Fiche Documentaire n° 6006

Titre Trajectoires de formation de jeunes en situation de précarité de séjour à Genève : contexte et ressources

Contacter
l'auteur principal

Auteur(s) FELDER alexandra
BOLZMAN Claudio
 
     
Thème  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

Résumé | Bibliographie | Les auteurs... | Article complet | PDF (.fr) | Résumé en anglais | PDF .Autre langue | Tout afficher

Résumé

Trajectoires de formation de jeunes en situation de précarité de séjour à Genève : contexte et ressources

Cette communication présente les résultats d'une recherche menée dans le canton de Genève en Suisse auprès de jeunes arrivant dans le pays au cours de la scolarité obligatoire et ayant un permis de séjour précaire (demandeurs d’asile) ou pas d’autorisation de séjour. Cette recherche a permis de mettre à jour des trajectoires de formation de ces jeunes migrant-e-s et de relever leurs propres stratégies face aux difficultés qui se présentent à eux lors du passage de l'école obligatoire vers la formation post-obligatoire.
Les jeunes concernés par cette étude sont ainsi en transition entre le secondaire I (école obligatoire) et le secondaire II (post-obligatoire). Cette transition est accompagnée d’une tension particulière en raison d’enjeux liés à leur situation de séjour instable (dimension citoyenne), à l’organisation de la formation post-obligatoire en Suisse (dimension institutionnelle) et à leur trajectoire de migration, leurs aspirations et ressources (dimension micro-sociale) que cette communication veut éclaircir.
Un article de 2016 (Gomensoro et Bolzman) montre que sept ans après avoir fini le secondaire I – 60% des jeunes migrants arrivés en Suisse après l’âge de dix ans restent sans diplôme. Les auteurs montrent aussi que le système suisse qui sélectionne précocement les élèves et basé sur des filières, restreint les possibilités de ces jeunes arrivés tardivement dans le système scolaire. En même temps, l’époque contemporaine mettant l’accent sur l’apprentissage tout au long de la vie (Tomlinson, 2013), accorde une grande valeur à la formation. Les jeunes sont tenus de se former et disposer d’un diplôme de degré secondaire II au minimum pour augmenter leurs chances d’une insertion durable sur le marché du travail.
En Suisse, une plus grande partie des jeunes qui passent dans le secondaire II, choisissent une filière de formation professionnelle initiale qui est souvent dispensée en alternance (2 jours en école et 3 jours en entreprise). Ces filières d’apprentissage impliquent la conclusion d’un contrat de travail ce qui est impossible pour les jeunes sans autorisation de séjour, et compliqué pour les demandeurs d’asile en raison de l’absence ou la précarité de leur statut de séjour. Le passage au secondaire II s’avère donc souvent particulièrement compliqué pour eux.
L’étude qualitative à la base de cette communication a été menée par entretiens semi-directifs auprès de jeunes migrants avec permis de séjour précaire ou sans permis, ayant des « caractéristiques particulières supposées significatives pour le sujet de la recherche » (Mendras, 1989)
Vingt jeunes (neuf filles et onze garçons) de différentes nationalités ont été interviewés, âgés de 16 à 25 ans avec pour 10 personnes une autorisation de séjour temporaire de demandeurs d’asile (permis N) ou d’admis provisoirement (permis F) et pour 10 sans statut juridique reconnu. Les jeunes relevant de l’asile sont arrivés à un âge plus précoce en Suisse que les « sans-papiers » (13 ans vs 15 en moyenne) et avaient séjourné en Suisse pour une durée un peu plus longue. Douze jeunes n’avaient pas encore terminé la scolarité obligatoire dans leur pays de provenance ou venaient de la terminer au moment de leur départ pour la Suisse. Les autres (8) avaient déjà commencé une formation post-obligatoire dans leur pays de départ.
L’analyse des trajectoires des jeunes nous a permis de distinguer quatre types, en fonction des critères de la continuité ou discontinuité du parcours, ainsi qu’en fonction de l’obtention d’un diplôme secondaire II. Ces types de trajectoires ont été mis en lien avec quatre catégories d’analyses principales : les facteurs de « citoyenneté » ou l’influence de la précarité juridique, les facteurs institutionnels, donc les facteurs d’accompagnement (scolaire, d’orientation, social), les caractéristiques des familles et de leur projet migratoire, et les caractéristiques et ressources individuelles mises en avant par les jeunes eux-mêmes. Cette communication mettra l’accent sur comment les jeunes composent avec les difficultés et quelles stratégies ils adoptent pour avancer sur leur parcours de formation malgré les obstacles.

