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Coconstruire une vision commune de l’anxiété de performance vécue par les stagiaires en travail social afin de mieux les accompagner
L’anxiété de performance est un phénomène prégnant qui prend une place de plus en plus importante chez les étudiantes et étudiants universitaires. Ce désir et cette pression de performer constamment sont à l’origine de crises tant individuelles que sociales. Selon MacKean (2011), près du tiers des étudiantes et étudiants canadiens aux cycles supérieurs vivent de l’anxiété qui affecte de façon négative leurs résultats scolaires. Une étude montre également que les symptômes de l’anxiété sont plus présents depuis la Covid-19 chez les étudiantes et les étudiants (Bergheul et al., 2022). Ce groupe est plus sujet à la détresse psychologique inhérente à l'anxiété de performance que le reste de la population générale; ce qui peut nuire à leur santé physique et psychologique, mais aussi à leurs interactions sociales et familiales (Finn et Guay, 2013). Cette problématique a aussi une incidence négative sur la persévérance scolaire et l’accession au diplôme convoité (Ibid.). Selon Pakenham et Stafford-Brown (2012), les étudiantes et étudiants en relation d’aide ont plus de risques d’être exposés à des niveaux de stress élevés, et ce, surtout au moment du stage pratique. La population des étudiantes et étudiants de baccalauréat en travail social de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) ne fait pas exception à cette réalité. La période des stages semble particulièrement exacerber la problématique de l’anxiété de performance chez ce groupe.
Souvent réfléchi sous le paradigme fonctionnaliste-humaniste, la lecture dominante du phénomène de l’anxiété de performance est surtout centrée sur la personne qui en souffre, permettant peu de remettre en question les structures contribuant à son émergence (Gosselin et Ducharme, 2017; Finn et Guay, 2017; Landry et Grégoire, 2021). Cette vision individualisante, voire même responsabilisante, diminue également le pouvoir collectif des actrices accompagnant les stagiaires se retrouvant parfois démunies au regard de leur rôle auprès d’elles et d’eux. Jusqu’où doivent-elles accompagner les stagiaires vivant de l’anxiété de performance? Est-ce que les stratégies actuellement déployées pour tenter de diminuer ce phénomène chez les stagiaires sont efficaces ? Quel est le pouvoir d’agir collectivement sur cette réalité universitaire?
Afin de réfléchir ensemble aux causes, aux conséquences et aux solutions possibles pour agir sur l’anxiété de performance que vivent les stagiaires de l’UQAT en travail social, un projet de recherche a mis en place une communauté de recherche de sens (CRS) regroupant des accompagnatrices, superviseures, professeures et agentes de stage de l’UQAT. Cette méthode permet « par le dialogue avec les autres, la délibération à partir de la multiplicité des regards sur un même contexte interactionnel » (Motoi et Daniel, 2020, p.81). Par conséquent, chaque membre du groupe est invité à penser par et pour soi-même, avec les autres (Lipman, 2003; Sasseville 2009). Ce projet de recherche avait donc comme objectif principal de réfléchir collectivement et de façon critique à l’anxiété de performance vécue par les stagiaires afin de comprendre et construire du sens pour améliorer les pratiques d’accompagnement des stagiaires.
Cette proposition de communication vise à présenter le projet de recherche développé sur le sujet, plus particulièrement, il sera question de présenter la démarche entreprise. La CRS fait partie d'une pratique émergente où chercheuses et actrices accompagnant les stagiaires deviennent co-chercheuses de sens eu égard à cet enjeu de société. La communication exposera l’étude ainsi que quelques-unes de ses retombées. Il sera alors possible de constater que la communauté de recherche de sens a permis aux actrices accompagnant les stagiaires en travail social de construire du sens autour de leurs rôles et de leurs pratiques d’accompagnement ainsi que de développer une vision concertée au regard du phénomène de l’anxiété de performance.
Mots clés : anxiété de performance, communauté de recherche de sens, stage
Bibliographie
Bergheul, S., Castro, C., Ependa, A., Labra, O. et Bedoya Mejia, J.P. (2022) Facteurs prédictifs de l’anxiété des étudiants durant la pandémie (COVID-19). L’encéphale, 6(48), 668-673.
Finn, K. & Guay, M.-C. (2013). Perfectionnisme et anxiété de performance chez les étudiants universitaires. Revue de psychoéducation, 42(1), 1–23. https://doi.org/10.7202/1061721ar
Gosselin, M.-A. et Ducharme, R. (2017). Détresse et anxiété chez les étudiants du collégial et recours aux services d’aide socioaffectifs. Service social, 63(1), 92-104. doi: https://doi.org/10.7202/1040048ar
Landry, F. et Grégoire, S. (2021). Accompagner les étudiants postsecondaires qui vivent de l'anxiété de performance à l'aide de l'approche d'acceptation et d'engagement. Revue québécoise de psychologie, 42(3), 97–114. https://doi.org/10.7202/1084581ar
Lipman, M. (2003). Thinking in education. Cambridge University Press.
MacKean G. (2011). Mental health and well-being in post-secondary education settings ». http://www.cacuss.ca/_Library/documents/Post_Sec_Final_Report_June6.pdf
Motoi, I. et Daniel, M.-F. (2020). Pour un travail social critique dialogique. Perspective de développement de la pensée critique dans les groupes de pairs en travail social comme rapports sociaux directs, tissés serrés, aux savoirs. Dans Gagnon, M. et Hasni, A. (2020). Pensées disciplinaires et pensée critique. Enjeux de la spécificité et de la transversalité pour l’enseignement et la recherche. Québec : Éditions Cursus universitaire, 77-96.
Pakenham, K. I., & Stafford‐Brown, J. (2012). Stress in clinical psychology trainees: Current research status and future directions. Australian Psychologist, 47(3), 147-155.
Sasseville, M. (2009). La pratique de la philosophie avec les enfants. (3e éd.), Presses universitaires de l’Université Laval.
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