Fiche Documentaire n° 5974

Titre Faire cohabiter des pratiques et savoirs pluriels pour soutenir le bien-être des jeunes au Nunavik : Réflexions autour de la communauté de pratique en santé mentale jeunesse Atautsikut.

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l'auteur principal

Auteur(s) GAULIN dominique
JOHNSON-LAFLEUR janique
NADEAU lucie
 
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Faire cohabiter des pratiques et savoirs pluriels pour soutenir le bien-être des jeunes au Nunavik : Réflexions autour de la communauté de pratique en santé mentale jeunesse Atautsikut.

Les enjeux de santé mentale et de bien-être chez leurs jeunes représentent une préoccupation majeure pour les Nunavimmiut (Résidants du Nunavik, Québec). En raison des traumas, des deuils et des inégalités sociales auxquels ils font face, induits entre autres par la colonisation, leur santé mentale est régulièrement mise à rude épreuve (ITK, 2016, Kirmayer et coll., 2016; Oliver et coll., 2012). Les nombreux suicides sévissant chez ces derniers ont d’ailleurs mené les autorités inuit à qualifier la situation de « crise de santé publique » (ITK, 2016; 2019). En outre, la mise en place et la prestation de soins de santé mentale au Nunavik comportent de nombreux défis. D’une part, il y a des enjeux liés aux différences de conceptualisation de la santé mentale, du rétablissement et des services nécessaires entre les Nunavimmiut et les intervenants provenant de l’extérieur des communautés. D’autre part, des obstacles surgissent en matière de formation, de communication, de collaboration et de structure (Fraser et Nadeau 2015; Rapport de consultation de Parnasimautik 2014).

C’est face à cette crise et à ces défis qu’en 2018, un projet de recherche participatif visant à implanter une communauté de pratique (CoP) en bien-être et santé mentale jeunesse a été mis en place au Nunavik sous l’appellation Atautsikut (« être ensemble » en inuktitut). Il s’adresse aux intervenants de première ligne inuit et non-inuit afin de les soutenir dans leur travail auprès des jeunes, tout en les formant et en visant une amélioration des collaborations interprofessionnelles. Alliant des méthodes basées sur les mots et sur l’art, cette CoP tente aussi de décoloniser les savoirs et les pratiques, en faisant coexister des manières plurielles de conceptualiser la santé mentale et le bien-être. En permettant la mise en commun de diverses épistémologies et ontologies, Atautsikut souhaite permettre l’émergence de pratiques novatrices dans le domaine de la santé mentale, alors que les pratiques actuelles, issues des paradigmes dominants, ne peuvent répondre à elles seules aux besoins en santé mentale des Nunavimmiut (Gaulin, 2021). La pandémie de COVID-19 a compliqué l’implantation d’Atautsikut, mais a aussi permis l’émergence, dans cette crise dans la crise, d’un deuxième projet imbriqué dans le premier, consacré à des représentations artistiques autour de la pandémie et de la santé mentale.

La présentation décrira d’abord l’historique et les assises des deux projets, pour ensuite aborder comment ces pratiques émergentes demeurent en constante redéfinition, tant leur adaptation au contexte particulier d’implantation se situe dans une dynamique complexe où les points de vue et postures de différents acteurs doivent être pris en compte. L’importance des aspects relationnels et de l’accent mis sur les méthodes artistiques seront discutés.

Bibliographie

Fraser, S. L., & Nadeau, L. (2015). Experience and representations of health and social services in a community of Nunavik. Contemporary nurse, 51(2-3), 286-300

Gaulin D (2021). Des savoirs en tension: la construction des savoirs en santé mentale et la place des savoirs autochtone dans l’organisation des services. Revue Canadienne de Service Social, 38 (2), 87-111

Inuit Tapiriit Kanatami (ITK). (2016). National Inuit suicide prevention strategy. https://www.itk.ca/wp-content/uploads/2016/07/ITK-National-Inuit-Suicide-Prevention-Strategy-2016.pdf.

Kirmayer, L. J., Sheiner, E., & Geoffroy, D. (2016). Mental health promotion for indigenous youth. In Positive mental health, fighting stigma and promoting resiliency for children and adolescents (pp. 111-140). Academic Press

Nadeau, L., Gaulin, D., Johnson-Lafleur, J., Levesque, C., & Fraser, S. (2022). The challenges of decolonising participatory research in indigenous contexts: the Atautsikut community of practice experience in Nunavik. International Journal of Circumpolar Health, 81(1), 2087846

Oliver, L. N., Peters, P. A. et Kohen, D. E. (2012). Mortality rates among children and teenagers living in Inuit Nunangat, 1994 to 2008. Health Rep, 23(3), 17-22

Parnasimautik, G. C. (2014). Rapport de la consultation Parnasimautik. Réalisée auprès des Inuit du Nunavik en 2013.

Présentation des auteurs

Dominique Gaulin: Candidate au doctorat en travail social à l’Université de Montréal, ma thèse porte sur les expériences des Inuit dans le domaine des phénomènes psychotiques et du rétablissement. Je suis également travailleuse sociale dans le domaine de la santé mentale et de la prévention du suicide. Mes intérêts de recherche portent sur les questions de santé mentale en contexte transculturel et postcolonial, les approches décoloniales, la recherche participative, ainsi que les questions de marginalité et d’itinérance, du point de vue des personnes concernées.

Janique Johnson-Lafleur : Formée en anthropologie et en psychiatrie transculturelle, je suis chercheuse d’établissement à l’Institut universitaire SHERPA du Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Mes travaux portent principalement sur le vécu des différents acteurs du domaine de la santé et des services sociaux au Québec, et sur les besoins des intervenants en termes de ressources et de formation en interculturel. Je m’intéresse également à la construction des savoirs qui sous-tendent les pratiques psychosociales professionnelles, aux questions de polarisations sociales et de radicalisation violente, aux approches participatives et décoloniales, et au pouvoir des images et de l’art.