Bibliographie

Bader, D., & Fibbi, R. (2013). Quand enfants de réfugiés riment avec réussite scolaire. Asyl, 28(4),14-15.
Bolzman, C., Felder, A., & Fernandez, A. (2020). En transition - Trajectoires de formation de jeunes migrant·e·s en situation juridique précaire. Genève : Editions ies.
Bolzman, C. (2016a). Analyser les migrations pour comprendre les processus contemporains de précarisation. Migrations et société, 28(164), 99-113.
Carbajal, M., & Ljuslin, N. (2012). Être jeune, privé-e de statut légal et citoyen-ne, est-ce possible ? Tsantsa, 17, 106-115.
Efionayi-Maeder, D., & Ruedin, D. (2014). Admis provisoires en Suisse : trajectoires à travers les statuts [Rapport à la Commission fédérale des migrations]. Neuchâtel : Forum suisse pour l’étude des migrations.
Feliciano, C. (2005). Does selective migration matter ? Explaining ethnic disparities in educational attainment among immigrants’ children. International Migration Review, 39(4), 841-871.
Felder, Alexandra (2016). L’activité des demandeurs d’asile. Se reconstruire en exil. Toulouse : Érès.
Gomensoro, A., & Bolzman, C. (2016). Les trajectoires éducatives de la seconde génération. Quel déterminisme des filières du secondaire I et comment certains jeunes le surmontent ? Revue suisse de sociologie, 42(2), 289-3.
Mendras, H. (1989). Eléments de sociologie. Paris : A. Collin.
Sanchez-Mazas, M., Giuliani, F., & Fouquet-Chauprade, B. (2016). L’école et la question sociale. Les frontières floues de l’action éducative [Texte de cadrage pour Raisons éducatives n° 22]. Genève: Université de Genève, FPSE
Spörlein, C. (2018). How educational systems structure ethnic inequality among young labour market participants in Europe: Occupational placement and variation in the occupational status distribution. Research in Social Stratification and Mobility, 55, 109-119. Tomlinson, M. (2013). Education, work and identity. Themes and perspectives. Londres : Bloomsbury.

Présentation des auteurs

Alexandra Felder, Senior Researcher à la Haute école fédérale en formation professionnelle (HEFP), Lausanne.
Claudio Bolzman, Professeur honoraire, Haute école de travail social (Hets), HES-SO, Genève.

Communication complète

Trajectoires de formation de jeunes en situation de précarité de séjour à Genève : contexte et ressources



Alexandra Felder, Senior Researcher à la Haute école fédérale en formation professionnelle (HEFP), Lausanne

Claudio Bolzman, Professeur émérite Haute école de travail social (HETS), Genève





Cette communication présente les résultats d'une recherche menée dans le canton de Genève en Suisse auprès de jeunes arrivant dans le pays au cours de la scolarité obligatoire et ayant un permis de séjour précaire (demandeurs d’asile) ou pas d’autorisation de séjour. Cette recherche a permis de mettre à jour des trajectoires de formation de ces jeunes migrant-e-s et de relever leurs propres stratégies face aux difficultés qui se présentent à eux lors du passage de l'école obligatoire vers la formation post-obligatoire.

Les jeunes concernés par cette étude sont ainsi en transition entre le secondaire I (école obligatoire) et le secondaire II (post-obligatoire). Cette transition est accompagnée d’une tension particulière en raison d’enjeux liés à leur situation de séjour instable (dimension citoyenne), à l’organisation de la formation post-obligatoire en Suisse (dimension institutionnelle) et à leur trajectoire de migration, leurs aspirations et ressources (dimension micro-sociale) que cette communication veut éclaircir.

Un article de 2016 (Gomensoro et Bolzman) montre que sept ans après avoir fini le secondaire I – 60% des jeunes migrants arrivés en Suisse après l’âge de dix ans restent sans diplôme. Les auteurs montrent aussi que le système suisse qui sélectionne précocement les élèves et basé sur des filières, restreint les possibilités de ces jeunes arrivés tardivement dans le système scolaire. En même temps, l’époque contemporaine mettant l’accent sur l’apprentissage tout au long de la vie (Tomlinson, 2013), accorde une grande valeur à la formation. Les jeunes sont tenus de se former et disposer d’un diplôme de degré secondaire II au minimum pour augmenter leurs chances d’une insertion durable sur le marché du travail.

