Repenser l’expérience des stages en travail social : entre inclusion et accompagnement des stagiaires ayant des besoins sociopédagogiques

Au Québec, les logiques administratives et normatives de la nouvelle gestion publique marquent le système de santé et des services sociaux et créent une pression sur les intervenants sociaux (Grenier, Bourque et St-Amour, 2016). Cette situation est exacerbée par la pandémie de COVID-19 et la pénurie de main-d’œuvre. Le travail social, comme d’autres métiers relationnels d’ailleurs, est mis à mal dans ce contexte (Grenier et al., 2021) où la création de liens sociaux, les pratiques de care et l’intervention collective se retrouvent en tension. Ce contexte inhabituel demande adaptation et créativité dans les pratiques des intervenants sociaux, mais également pour les stagiaires qui s’intègrent dans des milieux de pratique pour apprendre, dans un stage supervisé à la dernière année de leur formation universitaire, la pratique de leur future profession.

Parallèlement, en période de COVID-19, les étudiants ont été plus sujets à vivre des symptômes d’anxiété (Bergheul et al., 2022). Ces données s’ajoutent à l’accroissement déjà constaté des étudiants présentant des troubles d’apprentissage, des troubles de santé mentale et neurodéveloppementaux dans les établissements universitaires (Gagné et Tremblay, 2018). Les défis rencontrés par ces étudiants, dits en situation d’handicap émergent, ont tendance à s’accentuer lorsque vient le moment des stages (Bergeron-Leclerc et Simard, 2019). Eu égard ce contexte, comment repenser les pratiques d’accompagnement des stagiaires ayant des besoins sociopédagogiques, dans une visée de réussite éducative pour toutes et tous?

Dans une intention de favoriser le dialogue entre l’éthique et les normes administratives, les auteures proposent une réflexion entourant les stages au premier cycle universitaire en travail social. Cette réflexion s’appuie sur les résultats d’une étude exploratoire sur les besoins sociopédagogiques des étudiants en contexte de stage en travail social à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) (Godard et Jolette, sous presse). Plus spécifiquement, cette recherche visait à construire du sens avec les différents acteurs ayant vécu l’expérience des stages en travail social : les personnes accompagnatrices, celles qui supervisent, celles qui enseignent ainsi que les stagiaires. L’originalité de ce projet réside dans la volonté de réfléchir et de construire du sens avec ces personnes ainsi que d’améliorer leur compréhension de la situation et les pratiques d’accompagnement afin de mettre en place des stratégies adéquates.

En s’appuyant sur les principes fondateurs du modèle de processus de production du handicap (MDH-PPH) de Fougeyrollas et al. (2018), qui mise sur le rôle de l’environnement dans la construction du handicap, liant du coup le milieu institutionnel éducatif dans la réponse aux besoins; il est possible de comprendre les besoins sociopédagogiques des étudiants et d’identifier des facteurs environnementaux sur lesquels porteront des pistes d’action pour améliorer la trajectoire des stages dans la formation initiale en travail social à l’UQAT. Ce sont donc les propos tenus par les personnes impliquées dans la formation pratique qui servent de matériau à cette communication, contribuant par le fait même à la réflexion pour faciliter une transition entre les cours théoriques et les stages ainsi que l’émergence de pratiques novatrices.

Cette communication amène un regard nouveau quant au renouvellement des pratiques institutionnelles dans l’accueil, l’accompagnement et l’inclusion des étudiants ayant des besoins sociopédagogiques. Elle questionne le fonctionnement actuel qui privilégie un modèle médical du handicap dans la réponse aux besoins. Puis, en contrepartie, elle propose des mesures d’accommodement et d’inclusion qui s’inspirent des principes d’une éducation inclusive pour favoriser un environnement éducatif accessible à tous et toutes (Brodeur et al., 2017).

Bergeron-Leclerc, C. et Simard, È. (2019). Repenser l’accompagnement des stagiaires en travail social en situation de handicap. Phronesis, 8(1 2), 96 110.
Bergheul, S., Castro, C., Ependa, A., Labra, O. et Bedoya Mejia, J.P. (2022) Facteurs prédictifs de l’anxiété des étudiants durant la pandémie (COVID-19). L’encéphale, 6(48), 668-673.
Brodeur, M., Lefebvre, M., Otero, D., Lorite, A., Gosselin, V., Genest, S. et Trembaly, S. (2017). Éducation inclusive : Une responsabilité collective, une occasion socioéducative pour l’UQAM, Rapport du Groupe de travail sur l’éducation inclusive à l’UQAM. UQAM
Fougeyrollas, P., Cloutier, R., Bergeron, H., St-Michel, G., Côté, J., Barral, C. et Korpès, J.-L. (2018). Classification internationale : Modèle de développement humain—Processus de production du handicap (MDH-PPH) Québec: Réseau international sur le processus de production du handicap.
Gagné, Y. et Tremblay, D. (2018). 2017-2018 : Statistiques concernant les étudiants en situation de handicap dans les universités québécoise. Association québécoise interuniversitaire des conseillers aux étudiants en situation de handicap (AQICESH).
Godard, J. et Jolette, D. (sous presse). Le défi de l’inclusion et des accommodements en contexte de stage des étudiants en situation de handicap en travail social. In A. Araújo-Oliveira, F. Vieira et I. Chouinard (dir), Entre l’ombre et la lumière: regards critiques sur les stages de formation professionnelle en milieu de travail dans les métiers relationnels. Editora Fi.
Grenier, J., Bourque, M., Marchand, I., Monette Drévillon, M.-F., Sisavath, A., Laau-Laurin, O. et Barbe, M. (2021). Réformes successives du système de santé et services sociaux au Québec et effets délétères de la pandémie : enjeux du travail émotionnel et de care pour les travailleuses sociales. Intervention, 154, 101–111.
Grenier, J., Bourque, M. et St-Amour, N. (2016). La souffrance psychique au travail, une affaire de gestion. Intervention, 144, 9‑20.