Lucie Nadeau : Professeure associée à McGill, aux divisions de psychiatrie sociale et culturelle et de pédopsychiatrie, je suis également pédopsychiatre à l’Hôpital de Montréal pour enfant et consultante en pédopsychiatrie pour le Nunavik depuis 2008. Titulaire d'un certificat en langue et culture inuit, je suis impliquée dans différents projets de recherche participative au Nunavik et qui portent sur les questions de santé mentale et de bien-être, de mobilisation communautaire, de soins collaboratifs et de formation. Je suis actuellement la chercheure principale d'Atautsikut (être ensemble), une communauté de pratique sur la santé mentale et le bien-être des jeunes au Nunavik.

Communication complète

Titre : Faire cohabiter des pratiques et savoirs pluriels pour soutenir le bien-être des jeunes au Nunavik : Réflexions autour de la communauté de pratique en santé mentale jeunesse Atautsikut.



Auteures :

Dominique Gaulin, Candidate au doctorat, École de travail social, Université de Montréal

Janique Johnson-Lafleur, Chercheure d’établissement, Institut universitaire Sherpa, Divisions de psychiatrie sociale et culturelle et de pédopsychiatrie

Lucie Nadeau, Professeure associée, Divisions de psychiatrie sociale et culturelle et de pédopsychiatrie, Université McGill



Résumé

Les enjeux de santé mentale et de bien-être chez leurs jeunes représentent une préoccupation majeure pour les Nunavimmiut (Résidants du Nunavik, Québec). En raison des traumas, des deuils et des inégalités sociales auxquels ils font face, induits entre autres par la colonisation, leur santé mentale est régulièrement mise à rude épreuve (ITK, 2016, Kirmayer et coll., 2016; Oliver et coll., 2012). Les nombreux suicides sévissant chez ces derniers ont d’ailleurs mené les autorités inuit à qualifier la situation de « crise de santé publique » (ITK, 2016; 2019). En outre, la mise en place et la prestation de soins de santé mentale au Nunavik comportent de nombreux défis. D’une part, il y a des enjeux liés aux différences de conceptualisation de la santé mentale, du rétablissement et des services nécessaires entre les Nunavimmiut et les intervenants provenant de l’extérieur des communautés. D’autre part, des obstacles surgissent en matière de formation, de communication, de collaboration et de structure (Fraser et Nadeau 2015; Rapport de consultation de Parnasimautik 2014).



C’est face à cette crise et à ces défis qu’en 2018, un projet de recherche participatif visant à implanter une communauté de pratique (CoP) en bien-être et santé mentale jeunesse a été mis en place au Nunavik sous l’appellation Atautsikut (« être ensemble » en inuktitut). Il s’adresse aux intervenants de première ligne inuit et non-inuit afin de les soutenir dans leur travail auprès des jeunes, tout en les formant et en visant une amélioration des collaborations interprofessionnelles. Alliant des méthodes basées sur les mots et sur l’art, cette CoP tente aussi de décoloniser les savoirs et les pratiques, en faisant coexister des manières plurielles de conceptualiser la santé mentale et le bien-être. En permettant la mise en commun de diverses épistémologies et ontologies, Atautsikut souhaite permettre l’émergence de pratiques novatrices dans le domaine de la santé mentale, alors que les pratiques actuelles, issues des paradigmes dominants, ne peuvent répondre à elles seules aux besoins en santé mentale des Nunavimmiut (Gaulin, 2021). La pandémie de COVID-19 a compliqué l’implantation d’Atautsikut, mais a aussi permis l’émergence, dans cette crise dans la crise, d’un deuxième projet imbriqué dans le premier, consacré à des représentations artistiques autour de la pandémie et de la santé mentale.



La présentation décrira d’abord l’historique et les assises des deux projets, pour ensuite aborder comment ces pratiques émergentes demeurent en constante redéfinition, tant leur adaptation au contexte particulier d’implantation se situe dans une dynamique complexe où les points de vue et postures de différents acteurs doivent être pris en compte. L’importance des aspects relationnels et de l’accent mis sur les méthodes artistiques seront discutés.



Bibliographie

Fraser, S. L., & Nadeau, L. (2015). Experience and representations of health and social services in a community of Nunavik. Contemporary nurse, 51(2-3), 286-300

Gaulin D (2021). Des savoirs en tension: la construction des savoirs en santé mentale et la place des savoirs autochtone dans l’organisation des services. Revue Canadienne de Service Social, 38 (2), 87-111



Inuit Tapiriit Kanatami (ITK). (2016). National Inuit suicide prevention strategy. https://www.itk.ca/wp-content/uploads/2016/07/ITK-National-Inuit-Suicide-Prevention-Strategy-2016.pdf.



Kirmayer, L. J., Sheiner, E., & Geoffroy, D. (2016). Mental health promotion for indigenous youth. In Positive mental health, fighting stigma and promoting resiliency for children and adolescents (pp. 111-140). Academic Press



Nadeau, L., Gaulin, D., Johnson-Lafleur, J., Levesque, C., & Fraser, S. (2022). The challenges of decolonising participatory research in indigenous contexts: the Atautsikut community of practice experience in Nunavik. International Journal of Circumpolar Health, 81(1), 2087846



Oliver, L. N., Peters, P. A. et Kohen, D. E. (2012). Mortality rates among children and teenagers living in Inuit Nunangat, 1994 to 2008. Health Rep, 23(3), 17-22



Parnasimautik, G. C. (2014). Rapport de la consultation Parnasimautik. Réalisée auprès des Inuit du Nunavik en 2013.

Résumé en Anglais


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