Une recherche-action pour mieux comprendre les dynamiques de co-construction des pratiques par les bénéficiaires, les bénévoles et les professionnels de l’action sociale.

Cette communication présentera la dynamique de travail et les résultats d’un groupe de recherche qui s’est formé en novembre 2013 dans le cadre d’une recherche-action partenariale entre le département d’Ille-et-Vilaine et le Pôle de Recherche et d’Etudes pour la Formation et l’Action sociale de Bretagne. Engagée dans une dynamique de développement social, une équipe d’intervenants sociaux a effectivement souhaité évaluer une expérimentation autour de l’épicerie sociale d’un quartier rennais. Dans le but d’accompagner scientifiquement cette expérimentation, un groupe de recherche constitué d’un chercheur (sociologie), de professionnels d’un centre social (animateurs, conseillers en économie sociale et familiale) et d’un C.D.A.S (assistants de service social) ainsi que de bénévoles a été mis en place. L’épicerie sociale Ty Sol a été créée en 2009 à partir d’une initiative conjointe de bénévoles, de professionnels du Centre social et du Centre départemental de l’action sociale du quartier du Blosne à Rennes. Alors que les bénévoles ont réfléchi à l’organisation et au fonctionnement de l’épicerie sociale (approvisionnement, planning, organisation matérielle et logistique de l’épicerie), les professionnels ont travaillé, pour leur part, à la définition des objectifs, des conditions d’accès et d’animation. Un comité technique, qui se réunit tous les deux mois et composé de représentants de chaque catégorie d’acteurs, assure la gestion et fixe les choix et décisions orientant l’action de l’épicerie sociale. Celle-ci recouvre deux finalités principales : « promouvoir la personne dans un mieux-être personnel, social (santé au sens large), par la prise en compte de la précarité sociale et, contribuer à la démocratie participative ». En cela, elle répond à la définition de l’A.N.D.E.S stipulant que les épiceries sociales et solidaires « apportent une aide, principalement alimentaire, à un public en difficulté économique, fragilisé ou exclu (…) pour répondre à l'ambition d'une offre alimentaire participative, aussi proche que possible des circuits de consommation traditionnels et de promouvoir l'autonomie des personnes et leur insertion durable ». Partant d’une demande sociale visant à évaluer les effets de l’épicerie sociale, l’accompagnement scientifique de cette expérimentation n’a pu satisfaire, faute d’une formalisation suffisante des pratiques (et donc de référent), cette proposition initiale. Prenant la forme d’une recherche-action, le dispositif scientifique s’est alors déployé, au cours d’une première phase, dans une perspective exploratoire. Sur la base d’un focus-groupe constitué de chaque catégorie d’acteurs, il s’est agi de formaliser les pratiques (le référé) en déroulant le processus d’accompagnement des bénéficiaires de leur entrée à leur sortie de l’épicerie sociale. Ce dispositif a permis de stabiliser un cadre de référence partagé (travail prescrit) et de déterminer des axes d’amélioration dans les pratiques. Ainsi, après avoir établi une typologie des bénéficiaires, les résultats obtenus démontrent la nécessité d’articuler plus finement les logiques d’intervention collective avec celles d’un accompagnement véritablement personnalisée. Ensuite, dans une seconde phase qui est aujourd’hui en cours de réalisation, le dispositif scientifique se déploie dans une double direction. Les participant du focus-groupe ont souhaité, d’une part, écrire un projet pour l’épicerie sociale et, d’autre part, engager une campagne d’entretiens pour comprendre les effets et les représentations sociales à l’œuvre dans la co-construction des pratiques par les bénéficiaires, les bénévoles et les professionnels. Cette campagne d’entretiens comprend la réalisation de deux focus groupes de 5 professionnels, deux focus groupes de 5 bénévoles ainsi que douze entretiens individuels avec les bénéficiaires. Les premiers résultats de cette enquête font apparaître un réaménagement des interactions entre les différentes catégories d’acteurs en présence.

CLEMENT Alain (2001). De l'évergétisme antique aux restos du cœur, Etat et associations dans l'histoire du secours alimentaire », Revue Internationale d’Économie Sociale, R.E.C.M.A., n° 279, Janvier 2001, p. 26-43.
CAILLE Alain (2014). Anti-utilitarisme et paradigme du don, Pour quoi ?, Lormont, Le bord de l’eau.
Etude nationale sur les épiceries sociales & solidaires (2011). Les Enquêtes et observations sociales n° 2- Unccas-Les modalités d’implication des CCAS/CIAS en matière d’aide alimentaire. http://www.banquealimentaire.org/sites/default/files/dp_etude_ess_et_beneficiaires_2013.
GODBOUT Jacques T. (2000), Le don, la dette et l'identité, Montréal, La Découverte.
MAUSS Marcel (1973). Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques, PUF, Collection Quadrige.
MAUSS Marcel (2010). Sociologie et anthropologie, PUF.
POIRIER Philippe (2008), Don et management, de la libre obligation de dialoguer, Paris, L'harmattan.
Rapport Ipsos et banque alimentaire (2012). Enquête nationale sur les épiceries sociales et solidaires : Présentation des résultats des volets quantitatif et qualitatif, http://minilien.fr/a0obs0

Lecaplain P., sociologue, chargé de mission et de recherche, PREFAS de Bretagne, ASKORIA
Launay-Paboeuf R., Pasquiet J., Boutoux G. et Pohon F., assistants de service social au Conseil général d’Ille-et-Vilaine.

Non disponible

Non disponible