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Le sens fait sa crise ! Croisons nos savoirs avec une personne concernée.
Lors du précédent congrès de l’AIFRIS, nous avions évoqué le passage de l’expérience à l’expertise et la construction d’un savoir croisé. Nous proposons pour le congrès 2023 d’aller plus loin avec l’intention de contribuer à changer le rapport entre les travailleurs sociaux et les personnes accompagnées dans une période de crises successives qui se renforcent.
De quelles crises s’agit-il ?
Crise est un concept polysémique.
Nous évoquerons plutôt les crises de sens et les crises de reconnaissance chez les intervenants sociaux avec ce paradoxe relevé dans le Livret vert du travail social : « ceux qui visent le « bien-être physique et moral » au sens du Code de l’Action Sociale et des Familles (CASF) sont les plus malheureux. Cette défaite massive dans la lutte pour la reconnaissance de soi a les allures d’un deuil de l’idéal philanthropique qui avait fondé ces professions ».
Une certaine vision de la crise en travail social :
Nous nous appuyons sur la réflexion de l’économiste A. Marchand pour approfondir ce concept de crise.
Selon lui, le social est « marqué du sceau de la crise » du fait de la fracture sociale .
Fracture sociale qui n’a fait que grandir depuis 20 ans et qui caractérise souvent la relation entre le professionnel et la personne accompagnée, tant la distance semble se creuser entre eux.
Il rajoute : « L'histoire de la question sociale montre cependant que le social s'est toujours décliné dans l'ordre de la crise et de la dangerosité, donc de la nécessité du contrôle, de l'ordre social ».
Cette remarque fait écho au reproche des personnes vis-à-vis des professionnels et rejoint l’idée qu’ils sont des agents de contrôle, que leur posture est celle du « policier » et non celle du « facilitateur ».
Du côté de ces professionnels, nous repérons essentiellement des crises de l’action, de sens et de reconnaissance, conséquences des changements incessants, des injonctions contradictoires, du manque de reconnaissance de leur professionnalité.
Au-delà des périodes de crise aigüe, le travail social ne se porte pas bien et le phénomène est structurel.
La question du temps est souvent évoquée par les intervenants comme un frein dans la relation aux personnes accompagnées : manque de temps, urgences à gérer, sentiment d’être débordé, indisponibilité, charge administrative…
Ils sont fatigués et quelques fois usés. Ils n’y croient plus… trop de changements subis, de contraintes, d’injonctions paradoxales.
En 2009, Yann Le Bossé écrivait : « Les pratiques sociales sont en crise. Pourquoi en crise ? Parce qu’elles se retrouvent au cœur d’une évolution socio-économique plus générale qui a pour triple effet d’augmenter la demande d’aide professionnelle, de diminuer les ressources disponibles pour offrir ce soutien et de remettre en question la pertinence des pratiques fondées sur le modèle médical traditionnel. »
La proposition du psychosociologue est de changer la manière d’envisager l’aide afin de favoriser le développement du pouvoir d’agir des personnes.
Notre démarche de communication durant le congrès est d’inviter les professionnels à expérimenter d’autres façons de regarder les situations qu’ils rencontrent dans leur quotidien. Nous proposons quelques repères qui peuvent aider pour s’en sortir en contexte de crises répétées à l’origine d’un sentiment d’impuissance autant chez les professionnels que chez les personnes qu’ils accompagnent
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