Jacinthe Godard est professeure en travail social à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Ses champs d’intérêt sont la pensée critique, l’intervention collective ainsi que l’agir-ensemble.

Dominique Jolette est professeure en travail social à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Ses champs d’intérêt sont la diversité, l’inclusion et les pratiques en travail social.

Au Québec, les logiques administratives et normatives de la nouvelle gestion publique marquent le système de santé et des services sociaux et créent une pression sur les intervenants sociaux (Grenier, Bourque et St-Amour, 2016). Cette situation est exacerbée par la pandémie de COVID-19 et la pénurie de main-d’œuvre. Le travail social, comme d’autres métiers relationnels d’ailleurs, est mis à mal dans ce contexte (Grenier et al., 2021) où la création de liens sociaux, les pratiques de care et l’intervention collective se retrouvent en tension. Ce contexte inhabituel demande adaptation et créativité dans les pratiques des intervenants sociaux, mais également pour les stagiaires qui s’intègrent dans des milieux de pratique pour apprendre, dans un stage supervisé à la dernière année de leur formation universitaire, la pratique de leur future profession.



Parallèlement, en période de COVID-19, les étudiants ont été plus sujets à vivre des symptômes d’anxiété (Bergheul et al., 2022). Ces données s’ajoutent à l’accroissement déjà constaté des étudiants présentant des troubles d’apprentissage, des troubles de santé mentale et neurodéveloppementaux dans les établissements universitaires (Gagné et Tremblay, 2018). Les défis rencontrés par ces étudiants, dits en situation d’handicap émergent, ont tendance à s’accentuer lorsque vient le moment des stages (Bergeron-Leclerc et Simard, 2019). Eu égard ce contexte, comment repenser les pratiques d’accompagnement des stagiaires ayant des besoins sociopédagogiques, dans une visée de réussite éducative pour toutes et tous?



Dans une intention de favoriser le dialogue entre l’éthique et les normes administratives, les auteures proposent une réflexion entourant les stages au premier cycle universitaire en travail social. Cette réflexion s’appuie sur les résultats d’une étude exploratoire sur les besoins sociopédagogiques des étudiants en contexte de stage en travail social à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) (Godard et Jolette, sous presse). Plus spécifiquement, cette recherche visait à construire du sens avec les différents acteurs ayant vécu l’expérience des stages en travail social : les personnes accompagnatrices, celles qui supervisent, celles qui enseignent ainsi que les stagiaires. L’originalité de ce projet réside dans la volonté de réfléchir et de construire du sens avec ces personnes ainsi que d’améliorer leur compréhension de la situation et les pratiques d’accompagnement afin de mettre en place des stratégies adéquates.



En s’appuyant sur les principes fondateurs du modèle de processus de production du handicap (MDH-PPH) de Fougeyrollas et al. (2018), qui mise sur le rôle de l’environnement dans la construction du handicap, liant du coup le milieu institutionnel éducatif dans la réponse aux besoins; il est possible de comprendre les besoins sociopédagogiques des étudiants et d’identifier des facteurs environnementaux sur lesquels porteront des pistes d’action pour améliorer la trajectoire des stages dans la formation initiale en travail social à l’UQAT. Ce sont donc les propos tenus par les personnes impliquées dans la formation pratique qui servent de matériau à cette communication, contribuant par le fait même à la réflexion pour faciliter une transition entre les cours théoriques et les stages ainsi que l’émergence de pratiques novatrices.



Cette communication amène un regard nouveau quant au renouvellement des pratiques institutionnelles dans l’accueil, l’accompagnement et l’inclusion des étudiants ayant des besoins sociopédagogiques. Elle questionne le fonctionnement actuel qui privilégie un modèle médical du handicap dans la réponse aux besoins. Puis, en contrepartie, elle propose des mesures d’accommodement et d’inclusion qui s’inspirent des principes d’une éducation inclusive pour favoriser un environnement éducatif accessible à tous et toutes (Brodeur et al., 2017).

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