Fiche Documentaire n° 832

Titre L'Exorciste, penser autrement la relation d'aide

Contacter
l'auteur principal

Auteur(s) MORTIER Brigitte  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

Résumé | Bibliographie | Les auteurs... | Article complet | PDF (.fr) | Résumé en anglais | PDF .Autre langue | Tout afficher

Résumé

L'Exorciste, penser autrement la relation d'aide

Dans les sociétés soumises aux recompositions économiques et politiques imposées par la globalisation, la désafférentation sociale caractérisée par l’isolement, la pauvreté, l’absence ou la diminution des liens à autrui, les croyances en la sorcellerie montrent leur étonnante actualité. Étonnante pour les êtres de raison que nous pensons être, nous travailleurs sociaux, de plus en plus formés à la rationalité de l’intervention et à l’évaluation des pratiques. Comment accepter dans notre espace social, ce qui apparaît comme relent de l’obscurantisme des siècles de l’Inquisition ?

Face à la récurrence du malheur, certains qu’on ne peut considérer comme des malades ou des attardés -l’étude réalisée le montrera- vont chercher auprès du prêtre exorciste les moyens de se réapproprier leur histoire et de réinvestir l’avenir ; une forme de soin pour le moins originale dans un contexte où la croyance en la Science prime.

Au sein d’une société dans laquelle le sens de l’être se perd au profit d’un avoir dévastateur pour la qualité des liens sociaux, l’action publique, peine à répondre de façon adaptée à l’ensemble des problématiques sociales soulevées.
Aux marges du social mais de façon plus répandue que l’on peut l’imaginer, la prise en compte des croyances de l’autre et la reconnaissance de « l’efficacité » de la prière exorciste pour la personne en souffrance, viennent rompre avec la pensée dominante, progressiste et comptable.

Dans ce contexte, à l’opposé de la pensée cartésienne, la sorcellerie, le recours à l’exorcisme se définissent comme un système de sauvegarde de soi ; in fine un mécanisme de régulation sociale qui apparaît dans l’espace public comme une alternative au malheur récurrent.

En faisant le choix de consulter ce prêtre spécifiquement désigné pour remplir cette mission, les individus montrent leur capacité à trouver dans un ailleurs des solutions qui nous échappe quelque peu. L’exorcisme vu comme une modalité de soin qui permet d’imputer à une cause externe, le mauvais sort, les raisons d’une vie caractérisée par l’échec et qui aboutit à une impasse.

Ma pratique d’éducatrice m’a fait rencontrer ces gens-là qui, au détour d’un entretien lors de mesures d’investigation ou d’action éducative m’ont fait part de cette autre chose qui empêchait.
J’ai alors construit une réflexion à partir, notamment, des travaux de Jeanne Favret-Saada (1977) et François Laplantine (1992) qui ont tous deux montré l’efficacité de la thérapie sorcière.
Le travail de thèse que j’ai mené en enquêtant auprès d’un prêtre exorciste m’a alors montré la nécessité de repenser dans l’espace de la formation des travailleurs sociaux, la pratique de la relation d’aide.
Les caractéristiques définissant les acteurs sociaux ne sont pas immuables et la lecture des cadres doit pouvoir se faire à la lumière des nouvelles croyances, telle le New Age ou le renouveau de celles-ci, les pratiques sorcières. La sorcellerie comme principe actif est à repenser dans la contemporanéité.
Insister sur l’essentialité de l’altérité apparaît une mesure simple et éthique de sauvegarde des métiers du social, une mesure à prendre d’urgence afin de permettre la diversité des réponses en travail social.

Il est assez facile de repérer les ressemblances entre le travail d’écoute du prêtre et celui du travailleur social mais aussi d’en préciser les dissemblances, ne serait-ce que la posture de l’un et de l’autre. Peut-on néanmoins dire que l’exorciste et l’éducateur exercent des fonctions similaires ? Quelle demande sociale émerge là et avec quelle prégnance ?
Il faut réapprendre à penser l’autre en dehors de soi, en dehors de cadres d’analyse trop réducteurs afin de laisser à chacun la possibilité de se construire dans des espaces partagés.

En admettant l’efficacité du système sorcier comme modalité de soin, ne réintroduisons-nous pas un peu de souplesse dans un monde qui tend à enfermer l’autre dans l’identique ?

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

AMORTH Don Gabriele : Nouveaux récits d’un exorciste, Paris, François-Xavier de Guibert, 2001, 251 p.

ANDERS Günther : L’Obsolescence de l’homme, sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle, Paris, L’encyclopédie des nuisances/Ivrea, 2002, 361 p.

BECHTEL Guy : La Sorcière et l’Occident, destruction de la sorcellerie en Europe, des origines aux grands bûchers, Paris, Plon, 1997, 733 P.

CYRULNIK Boris : L’Ensorcellement du monde, Paris, Odile Jacob/poches, 2001, 304 p.

DE MARTINO Ernesto : Le monde magique, Paris, Les empêcheurs de tourner en rond, 1999, 593 p.

DEVEREUX Georges : Psychothérapie d’un Indien des Plaines, Paris, Fayard, 1998, 678 p.

FAVRET-SAADA Jeanne : Les mots, la mort, les sorts, Paris, Folio/essais, 1977, 427 p.

KUCZYNSKI Liliane : Les marabouts africains de Paris, Paris, CNRS Editions, 2002, 439 p.

LAPLANTINE François : Anthropologie de la maladie, Paris, Bibliothèque Scientifique Payot, 1992, 411 p.

NATHAN Tobie et STENGERS Isabelle : Médecins et sorciers, Paris, Les empêcheurs de tourner en rond, 1995, 161 p.

SALVUCCI Raul : Que faire avec tous ces diables ? Le témoignage d’un exorciste, Saint-Maurice (Suisse), Editions Saint-Augustin, 2001, 317 p.

TAROT Camille : De Durkheim à Mauss, l’invention du symbolique, sociologie et science des religions, Paris, La Découverte/M.A.U.S.S., 1999, 710 P.

WEBER Max : Le savant et le politique, Paris, Bibliothèques 10/18, 1963, 222 p.

Présentation des auteurs


Non disponible

Communication complète


Non disponible

Résumé en Anglais


Non disponible