En Suisse, une plus grande partie des jeunes qui passent dans le secondaire II, choisissent une filière de formation professionnelle initiale qui est souvent dispensée en alternance (2 jours en école et 3 jours en entreprise). Ces filières d’apprentissage impliquent la conclusion d’un contrat de travail ce qui est impossible pour les jeunes sans autorisation de séjour, et compliqué pour les demandeurs d’asile en raison de l’absence ou la précarité de leur statut de séjour. Le passage au secondaire II s’avère donc souvent particulièrement compliqué pour eux.

L’étude qualitative à la base de cette communication a été menée par entretiens semi-directifs auprès de jeunes migrants avec permis de séjour précaire ou sans permis, ayant des « caractéristiques particulières supposées significatives pour le sujet de la recherche » (Mendras, 1989)

Vingt jeunes (neuf filles et onze garçons) de différentes nationalités ont été interviewés, âgés de 16 à 25 ans avec pour 10 personnes une autorisation de séjour temporaire de demandeurs d’asile (permis N) ou d’admis provisoirement (permis F) et pour 10 sans statut juridique reconnu. Les jeunes relevant de l’asile sont arrivés à un âge plus précoce en Suisse que les « sans-papiers » (13 ans vs 15 en moyenne) et avaient séjourné en Suisse pour une durée un peu plus longue. Douze jeunes n’avaient pas encore terminé la scolarité obligatoire dans leur pays de provenance ou venaient de la terminer au moment de leur départ pour la Suisse. Les autres (8) avaient déjà commencé une formation post-obligatoire dans leur pays de départ.

L’analyse des trajectoires des jeunes nous a permis de distinguer quatre types, en fonction des critères de la continuité ou discontinuité du parcours, ainsi qu’en fonction de l’obtention d’un diplôme secondaire II. Ces types de trajectoires ont été mis en lien avec quatre catégories d’analyses principales : les facteurs de « citoyenneté » ou l’influence de la précarité juridique, les facteurs institutionnels, donc les facteurs d’accompagnement (scolaire, d’orientation, social), les caractéristiques des familles et de leur projet migratoire, et les caractéristiques et ressources individuelles mises en avant par les jeunes eux-mêmes. Cette communication mettra l’accent sur comment les jeunes composent avec les difficultés et quelles stratégies ils adoptent pour avancer sur leur parcours de formation malgré les obstacles.

Bibliographie

Bader, D., & Fibbi, R. (2013). Quand enfants de réfugiés riment avec réussite scolaire. Asyl, 28(4),14-15.

Bolzman, C., Felder, A., & Fernandez, A. (2020). En transition - Trajectoires de formation de jeunes migrant·e·s en situation juridique précaire. Genève : Editions ies.

Bolzman, C. (2016a). Analyser les migrations pour comprendre les processus contemporains de précarisation. Migrations et société, 28(164), 99-113.

Carbajal, M., & Ljuslin, N. (2012). Être jeune, privé-e de statut légal et citoyen-ne, est-ce possible ? Tsantsa, 17, 106-115.

Efionayi-Maeder, D., & Ruedin, D. (2014). Admis provisoires en Suisse : trajectoires à travers les statuts [Rapport à la Commission fédérale des migrations]. Neuchâtel : Forum suisse pour l’étude des migrations.

Feliciano, C. (2005). Does selective migration matter ? Explaining ethnic disparities in educational attainment among immigrants’ children. International Migration Review, 39(4), 841-871.

Felder, Alexandra (2016). L’activité des demandeurs d’asile. Se reconstruire en exil. Toulouse : Érès.

Gomensoro, A., & Bolzman, C. (2016). Les trajectoires éducatives de la seconde génération. Quel déterminisme des filières du secondaire I et comment certains jeunes le surmontent ? Revue suisse de sociologie, 42(2), 289-3.

Mendras, H. (1989). Eléments de sociologie. Paris : A. Collin.

Sanchez-Mazas, M., Giuliani, F., & Fouquet-Chauprade, B. (2016). L’école et la question sociale. Les frontières floues de l’action éducative [Texte de cadrage pour Raisons éducatives n° 22]. Genève: Université de Genève, FPSE

Spörlein, C. (2018). How educational systems structure ethnic inequality among young labour market participants in Europe: Occupational placement and variation in the occupational status distribution. Research in Social Stratification and Mobility, 55, 109-119. Tomlinson, M. (2013). Education, work and identity. Themes and perspectives. Londres : Bloomsbury.

Résumé en Anglais


Non disponible