques mises en œuvre lors de la pandémie et les défis rencontrés puissent agir à titre de repères pour le futur.

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Sandra Juneau, travailleuse sociale, professeure en travail social à l’Université du Québec à Chicoutimi et responsable de la formation pratique. Ses intérêts portent sur la supervision clinique, la pratique réflexive et le champ des dépendances.
Célyne Lalande, travailleuse sociale, est professeure en travail social à l’Université du Québec en Outaouais. Ses intérêts portent sur la collaboration et l’intervention en violence conjugale.
Jacinthe Godard, professeure en travail social à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Ses intérêts portent sur la formation pratique, la pensée critique et l’intervention collective.

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