Fiche Documentaire n° 691

Titre L’impact de la gouvernance sur le fonctionnement des institutions d’action sociale et sur les acteurs de l'intervention sociale :

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Auteur(s) HIRLET Philippe  
     
Thème comment s’approprier le travail face à la montée en puissance de l’hétéronomie professionnelle ?

Les travailleurs sociaux peuvent-ils encore s’approprier le travail face à la montée en puissance de l’hétéronomie professionnelle ?
 
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

L’impact de la gouvernance sur le fonctionnement des institutions d’action sociale et sur les acteurs de l'intervention sociale :

J’œuvre personnellement, dès que l’occasion m’en est donnée, à déconstruire le terme de gouvernance en proposant une sociologie critique permettant d’aiguiser les arguments de la contestation à l’égard de l’introduction massive de ce concept dans le secteur de l’action sociale et médico-sociale.

Je trouve intéressant et salutaire que les organisateurs de ce colloque proposent une réflexion sur la thématique de la gouvernance, surtout dans un contexte de crise financière et sociale important et sur fond de développement des précarités : des statuts d’emplois, du salariat et de la prise en charge des usagers. Le secteur social "canonique" qui est enclin à s’occuper des populations dites en difficultés sociales et marginales se trouve aujourd’hui dans une impasse à cause des resserrements budgétaires et des orientations néolibérales des politiques publiques, à tel point que les intervenants sociaux y perdent leurs repères professionnels antérieurs.

Je trouve qu’il est crucial de relancer le débat sur le travail (du) social, le « social en actes » comme le dirait M. Chauvière (2007) au moment précis, où, se développe une dynamique nouvelle qui interroge tout à la fois le concept d’organisation - au détriment de celui d’institution - (Aballéa 2000) et celui d’individualisation des rapports salariaux au sein des associations.
Il n’est pas recevable de laisser le pouvoir se concentrer dans les mains des actionnaires qui n’ont de cesse de faire fructifier sous forme de dividendes les actifs qu’ils ont injecté dans des grandes entreprises du secteur privé marchand cotées en bourse et ainsi de voir s'implanter la notion anglo-saxonne de corporate governance.

Il ne faudrait pas que par assimilation, les orientations politiques et financières qui sont imposées par les actionnaires aux patrons des groupes industriels contaminent le secteur social en incitant les Conseils d’Administration, les dirigeants et les élus politiques en charge de l’action sociale à s'orienter quasi-exclusivement vers la seule recherche de productivité et de rentabilité.

Si nous n’y prenons pas garde (Hirlet 2010), il y a fort à parier, que ce concept s’implantera d’une façon radicale - avec son cortège d’outils, de nomenclatures, de référentiels - il se deviendra le « gouvernement du gouvernement » des associations sociales. La création récente des agences nationales (ARS, ANAP), voire internationales (Agence de notation des États) prouve cette tendance à l’uniformisation des services, à la rationalisation des métiers de l’humain (Sanchez-Mazas, Tschopp 2010) et l'affaiblissement de l'autonomie des professionnels et des collectifs de travail.

A partir de là, il est fondamental d’expliciter ce concept et d’en débattre, car il s’installe progressivement dans le secteur de l’action sociale ; il faut le définir avec rigueur pour en saisir le sens et surtout pour mieux résister aux enjeux actuels qui poussent à son émergence. Tout simplement parce que sa force réside principalement dans sa capacité à s’appuyer sur son caractère flou et polysémique et à conforter la philosophie politique de certains adeptes d’une action sociale chalandisée (Chauvière 2007) ou marchandisée (Chopart 2000). L’enjeu serait alors de faire entrer en économie les structures sociales, alors que la France était il y a peu, caractérisée par un haut degré de démarchandisation (Aballéa 2010) de la santé et du social.

La question qui nous anime est la suivante : le concept de gouvernance sert-il à faire pénétrer le secteur social dans des activités économiques, rentables et lucratives de manière à le positionner sur un « marché » donc à le faire entrer en compétition ? Il s’agit, via l’instauration des logiques d’appels d’offres de solvabiliser la demande et de ne plus subventionner l’offre. Dans cette entreprise, l’État n’a pas du tout démissionné, au contraire, il organise avec les collectivités territoriales la concurrence inter-associative.

Bibliographie

Aballéa F., Travail social et travailleurs sociaux : le divorce, Recherche sociale, n°164, 2000.
Aballéa F., Institutionnalisation – désintitutionnalisation de l’intervention sociale, colloque international : 28 et 29 janvier 2010, AISLF, CR 34 Intervention et politiques sociales, Université de Rouen.
Balzani B., Bary R., Dufour J., Dupuis P-A., Fériel E., Ferry V., Garcia-Badidia R., Hirlet Ph., Streicher F., Les services en Lorraine : régulation territoriale, emploi, travail et professionnalisation, PUN : Nancy, Coll. Salariat et transformations sociales, 2009.
Batifoulier F., Un chantier majeur. Penser ensemble gouvernance associative et place d’exception, Les Cahiers de l’Actif, N°402/403, novembre/décembre 2009, p. 123-135.
Batifoulier F., Noble F., Fonction de direction et gouvernance dans les associations d'action sociale. Paris : Dunod, Coll. Action sociale, 2005.
Bertaux R., Hirlet Ph., Emprise des institutions et autonomie professionnelle : des effets de place et de génération, Colloque international : Institutionnalisation – désintitutionnalisation de l’intervention sociale, 28 et 29 janvier 2010, AISLF, CR 34 Intervention et politiques sociales, Cd Rom, Université de Rouen (publication à paraître éd. Octares juin/juillet 2011).
Bertaux R., Hirlet Ph., Entre nécessité et vertu, les acteurs du champ social dans la complexité de leurs pratiques et face aux mutations de l’environnement, PUN : Nancy, Coll. Salariat et transformations sociales, 2009.
Bertaux., Hirlet Ph., Enjeux de l’approche des compétences dans le champ de l’action sociale et médico-sociale, Individualisation des dispositifs de GRH : principes, logiques et effets sociaux, in formes et structures du salariat : crise, mutation, devenir, Nancy, Cd Rom, XIIèmes Journées Internationales de Sociologie du Travail, juin 2009.
Bertaux R., Hirlet Ph., Prépin O., Streicher F., L’encadrement intermédiaire dans les champs sanitaire et social, un métier en construction, Paris : Seli-Arslan, Coll. Penser l’action sociale, 2006.
Bertaux R., Hirlet Ph., « De la dénonciation du contrôle social à l’hégémonie managériale. Quelles incidences sur les rapports institutionnels », Les Cahiers de l’Actif, N° 402-403, novembre/décembre 2009, 71-83.
Chauvière M., «Trop de gestion tue le social. Essai sur une discrète chalandisation », Paris : La Découverte, 2007.
Chopart J-N., Les mutations du travail social, Dunod, 2000.
Hirlet Ph., « Mobilisation de la force de travail et rapports salariaux », paru dans Actes éducatifs et de soins, entre éthique et gouvernance, Actes du colloque international (Felix C., Tardif J., éd.), Nice 4-5 juin 2009, Les ateliers, les dispositifs pour gouverner l’action sociale et médico-sociale, mis en ligne le 01 octobre 2010, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actedusoin
Tschopp F., M. Sanchez-Mazas « La rationalisation des métiers du social », Collège international pour l’étude du changement dans les politiques sociales, 2010.

Présentation des auteurs


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Communication complète


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Résumé en Anglais


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