« Clarté institutionnelle, facteur de préservation du bien-être du travailleur social et de succès de l’institution »
Si les institutions d’actions sociales (publiques ou associatives) ne peuvent agir directement sur les facteurs externes de leur environnement, elles peuvent renforcer leur vitalité et leur durabilité en mettant les intervenants sociaux en situation de réussite. Dans ce contexte, nous nous proposons de démontrer que l’existence d’un cadre institutionnel clair fournit au travailleur social une ressource indispensable pour faire face aux incertitudes du travail social : être serein à l’intérieur de l’institution pour mieux appréhender la complexité externe et trouver des voies de résolution. C’est un enjeu important de gouvernance.
En tant qu’acteur de terrain, les multiples rencontres, les accompagnements d’équipe et les projets menés, nous ont amené à constater chez le travailleur social une fragilité générée par de multiples doutes et interrogations. Dépendant du contexte vécu des questions émergent : « suis-je coordinateur ou manager de l’équipe » ?, « ma fonction est-elle reconnue par mes collègues ? », « quel est le temps réellement disponible pour l’activité sociale ? », « pourquoi la raison d’être de notre équipe est-elle en train de changer ? ». Ces interrogations, paroles de terrain, génère une inquiétude plus globale quant à la réelle « place » du travailleur social. Une perte de sens peut s’installer.
Le contexte exige aujourd’hui que le travailleur social fournisse des interventions créatives et ajustées aux attentes des usagers dans le respect de l’institution et de lui-même. Il est donc fondamental qu’il y consacre un maximum de son énergie plutôt que de devoir chercher à clarifier le cadre institutionnel. Un cadre bien défini lui fournira un socle d’appui solide, Il pourra alors donner, en toute quiétude, sa meilleure puissance de professionnel.
Ce socle se compose des éléments suivants : la raison d’être (la vocation, les finalités) de l’institution, des valeurs annoncées et vécues de manière visible et cohérente et des principes de gouvernance interne explicitant les orientations de gestion des personnes et des activités. Ensuite, des priorités stratégiques qui orientent l’énergie de la structure, une organisation claire permettant une distribution adéquate des rôles et des moyens et la présence d’un collectif soutenant. Et enfin, des projets d’action permettant une réalisation concrète.
Nous proposons ces éléments dans l’ordre dans lequel il nous paraît important de les traiter. En effet, les trois premiers seront définis et communiqués par la direction de l’institution et leur mise en œuvre sera élaborée par les cadres et leurs équipes. Ces éléments définissent la structure dans laquelle le travailleur social va évoluer. Ils orientent l’action. Ils constituent « l’être » de l’institution. Ils donnent le sens. Les trois autres sont de l’ordre du « faire » ; ils constituent la partie opérationnelle et leur mise en œuvre est pilotée pleinement avec les cadres et leurs équipes. Leur contenu sera en permanence éclairé par les éléments de l’être. A ce stade, la clarté institutionnelle est présente.
L’usage d’un tableau de bord complètera utilement ce socle afin d’évaluer les résultats obtenus. Au sein de celui-ci, un indicateur interne de coopération sera présent. Ce dernier est construit avec les équipes ; il permet d’évaluer ensemble l’état de « l’être » de l’institution, d’en tirer des tendances et de mettre en place des actions d’améliorations.
La vigilance de la direction et des cadres sur la vivacité au quotidien de ces niveaux de gestion ouvre la porte à une bonne santé institutionnelle où chacun a sa place, comprend sa raison d’y être et contribue consciemment à la réalisation de la vocation à travers des projets compris et concrets.
Sur le terrain, nous observons qu’il est une source de bien-être et de mobilisation du travailleur social. En conséquence, c’est un facteur d’efficacité et donc de succès qui assurera la durabilité et la réalisation de la vocation de l’institution.
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