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que peut-on encore transmettre dans ce monde incertain?
Patricia Vallet, proposition pour l’axe 2 :
Que peut-on encore transmettre dans ce monde incertain ?
C'est en tant que formatrice au sein de l’IRTS de Montpellier, que je voudrais ici proposer mes réflexions sur ce que nous pouvons transmettre aux futurs travailleurs sociaux :
La logique dominant les nouveaux référentiels de formation apparaît comme opératoire : autrement dit, les textes officiels nous demandent de former des étudiants à telle ou telle fonction, à telle ou telle activité, mais la réalité de nos métiers est toujours plus complexe que les modèles, au fond l'apprentissage et l'acquisition de compétences sont utiles mais non suffisants, et la formation résulte d'un processus au delà d'un dispositif. Il nous faut inventer des stratégies d'appropriation au lieu de chercher à appliquer un modèle, l'intelligence consiste à lire entre les lignes des textes prescriptifs et non à appliquer quelques axiomes ou consignes…
Pour ce faire, il me semble toujours essentiel de m'appuyer sur trois dimensions fortes de nos métiers : la clinique, l'éthique et l'esthétique.
Quelle clinique ?
En fait, la transformation identitaire mise en jeu pour chaque étudiant, dans son rapport à l'Institution, son rapport au pouvoir et à l'autorité, son rapport au savoir, son rapport à l'autre, son rapport à l'aide etc., est absente du nouveau modèle des référentiels, mais rien ne nous empêche de réaffirmer l'importance de travailler ces dimensions dans la formation.
Le travail formatif va poser constamment la question du sens de l'acte éducatif pour mettre l'étudiant en face de ce qui l'attend sur le terrain professionnel, interroger la dialectique implication-distanciation, et lui permettre de penser sa pratique.
Quelle éthique ?
J’ai développé dans mes recherches une « éthique de l'aporie » qui s'est progressivement imposée à moi, parce que les métiers du travail social et de la formation sont fondamentalement complexes et nous mettent dans des situations qui exigent sans cesse un impératif de dépassement des contradictions ; le fondement de notre fonction formative est aporétique car il s'agit à la fois de normaliser et autonomiser :
Laisser l'autre construire sa propre identité professionnelle et gagner son autonomie, et en même temps l'insérer dans un corps professionnel, lui imposer un certain habitus professionnel avec ses codes, son langage, ses méthodes, et aussi l'inscrire dans une institution de formation donc dans un système de contraintes fortes.
Ainsi je propose une éthique de la formation en travail social qui assume ces contradictions nécessaires et qui nous amène aussi à une pratique d'interrogation permanente.
Pour une esthétique de l'éducation : Articuler intelligibilité et sensibilité
L'attention esthétique, c'est une forme de présence intense et une acuité sensible, notamment par rapport à la capacité à percevoir des choses minimes mais essentielles, des événements « insignifiants significatifs ». Il s’agit de porter une attention aux compétences invisibles, aux charmes discrets, aux finesses ténues.
Et puis la créativité s'inscrit aussi dans le travail de l'éducateur pour tenter des innovations au plus près des intérêts des usagers, il travaille avec eux aux bordures des systèmes, aux marges des dispositifs pour les ajuster à leur singularité.
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