|
Expériences innovantes de formation en travail social dans l'espace transfrontalier de la Regio (Alsace/Bade-Wurtemberg/Canton de Bâle)
Le 22 octobre 2010 à la maison de la région à Strasbourg avait lieu le colloque intitulé : Le travail social dans l’espace trinational Allemagne / France / Suisse. Celui-ci était l’occasion de célébrer un partenariat entre différents centre de formation en travail social de la regio (espace transfrontalier constitué par l’Alsace, le canton de Bâle en Suisse et la région du Bade-Wurtemberg en Allemagne), partenariat regroupant depuis maintenant plus de vingt ans les centres de formation en travail social d’Alsace (ISSM, ESTES, CFEJE et EDIAC), de Bâle (FNHW) et de Freiburg (KH et EH).
Ce colloque a été l’occasion de partager les expériences menées par des travailleurs sociaux des 3 pays, de rendre attentif aux potentiels d’une coopération transfrontalière et de développer la mutualisation d’expériences innovantes.
Depuis de nombreuses années, différents professionnels en travail social et acteurs de la formation partagent le constat que les personnes et publics cibles des travailleurs sociaux tendent à circuler de plus en plus à l’intérieur de cet espace transfrontalier. Les problématiques et défis devant lesquels cette mobilité place les professionnels ne semblant plus solubles dans l’espace national, ils ont de concert appelé à un rapprochement et une mutualisation des actions innovantes dépassant les frontières. Pour la Regio, il apparait par conséquent important que le développement se poursuive en intégrant la question sociale.
Les coopérations que ce colloque a permis de valoriser et de partager sont dès lors apparues comme des vraies ressources pour mieux appréhender les problématiques des publics jeunes, en situation de handicap, de précarité ou encore migrants.
En même temps, et c’est ce que cette communication tentera d’explorer et questionner, le souhait de voir se constituer un travail social aux références transnationales est-il un projet qui ne souffre d’aucune critique ? La mondialisation et les multiples circulations à l’œuvre à l’heure actuelle ne sauraient faire oublier que « le travail social est une des expressions de la culture nationale » comme le rappelle Deslauriers et Hurtubise (1). Le caractère toujours plus particulier, spécifique des problématiques que rencontrent les publics sur nos territoires semblent justifier un recours plus urgent aux solutions « locales » et légitimer de facto des modalités d’action sociale toujours plus décentralisées.
Malgré tout, les écoles en travail social, face aux évolutions et défis devant lesquels les professionnels sont placés, sont invitées à intégrer les questions interculturelles, européennes et internationales dans leur formation.
La construction des formations en modules et leur traduction en crédits européens à travers le système ECTS (2) doit d’ailleurs favoriser et faire advenir cet espace européen de formation en travail social et faciliter les mobilités des étudiants.
Dans le même esprit et depuis maintenant plus de 20 ans, la collaboration entre les écoles partenaires de la confédération RECOS propose également aux étudiants de participer à un programme de formation intégré leur permettant de suivre un ensemble de modules pratiques et théoriques dans les écoles partenaires et de valider un diplôme appelé certificat RECOS.
Il sera question ici d’examiner à partir d’expériences concrètes comment celles-ci peuvent participer à la formation de professionnels conscients des enjeux sociétaux contemporains, ouverts sur des pratiques différentes et innovantes et en dernier ressort en capacité d’interroger les politiques sociales nationales comme des constructions culturelles.
NOTES :
(1) Le travail social international à l’heure de la mondialisation in Deslauriers J.-P. Hurtubise Y. (dir.), Le travail social international. Eléments de comparaison, Presses universitaires de Laval, 2005, p.19
(2) Système européen de transfert et d’accumulation de crédits mis en place par le processus dit de Bologne.
|