« Me also, I’m in love! ». Atelier de conscientisation à la vie affective et sexuelle de jeunes adultes vivant avec un trouble du développement intellectuel (TDI) dans le camp de réfugiés Bourj el Barajneh au Liban.

Axe 1- Les pratiques émergentes en contexte de crise : les processus à l’œuvre et ses acteurs

Des relations humaines saines, l'amour, l'amitié, les relations et les interactions sociales sont autant de besoins fondamentaux liés au bien-être et à l'épanouissement de tout individu. Le développement global d'un être humain se divise en trois dimensions qui se déploie de l’adolescence à l’âge adulte : le développement cognitif, sensori-moteur et socioémotionnel. Lorsque les besoins de base d’un individu sont comblés, ces différentes dimensions du développement sont en mesure de se développer (Derouaux, 2005). La dimension socioémotionnelle du développement humain – qui réfère à la vie sociale et émotive d’un individu – est au cœur de notre communication. L'amour est un élément important de cette dimension socioémotionnelle à travers les conceptions et les expériences de l'amour sont liées au développement global de l’individu, à son bien-être et à sa qualité de vie (Derouaux, 2005). Les jeunes adultes et adolescents vivant avec un TDI vivent cette période de développement humain de façon particulièrement angoissante. En effet, ils sont amenés à surmonter des difficultés particulières en ce qui concerne les limites et l’acceptation de leurs relations interpersonnelles, de leur propre corps, de la gestion de leurs pulsions et de la colère de même que la perception d’autrui (Kerbage et Richa, 2011). Malgré tout, cette période de découverte du processus de l’adolescence est souvent amortie par le soutien de l’environnement et le milieu familial mais la découverte de la vie affective et sexuelle demeurent souvent « des interdits » (Kerbage et Richa, 2011)

La population au centre de ce projet sont des adolescents et jeunes adultes réfugiés vivant avec un TDI dans le camp de réfugiés de Bourj el Barajneh à Beyrouth. Dans un contexte où le Liban - pays affecté par une crise politique, économique et sociale sans précédent depuis 2019 qui conduisant plus des ¾ de sa population dans la pauvreté (Kassargy et al., 2021). Quelles sont les réalités des groupes plus vulnérables? Quelle place pour la prise en compte des besoins affectifs et sexuels d’un groupe spécifique comme « des jeunes adultes - réfugiés - vivant avec un TDI »? En effet, notre projet de stage adresse cette triple condition de vulnérabilité qui fait émerger des enjeux au carrefour d’expérience de marginalité, d’exclusion, de pauvreté et d’absence de droits… à la vie affective!

Les réfugiés en situation de handicap (tel que le TDI) fait partie des groupes les plus marginalisés et les plus négligés de toutes les personnes réfugiées (Peters, 2009). De plus, les personnes réfugiées vivant avec des besoins spécifiques, tels qu’un TDI , sont souvent exclus des programmes d'aide voire souvent oubliés lors de la mise en place des services spécialisés (Mirza, 2011). Les personnes avec une TDI sont souvent les plus exposés à diverses formes de violence physique et sexuelle, mais aussi, à l’exploitation, au harcèlement et à l’exclusion (Vanel, 2017). De plus, leur potentiel à contribuer et participer à la vie sociétale est rarement reconnu (Vanel, 2017).

La présente communication propose de faire état d’un projet d’intervention sociale qui cherche la conscientisation de jeunes adultes et adolescents réfugiés vivants avec un TDI (et leur famille) aux réalités et aux enjeux entourant leur vie affective et sexuelle dans le camp de réfugiés Bourj el Barajneh au Liban. De façon spécifique, ce projet vise la prévention des risques d'abus et de harcèlements sexuels que peuvent vivre la population ciblée, mais aussi, à favoriser des espaces d'échanges sur les réalités et les enjeux de la vie affective et sexuelle de ces jeunes avec un TDI. À travers des ateliers ludo-pédagogiques, le projet de stage a permis de couvrir des thèmes tels que les émotions, la rencontre amoureuse, l'attirance envers l'autre, le désir, le consentement et le désir d'enfants. Quelques questions ont animé le projet : Alors que l’amour apparait telle une dimension centrale du développement humain d’une personne, ce projet s’intéressera à comment des jeunes réfugiés avec un TDI perçoivent leur vie affective? En ont-ils une? Le cas échéant, comment la comprennent-ils? La vivent-ils? Quelles contraintes rencontrent-ils à l’exprimer, la vivre? Ces quelques questions sont d’autant plus importantes alors que la littérature montre que ces jeunes réfugiés vivant avec une TDI sont souvent peu entendus sur le sujet. Cette présentation s’inscrit dans l'axe 4 du colloque de l'AIFRIS 2023 alors que notre projet se veut un projet innovant et émergent dans la mesure où peu de projets s’intéressent aux besoins affectifs des jeunes ayant un TDI en camps de réfugiés au Liban. Si la communication débutera par une brève présentation de l’émergence du projet et la contextualisation de ce dernier au Liban et de la condition actuelle des réfugiés au pays, la présentation permettra également de présenter une « brochure de conscientisation » inspirée des ateliers ludo-pédagogique créés pour les jeunes. Cette présentation invitera donc les participants à réfléchir avec moi à l’identification de ressources supplémentaires pouvant être utiles aux acteurs de terrain pour améliorer la qualité de vie et la participation sociale des jeunes adultes vivant avec un TDI.

Derouaux, C. (2005). Éducation affective et sexuelle des personnes atteintes de déficience intellectuelle : de la nécessité de recevoir une éducation affective et sexuelle adaptée. Contraste, 22-23, 257-272. https://doi.org/10.3917/cont.022.0257

Kassargy, C., Hariri, S. H., & Gerard, J. A. (2021). Le Liban entre mauvaise gouvernance et crises socio-économiques et environnementales. InteraXXIons, (1), 195-210.

Kerbage, H., & Richa, S. (2011). Abord de la vie affective et sexuelle des déficients intellectuels. Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, 59(8), 478-483.
Kortam, M. (2007). Le rôle des acteurs locaux dans le processus d’incorporation des Palestiniens au Liban. Revue Asylon (s), (5).

Mirza, M. (2011). Disability and Humanitarianism in Refugee Camps: the case for a travelling supranational disability praxis. Third World Quarterly, 32(8), 1527-1536

Peters, S. J. (2009). Review of marginalisation of people with disabilities in Lebanon, Syria and Jordan. Background paper prepared for the Education for All Global Monitoring Report 2010, Reaching the Marginalized.

Vanel, J. (2017). La vie affective et sexuelle, et le désir de parentalité chez des personnes ayant un handicap psychique. Pratiques en sante mentale, 63(4), 5-11.

Fatima Awada est travailleuse sociale de formation et finalise actuellement une maîtrise dans la même discipline (Université de Montréal), sous la direction de Roxane Caron (École de travail social/UdeM). Forte de trois ans d'expérience auprès de jeunes et de leur famille vivant avec des besoins spécifiques, Fatima Awada développe actuellement, en co-construction avec une organisation de la société civile de Beyrouth, un projet de groupe « ludo-pédagogique » avec des adolescents et des jeunes adultes réfugiés palestiniens vivant avec un TDI au Liban. Ce projet fera l’objet de la communication au colloque de l’AIFRIS 2023.

Des relations humaines saines, l'amour, l'amitié, les relations et les interactions sociales sont autant de besoins fondamentaux liés au bien-être et à l'épanouissement de tout individu. Le développement global d'un être humain se divise en trois dimensions qui se déploie de l’adolescence à l’âge adulte : le développement cognitif, sensori-moteur et socioémotionnel. Lorsque les besoins de base d’un individu sont comblés, ces différentes dimensions du développement sont en mesure de se développer (Derouaux, 2005). La dimension socioémotionnelle du développement humain – qui réfère à la vie sociale et émotive d’un individu – est au cœur de notre communication. L'amour est un élément important de cette dimension socioémotionnelle à travers les conceptions et les expériences de l'amour sont liées au développement global de l’individu, à son bien-être et à sa qualité de vie (Derouaux, 2005). Les jeunes adultes et adolescents vivant avec un TDI vivent cette période de développement humain de façon particulièrement angoissante. En effet, ils sont amenés à surmonter des difficultés particulières en ce qui concerne les limites et l’acceptation de leurs relations interpersonnelles, de leur propre corps, de la gestion de leurs pulsions et de la colère de même que la perception d’autrui (Kerbage et Richa, 2011). Malgré tout, cette période de découverte du processus de l’adolescence est souvent amortie par le soutien de l’environnement et le milieu familial mais la découverte de la vie affective et sexuelle demeurent souvent « des interdits » (Kerbage et Richa, 2011)



La population au centre de ce projet sont des adolescents et jeunes adultes réfugiés vivant avec un TDI dans le camp de réfugiés de Bourj el Barajneh à Beyrouth. Dans un contexte où le Liban - pays affecté par une crise politique, économique et sociale sans précédent depuis 2019 qui conduisant plus des ¾ de sa population dans la pauvreté (Kassargy et al., 2021). Quelles sont les réalités des groupes plus vulnérables? Quelle place pour la prise en compte des besoins affectifs et sexuels d’un groupe spécifique comme « des jeunes adultes - réfugiés - vivant avec un TDI »? En effet, notre projet de stage adresse cette triple condition de vulnérabilité qui fait émerger des enjeux au carrefour d’expérience de marginalité, d’exclusion, de pauvreté et d’absence de droits… à la vie affective!

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